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Gestion

Futurs horticulteurs : la fibre végétale à fleur de peau

Odile Maillard - Le Lien Horticole - n°749 - avril 2011 - page 16

En bac pro ou en BTS, la passion est déjà là. Motivations et espoirs de sept jeunes qui ont participé aux Olympiades des métiers...
Des jeunes motivés, candidats aux Olympiades des métiers, se mesurent au niveau national et témoignent de leur passion.

Des jeunes motivés, candidats aux Olympiades des métiers, se mesurent au niveau national et témoignent de leur passion.

Futurs horticulteurs de différents horizons scolaires et géographiques, ils parlent de leur métier à venir, tel qu'ils le ressentent pendant leur formation, tel qu'ils l'imaginent plus tard. Les confidences de ces sept apprentis ont été recueillies lors des Olympiades des métiers, à Paris en février dernier, où ils s'étaient mis en situation de présenter leur future profession à d'autres jeunes en phase d'orientation. Médaillés d'or dans leur région respective, ils avaient pour objectif de « passer à la vitesse nationale ». Cette année, les candidats étaient plus nombreux à être issus d'une formation en apprentissage. La plupart ont déjà une vision globale de leur métier. Les premiers stages de découverte et les diverses initiations ont souvent constitué le point de départ de leur vocation. Chez la plupart émerge une forte passion. Ils mesurent également l'importance des contacts avec la clientèle. Et plusieurs envisagent même de s'installer...

Le Point de vue de

SYLVAIN CASSAN, ÉLÈVE EN BAC PRO AU CFA (CENTRE DE FORMATION D'APPRENTIS) DE BRIVE-OBJAT (19)

« La diversité des végétaux fait la richesse du métier »

« L'horticulteur doit accompagner le développement d'un végétal jusqu'au bout, de la multiplication à la vente, ou à la plantation s'il est destiné à une ville, tout en respectant les exigences de chaque espèce. Il lui faut aussi échelonner ses productions sur l'année pour éviter les creux d'activité et savoir répondre aux exigences du client concernant la taille, l'aspect... Ce qui me plaît le plus dans mon métier, c'est la grande diversité des végétaux qui en fait sa richesse. C'est aussi un retour à l'enfance : planter, entretenir une plante, c'est fabuleux. Au départ, je voulais pourtant être chocolatier. Mais un ami m'a parlé de son stage à la ville d'Aurillac. J'ai essayé et cela m'a plu », relate Sylvain, qui effectue son apprentissage de deuxième année de bac pro à Aurillac justement, où il avait déjà travaillé dans le cadre de son Bepa.

En février, il a participé pour la première fois aux Olympiades des métiers. C'était d'ailleurs la première représentation de la région Limousin. « Je ne me suis pas spécialement préparé, car je suis déjà dans le bain de mon métier depuis quatre ans », poursuit Sylvain. « Cette compétition m'a appris à être beaucoup plus rapide, chaque épreuve devant être réalisée dans un temps déterminé. J'ai également beaucoup apprécié le soutien qui existe au sein d'une équipe, surtout celle de ma région. Cette première participation était un test pour moi. J'ai un peu l'esprit de compétition, mais je voulais surtout voir si j'avais les capacités d'être candidat. Cette année, il y avait quinze épreuves et non plus douze comme les années précédentes. J'ai compris que c'était davantage technique et orienté sur un nombre plus important de végétaux... Les organisateurs ont fait évoluer la compétition parce que nous sommes capables de faire plus, de nous dépasser. Je me représenterai sûrement aux Olympiades. »

Le Point de vue de

BENJAMIN NATIVELLE, ÉLÈVE EN BAC PRO AU CFA (CENTRE DE FORMATION D'APPRENTIS) DE COUTANCES (50)

« Semer, repiquer, mettre en vente et parler aux gens »

« Pour être horticulteur, il faut avoir la passion des fleurs, de la nature et du jardin. Il ne s'agit pas de rester sous une serre au chaud ! », souligne Benjamin, qui mène pour sa deuxième année de bac pro son apprentissage aux établissements Mony, à Caumont-sur-Orne, dans le Calvados. J'effectue mon travail aux trois quarts en pépinière pour les plantations et pour un quart en floriculture où nous produisons, du semis jusqu'à la vente, des jeunes plants de fleurs que l'on retrouvera dans le commerce pour la décoration ou le fleurissement, des fleurs coupées et des vivaces. Notre métier, c'est semer, repiquer, mettre en vente. C'est aussi aimer et oser parler aux gens... Actuellement, je suis en stage dans une petite entreprise en dehors de chez mes parents qui m'ont appris depuis que je suis tout petit à planter les sujets en alvéole ou en panier, à arracher, à faire une motte... J'envisage de reprendre l'exploitation familiale dans huit ou neuf ans. J'ai déjà loué des terrains et planté des arbustes à fleurs que je pourrai commencer à vendre d'ici deux à trois ans. J'ai également commencé à récupérer des graines de sapins sur des Nordmann que cultivait mon grand-père. J'ai déjà 2 000 à 3 000 sujets de 10 à 15 cm, bons à repiquer dès que j'aurai du terrain... En attendant, après mon bac pro, je voudrais faire une année en option “pépinière”. Mon patron aimerait me garder mais je souhaite enrichir mon expérience dans d'autres entreprises, mais pas à l'étranger. »

Cette année, Benjamin a participé aux Olympiades des métiers pour la deuxième fois. À la précédente édition, il était arrivé sixième. « J'étais encore jeune, mais j'ai pu constater que c'est plus dur. Les organisateurs ont tenu compte de la réforme du bac pro et ont intégré des travaux de pépinière... Et je retenterai. Concourir stimule l'envie de gagner. »

Le Point de vue de

STÉPHANE JORDENS, ÉLÈVE EN BAC PRO À LA MFR (MAISON FAMILIALE RURALE) DE YZENGREMER (80)

« Faire évoluer une graine jusqu'à sa floraison ! »

« Un horticulteur doit être capable de produire de la qualité jusqu'à la vente. Il doit suivre les normes et répondre à l'exigence des clients. Il doit tenir compte de tout, par exemple du climat pour limiter les coûts... Il doit aimer ce qu'il fait ! », explique Stéphane, qui prépare un bac pro option "floriculture et maraîchage" en alternance avec des stages au sein des établissements Thézy horticulture, à Barleux. « Je suis dans l'horticulture depuis tout petit. Mon grandpère s'occupait du potager familial : c'est lui qui m'a transmis la passion. Il m'avait construit une serre de un mètre et m'a montré, entre autres, le bouturage. Je lui suis très reconnaissant. J'ai toujours aimé la nature et travaillé avec. Un moment, j'avais voulu suivre des études en pisciculture. Mais en classe de 3e, dans le cadre du dossier d'orientation, j'ai réalisé un stage à la ville de Péronne. Les employés m'ont encouragé et je suis resté ! Ce qui me fascine dans le métier, c'est de voir une graine évoluer jusqu'à sa floraison. Une graine microscopique peut devenir un gigantesque Sequoia ! Après le bac pro, j'envisage de faire un BTS horticole ou alors de postuler dans une entreprise de la région. J'aimerais également effectuer un stage aux Pays-Bas et... je rêve d'aller en Amérique du Sud, au Brésil, car il y a là-bas des plantes et des poissons tropicaux ! À plus long terme, mon souhait est d'avoir mon entreprise, proposant pour moitié des plantes d'horticulture et pour moitié des poissons tropicaux et plantes d'aquarium. Aujourd'hui, j'épargne le plus possible pour pouvoir un jour me lancer... »

À l'époque du Bepa, Stéphane avait participé aux Olympiades face à des concurrents en classe de bac pro... « Avec des calculs d'engrais que je ne savais pas faire. Maintenant, je suis de niveau. Je recommencerai tant que j'aurai l'âge jusqu'à obtenir la médaille d'or ! »

Le Point de vue de

ALIZÉE BREJOT, ÉLÈVE EN BAC PRO AU CFA (CENTRE DE FORMATION D'APPRENTIS) DE ROVILLE-AUX-CHÊNES (88)

« Montrer que les handicapés peuvent s'exprimer grâce aux plantes »

« Ma passion du métier, je la tiens de mon père, jardinier amateur. Être horticultrice, c'est savoir faire pousser des plantes puis les vendre, indique Alizée, qui effectue son apprentissage de bac pro au sein de Décor'Jardin, à Champenoux. Après mes études, je souhaite travailler, pour une durée d'environ cinq ans, au sein d'une entreprise qui fait du maraîchage. J'envisage ensuite de rejoindre le CAT (Centre d'aide par le travail) de Nancy pour prouver aux enfants handicapés qu'ils peuvent eux aussi exprimer leurs capacités grâce aux plantes. Et plus tard, j'aimerais créer ma propre entreprise. »

Alizée a participé pour la première fois aux Olympiades. « Je compte retenter l'aventure dans deux ans. Je suis timide mais j'ai appris à être plus sûre de moi et à beaucoup mieux gérer mon stress.

Le Point de vue de

AURÉLIEN RIVIÈRE, ÉLÈVE EN BAC PRO, À L'INSTITUT DE GENECH (59)

« C'est un beau métier, et on rend les gens heureux ! »

« Être horticulteur, c'est une passion. On n'est pas obligé d'être fils de producteur. Il faut aimer les plantes, être en contact avec la nature, seul ou en équipe. C'est un beau métier, certes physique, mais j'aime tout ce qu'il comporte. Et on rend les gens heureux ! », souligne Aurélien, en classe de terminale bac pro. « Déjà titulaire d'un BEP, je finis mon bac pro et envisage un BTS. Plus tard, j'aimerais avoir mon entreprise en parcs et jardins, mais aussi produire mes plantes et mes légumes. »

Aurélien, qui participait pour la première fois aux Olympiades, a décroché une médaille de bronze. « Je souhaitais porter mon métier parmi les meilleurs. Je vais retenter, peut-être dans la catégorie des jardiniers-paysagistes. »

Le Point de vue de

MICKAËL MONNARD, ÉLÈVE EN BAC PRO AU LEPA (LYCÉE D'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL AGRICOLE) LA CADÈNE, À TOULOUSE-LABÈGE (31)

« Les végétaux sont des êtres vivants en interaction avec nous »

« Pour moi, un horticulteur s'occupe de l'entretien des plantes, de la multiplication (semis, bouturage...) jusqu'à la vente. C'est un métier très diversifié, car il existe des milliers de plantes différentes. Et puis, dans l'horticulture, il y a les filières aussi variées que la floriculture, la pépinière, le maraîchage, les plantes ornementales, les aromatiques et médicinales... Moi, j'aime les médicinales, les aromatiques et les légumes anciens », détaille Mickaël, qui passe son bac pro au mois de juin prochain. J'ai appris et je m'intéresse en particulier aux vertus des plantes et à la façon de pouvoir s'en servir. Mon but est d'arriver à faire prendre conscience à un maximum de gens que les végétaux sont des êtres vivants avant d'être des produits de consommation. Ils sont en interaction avec nous. »

Dans le cadre des Olympiades, Mickaël a vécu une expérience très enrichissante : « J'ai fait des rencontres, eu des contacts, appris à gérer le stress. C'est beaucoup d'émotions fortes, avant, pendant et à la fin. C'est l'occasion d'un développement personnel au coeur de notre métier. »

Le Point de vue de

RAPHAËL BÉZIER, ÉLÈVE EN BTS À L'ESA (ÉCOLE SUPÉRIEURE D'AGRICULTURE), À ANGERS (49)

« Suivre les plantes de la multiplication à la vente »

« Un horticulteur, c'est quelqu'un qui a la passion des plantes et qui va les suivre de la multiplication jusqu'à la vente. Avec l'horticulture et la pépinière, il y a plein de variétés différentes ! On les voit évoluer », explique Raphaël, qui effectue sa seconde année de BTS horticole par apprentissage chez Barrault horticulture à La Possonnière. Ce métier est parfois difficile physiquement, par exemple pour le travail des vivaces en extérieur ou sous tunnels, mais il reste avant tout très intéressant. »

Raphaël a participé deux fois aux Olympiades : « C'est enrichissant. J'ai même eu à réaliser une épreuve que je n'avais jamais fait : tout mettre en place pour un système d'irrigation par goutteà-goutte... Si je peux, j'aimerais participer à nouveau, mais dans l'organisation. »

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