Les très nombreuses feuilles, gris bleuté, tomenteuses, lancéolées et persistantes d'Euphorbia characias sont portées par des tiges dressées, robustes et ligneuses, chacune d'entre elles se développant sur deux ans en se dégarnissant peu à peu de ses feuilles basales. La seconde année voit l'apparition précoce au mois d'avril d'une inflorescence terminale volumineuse, colorée durant une quarantaine de jours. Elle atteint 40 cm chez la sous-espèce characias, avec des bractées florales de couleur vert chartreuse, et presque le double chez la sous-espèce wulfenii qui se pare d'un jaune soufre lumineux. Les touffes feuillées bleutées, parfois glauques ou pourprées, prolongent l'attrait de la plante du début de l'été à la fin de l'hiver. À moins de vouloir récolter les graines, il est préférable de couper les tiges dès qu'elles sont défleuries, l'apparition de nouvelles pousses et la restauration de l'esthétique étant ainsi accélérées.
Dans les jardins, la hauteur maximale de cette espèce lors de la floraison varie de 50 cm à 1,80 m selon les variétés et les conditions stationnelles. L'envergure maximale des touffes est atteinte au bout d'environ cinq ans, elle correspond à une surface couverte de l'ordre de 1 à 2 m². La diversité de feuillage et floraison confère de bonnes potentialités ornementales à cette euphorbe et ses hybrides, notamment afin de décorer les talus par de grandes masses colorées à faible entretien.
Un sous-arbrisseau à croissance rapide adapté aux talus
Il s'agit d'une espèce adaptée aux formations végétales ouvertes ou semi-ouvertes, tolérant assez bien l'ombre, mais exigeante en chaleur pendant sa période de végétation. Les pieds, de croissance rapide, ont une bonne longévité seulement en sol sec et très bien drainé. L'humidité hivernale, lorsque l'eau stagne quelque peu près des racines, abrège souvent la durée de vie des individus plantés, surtout en dehors de la région méditerranéenne. Elle peut supporter des minima de - 10 °C pendant plusieurs jours en conditions stationnelles sèches. Les sols pas trop acides, de préférence issus de la dégradation d'une roche mère calcaire, à texture grossière, sableuse ou caillouteuse, sont donc optimaux.
Euphorbia characias se révèle toutefois adaptable à une grande variété de substrats et notamment dans les pentes des talus. Sur les sols peu filtrants, il est possible d'améliorer les conditions de plantation par un amendement en sables ou cailloux. Adaptée au déficit hydrique, cette euphorbe est capable d'utiliser l'eau atmosphérique par absorption foliaire et de limiter sa transpiration, profitant ainsi de l'air humide d'un climat océanique et d'une station abritée des vents. Cette plante redoute les embruns salés. Elle est pollinisée par le vent et les graines sont dispersées par les fourmis.
<p>(*) Ingénieur-conseil en horticulture et paysage.</p> <p>(**) Maître de conférences en botanique.</p>
Réussir la production et la multiplication
La culture en conteneur réussit bien à Euphorbia characias grâce à sa croissance rapide et à son caractère thermophile. Il s'agit d'une espèce demandant une salinité très modérée et régulière, une irrigation bien fractionnée et un substrat grossier. Le bouturage par tronçons de tiges, feuillées ou non, est facile à réussir, de préférence au printemps et en début d'été, mais les pieds-mères produisent peu de boutures. L'écoulement de latex est stoppé en plaçant la base des boutures dans l'eau tiède ou du charbon de bois pulvérisé. Le semis de printemps à une température proche de 20 °C donne aussi un bon résultat.