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Solution

“Un projet mûri depuis toujours !”

Pascal Fayolle - Le Lien Horticole - n°758 - juin 2011 - page 8

Audrey Funten a créé l'an dernier La Rosée, en Loire-Atlantique, pour produire des vivaces. Après deux années d'une réflexion qui a abouti à un business plan précis et parfaitement respecté jusque-là.

En stage chez Noémie Vialard, ancienne pépiniériste de collection en région parisienne et aujourd'hui journaliste et écrivain, Audrey Funten a eu le coup de foudre pour les vivaces. Elle dit « avoir mûri son projet d'installation depuis toujours ». Après un bac « agro » en province, elle s'intéresse au paysage et regarde du côté de l'école de Versailles. Elle effectue un BTSA option « pépinière entreprise de jardin » à l'école du Breuil, à Paris, un chemin qui va l'amener à croiser Noémie Vialard, son mentor... Pour une installation immédiate ? Pas vraiment. Dix-huit ans ont passé depuis. Entre-temps, Audrey a intégré l'école du paysage de Versailles où elle n'est restée qu'un an : « Ça ne me correspondait pas », précise-telle. Elle s'est ensuite tournée vers l'Itiape, l'école d'ingénieurs en apprentissage de Lesquin, près de Lille (59). Son apprentissage a été partagé entre l'entreprise Tarvel, à Lyon, et la ville de Paris, où elle travaillera ensuite de 2001 à 2010 au service des espaces verts, tout en allant de temps à autre donner un coup de main dans la pépinière de son mentor, jusqu'au début des années 2000...

Vu l'engouement actuel pour les vivaces et la gamme qu'elle a été habituée à travailler dans sa pépinière fétiche, le choix du catalogue d'Audrey Funten n'est pas franchement surprenant. Aujourd'hui, la pépinière compte environ 350 taxons de vivaces pour 10 000 à 15 000 plantes en culture. Ce qui est le plus surprenant, c'est la manière dont le choix des espèces retenues au catalogue s'est fait : « J'ai choisi les vivaces parce que ce sont des plantes qui me parlent, qui changent tout le temps. C'est quelque chose de très personnel. J'ai envie de produire les plantes que j'aime ! Mon objectif n'est pas la collection. J'adore les géraniums vivaces, mais pas au point d'en avoir 500 différents au catalogue comme les pépinières les plus pointues dans ce domaine. »

Mais pour ceux qui la classeraient parmi les rêveuses peu soucieuses des contraintes économiques, Audrey Funten précise que sa démarche d'entreprise a été basée sur un business plan précis et mûrement réfléchi. Elle a mis deux ans pour faire aboutir son projet, là où les femmes mettent en moyenne treize mois et les hommes neuf. « C'est bien de faire un business plan. On va plus loin dans sa réflexion quand on écrit les choses. On peut aller voir les banques et éviter de devoir disposer d'un apport personnel égal à la somme que l'on veut emprunter. Et j'ai également pu bénéficier de la DJA, dotation jeunes agriculteurs. »

Mais le plus compliqué dans ce projet d'installation aura été la recherche du terrain. Il fallait trouver un site adapté, dans une région permettant de commercialiser l'essentiel de la production, et disposant d'eau en quantité et qualité. Les conditions prédéfinies étaient un terrain proche du bord de mer, des températures clémentes en hiver et une clientèle assez aisée autour. Après six mois de recherche de la Vendée au sud de la Bretagne, elle a trouvé 1,3 hectare dans le pays de Retz, à une demi-heure de Nantes et de Saint-Nazaire, à Saint-Père-en-Retz. Autour d'un petit étang, Audrey Funten a pu acheter un terrain dans une zone où les biens immobiliers sont recherchés. C'est d'ailleurs un élément qui a compté dans le choix : on y trouve des stations balnéaires aussi prisées que Saint-Brevin-les-Pins, Préfailles ou Pornic. Le pays de Retz compte 100 000 habitants et pas moins de 20 % de résidences secondaires...

Le terrain acquis restait à mettre en culture. Audrey Funten disposait déjà d'un grand nombre de taxons en attente dans son jardin de la région parisienne ou dans celui de ses parents, dans l'Aube. La première année a été passée à mettre en place les structures de production et à multiplier. Au niveau technique, les choix ont été faits au plus simple : pas d'abris de culture, des voiles d'hivernage ont été achetés mais pas encore utilisés ! Les aires de culture sont réparties autour de l'étang de la propriété, sans toile de culture mais paillées. Le terreau retenu est bio, une démarche a été entamée pour que l'entreprise dispose d'une certification AB. Le terrain n'ayant jamais été traité, il sera inutile d'attendre trois ans pour l'obtenir. La qualité de départ du terreau et le choix des variétés permettent d'éviter d'avoir à fertiliser. Aucun système d'arrosage automatique n'est prévu, tout est arrosé à la main. Le site permet de produire l'ensemble de la gamme prévue, avec une difficulté particulière pour les plantes de bord de mer qui ont besoin d'un drainage important et des difficultés à s'adapter à ce vallon humide.

Après une bonne année d'installation, la pépiniériste est optimiste : 2011 se présente bien, à peu près dans les prévisions budgétaires du business plan. Elle commercialise sur place, du jeudi au samedi, et fait une dizaine d'expositions par an. « Certaines sont vraiment bonnes et permettent de s'y retrouver économiquement », précise-t-elle. Elle vient de faire son premier « Courson » et a été ravie de l'expérience. Ces manifestations sont de bonnes occasions de se faire connaître. Internet permet aussi de vendre une partie non négligeable des productions : « J'ai expédié des végétaux dans les Alpes-Maritimes, à L'Île-d'Yeu et dans le 17e arrondissement de Paris. Mais internet m'aide surtout à faire venir les gens dans la pépinière. » Le dépaysement est total et au-delà de l'achat de végétaux, ils peuvent suivre des stages pour apprendre à composer des massifs. Les ingrédients semblent réunis pour que le projet réussisse...

Audrey Funten a créé les pépinières de La Rosée l'an dernier. Elle propose des vivaces de collection qu'elle commercialise sur place, par internet ou dans le cadre de foires aux plantes.

Audrey Funten a créé les pépinières de La Rosée l'an dernier. Elle propose des vivaces de collection qu'elle commercialise sur place, par internet ou dans le cadre de foires aux plantes.

Les choix techniques retenus pour les pépinières de La Rosée sont simples : cultures posées au sol et paillées, terreau bio et le moins possible d'intrants.

Les choix techniques retenus pour les pépinières de La Rosée sont simples : cultures posées au sol et paillées, terreau bio et le moins possible d'intrants.

Audrey Funten dispose aujourd'hui de 350 taxons environ, parmi lesquels cet Anthemis C. 'Buxton'.

Audrey Funten dispose aujourd'hui de 350 taxons environ, parmi lesquels cet Anthemis C. 'Buxton'.

L'entreprise a été installée dans un fond de vallon frais et humide, en Bretagne Sud.

L'entreprise a été installée dans un fond de vallon frais et humide, en Bretagne Sud.

Troc plantes

Le jardin-pépinière La Rosée propose à ses clients un « troc plantes ». Il s'agit d'une minuscule parcelle où chacun peut déposer une plante de son jardin et en prendre une autre... Une idée qui se développe en France sur la base de trocs organisés comme des marchés aux puces, ponctuels et festifs, mais qui, dans le cas présent, devient permanente !

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REPÈRES

CRÉATION DE L'ENTREPRISE : 2010.

SITUATION GÉOGRAPHIQUE : Saint-Père-en-Retz, en Loire-Atlantique.

SURFACE DE CULTURE : 1,3 hectare.

NOMBRE DE TAXONS PROPOSÉS : environ 350.

NOMBRE DE PLANTES EN CULTURE : de 10 000 à 15 000.

L'essentiel de l'offre

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