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Actualités - Parole de pro

DOMINIQUE BOUTILLON, HORTICULTRICE PRÈS DE TOULOUSE, PRÉSIDENTE DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE L'HORTICULTURE ET DES PÉPINIÈRES (FNPHP) « J'ai beaucoup réfléchi avant de prendre ma décision de poursuivre »

Francis Ginestet - Le Lien Horticole - n°756 - juin 2011 - page 4

Que faire face aux mauvais résultats des campagnes pépinières d'automne et de printemps ?

La situation des entreprises est diverse, certaines ont réussi correctement leur saison, d'autres plus difficilement. À la FNPHP, nous ne raisonnons pas par production mais par segment de marché, car les actions à mettre en place sont différentes selon le marché considéré, paysage/collectivités, jardineries, GMS... Nos professionnels pilotent les actions de communication mises en place par notre interprofession Val'hor en direction du grand public et des donneurs d'ordre afin d'augmenter les achats de végétaux sur tous nos marchés. La FNPHP se mobilise contre les distorsions de concurrence. Les producteurs européens n'ont pas les contraintes françaises de coût de main-d'œuvre ou environnementales et certains bénéficient d'un appui financier puissant de leur gouvernement. Des actions de relance seront imaginées et mises en œuvre avec, par exemple, la certification « Plante Bleue » pour différencier les produits français.

Les premiers retours de la campagne de printemps laisseraient présager un décrochage de la demande des plantes fleuries d'extérieur. Est-ce que vous confirmez cette situation ?

Là aussi, les retours des producteurs sont divers. Certains semblent très satisfaits, d'autres moins. Il est trop tôt pour tirer des conclusions. Un bilan avec nos clients de la distribution sera indispensable. Les problèmes de sécheresse ont certainement eu un impact négatif sur les achats. Si une baisse de la consommation était avérée, nous en déterminerons les causes avec les outils de sondage financés par Val'hor et FranceAgriMer et nous mettrons en œuvre les actions renforçant l'efficacité des entreprises.

Suppression de l'aide aux serres, de l'aide à l'export, diminution de l'appui à l'expérimentation : FranceAgriMer lâche-t-il l'horticulture ?

Il y a plusieurs problèmes. L'ensemble des offices subit la rigueur budgétaire et ce sont les actions de communication, dont l'export, qui sont les plus touchées. La logique de sacrifier particulièrement ces budgets nous échappe. Côté expérimentation, la FNPHP et FELCOOP se battent pour préserver l'indispensable, y compris au niveau des contrats État-Région.

Concernant l'arrêt de l'aide aux investissements en 2011, nous avons d'abord dû vérifier le niveau de consommation des enveloppes 2009, 2010 et 2011 pour nous opposer aux raisons invoquées par l'Office : la consommation de l'enveloppe 2011 en deux mois ! Lorsque, fin 2010, le ministre a annoncé des mesures en faveur des éleveurs, il a bien fallu trouver les financements et ce sont les filières végétales qui ont été mises à contribution. Maintenant, il faut reconstruire et pérenniser le budget de notre office. Nous travaillons depuis plusieurs mois pour « motiver » les pouvoirs publics et pour présenter un projet de développement de notre filière en résonance avec le plan stratégique FNPHP Cap 2020.

En cette période d'extrême tension, les producteurs ne se détournent-ils pas de l'action collective ?

J'ai longtemps entendu dire : “Quand les entreprises iront vraiment mal, alors elles se tourneront vers le collectif et le syndicalisme !” On constate au contraire que les difficultés entraînent les professionnels vers l'isolement et le repli sur soi. Le travail collectif est utile et constructif quand les entreprises ne sont pas dans l'urgence et le désarroi, après il est trop tard. L'observatoire économique des entreprises horticoles montre certes que 20 à 25 % d'entre elles sont en difficulté, mais que les autres sont dans une relative bonne santé. C'est sans doute pour cela que la FNPHP peut toujours compter sur ses adhérents dont le nombre est stable. Je suis souvent admirative du temps et de l'énergie que ces derniers mettent au service du syndicalisme, alors qu'ils sont toujours moins disponibles !

Êtes-vous décidée à poursuivre votre investissement pour la « cause commune » à la Fédération ?

Le bureau est arrivé au terme de son mandat de trois ans et de nouvelles élections auront lieu le 23 juin lors du congrès (*). J'ai beaucoup réfléchi avant de prendre ma décision de poursuivre. C'est l'engagement de 100 % des membres du bureau à me suivre qui m'a décidée. La tâche est ardue et lourde. Compter sur une équipe professionnelle unie et une équipe administrative de haut niveau est essentiel. Il faudra bien encore trois années pour mettre en action notre plan stratégique Cap 2020.

<p>(*) Congrès de la FNPHP à Paris, les jeudi 23 et vendredi 24 juin. Programme détaillé et inscription sur le site www.fnphp.com</p>

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