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ph. M. Andrieux
Le BAS 650 F est actif contre plusieurs mildious, dont celui de la tomate (ci-dessus) mais n'est développé pour l'instant que sur vigne. L'ipconazole, lui, est développé en traitement des semences des blés et orges. Quant à l'oïdium de la vigne (médaillon en haut de page), il est visé par une association de trifloxystrobine et de tébuconazole ainsi que par le cyflufénamid. ph. M. Andrieux
Cette année, seules deux nouvelles substances actives fongicides inédites sont présentées à la CIMA de Tours, alors qu'il y en avait 6 il y a trois ans. Signe d'un ralentissement mondial de la recherche phytopharmaceutique ? Sur la période 1980-2000, le marché a vu arriver en moyenne 12 nouvelles substances par an, alors que l'on n'en prévoit plus que 8 par an en moyenne sur la prochaine décennie, tous segments confondus. Dans un contexte où certaines filières connaissent déjà des impasses agronomiques et vu l'évolution de la législation européenne, cette situation peut sembler préoccupante. Mais les 2 nouvelles substances méritent d'être découvertes, ainsi que 5 nouveautés du côté des spécialités.
BAS 650 F contre les mildious
La société BASF Agro présente une nouvelle substance active efficace contre les Oomycètes, le BAS 650 F.
Cette molécule, de la famille chimique des pyrimidylamines, est développée pour lutter contre les agents responsables des mildious, au sens large.
Mode d'action
La cible des pyrimidylamines se situe au niveau de la chaîne respiratoire mitochondriale. Bien qu'à ce jour la cible exacte de ces fongicides n'ait pas été identifiée, plusieurs études montrent qu'elle se situe au niveau du complexe III mitochondrial, dit aussi cytochrome bc1.
Au niveau du cycle de vie de Plasmopara viticola, agent du mildiou de la vigne, ce nouveau fongicide inhibe la différenciation ainsi que la libération des zoospores par les sporanges, la mobilité des zoospores relarguées et la germination des zoospores enkystées.
Ces observations ont pu également être vérifiées chez Phytophthora infestans, agent du mildiou de la pomme de terre et de la tomate, pour lequel une activité complémentaire par altération de la germination directe des sporanges a été constatée.
Développement sur vigne
Sur vigne, le BAS 650 F est développé en association avec le métirame (fongicide de la famille des dithiocarbamates) dans la spécialité BAS 65200 F. Au-delà de son apport direct d'efficacité complémentaire à celle de la nouvelle substance, le métirame présente un intérêt dans le cadre de la prévention des résistances potentielles.
Sur P. viticola, la spécialité (respectivement 120 g/kg et 440 g/kg de BAS 650F et de métirame) est travaillée à la dose de 2,5 kg/ha. Les résultats obtenus par la firme montrent un très haut niveau de performance contre le mildiou de la vigne, sur feuilles mais aussi tout particulièrement sur grappes.
Dans le cadre de la gestion des résistances, le nombre maximal d'applications de BAS 65200 F sera limité à 3 par saison, avec un maximum de 2 applications consécutives en alternance avec des fongicides appartenant à des groupes de résistance croisée différents ; ces applications devant être positionnées impérativement en situation préventive. Cette nouvelle préparation proposera ainsi aux acteurs de la protection phytopharmaceutique des vignobles une molécule issue d'une nouvelle famille chimique associée au métirame, molécule à mode d'action multisites, constituant ainsi un outil majeur et pérenne pour lutter contre le mildiou.
Ipconazole pour traiter les semences
Mode d'action
Présenté par la société Chemtura, l'ipconazole est un fongicide appartenant à la famille des triazoles. Il agit en inhibant la biosynthèse des stérols (c'est donc un IBS), précisément la déméthylation de ces stérols (c'est donc un IDM, on dit aussi IBS du groupe I).
Cette substance active développée en traitement de semences pour les céréales (orge, blé) est efficace sur de nombreux pathogènes présents au niveau des grains ou du sol. L'ipconazole agit à la fois par contact et par systémie. Son activité est préventive et curative.
Développement sur blé et orge
La nouvelle substance est développée dans un premier temps en solo dans une formulation de type microémulsion.
Sur orge, les résultats présentés à cette occasion montrent son efficacité sur le charbon dû à Ustilago nuda et sur l'helminthosporiose due à Pyrenophora graminea.
Sur blé, le produit est efficace sur Tilletia caries, agent de la carie du blé, ainsi que sur les agents de fusarioses Fusarium spp. et Microdochium nivale.
Par ailleurs, cette spécialité à base d'ipconazole a montré une excellente sélectivité des cultures concernées. Déjà homologuée au Japon, États-Unis, etc., elle sera progressivement autorisée au niveau des différents pays européens.
D'autres formulations solo ou en association sont déjà en cours de développement.
Autres nouveautés
Cinq autres nouveautés sont présentées à l'occasion de cette conférence.
Deux contre l'oïdium de la vigne
Une nouvelle préparation (BCSV 750 F) à base de trifloxystrobine et de tébuconazole est présentée par Bayer CropScience France. Elle est désormais autorisée en France pour lutter contre l'oïdium sur vigne (1).
Certis Europe B.V et Nisso Chemical Europe GmbH évoquent de nouveaux développements concernant le cyflufenamid. Cet anti-oïdium avait déjà été présenté à la précédente CIMA en 2006 avec des résultats sur céréales. La substance a été autorisée en France cette année 2009 dans un produit destiné effectivement aux céréales (2). Lors de cette CIMA 2009, il est question de son efficacité sur vigne, là encore dans le cadre de la lutte anti-oïdium.
Deux sur cultures légumières
On retrouve l'association de tébuconazole et de trifloxystrobine dans une nouvelle préparation destinée aux cultures légumières. Codée PHF 0707, elle est efficace notamment sur de nombreuses maladies du feuillage de l'asperge, de la carotte, du chou, de l'endive, du melon et du poireau.
Développée par Philagro France & Bayer Crop Science France, cette préparation attendait encore son autorisation en France à l'heure où ces lignes sont écrites (3).
Une nouvelle préparation (PHF 0708) à base de fluopicolide et de propamocarbe hydrochloride est développée en cultures légumières : chou, épinard, laitue, oignon, melon, poireau et tomate. Il s'agit dans tous les cas de programmes de protection contre les mildious. Philagro France et Bayer CropScience France présentent cette spécialité encore en développement.
à noter qu'une spécialité à base de fluopicolide et de propamocarbe Hcl vient tout juste d'être autorisée en France, mais uniquement sur pomme de terre (4).
Une sur pomme de terre
À propos de pomme de terre, justement, souvenir, souvenir : lors de la CIMA 2006, Philagro France présentait l'amisulbrom, sulfonamide anti-mildiou de la pomme de terre. Trois ans après, la même société évoque une préparation à base d'amisulbrom (NC 224) qui attend encore son autorisation en France, ou du moins l'attendait à notre connaissance lors de l'écriture de ces lignes (5).
<p>* UIPP, Union des industries de la protection des plantes.</p> <p>(1) Voir les tableaux des AMM dans <i>Phytoma</i> n° 624-625 de septembre 2009, p. 5, et l'article de J. Grosman dans <i>Phytoma</i> n° 628 de novembre 2009, p. 14 (tableau 4 p. 17).</p> <p>(2) Voir les tableaux des AMM dans <i>Phytoma</i> 2009 n° 628 de novembre, p. 10.</p> <p>(3) et (5) Selon e-phy consulté le 27 novembre 2009.</p> <p>(4) Information de la société Bayer CropScience France le 10 novembre 2009.</p>
