Retour

imprimer l'article Imprimer

Actualités

Recherche. Induire des résistances par des stimulateurs

Odile Maillard - Le Lien Horticole - n°748 - avril 2011 - page 10

La stimulation de défense naturelle (SDN) sur des plantes utilise des molécules dites éliciteurs. Explications de l'Inra de Dijon et de l'Inra de Sophia Antipolis.
 SOURCE : INRA

SOURCE : INRA

Les plantes sont capables de décliner tout un arsenal de réactions en autodéfense contre leurs bioagresseurs. Mais elles peuvent aussi développer des stratégies d'induction de défense et de résistance. Une sorte de vaccination. On sait, depuis 30 ans, déclencher artificiellement ces mécanismes et « immuniser » ou plutôt stimuler avec des molécules biodégradables appelées SDN (stimulateurs de défenses naturelles) ou éliciteurs.

Des mécanismes explorés sur des espèces modèles

Xavier Daire, ingénieur à l'Inra de Dijon, explique : « On utilise, notamment, des substances dérivées d'algues, de plantes ou de micro-organismes. Ce sont souvent des oligosaccharides, c'est-à-dire des sucres qui agissent comme des molécules signal et comme des activateurs. Nous pouvons montrer leur efficacité avec une rondelle de feuille de vigne, posée sur une solution avec SDN, dans une boîte de Pétri. Inoculée avec du mildiou, par exemple, elle n'est pas ou très peu contaminée, alors que le témoin montre tous les symptômes de la maladie. Ce type de test rapide peut être reproduit en grand nombre. Des expérimentations d'inoculations sont ensuite réalisées sous serre, mais l'effet est moins spectaculaire et les résistances obtenues sont souvent moindres. L'objectif, à terme, est d'optimiser la transposition de cette méthode en conditions extérieures. »

Ces mécanismes sont explorés sur des espèces modèles : tabac, Arabidopsis thaliana, Medicago et sur la vigne, contre le mildiou ou la pourriture grise (Botrytis).

Il faut tenir compte du fait que les SDN agissent via la plante, chaque espèce ayant sa propre physiologie. « Ainsi, cette méthode n'est pas encore aussi régulière, ni aussi efficace qu'un pesticide, et pas facile à exploiter en pratique pour le moment. Mais c'est une méthode certainement intégrable dans les démarches de protection biologique intégrée (PBI) », complète Michel Ponchet, chercheur à l'Inra de Sophia Antipolis.

Une recherche de synergie avec d'autres stratégies de lutte

L'Inra étudie aussi des adjuvants pour assurer une meilleure pénétration de l'éliciteur dans la plante...

Au printemps 2010, une vingtaine de scientifiques de l'Inra, du CNRS et de plusieurs universités ont créé le réseau INDRES (INduction De RÉSistance). Ils étudient les modes de résistance des plantes, le mode d'action des éliciteurs, les facteurs qui influent sur l'efficacité des traitements SDN pour les optimiser. Ils recherchent de nouveaux SDN. À terme, avec des industriels, ils espèrent pouvoir intégrer les SDN dans les schémas de protection des cultures, en synergie avec d'autres méthodes (PBI).

Il existe actuellement deux molécules à action SDN autorisées (avec AMM) en France : l'acibenzolar-S-méthyl (ASM), encore nommé BTH, principe actif de la spécialité commerciale Bion® de Syngenta, un mimétique de l'acide salicylique, homologué sur épinards, blé, tomate, tabac ; et la laminarine matière active de Iodus, de Goëmar, un extrait d'algue brune laminaire, homologué sur céréales.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :