Parler de la perte de la biodiversité dans un festival dont le thème est « Jardins d'avenir ou l'art de la biodiversité heureuse » est incontournable. Qu'on y évoque le déclin des abeilles est logique. Que l'on y croise des débats sur la diversité végétale (voir le Lien horticole n° 753 du 18 mai 2011, page 5) est la moindre des choses. Mais cette année, à Chaumont, le visiteur est plongé dans les mondes du compost, de la fertilité, de la surpêche, des matériaux respectueux de l'environnement... Le Festival est à lui seul un concentré d'actualité.
Le jardin qui parlera le plus aux botanistes sera certainement le « Jardin des plantes disparues » (notre photo). Ce ne sont malheureusement pas les végétaux qui y font sensation, mais un jeu de lumière créé par des étiquettes noires d'un côté et blanches de l'autre. Les noms qui y sont mentionnés sont ceux de plantes qui ont disparu, et il y en a un nombre impressionnant. Elles sont installées sur des lits de Sedum ou d'arbustes couvre-sol. « L'envers du décor » propose aussi une réalisation très esthétique, avec un jeu de miroir donnant une profondeur impressionnante à une allée couverte de schistes. Il faut de l'imagination pour trouver le rapport avec le tableau de Courbet, « L'Origine du Monde », mais le résultat est là, avec une végétation exubérante et un contraste entre le végétal vivant et le végétal factice sous sa bulle.
« Sculptillonnage » fait référence aux Hortillonnages d'Amiens, ces jardins entourés d'eau, mais surtout un milieu particulièrement riche. On y trouve du bois raméal fragmenté au sol, des fleurs artificielles permettant de distribuer de la nourriture ou des matériaux de construction pour les nids d'oiseaux. Deux « Champicomposteurs » sont destinés à évoluer au fil de la saison. Ces composteurs en forme de champignon ont le pied rempli de déchets divers dont la texture offre une esthétique intéressante.
Une part importante pour le végétal
« Le Jardin à la rue » met en œuvre des matériaux nouveaux pour le paysage. Un baobab artificiel, avec un tronc servant de réserve d'eau et des branches garnies de panneaux photovoltaïques pour assurer l'éclairage de l'espace public, se dresse sur une terrasse réalisée en composite papier + polymères recyclés. Autour, la noue, devenue incontournable pour gérer les eaux de pluie, sépare une rue en bitume fabriqué à partir de plantes et une piste pour circulation douce engazonnée mais surmontée d'un platelage métallique pour assurer la durée dans le temps du gazon.
« Célébrons les tissus et la (bio) diversité » met en avant les tissus ornés de fl eurs, et « Bulbes fertiles » est une réalisation originale dans laquelle de gros bulbes sont conçus à partir de lanières de bois servant à fabriquer les cageots et tressées entre elles. Ils servent d'abri ou de support à une végétation luxuriante grâce à un sol particulièrement fertile.
Enfin, « Graines d'espoir » est un jardin réalisé en collaboration entre l'école horticole du Breuil et l'école de design Boulle, à Paris. Il joue sur la vision de plantes désirables ou indésirables et sur la couleur des murs, clair d'un côté et sombre de l'autre...
Impossible de présenter ici la totalité des jardins, il faut aller voir cette édition 2011 qui laisse une part importante au végétal, de jour ou de nuit (visites nocturnes possibles les samedis du 15 au 30 juin et du 1er au 15 septembre, et tous les soirs sauf les vendredis du 1er juillet au 31 août).