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Gestion

Formation : un retard à combler chez les femmes

Odile Maillard - Le Lien Horticole - n°742 - mars 2011 - page 20

L'égalité des sexes en matière d'accès à la formation continue devient cause nationale et priorité du plan d'action 2011-2012 de Vivea. Résultats de l'étude-action réalisée par ce fonds.
Pour Vivea, l'égalité des chances d'accès à la formation pour les femmes nécessite de comprendre et de prendre en compte la place et l'impact des rôles entre hommes et femmes dans une entreprise. PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Pour Vivea, l'égalité des chances d'accès à la formation pour les femmes nécessite de comprendre et de prendre en compte la place et l'impact des rôles entre hommes et femmes dans une entreprise. PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Vivea (Fonds de formation des entrepreneurs du vivant, exploitants agricoles et dirigeants non salariés) s'est fixé un objectif : que l'accès à la formation des femmes en exploitation agricole atteigne 11 % en 2011, soit une progression de 2,4 % par rapport à 2009. Ce taux, prévu dans la convention signée avec le Fond social européen (FSE), vise les femmes chefs d'entreprise et conjointes collaboratrices. Une mission nationale a été mise en place en 2010. Au-delà d'un travail d'intégration en interne, Vivea a pris le parti de sensibiliser tous les acteurs de la formation continue à la culture « genre féminin », c'est-à-dire comprendre et prendre en compte la place et l'impact des rôles entre hommes et femmes dans une entreprise, et leur égalité des chances d'accès à la formation.

Nouvelles modalités d'accès

Une étude-action a mobilisé quatre chantiers complémentaires : un travail bibliographique, une étude de statistiques, des enquêtes auprès d'agricultrices en Poitou-Charentes, Basse-Normandie, Paca, et un travail participatif avec des partenaires qui a permis de formuler des préconisations et de construire des pistes d'action.

La difficulté principale était de comprendre à la fois les caractéristiques des activités des agricultrices, donc les domaines de compétences dont elles ont besoin, et leur logique spécifique d'accès aux formations existantes.

Il en ressort que l'imbrication des temps (le travail, les tâches domestiques, la vie sociale, le temps pour soi) demande aux femmes un effort de réorganisation pour partir en formation. Elles se forment aux mêmes thèmes que les hommes : informatique et NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication), techniques de production, approche globale de l'entreprise et environnement. Seule la gestion des ressources humaines est davantage abordée par les agricultrices.

À la suite de cette étude, Vivea cherche à capitaliser les « pratiques remarquables » d'égalité hommes/femmes pour l'accès à la formation continue. En Paca, de nouvelles modalités pédagogiques sont recherchées. En Basse-Normandie, on constate aussi qu'il faut encourager à partir en formation et aider à dépasser des résistances psychologiques, culturelles et sociales, avec un rôle confirmé des groupements agricoles féminins.

L'élaboration des différents dispositifs et des modalités de formation va prendre en compte les besoins spécifiques des femmes. Cette approche bénéficiera également aux hommes et optimisera les performances de l'entreprise. Par ailleurs, la communication doit être adaptée et la situation des femmes doit être plus visible dans les statistiques.

<p>Pour en savoir plus : bibliographie de l'étude-action sur www.vivea.fr, rubrique Espace documentaire, puis Thématiques et Autres.</p>

Projet affirmé, assumé ou subi...

Pourquoi les agricultrices se forment moins, en général, que les hommes ? L'étude-action a cerné les freins et les motivations. Trois types de rapport se sont dessinés, dépendant du projet professionnel.

Les agricultrices qui affirment leur projet d'installation en agriculture ont choisi ce métier et se battent pour l'exercer. L'égalité va de soi, et la formation accompagne régulièrement les décisions stratégiques et les techniques de leur métier de chef d'entreprise. Pour elles, les formations doivent être mixtes.

Les femmes qui assument leur choix de devenir agricultrice estiment que c'est le meilleur, ou le moins mauvais choix professionnel du fait de leur formation initiale, de leur parcours professionnel et familial, et de la situation de l'emploi local. La formation continue doit leur permettre de développer les savoir-faire opérationnels. Leur demande est très vaste. Les contraintes familiales n'interdisent pas de partir en formation, mais le choix dépend du thème, du temps disponible, de la rapidité de retour sur investissement.

Les femmes qui n'ont pas choisi le métier d'agricultrice s'y habituent « parce que c'est celui de leur mari ». Elles ne vont en formation que par obligation ou pour s'émanciper de leur conjoint. Leurs astreintes sont fortes. Elles préfèrent les groupes de femmes et se décident souvent grâce à la médiation d'une personne proche. Les attentes en formation, outre les obligations, visent la famille ou une reconversion professionnelle.

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REPÈRES

2009 : 8,6 % des agricultrices (tous secteurs confondus) accèdent à la formation continue, contre 13,5 % pour les hommes.

Fin 2000 : huit femmes sur dix qui s'installent remplacent leur conjoint, souvent en fin de carrière.

Trois quarts des jeunes épouses ne travaillent pas sur l'exploitation de leur mari.

La grande majorité accède au métier souvent après une formation et un parcours professionnel hors agriculture.

L'essentiel de l'offre

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