Le dernier séminaire annuel du réseau Hortipaysage de la DGER (Direction générale de l'enseignement et de la recherche) a débattu, entre autres, la question suivante : Comment les enseignants et directeurs d'exploitation de centre de formation peuvent s'inscrire au plus vite dans les démarches de progrès, dès l'expérimentation, et les transférer dans les meilleurs délais aux personnes en formation ? La réponse a été donnée à travers l'exemple de l'exploitation de production du lycée horticole de Niort, dans les Deux-Sèvres (79), choisie pour être l'une des dix exploitations horticoles (et la seule en milieu scolaire !) à collaborer à la phase de test du deuxième niveau de la certification environnementale des pratiques de production horticole « Plante Bleue » (certification Val'Hor). Cette participation a pu se mettre en place grâce au dégagement d'un tierstemps d'ingénieur – porteur de projet de la certifi cation –, poste assuré par Jean-Pierre Naulin, l'un des enseignants niortais. Le choix d'associer le lycée avait été motivé par l'action menée en interne, entre 2006 et 2008, par l'ancien chef d'exploitation, Éric Villatte, convaincu de l'utilité des pratiques durables.
Une méthode qui va à l'inverse de l'enseignement classique
Jean-Pierre Naulin et Sébastien Quéraud, nouveau directeur d'exploitation horticole au lycée de Niort, ont donc rapporté leur expérience lors de ce rendez- vous annuel. « L'intérêt de la démarche Val'Hor pour notre établissement est triple, revendique Jean-Pierre Naulin. Il s'agit avant tout d'une initiation pratique de nos apprenants au développement durable en horticulture. C'est aussi un outil de réflexion sur les pratiques de notre exploitation. Enfin, l'action engagée est un outil de communication avec les acteurs de notre territoire, par exemple le syndicat des eaux. Avec le label “Plante Bleue”, nous démontrons notre choix d'accompagner la filière horticole dans la démarche ministérielle HVE (haute valeur environnementale). »
Quant aux enseignants du lycée de Niort, ils ont relayé l'enthousiasme de leurs élèves : « Faire de la recherche documentaire pointue, réaliser des cartographies des zones à enjeu environnemental (concernées ou non par Natura 2000), élaborer des fiches d'enregistrement... ont été des missions très prisées. Et la réalisation de l'autodiagnostic (logiciel gratuit téléchargeable sur le site Val'Hor) de l'exploitation par les apprenants a été un véritable atout pour l'analyse d'entreprise prévue dans leur rapport de stage. » « La démarche de certification a permis aux professeurs d'aller plus loin en cherchant de l'information dans les salons professionnels, par exemple, incitant ainsi les élèves à user d'autant de curiosité », souligne un participant au séminaire. Sébastien Quéraud relève, de son côté, que « le deuxième niveau de la certification conduit à se poser des questions plus délicates en fonction de la sectorisation géographique, comme le choix entre deux systèmes d'irrigation pour une même parcelle. Par ailleurs, ce niveau 2, qui introduit aussi le volet social et sociétal, est validé pour trois ans par un audit de l'organisme agréé Ocacia. L'audit à blanc avec les élèves a été un remarquable exercice grandeur nature ! » « Les élèves ont étayé leurs connaissances par la compréhension de leurs propres réalisations. Ils ont découvert une nouvelle façon d'appréhender leur métier grâce à une méthode d'apprentissage qui va à l'inverse du bourrage de crâne... », poursuit un enseignant. Restent toutefois des limites. S'ils sont capables de faire un état des lieux lors de relevés pour une grille de diagnostic, les élèves auront besoin d'un passé horticole pour être à même de livrer des commentaires. « Mais nous avons là une belle méthode pour construire différemment les savoirs », ajoute un collègue.
Les élèves comme les enseignants ont été placés au cœur de la pluridisciplinarité pratiquée en entreprise. L'exécutant devait connaître les tenants et les aboutissants d'une tâche pour ne pas être le maillon faible de la chaîne. Forts de cet apprentissage dont ils pourront témoigner à l'embauche, les futurs demandeurs d'emploi partent avec une ligne d'avance sur leur curriculum vitae...
<p> Pour en savoir plus : contactez Régis Triolet, réseau thématique Hortipaysage de la DGER/SDI/BIPIsur le site regis.triollet@educagri.fr</p>
Les EPL dans les projets de développement
L'expérience de l'EPL (établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricoles) de Niort et son exemple de collaboration ont été applaudis comme une nécessité pour un accès rapide à l'information permettant la mise en place du développement durable. Pour Régis Triollet, animateur du réseau Hortipaysage DGER, « le savoir se construit en évolution permanente. Les enseignants doivent se tenir au courant par des journées de vulgarisation et de formation, mais aussi en articulation avec les stations de recherche du réseau Astredhor et de l'institut technique Plante & Cité ». Un inspecteur de l'enseignement agricole a, quant à lui, souligné lors du séminaire « combien la transmission du savoir est un relais vers les jeunes générations, et qu'il faudrait accepter les établissements comme prestataires, ou mieux encore comme partenaires, dans des projets d'expérimentation et de démonstration en appui à la recherche et au développement. »