En haut de page, dispositif de traitement des effluents phytos BF Bulles, reconnu pour la viticulture et pour lequel de nouvelles reconnaissances ont été demandées. Ci-contre, station collective de traitement des effluents vinicoles à Fleurie (Rhône) : une unité de traitement des effluents phytos devrait y démarrer en 2010 avec le procédé Aderbio STBR2, également reconnu pour la viticulture et demandant de nouvelles reconnaissances. ph. Aderbio Développement
Une station phyto dans les Bouches-du-Rhône : Phytobac, local de stockage et aire de remplissage-lavage. Unimed Arbo, qui l'a réalisée, précise qu'il y a bien une rétention au sol menant au Phytobac (avec séparation des eaux pluviales) et une alimentation en eau sécurisée anti-débordement et anti-retour. ph. Unimed Arbo
Quelles sont les évolutions depuis octobre dernier en matière de prévention des pollutions phytopharmaceutiques ponctuelles ? Autrement dit, quoi de neuf pour la protection de l'environnement du côté du remplissage, du nettoyage et de la vidange des pulvérisateurs, bref, au niveau des « stations phytos » ? Et à celui des procédés de traitement des effluents phytos officiellement reconnus par le ministère de l'Environnement ? Récapitulons.
La prévention des pollutions ponctuelles figure parmi les bonnes pratiques phytosanitaires. Elle est favorisée par l'emploi de certains équipements, regroupés si possible au sein d'une aire de remplissage-lavage du pulvérisateur.
Sol anti-fuites
L'idéal est la rétention
Celle-ci doit avoir un sol « anti-fuites ». L'idéal est qu'il soit bétonné et muni d'un regard menant à une rétention elle-même étanche.
Cette rétention stockera les effluents des incidents de remplissage(1), les eaux de vidange du pulvérisateur et celles de son lavage. Il faut le savoir, ces eaux de vidange et de lavage, même après rinçage du pulvérisateur à la parcelle, ne sont pas assez pures pour être rejetées directement dans le milieu.
Parfois les sols filtrants...
Bizarrement, un sol de terre ou enherbé, donc filtrant, s'il est éloigné de tout point d'eau, cours d'eau ou fossé, est préférable à un sol bétonné bien propre mais proche de l'eau ou bien dont le regard mène droit au réseau d'eaux pluviales ! Dans le premier cas le sol joue un rôle épurateur. Dans l'autre toute pollution file directement à la rivière : à proscrire !
Mais ce sol filtrant qui convient pour un contrôle de pulvérisateur(2), un remplissage sans incident ou un lavage d'appareil rincé au champ, n'est qu'un pis aller en cas d'incident lors du remplissage, d'une vidange de fond de cuve non dilué, d'un lavage d'appareil souillé, etc.
Le seul endroit pratique
Le problème est que, dans certains cas, le seul endroit pratique pour remplir et laver son pulvérisateur est justement la cour de ferme bétonnée toute proche d'un cours ou point d'eau ou dûment branchée sur le réseau...
Dans ce cas, la solution peut passer par un bac de rétention amovible et sa cuve de rétention. Axe Environnement en propose dans le cadre de ses « stations phytos ».
Penser « station phyto »
Plusieurs intervenants proposent de telles stations. Certaines ont déjà été évoquées dans ce dossier à divers titres : la Chambre d'Agriculture du Gard, Axe Environnement... Nouveau, Innovtec, bureau d'études basée dans l'Aude, propose une station « utilisation collective » baptisée « Ecostation ».
Fonctions précieuses
Ces stations offrent toutes une sécurité contre les débordements et retours d'eau dans le réseau d'arrivée, fonction précieuse pour l'environnement et la sécurité de l'utilisateur.
Des postes (chez Axe Environnement), tables (chez Innovtec) voire tables roulantes (chez la Chambre d'agriculture pour son Top Incorpo) de préparation permettent de la faire sans s'accroupir au sol. Certaines stations (Écostation) sont réglables en hauteur.
Les trois dispositifs proposent, soit d'entrée de jeu soit en option, un « système de lavage des contenants » (terme d'Innovtec). Ce lavage est une bonne pratique importante, on le verra p. 45. Mais tout le monde n'a pas un rince-bidon inclus dans le bac d'incorporation de son pulvérisateur. Certains n'ont même pas de bac d'incorporation. D'où l'intérêt des systèmes de lavage autonomes.
Stations collectives
Revenons aux stations collectives. Ces dispositifs sont adaptés aux collectivités locales et dans les régions, notamment viticoles, où les corps de ferme sont enclavés dans les villages.
Dans ces régions, les pulvérisateurs se remplissent d'habitude dans la cour de la coopérative, elle-même en général munie d'un sol avec rétention. Mais tout usage collectif pose des problèmes : gestion de la consommation d'eau, sécurisation, etc.
Les stations Ecostation et Top Remplissage version collective (sans compter les projets d'Axe Environnement) sont sécurisées, leur eau n'étant accessible qu'aux personnes inscrites et la consommation enregistrée. Chacun paye ainsi l'eau qu'il aura consommée.
Raisonner, intégrer
De toute façon, qu'on soit responsable de station collective ou chef d'exploitation, on a intérêt à réfléchir à l'implantation et à l'équipement de son aire de préparation de la bouillie et de lavage du pulvérisateur.
On peut suivre une formation Certiphyto de deux jours (voir p. 14) intégrant la visite d'une telle aire de remplissage-lavage. Les trois intervenants déjà cités peuvent aider au diagnostic, ils ne sont pas les seuls. Ainsi Unimed Arbo, service de conseil aux arboriculteurs commun à six coopératives méditerranéennes, propose diagnostic, étude préalable et accompagnement de projet de « stations phytos » complètes. Celles-ci intègrent le local de stockage des produits et le poste de gestion des effluents (après stockage dans la cuve de rétention étanche). Une bonne option à généraliser.
Effluents, le point
Rappel utile
Pour le local de stockage, rien de neuf par rapport aux informations données dans de précédents dossiers bonnes pratiques.
Pour la gestion des effluents, rappelons que :
– le meilleur moyen de les gérer est d'en créer le moins possible : remplissage de la cuve ajusté au traitement puis, après celui-ci, rinçage intérieur du fond de cuve et pulvérisation de ce fond de cuve dilué à la parcelle à chaque fois que possible ;
– il faut traiter les effluents des incidents de remplissage, de la vidange du fond de cuve dilué (autorisée au champ mais après dilution au centième parfois difficile à obtenir) et du lavage extérieur du pulvérisateur (difficile à faire à la parcelle : il faut un point d'eau) ;
– les dispositifs de traitement doivent être officiellement reconnus pour avoir le droit de rejeter quoi que ce soit dans le milieu : vapeur d'eau des procédés par déshydratation, eaux ou substrats épurés des autres ; les autres déchets (résidus secs, consommables usagés) sont à éliminer en filière de déchets dangereux mais représentent de petits volumes.
Douze procédés, dont deux demandent de « nouveaux champs »
Il y a toujours 12 procédés de traitement des effluents officiellement reconnus par le MEEDDM(3) (Tableau). Les demandes de reconnaissance de nouveaux dispositifs signalées l'an dernier(4) n'aboutiront pas avant l'été 2010. Mais les sociétés Aderbio et Vitivista ont demandé la reconnaissance de nouveaux champs d'application pour leurs procédés reconnus, respectivement l'Aderbio STBR2 et le BF Bulles.
L'examen des demandes a avancé et le verdict du ministère pourrait tomber très vite. Nul ne sait ce qu'il sera, mais on connaît les demandes. L'Aderbio STBR2, déjà reconnu en viticulture et arboriculture, a demandé à l'être pour traiter les effluents des traitements de post-récolte des fruits et légumes sauf les bananes (pour celles- ci il aurait fallu faire des tests spécifiques). Quant au BF Bulles, déjà reconnu en viticulture, il a demandé la reconnaissance en arboriculture, grandes cultures, maraîchage et traitement de post-récolte des fruits et légumes. À bientôt pour de (bonnes ?) nouvelles ?
Deux bonnes nouvelles
Il y a déjà deux bonnes nouvelles à propos de procédés de traitement des effluents.
La première est que les saches usagées du procédé Osmofilm sont désormais collectées par l'intermédiaire d'Adivalor (voir aussi p. 45). Cette opération pilote pourrait être à terme étendue aux résidus solides d'autres procédés.
L'autre bonne nouvelle touche les stations collectives de traitement des effluents phytos : le régime des installations classées ne leur sera pas appliqué si elles ne rejettent pas d'eau, cas des procédés Phytobac, Héliosec, Osmofilm et Evapophyt, et dans d'autres cas il peut être considéré comme la prolongation de l'activité agricole. Ainsi dans le Rhône, Aderbio est en train d'équiper en STBR2 une station qui traite déjà des effluents vinicoles au STBR 1. Dans le Gard, la Chambre d'agriculture travaille sur deux projets de stations collectives.
On va pouvoir résoudre le problème de la gestion des effluents phytos dans les zones défavorables aux dispositifs individuels comme les villages viticoles déjà évoqués.
<p>* Phytoma.</p> <p>(1) Produit s'échappant en cas de chute de bidon ou de débordement de cuve, etc.</p> <p>(2) Voir la photo en p. 19 de l'article p. 17, montrant un contrôle du pulvérisateur sur une surface filtrante.</p> <p>(3) Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer.</p> <p>(4) « Gestion des effluents phytopharmaceutiques, le panorama », <i>Phytoma</i> n° 626-627 d'octobre 20009, p. 30.</p>