Ce conifère de la gamme rubis, dans une poterie déco en gros litrage, est une spécialité des pépinières L'Orme Montferrat.
Tout nouveau président du Conseil horticole d'Île-de-France (*), coorganisateur du prochain congrès de la FNPHP, à Paris les 23 et 24 juin, avec l'Union horticole francilienne, Bruno Picard représente la génération de chefs d'entreprises qui conjuguent dynamique interne fondée sur la motivation du personnel et dynamique externe par l'implication dans les structures professionnelles. Arrivé aux pépinières L'Orme Montferrat, à Courtacon (77), en 1992, Bruno Picard travaille en tandem avec son père, Jean-Claude Picard, un agriculteur reconverti à la pépinière en 1965, membre du groupe des pépiniéristes pionniers qui ont importé des États-Unis, dans les années 70, la technique de la culture en conteneur. Bruno Picard se souvient d'être arrivé dans une pépinière qui « tournait bien ». Il se consacre aux développements de la partie commerciale et de la culture hors-sol.
« Les difficultés ont commencé en 2000 avec un durcissement du marché. Depuis, les centrales d'achat se sont regroupées et se tournent de plus en plus vers des approvisionnements du nord et du sud de l'Europe. Elles augmentent leur capacité de négociation et font pression sur les prix, constate Bruno Picard. Il est difficile pour une pépinière générale de diminuer les coûts de production avec une gamme large et une multiplication des lignes de produits spécifiques nécessaires pour répondre à la demande de chaque marché. Le commerce spécialisé absorbe la gamme de base, et on prend des risques dès qu'il y a une tentative de diversification. On ne peut plus se permettre d'avoir des invendus face à un marché imprévisible. Il devient très risqué d'engager la production en dehors des valeurs sûres très concurrencées », regrette-t-il.
Un management basé sur la démarche qualité. Dans le cadre d'un groupe de travail mis en place par le Conseil horticole, une réflexion collective a sensibilisé les pépinières d'Île-de-France à l'intérêt de la certification qualité. À partir de ce travail commun, Bruno Picard a entrepris la démarche qui a abouti à l'obtention de la Certification ISO 9001, version 2008. « On utilise la démarche qualité pour l'amélioration continue de l'entreprise et pour mieux coller aux exigences des clients. Contrairement à de nombreuses entreprises, qui n'ont pas renouvelé leur certification ISO, la pépinière ne s'essouffle pas, elle conserve la même volonté de garder le cap », souligne le pépiniériste. Pour entretenir cette motivation, il s'appuie sur l'expertise de Pascale Frey, une ingénieure qualité qui travaille une journée par semaine dans l'entreprise. Spécialisée dans la démarche qualité en pépinière, elle intervient auprès de deux pépinières d'Île-de-France dans le cadre d'un groupement d'employeurs. « Nous avons pu effectuer la démarche car mon père m'a cédé une entreprise déjà bien structurée, avec un personnel motivé et une organisation autour de pôles de compétences. La démarche de certification qualité a permis de parfaire l'organisation en investissant dans des formations. L'implication par l'apport de nouvelles compétences donne de bons résultats avec des formations sur des thèmes de production et de management pour l'encadrement. La formation concerne également l'accompagnement des nouvelles pratiques. »
Bruno Picard se félicite d'avoir pu faire partie du Conseil horticole qui lui a permis de s'intégrer rapidement dans la profession en multipliant les occasions d'échange. L'action collective a également permis d'aborder des sujets de management avec la démarche de projet individuel d'entreprise. Basé sur un audit, ce projet a permis à chaque pépinière de formaliser sa démarche de développement. « Chaque projet est réévalué avec les thèmes d'actualité comme le développement durable. » Le Conseil s'est également impliqué sur le renouvellement des conventions collectives. Il participe aux travaux du groupe phytosanitaire de la FNPHP pour veiller à atténuer les effets des retraits de matière active avec l'obtention d'extensions d'usage. « Notre siège au Conseil d'administration de la FNPHP nous permet d'être informés et d'intervenir sur les dossiers. Il est indispensable que le syndicat soit assez fort pour nous défendre vis-à-vis des instances nationales. Il faut être présent au niveau syndical pour être pris en compte et devenir force de proposition. Mais je conçois que la nécessité de l'implication commune n'est pas évidente dans une période où les chefs d'entreprises sont confrontés à de nombreuses difficultés sur tous les fronts. »
<p>(*) Le Conseil horticole d'Île-de-France, créé par les pépiniéristes des Yvelines et la chambre d'agriculture 78, regroupe aujourd'hui toute l'Île-de-France avec la chambre d'agriculture 77.</p>
Donner du sens au travail des salariés
« Dans nos petites structures, les postes sont relativement figés et il faut veiller à apporter de l'information en continue pour maintenir l'intérêt du personnel. Même les tâches qui reviennent régulièrement comme l'inventaire ou le rempotage doivent être enrichies avec des formations qui rappellent les bases et ouvrent la discussion », explique Bruno Picard. Au-delà de cette démarche de formation, ce chef d'entreprise veille à ce que l'ensemble du personnel se sente concerné au travers de deux réunions annuelles durant lesquelles un point est fait sur l'activité avec les tableaux des résultats, et une discussion sur les investissements et les orientations de mise en culture est engagée.