Le projet d'installation entraîne les candidats sur un parcours long, complexe, semé d'embûches mais aussi de rencontres enrichissantes. Les décisions stratégiques à prendre exigent de ne pas se disperser. Mieux vaut avoir de la méthode. Quand décider, comment, et dans quel ordre ? Avant toute chose, il faut en savoir le plus possible sur la filière et le secteur choisi, et ce dès la phase de formation initiale professionnelle. Toutes les expériences préalables, si possible complémentaires (production, gestion, vente...), seront de précieux atouts. Profiter des opportunités de stages, en France et à l'étranger, permet de se constituer un réseau de relations et de compétences. Une attitude à conserver avant, pendant et après l'installation. Pour s'y retrouver, le bureau horticole régional (BHR) à Angers (49) a conçu un guide pratique en partenariat avec l'Adasea et un groupeprojet composé d'élèves ingénieurs d'Agrocampus Ouest. Ce document accompagne le candidat pour avancer pas à pas en suivant quatre étapes (voir la synthèse ci-contre).
« Être méthodique, patient et persévérant »
Le bilan personnel et professionnel permet de définir ses capacités à mener à bien le projet initial par un bilan de compétences et d'expériences. Il passe aussi par une vérification des compatibilités entre l'idée, les objectifs et les motivations, les forces ou lacunes à corriger, et les priorités de vie... Cette auto-évaluation et la décision d'entreprendre le projet seront validées avec un conseiller du BHR.
Tout aussi essentielle, l'élaboration du projet permet de définir sa stratégie commerciale dans un environnement de marché donné avec un potentiel à capter. Quoi vendre et à qui ? Quels sont les concurrents ? Comment estimer son chiffre d'affaires prévisionnel ? Il s'agit de construire une étude de marché complète.
De la localisation et de la configuration de l'outil de production dépendront beaucoup d'aspects futurs pour la gestion du quotidien : proximité de clientèle, possibilités de transport/livraison, main-d'œuvre potentielle (qualifiée et saisonnière), options d'extension future, climat, aides locales. Il faut réaliser l'étude prévisionnelle d'installation (EPI), évaluer le coût des réalisations par rapport au budget disponible. Chaque étape sera validée pour constituer un bon historique n-1 sur lequel s'appuyer au démarrage.
Le lancement passe par un business-plan initial pour pouvoir rechercher les meilleures solutions de financement. En ne négligeant pas l'aspect trésorerie permanente (très souvent le point faible des installés). Le dossier-projet devient un outil de concertation et de négociation avec les banques. Viennent ensuite les formalités administratives, dont le choix du statut juridique, de la protection sociale, des assurances... C'est le moment de démarrer l'activité, sachant qu'il faudra accompagner son entreprise par un suivi de gestion et de comptabilité analytique, et par une veille permanente du marché pour être capable de rebondir en cas d'« accident de parcours » ou d'échec.
« S'installer est à la fois un projet professionnel et de vie. Mieux vaut prendre son temps, s'organiser selon une démarche cohérente, faire mûrir son dossier et le rectifier au fur et à mesure de l'avancement. Il faut cultiver trois atouts : être méthodique, patient et persévérant », rappelle Serge Tsvétoukhine, conseiller au BHR dans les projets d'installation en Pays de la Loire.
Enfin, il faut être en éveil permanent : profiter de la formation continue, lire la presse spécialisée (dont professionnelle), se déplacer sur les salons et journées techniques... Ce sont autant d'occasions de détecter très tôt les évolutions qui s'amorcent... Autant d'atouts pour être capable d'assurer la pérennité de son entreprise.