Où en est le marché aujourd'hui ? Les difficultés budgétaires des collectivités se ressentent-elles sur les commandes de murs végétaux ?
« L'état du marché révèle qu'il y a toujours une demande, semble-t-il, même si la commande publique s'est un peu tassée. Peut-être a-t-on passé la crête de la mode du mur végétal, mais peut-être aussi le contexte économique des collectivités les invite à réorienter leurs projets vers des réalisations moins coûteuses au mètre carré. Si j'étais directeur des espaces verts, c'est un paramètre que je mettrais en avant face à la demande d'un élu... Ce qui me semble plus sûr, c'est que la demande publique se formalise davantage, grâce à différents outils : les formations (comme celle de Chaumont-sur-Loire où je fais travailler le public de collectivité sur les limites des appels d'offres en conditions réelles), des éléments de cadrage technique qui commencent à se mettre en place. Il faut l'admettre, on assiste également à une certaine reprise en main par les cabinets d'architectes ou de paysagistes qui jouent le rôle de conseil lors de la préparation des CCTP (cahiers des clauses techniques particulières). Enfin, autre paramètre lié à l'intervention des architectes : on réfléchit davantage à l'emploi de plantes grimpantes performantes, mises en oeuvre “à l'allemande” (sur câblage inox). Cette technique est moins chère et surtout parfaitement définie par des DTU (document technique unifié), ce qui rassure le prescripteur ! »
Si l'on s'en tient à la dernière édition du Salon du végétal, il semble que l'offre soit en train de ralentir. On a vu moins de murs sur les stands et moins de nouveaux arrivants sur le marché. Partagez-vous ce constat ?
« Du côté de l'offre, on arrive à une maturation. J'ai eu l'occasion, sur certains produits que je suis depuis longtemps, de constater que l'on parvient à une technique plus fiable, plus simple à mettre en oeuvre. La “sélection naturelle” était inévitable en la matière, d'autant plus que certains intervenants sont maintenant entouré d'un buzz négatif. Les écologues donnent aussi de la voix et influencent les prescripteurs qui sont moins enclins à l'alibi du mur végétal qu'avant. Il se réalise encore des murs végétaux qui ne tiendront pas, mais j'ai tendance à croire que ces cas de figure sont à la baisse, notamment parce que le client y regarde plus qu'avant ! Si pour les fabricants et installateurs le marché hexagonal se contracte un peu, le marché commence à émerger à l'international (Allemagne et pays scandinaves surtout). À eux de développer des partenariats européens pour valoriser leur expérience. »
Les fournisseurs ont pris conscience que le développement du marché passe par une limitation des coûts, tant d'installation que, ce qui est nouveau, d'entretien. Pour vous, à ce niveau, les résultats sont-ils au rendez-vous ?
« En ce qui concerne le coût, oui, les fournisseurs en ont conscience. Perdre des appels d'offres les a convaincus. Les résultats se font encore attendre car la création d'un mur végétal reste quelque part un luxe. Toutefois, lorsque la commande est publique, le coût initial n'est pas forcément déterminant. En moyenne, il compte pour 40 % dans les appels d'offres, le reste se partageant entre le coût de maintenance (qui lui n'est pas revu à la baisse !), l'intérêt esthétique, des critères de fiabilité de l'entreprise, des critères administratifs ou qualitatifs... »
<p>(*) <i>Créer un mur végétal en intérieur & en extérieur,</i> aux éditions Ulmer.</p>