Imprimer« Le “Jardin des senteurs et des saveurs” est une base de travail pour toutes les spécialités enseignées au lycée et au CFA », soulignent Marie Isaac, enseignante en section « production horticole », et Michel Cadilhac, enseignant en section « travaux paysagers ». « Les interventions sont réalisées dans le cadre des enseignements à l'initiative de l'établissement (EIE) pour les CAP et bac pro, et dans le cadre des modules d'initiative local (MIL) pour les BTS. Elles sont diverses : nettoyage des carrés, plantations, réfection des plesses, reconnaissance des végétaux, étiquetage... En amont du travail au jardin, les élèves réalisent aussi les commandes de graines, les opérations de semis, de repiquage, de multiplication dans les serres de l'établissement. L'entretien courant est assuré par un salarié (ancien élève du lycée) à raison de deux jours par semaine.
Au-delà de son utilisation pour l'enseignement technique, le jardin est également un terrain d'exploration pour les autres enseignants. Ainsi, tous les ans, une plaquette de présentation du jardin est réalisée par les élèves de BTS et l'enseignant en communication. Une version en anglais fait l'objet d'un travail en cours de langue. L'enseignant en histoire et géographie est lui-même intervenu pour travailler sur l'histoire des grands botanistes avec, à la clef, la réalisation de panneaux d'exposition. En mathématiques, c'est l'occasion de travailler sur les volumes, la géométrie. Et dans le cadre des cours d'éducation socioculturelle, les élèves de bac Pro ont fabriqué un jeu des sept familles sur l'origine des végétaux.
À la rentrée prochaine, les enseignants en production et en économie vont fabriquer un kit de jardinage pour les écoles. Afin de permettre une bonne planification des différentes interventions sur le site, les enseignants se réunissent au mois de juin pour préparer la rentrée suivante. Puis au cours de l'année scolaire, une réunion hebdomadaire est pilotée par les enseignants techniques. Elle est ouverte à tous les autres enseignants impliqués dans les différents projets.
Une réflexion commune, un projet soutenu par les acteurs locaux
Le jardin est perçu par les élèves non seulement comme un lieu d'apprentissage, mais aussi comme un espace de détente. La plupart d'entre eux sont internes et y viennent régulièrement le soir ou le week-end. L'appropriation est telle que les dégradations sont ponctuelles et sans gravité. Au fil du temps, ce jardin des senteurs et des saveurs est devenu l'espace des enseignants, des élèves et de la population.
Sa création a été largement soutenue par les acteurs locaux. Au-delà d'un outil pédagogique pour les enseignants du lycée et du CFA du Mené, il a été pensé comme un atout de plus pour dynamiser la vie locale et attirer les touristes, généralement plus présents sur la partie côtière du département. Le montage du projet est le fruit d'une réflexion commune menée par le directeur du lycée de l'époque, le président de l'Union des commerçants de Merdrignac et les élus du canton. L'idée était de mettre en valeur la qualité du cadre de vie local et de proposer un lieu de promenade original aux touristes de passage ainsi qu'aux habitants.
Le jardin sert aussi de lieu de présentation pour les végétaux produits sur l'exploitation horticole du lycée et vendus au public. Un service très apprécié car le secteur ne possède pas de commerce de type jardinerie.
Initié au début des années 2000, le projet s'est concrétisé en 2004, soutenu financièrement par la chambre de commerce et d'industrie et par l'Unep (entrepreneurs du paysage).
Depuis 2004, les végétaux se sont bien installés. Le jardin sert à la reconnaissance, à l'exposition des productions des deux centres de formation, mais sont aussi un lieu de visite. PHOTO : YAEL HADDAD
Marie Isaac et Michel Cadilhac, enseignants. PHOTO : YAEL HADDAD
Les élèves assurent les commandes de semences, les semis, les plantations dans les carrés, l'étiquetage... PHOTO : LYCÉE DU MENÉ
Organisé selon une « ligne du temps »...
Le plan du jardin a été conçu par un enseignant en paysage, Xavier Gaugler, avec pour ligne directrice la volonté de « faire parler le temps dans le rapport nourricier que l'homme a pu entretenir avec son environnement, avec la nature ». La ligne du temps est schématisée par un trait visuel composé de pierres d'origine locale (schiste).
Le parcours serpente autour de cette ligne en faisant découvrir successivement au visiteur différentes zones. Il passe d'abord devant les serres, symbole de la production moderne, puis sous un tunnel végétalisé pour arriver dans un espace qui rappelle l'époque moyenâgeuse. Le secteur est composé de grands carrés surélevés plantés de végétaux nourriciers répartis selon leur origine géographique et leur mode de consommation (plantes consommées crues, cuites, plantes odorantes...). Le parcours se poursuit dans un petit verger agrémenté de rosiers, puis dans une zone de sous-bois, une prairie et un théâtre de verdure. Le jardin est bordée de haies avec des espèces choisies pour leurs atouts : plantes mellifères, écorces décoratives, production de petits fruits.
