Imprimer« Certes, c'est le printemps le plus chaud depuis un siècle, mais quoi d'exceptionnel que de voir des gelées nocturnes fin avril, aux saints de glace, et un mercure proche de zéro à la sainte Sophie ? Le printemps est fou et je suis bien placé pour le constater, mais ne seraient-ce pas les gens qui deviennent fous ? Vouloir planter des concombres et des tomates en plein mois de mars, exiger des jeunes plants de salade avec plein de belles feuilles prêtes à être mangées dès le début du mois de février ? Je pourrais vous citer des milliers d'exemples de ce type. La faute à qui ? Aux beaux jours précoces ? Oui, certainement, mais surtout la faute à nous ou plutôt aux distributeurs qui veulent toujours vendre plus, plus vite...
C'est un horticulteur qui vous parle. Je suis détaillant, je travaille avec mon frère sur une jeune et petite exploitation. Nous sommes partis avec rien du tout il y a dix ans, juste avec du courage et surtout la volonté de dire aux gens : “Stop ! Arrêtez de gaspiller avec des produits hors saison, des produits coûteux en énergie.” Je ne prétends pas tout savoir, ni vous donner de leçon, mais croyez-moi, certains distributeurs font du mal à la profession, ce n'est pas moi qui le dis, mais de nombreux clients.
Mon entreprise se développe à son rythme, et surtout les gens adhèrent à nos principes : respect de l'environnement, respect des saisons, relation directe avec le producteur qui met les mains dans la terre, et ça les gens aiment. Utopiste ? Non, je suis fils et petit-fils d'agriculteurs et j'ai beaucoup appris avec mes grands-parents qui avaient traversé des saisons plus ou moins folles, des années de privation et des années d'abondance...
Que dire des médias qui, pour vendre, font courir des informations “dramatiques” : sécheresse, pénurie, canicule, hiver glacial, grêle... Ces phénomènes existent depuis toujours, mais on nous ferait croire qu'ils sont nouveaux ! Que valent nos petites décennies de recul sur le climat par rapport aux millions d'années écoulées ? Certes, le climat a l'air de changer et je m'en inquiète. Mais il faut rester prudent, calme, raisonné. On nous avait prédit dans l'Est un mois d'avril frais et humide... sans commentaire. On se fait tous du mal à répandre des rumeurs, des on-dit et puis, j'ose le dire, l'affaire DSK nous a fait du mal. Elle a sapé le moral des gens. Comme s'ils n'avaient plus d'espoir... Le concombre toxique s'est ensuite invité à la fête... Pétrole, DSK, le Japon, la liste noire est longue ce printemps, nous avons bien du mal à vendre du rêve aux gens... mais restons optimistes et confiants. J'apprécie beaucoup vos éditos et vous en remercie. »
