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Pyrévert, nouvel insecticide à base de pyréthrines naturelles

Marc Loison* - Phytoma - n°624 - septembre 2009 - page 52

 ph. Samabiol

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Récolte manuelle de Chrysanthemum cinerariaefolium au Kénya.      Le sol et le climat des hauts plateaux favorisent la concentration de pyréthrines dans la plante. ph. Samabiol

Récolte manuelle de Chrysanthemum cinerariaefolium au Kénya. Le sol et le climat des hauts plateaux favorisent la concentration de pyréthrines dans la plante. ph. Samabiol

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Les pyréthrines naturelles sont des substances d'origine végétale à l'activité insecticide connue de longue date. En France elles ont été jusqu'à présent peu utilisées en agriculture. Elles sont à la base de la nouvelle spécialité Pyrévert, issue d'une grande expérience européenne en termes d'agronomie et de formulation. Sa composition et son profil sont adaptés aux impératifs modernes de l'agriculture biologique, raisonnée et de l'IPM(1). Ce produit est autorisé sur vigne et pêcher et son utilisation pourrait s'étendre à d'autres cultures ; et sans doute aussi aux espaces verts et aux jardins d'amateurs. Sa substance active est inscrite à l'annexe I de la directive 91/414, c'est-à-dire que les autorités européennes l'ont jugée digne de faire partie des insecticides autorisés dans l'Union.

Au cours de leur évolution, certains végétaux ont produit et concentré des molécules de défense pour se protéger des insectes phytophages. C'est le cas de plusieurs chrysanthèmes, plantes à fleur de la famille des composés.

Ainsi l'espèce Chrysanthemum (syn. Pyrethrum) cinerariaefolium, ou pyrèthre, synthétise six substances insecticides appelées pyréthrines : pyréthrine I, pyréthrine II, cinérine I, cinérine II, jasmoline I et jasmoline II.

Ces molécules sont des esters issus de la combinaison entre les deux acides chrysanthémique et pyréthrique et trois alcools, pyréthrolone, cinérolone et jasmolone.

De quoi est-il fait ?

La substance active du nouvel insecticide Pyrevert est donc un extrait de pyrèthre contenant ces six pyréthrines. Elle provient du Kénya, où le sol et le climat des hauts plateaux favorisent la concentration des pyréthrines.

Les plants de pyrèthres ne sont pas des OGM. Ils sont cultivés sur des petites surfaces par des familles de paysans qui récoltent les fleurs à la main au moment où elles contiennent le maximum de pyréthrines.

Ensuite les fleurs sont séchées à l'air libre pour empêcher leur dégradation. Enfin les pyréthrines sont extraites et concentrées.

La formulation

Pyrévert contient 2 % de pyréthrines. à première vue, on pourrait penser que cette quantité est trop basse, sachant que par le passé des produits connus sur le marché européen contenaient le double de pyréthrines. Mais la formulation de cet insecticide est assez innovante pour permettre d'obtenir une bonne efficacité avec un niveau minimum de pyréthrines.

Du reste, on n'a pas eu à ajouter de pypéronyl butoxyde (pbo). à noter : les coformulants utilisés dans la spécialité sont d'origine naturelle. Son utilisation en agriculture biologique est possible.

La toxicité du nouveau produit vis-à-vis de l'homme est très faible comme vis-à-vis de tout animal à sang chaud. En effet ces animaux produisent au niveau du foie des enzymes capables de rompre la liaison chimique entre l'acide et l'alcool formant les molécules de pyréthrines, ce qui induit la détoxification.

Profil écotoxicologique

Les pyréthrines sont des insecticides non sélectifs. Mais la quantité contenue dans le produit a été réduite au maximum pour en faire un insecticide le plus respectueux possible de l'environnement. Par ailleurs, les pyréthrines sont rapidement dégradées dans la nature, notamment par la lumière qui catalyse leur oxydation par l'oxygène de l'air.

Cette faible concentration de départ et cette faible persistance ont deux avantages.

D'une part en terme de gestion des résidus. Les délais avant récolte de la spécialité sont courts. D'autre part les risques pour les populations d'arthropodes auxiliaires sont limités.

Le dossier d'inscription à l'annexe I comprend un grand nombre d'essais au laboratoire et au champ pour vérifier les effets de la spécialité sur l'environnement et les insectes utiles. Ils ont montré qu'elle a un impact limité sur les insectes utiles ; ses effets sont toujours temporaires : après une application les populations retrouvent rapidement leur niveau initial.

Comment agit-il ?

Les pyréthrines ont une action de choc contre les insectes, surtout par contact et de façon plus limitée par ingestion. Elles bloquent la circulation de l'influx nerveux en empêchant la repolarisation du canal sodium ce qui induit la paralysie puis la mort.

Les molécules les plus actives sont les pyréthrines I et II, mais chaque molécule contribue à l'action insecticide de l'extrait. C'est un atout en terme de risque d'apparition de résistances. à ce jour, après des siècles d'utilisation au niveau mondial, il n'y a pas de résistance connue et démontrée aux pyréthrines naturelles.

Les pyréthrines sont des insecticides non sélectifs efficaces contre de nombreux ordres d'insectes : hémiptères, diptères, coléoptères, hyménoptères, thysanoptères, orthoptères, etc. Elles sont aussi efficaces contre les acariens.

Quelles sont ses performances ?

Efficacité, résultats officiels

La synthèse des essais réalisés pour le dossier d'homologation montre que la nouvelle spécialité a une efficacité de 82,1 % sur cicadelle de la flavescence dorée (Figure 1). Ce niveau est proche de celui des produits de synthèse.

Il faut souligner que les traitements ont été effectués pendant la journée : la lumière du jour au moment des applications n'affecte donc pas l'efficacité de cet insecticide.

Effet sur la qualité des vins

De plus, son utilisation n'a pas d'impact négatif sur la qualité des vins. C'est un point important dans la perspective de mise en place de la nouvelle certification européenne des vins biologiques, qui succèdera à la production actuelle des vins issus de la viticulture biologique.

Comment l'utiliser ?

Contre quoi l'employer

Pyrévert a reçu en 2009 une autorisation de mise sur le marché pour deux usages : cicadelle de la flavescence dorée en vigne et puceron vert du pêcher. La dose autorisée est de 1,5 litre par hectare, 3 fois par an au maximum.

Quand l'employer

Les délais d'emploi avant récolte sont de 7 jours sur pêcher et 3 jours sur vigne.

Cet insecticide essentiellement de contact ne possède aucune action systémique. Le mieux est donc de l'employer en présence des insectes, dès leur apparition. Cette méthode exige de bien suivre la culture et les populations d'insectes cibles ; sinon on risque de perdre la maîtrise sur les populations. Il est donc important de bien connaître l'insecte cible et son cycle de façon à traiter en sa présence mais en début d'infestation.

D'autre part, il ne faut pas oublier que pour faire une agriculture de qualité il faut appliquer toutes les techniques agronomiques qui permettent de limiter les risques d'infestation.

Comment l'appliquer

Il est conseillé de traiter pendant les heures les plus fraîches de la journée. Comment l'appliquer Il faut utiliser un volume d'eau suffisant pour bien mouiller toute la végétation.

Comme pour tous les produits de contact, la qualité de la pulvérisation est un facteur de succès très important.

Perspectives

Dans le futur proche, Pyrévert pourrait être autorisé sur des cultures supplémentaires. Les dossiers déposés au niveau européen et les essais réalisés en France vont permettre de proposer de nouveaux usages en maraîchage, arboriculture, production de quatrième gamme et pour la conservation des denrées stockées.

<p>* Samabiol, 190, avenue de la Grande-Marine, 84800 L'Islesur-la-Sorgue. marc.loison@samabiol.com</p> <p>(1) IPM : Integrated Pest Management (protection intégrée contre les bio-agresseurs).</p>

Figure 1 -

Efficacité comparée de Pyrévert.

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