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dossier - Végétaux d'agrément

Situation phytosanitaire des gazons en 2009

Ollivier Dours* et Gilbert Chauvel** - Phytoma - n°635 - juin 2010 - page 14

Golfs, gazons de placage, hippodromes et gazons à vocations sportives
 ph. C. Gestain

ph. C. Gestain

Vers blancs. Reste à déterminer l'espèce de hanneton à laquelle ils appartiennent. ph. P. Bernard

Vers blancs. Reste à déterminer l'espèce de hanneton à laquelle ils appartiennent. ph. P. Bernard

 ph. O. Dours

ph. O. Dours

 ph. O. Dours

ph. O. Dours

Les digitaires (ici Digitaria ischaemum) sont les plus répandues des graminées estivales. Avec leur capacité à coloniser les espaces libres, elles peuvent remplir l'été les « trous » laissés par le pâturin annuel.

Les digitaires (ici Digitaria ischaemum) sont les plus répandues des graminées estivales. Avec leur capacité à coloniser les espaces libres, elles peuvent remplir l'été les « trous » laissés par le pâturin annuel.

Les professionnels de la filière gazon – intendants de golf, producteurs de gazons de placage, chargés de l'entretien de pistes d'hippodromes ainsi que de terrains de sport et de pelouses d'agrément – sont convaincus de la nécessité de détecter précocement les organismes qui affectent les gazons dont ils ont la charge. Connaître ces organismes nuisibles dès leur survenue, dans leur ampleur géographique et dans leur niveau de gravité, permet de mieux apprécier les risques phytosanitaires, de mieux choisir les stratégies d'entretien à mettre en œuvre et d'intervenir a minima, précocement. L'atteinte de ces objectifs mobilise la profession entière pour mettre en œuvre la surveillance des gazons, préalable indispensable à la mise en place de la lutte intégrée et à la réduction de l'utilisation des produits phytosanitaires. Ce bilan 2009 s'inscrit dans cette épidémiosurveillance.

En 2009, les maladies fongiques restent de loin les organismes nuisibles les plus préjudiciables et les plus traités sur les gazons, mais il semble que dans certaines régions leur pression ait été moindre en 2009 qu'en 2008.

Depuis 2005, les attaques de ravageurs des parties souterraines (tipules, vers gris, vers blancs et courtilières) augmentent globalement. Le charançon Sphenophorus striatopunctatus (Goeze), toujours présent, a été signalé aussi sur gazon de placage dans le Sud-Ouest.

Pour les adventices, la présence du pâturin annuel ou encore la problématique des graminées d'origine tropicale dans le Sud-Ouest et enfin les graminées estivales : panics-sétaires-digitaires sont à signaler en priorité. Parmi les dicotylédones, cinq catégories occasionnent régulièrement des nuisances : la pâquerette, les véroniques et la sagine, le pissenlit (Taraxacum campylodes G.E.Haglund) et les trèfles.

Le problème des vers de terre reste d'actualité car les moyens alternatifs proposés suite à l'interdiction du carbaryl manquent d'efficacité. Aucun parasite de quarantaine n'est à noter sur gazons mais l'organisme réglementé qu'est l'ambroisie (Ambrosia artemisiifolia) est signalé en Rhône-Alpes sur golfs.

Ravageurs du sol et du système racinaire

Les ravageurs les plus souvent signalés sont les tipules et les vers de terre (Figure 1), les premières ayant nécessité le plus grand nombre de traitements (Figure 2).

Tipules, vers blancs, vers gris

En 2009, les attaques de tipules ont été équivalentes à celles des années précédentes.

Elles ont nécessité en général 1 à 2 application(s) insecticide (s)/an sur green de golf. Une solution de lutte biologique avec le nématode Steinernema carpocapsae (Weiser) est disponible ; encore peu généralisée, son utilisation a doublé en 2009 par rapport à 2008.

Les attaques de vers gris et de vers blancs (larves respectivement de noctuelles terricoles et de hanneton) sont en augmentation par rapport à 2008. Les dégâts, de plus en plus préoccupants, sont souvent aggravés ultérieurement par ceux causés par les corvidés et sangliers, plus rarement par les blaireaux qui recherchent les larves terricoles ou vers de terre pour se nourrir.

Connaissances à améliorer

Afin de mieux connaître l'importance relative et l'aire de répartition des deux espèces de tipules, il serait souhaitable de procéder à une campagne de détermination par échantillonnage. Leurs cycles de développement biologique étant différents (2 générations par an pour Tipula oleracea L. contre une seule pour T. paludosa Meigen) une meilleure connaissance de ces espèces permettrait de mieux raisonner le choix de la période de traitement.

La problématique est la même pour les vers blancs car, la plupart du temps, les gestionnaires des gazons ne connaissent pas l'espèce exacte contre laquelle ils doivent agir (photo ci-dessous).

Un charançon du Sud-Est et maintenant du Sud-Ouest

Plus localisés, les dégâts du charançon Sphenophorus striatopunctatus ont été observés en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, sa région d'origine étant les Alpes-Maritimes (06), en 2009. Des dégâts de moindre importance sont signalés sur gazons de placage en Gironde (33).

Maladies cryptogamique des gazons

La figure 3 rend compte de l'importance relative des différentes maladies rencontrées sur golfs. La pression de certaines d'entre elles (fusarioses, dollar spot...) est telle que leur maîtrise nécessite souvent de compléter les pratiques culturales par l'utilisation d'intrants phytosanitaires (Figure 4).

La gestion aussi naturelle que possible des parcours de golfs et des pelouses pour la pratique du sport est une priorité pour les acteurs de la filière. Elle passe en premier lieu par le choix d'espèces de graminées adaptées aux conditions édapho-climatiques locales et de variétés résistantes aux maladies. Ensuite elle met en œuvre diverses façons culturales, notamment la pratique du regarnissage, le choix d'une fertilisation raisonnée et équilibrée, la gestion des quantités, fréquences et horaires de l'irrigation, etc.

Fusariose hivernale, Sud-Ouest et Centre-région parisienne

Décembre 2008, très frais en contraste avec le climat exceptionnellement doux de novembre, a généré une très forte pression de fusariose hivernale (photo) dans le Sud-Ouest. Comparativement, l'impact de cette maladie a été moindre dans le Sud-Est et le Nord-Est de la France en 2009 par rapport à 2008. La période d'attaque et l'intensité de Microdochium nivale (Ces. ex Sacc.) ont été importantes en région parisienne et dans le Centre de septembre 2008 jusqu'en mars 2009 ; dans ces régions, l'alternance de périodes douces voire très douces et de périodes froides et humides a favorisé la maladie.

Elle a nécessité plus de 4 traitements sur golfs et gazons de placage. Le nombre des interventions a été légèrement supérieur à celui de l'année 2008.

Dollar spot, majeur dans le Sud-Ouest et présent ailleurs

Dans le sud de la France, le mois d'août a été très chaud et sec, et le dollar sport dû à Sclerotinia homeocarpa (photo) a été très difficile à maîtriser dans les golfs, affirment les professionnels. Cette maladie s'est installée définitivement dans les régions du nord de la France mais avec une période d'activité limitée de juillet à septembre. Dans le Sud , les gestionnaires des gazons doivent s'en préoccuper de mars pour les premiers signalements jusqu'en octobre pour les cas les plus extrêmes.

Durant cette période, le dollar spot, très virulent dans le Sud-Ouest, a nécessité plus de 3 applications fongicides en moyenne : 85 % des golfs du Sud-Ouest ont dû intervenir plus de 3 fois sur green, avant-green et départ. Cette situation devient habituelle dans cette région où la maladie constitue un problème majeur.

Depuis le début de cette enquête, la fusariose hivernale et le dollar spot sont les maladies les plus préjudiciables dans toutes les régions françaises ; elles ont nécessité à elles seules plus de 68 % des applications fongicides effectuées.

Anthracnose en progression

L'anthracnose causée par Colletotrichum graminicola (Ces.) G.W. Wilson) progresse en 2009. Elle est plutôt présente dans la moitié sud de la France sur green de golf pendant la période estivale et est signalée sur gazon de placage, mais en revanche très peu présente sur pelouses de sports et inexistante sur hippodromes. Les intendants de golfs la signalent dans les situations compactées ou peu aérées et en présence de pâturin annuel.

Sur golfs, elle a nécessité plus de 3 applications spécifiques dans les situations les plus graves. Cette maladie pose des difficultés de détermination aux gestionnaires des gazons car elle est souvent associée à une autre maladie(1) (Pythium estivaux ou piétins à Gaeumannomyces ou encore curvulariose et Leptosphaerulina australis McAlpine).

Pythium sur certains gazons

Les Pythium sont signalés dans toute la France sur gazons de sport (golfs et terrains de sports) mais seulement dans certaines situations où ils peuvent nécessiter plus de 3 applications dans les cas les plus difficiles. Cette maladie est très surveillée par les gestionnaires des gazons de sport en raison de sa survenue très rapide, potentiellement grave.

Elle est gérée par une stratégie préventive :

– éviter une humidité excessive en raisonnant les irrigations afin de minimiser les temps d'humectation et la présence d'eau libre à la surface du gazon ;

– collecter et exporter les déchets de tontes et procéder à un nettoyage soigné des tondeuses et outils de préparation de sol ;

– raisonner le programme de fertilisation (N, P, K, Fe), à un niveau nutritionnel équilibré ;

– défeutrer et aérer fréquemment afin de corriger les problèmes de compaction, puis apporter du sable.

Ces méthodes culturales améliorent le drainage et l'aération du substrat ainsi que la résistance à la compaction.

Il faut aussi maintenir le pâturin annuel à un niveau le plus faible possible car cette espèce est très sensible à la maladie, et opter pour un changement de flore si sa présence devient trop importante.

En 2009, le Pythium n'a pas été signalé sur la filière des gazons de placage. Enfin sur hippodromes, il ne justifie pas de traitement spécifique.

Fusariose estivale et Rhizoctonia solani en baisse

La fusariose estivale a été moins signalée en 2009 qu'en 2008 dans toute la France, c'est la maladie en baisse dans notre enquête. Cependant dans les situations où elle a pu s'exprimer, elle a nécessité de deux à trois applications spécifiques en moyenne.

Quant à Rhizoctonia solani (J.G. Kühn), il peut localement justifier 1 à 2 application(s) fongicide(s). Mais dans la plupart des situations, il est en baisse notamment dans le Sud-Est où il n'a pas été signalé cette année.

Complexe à helminthosporiose, curvulariose et Sclerotium rolfsii (Sacc.)

Pour ces maladies, les méthodes culturales sont privilégiées notamment par un raisonnement de la fertilisation pour réduire le déséquilibre azote et potasse en sortie d'hiver. Il faut veiller à ne pas réaliser de trop fort apport d'eau durant l'été pour éviter de les favoriser.

Des traitements fongicides à base de strobilurines sont néanmoins souvent engagés notamment contre S. rolfsii, maladie surveillée par toutes les filières en particulier celle des terrains de sports collectifs. Son aire de répartition se situe en 2009 dans le Sud-Ouest de la France.

Rouilles et piétins

Les rouilles sont un problème dans les situations à fréquence des tontes peu importante. Les surfaces atteintes sont parfois considérables avec forte production de spores.

Elles concernent plus les hippodromes et gazons de placage et ont nécessité 1 à 2 traitements en moyenne.

Quelques dégâts localisés de piétin à Gaeumannomyces, et Leptosphaerulina australis répartis sur l'ensemble du territoire, ont été signalés pour les golfs. Les traitements fongicides spécifiques à ces maladies restent toutefois exceptionnels.

Fil rouge et ronds de sorcières un peu partout

Le fil rouge a été noté partout en France sur fairways, pistes d'hippodrome, terrains de sport et plus rarement sur greens.

Il est aujourd'hui généralement contrôlé en raisonnant la fertilisation azotée, par un complément en azote minéral sous forme adaptée (rapidement assimilable) réalisé en majorité en période estivale et complété par des aérations. Les traitements fongicides spécifiques sont réservés aux greens et gazons de placage.

La présence de ronds de sorcières sur tous les types de gazon a aussi été signalée très régulièrement partout en France.

Leur maîtrise, suivant leur type, est plus ou moins facile et passe par les moyens culturaux (aération profonde sans oublier d'évacuer et détruire les déchets dus au carottage - fertilisation - sablage - regarnissage), en l'absence de solutions fongicides efficaces.

Organismes nuisibles non parasitaires

Le contrôle de la végétation spontanée et des mousses dans les gazons reste une préoccupation majeure de leurs gestionnaires.

Végétation spontanée des gazons : le pâturin annuel...

Parmi les espèces de graminées indésirables signalées (Figure 5), le pâturin annuel (Poa annua) est le plus dommageable ; sa présence est enregistrée dans toute la France. Tous les producteurs de gazon de placage français sont confrontés à l'invasion de cette graminée annuelle qui déprécie gravement leurs cultures. Les facteurs favorables au développement et à l'installation pérenne du pâturin annuel sont les tontes courtes, les irrigations fréquentes en période estivale et une fertilisation azotée mal adaptée.

En raison de son enracinement superficiel et de sa faible résistance à la sécheresse, le pâturin annuel jaunit durant l'été. Il faut retarder la récolte des rouleaux de gazon ou des plaques afin qu'elles puissent retrouver leur couleur, leur densité et une solidité indispensable à leur manipulation.

Sur gazon à vocation sportive, devant l'impossibilité de l'éradiquer complètement, il convient de le limiter en raison du dégarnissage et de la détérioration des terrains qu'il occasionne en période estivale. Par ailleurs, ce pâturin est beaucoup plus sensible aux maladies (fusarioses hivernale et estivale, dollar spot, pythium, curvulariose, anthracnose) que les espèces de graminées désirées. Ceci défavorise la réduction des intrants fongicides.

Afin de limiter l'extension et la nuisibilité du pâturin, les gestionnaires tentent de combiner des façons culturales qui lui sont défavorables :

– réaliser des aérations-sablages hors période de production de graines de P. annua ;

– regarnir avec des espèces agressives (agrostis stolonifère et ray-grass sur green, pâturin des prés ou fétuque rouge sur fairways, départs et pelouses à vocations sportives) ;

– élever la hauteur de tonte en été ;

– limiter les apports d'eau au minimum, la fertilisation azotée estivale et phosphorique pendant l'été ;

– appliquer un régulateur de croissance (trinéxapac-éthyl 25 % à 1,6 kg/ha) : son mode d'action sur P. annua est d'inhiber la biosynthèse de l'acide gibbérellique, donc de diminuer l'élongation et la division cellulaire ;

– collecter et exporter les déchets de tonte pour limiter la réintroduction des graines de P. annua ;

– éviter de verticutter(2) en période de production de graines pour éviter une germination massive.

Autres graminées indésirables

Parmi les graminées estivales, les digitaires sont toujours les plus répandues sur terrains de sport et golfs ; les sétaires (genre Setaria) sont aussi régulièrement signalées, ainsi que les panics dans une moindre mesure (Figure 5).

Afin de limiter ces graminées estivales, on peut mettre en œuvre toutes les techniques agronomiques et culturales défavorables à leur implantation, ou à leur développement :

– réduire la fréquence et augmenter l'importance des arrosages ;

– apporter l'azote avant la période de pousse de ces graminées estivales ;

– préférer des engrais à libération lente s'il faut en apporter en fin de printemps et en été ;

– procéder à des regarnissages ou sursemis car la digitaire est souvent la première des graminées estivales qui apparaît pour coloniser les espaces libres et, de plus, elle n'aime pas la concurrence ;

– éviter les opérations de défeutrage et les aérations en périodes de levées ; s'il n'est pas possible de faire autrement, la technique du sursemis est nécessaire.

Après plusieurs années, une bonne gestion des façons culturales seules ne suffit souvent pas à contenir les digitaires (ph. 5), et l'utilisation d'herbicides spécifiques anti graminées est souvent nécessaire (Figure 6). Afin de limiter le nombre d'applications, il est possible d'utiliser un modèle prévisionnel(3) de la dynamique des levées de digitaires pour positionner le produit à une date optimale.

Parmi les chiendents, Cynodon dactylon (L.) Pers. reste le plus signalé en toutes régions, plus qu'Agropyron repens (L.) P. Beauv., davantage présent dans le Nord de la France.

Les Paspales et Cyperus sp ainsi que certaines graminées d'origine tropicale (Eleusine indica (L.) Gaert.) concernent tout le sud de la France. Sporobolus indicus (L.) R.BR. est présent en Aquitaine (33, 40, 64) et Midi-Pyrénées (31) où il pose un réel problème (Tableau 1).

Dicotylédones

Les dicotylédones (Figure 7) sont assez aisément maîtrisées dans l'ensemble, avec toutefois quelques difficultés signalées face au trèfle (Trifolium repens L.), espèce la plus citée. La vivace Bellis perennis L. (pâquerette) ainsi que les véroniques (Veronica persica Poir. et V. arvensis L.) sont régulièrement signalées dans toutes les régions ainsi que le pissenlit et la sagine. Un à deux herbicides sélectifs foliaires sont appliqués en moyenne par an pour lutter contre les dicotylédones sur tous types de gazons (Figure 8).

L'ambroisie élevée ou ambroisie à feuilles d'armoise (Ambrosia artemisiifolia L.) est signalée en Rhône-Alpes (Rhône 69 et Isère 38) sur golfs (roughs). Le regarnissage régulier des terrains et le désherbage manuel de ceux peu colonisés sont les méthodes les plus utilisées contre l'ambroisie. La mise en œuvre d'un herbicide est décidée lorsqu'il n'est plus possible de gérer la situation par les façons culturales (Figure 8).

Mousses et algues

Les mousses (photo) et algues sont présentes en toutes régions françaises en 2009, mais leur nuisance est globalement inférieure aux années passées. De nombreuses espèces de mousses sont susceptibles d'envahir les gazons à vocation sportive et pelouses des hippodromes, et Bryum argenteum Hedw pose un réel problème sur greens de golf.

Leur maîtrise semble là aussi obtenue par des moyens culturaux : aération, regarnissage, correction d'acidité des sols, revoir le drainage si nécessaire... Ces dispositions sont à mettre en œuvre avant d'utiliser un anti mousse spécifique ou, de manière concomitante, pour en limiter le nombre d'applications (synthèse sur ces dernières Figure 8).

Vers de terre et vertébrés

Un problème en hiver

Les gestionnaires de gazon de sports se trouvent devant une impossibilité pratique pour réduire l'activité des vers de terre en période hivernale et en sortie d'hiver.

La limitation de ces populations et de leurs turricules(4) en hiver et jusqu'au début du printemps passe à ce jour par la mise en place d'un ensemble de méthodes culturales (sablage ; usage de répulsifs ; passage de grilles afin d'éclater les turricules...) qui ne résoud pas le problème sur tous les substrats. De plus, l'effet d'une application de répulsif ne dure pas longtemps (rémanence de 2 à 3 semaines), ce qui oblige à renouveler souvent le traitement.

Si leur combinaison s'avère insuffisante, la possibilité de recours à un lombricide (usage actuellement orphelin), autorisé sur les seules zones le justifiant, est une attente de la profession.

Corbeaux, sangliers, taupes

Parmi les oiseaux, les corvidés causent le plus de détérioration ; ils sont à l'origine de retournements et de trous dans les pelouses de gazons de sports et les greens de golfs, lorsqu'ils sont à la recherche de larves d'insectes terricoles ou de vers de terre.

Les dommages de sangliers sont mentionnés assez régulièrement sur golfs. Les dégâts occasionnés peuvent être très coûteux car les retournements sont dans certains cas catastrophiques par leur étendue. La pose de clôtures ou les battues organisées par les sociétés de chasse restent les seuls moyens de lutte vraiment efficaces car les répulsifs n'ont pas une rémanence très longue dans le temps.

Comme en 2008, des dégâts de taupes ont été signalés régulièrement sur golfs dans toutes les régions. Leur contrôle est obtenu par les campagnes de piégeage qui durent toute l'année. Cette lutte par piégeage est très satisfaisante.

En conclusion

Tendance générale

Les réponses aux questionnaires suggèrent une augmentation très nette des insectes ravageurs du sol par rapport aux tendances observées depuis le début de cette enquête commencée en 2005. C'est aussi le cas des dégâts liés aux populations de vers de terre.

Ceci dit, les maladies fongiques restent globalement dominantes sur les gazons. En effet, la fusariose hivernale et le dollar spot ont été moins virulents qu'en 2008 dans le sud-est et nord-est de la France métropolitaine mais restent les principaux parasites de qualité que les gestionnaires de gazons doivent gérer chaque année. Même si la part des fongicides est légèrement en baisse par rapport à 2008, ils restent néanmoins les intrants qui ont engagé la majorité des applications (Figure 9).

Seuils de tolérance spécifiques

L'enquête montre que si les problèmes phytosanitaires sont identiques par filières (même parasite ou même mauvaise herbe), les seuils de nuisibilité ou de tolérance sont très différents selon la vocation du gazon.

Le pâturin annuel préoccupe la filière des gazons de placage, les autres filières le limitent surtout par les façons culturales. La présence de digitaires est elle aussi préoccupante ; les graminées vivaces ou d'origine tropicale tendent à le devenir notamment dans le Sud-Ouest.

Pour les dicotylédones, le trèfle, la pâquerette puis les véroniques et la sagine sont régulièrement signalés comme justifiant l'application d'herbicides foliaires de post levée.

Grâce à la structuration d'un réseau d'épidémiosurveillance plus étoffé et la mise en œuvre d'un dispositif homogène de collecte d'information pour toutes les filières du gazon, ce bilan gagnera en qualité et sera à l'avenir plus représentatif de la situation du gazon en France.

Remerciements : Les auteurs tiennent à remercier, pour leur active participation, les responsables de pistes d'hippodromes, gestionnaires de gazons de placage et intendants de golfs appartenant aux diverses associations professionnelles (Agref, SFG) qui ont accepté de renseigner le questionnaire.

Leurs remerciements s'adressent plus particulièrement à Patrice Bernard (Agref) et Emilio Vichiera (Agref-Ecoumène), Rémy Dorbeau (Agref-Ecoumène-SFG) ; Jean-Marc Lecourt et Bénédicte Ratel (SFG). Philippe Truquet (CG33 - LABSA) et Thierry Hornebeck (Mairie de Lyon-Direction des sports).

<p>* Rapporteur National DGAL/SDQPV « Gazon ».</p> <p>** Expert National DGAL/SDQPV « Zones Non Agricoles - Cultures Ornementales », DRAAF-SRAL.-Midi-Pyrénées.</p> <p>(1) Résultats d'analyses aimablement fournis par Philippe Truquet, CG33 - LABSA - Unité Technique Végétale, Domaine de la Grande-Ferrade (33).</p> <p>(2) Le verticutting est une technique d'extirpation verticale qui enlève le feutre (en utilisant une défeutreuse constituée de couteaux verticaux montés sur un axe horizontal qui travaille perpendiculairement au sol), améliorant ainsi l'aération des gazons.</p> <p>(3) Voir communication AFPP. 18e Journée internationale sur la lutte contre les mauvaises herbes, Toulouse, 5, 6, 7 décembre 2001. Élaboration d'une stratégie de désherbage raisonné de la digitaire sanguine sur golfs en utilisant la valeur prédictive de la modélisation, par G. Chauvel et O. Dours.</p> <p>(4) Les turricules issus des déjections de vers de terre sont constitués de mélanges intimes de matière organique et minérale.</p>

1 - L'épidémiosurveillance à l'origine de ce bilan

Distribution de l'origine géographique des réponses au questionnaire « Gazons sportifs-golfs » (sur un panel de 72 réponses) pour l'établissement du bilan phytosanitaire 2009.

Distribution de l'origine géographique des réponses au questionnaire « Gazons sportifs-golfs » (sur un panel de 72 réponses) pour l'établissement du bilan phytosanitaire 2009.

Ce bilan phytosanitaire des gazons provient des renseignements fournis par 72 professionnels en réponse à un questionnaire visant à la restitution des problèmes phytosanitaires rencontrés dans leurs nature et gravité au cours de la campagne 2009 et dans leur évolution par rapport aux années précédentes. Les renseignements ont été fournis essentiellement par des intendants de golfs, des producteurs de gazon de placage et des chargés d'entretien d'hippodromes et, dans une faible proportion, de terrains de sport.

La mise en place progressive du futur réseau d'épidémiosurveillance (RES) au sein des régions et interrégions permettra sans aucun doute de fournir les bilans sanitaires des autres types de gazon, en particulier celui des terrains de sport collectif et des pelouses d'agrément et d'ambiance autour des structures bâties. Ces bilans sont appelés à être nettement consolidés par le nombre d'observateurs qui devrait augmenter dans des proportions importantes.

Un guide méthodologique utilisable par les observateurs pour la collecte de l'information est en voie d'être rédigé par la structure nationale représentative de la filière gazons Ecoumène Golf et Environnement dans le cadre du schéma organisationnel national d'épidémiosurveillance.

Figure 1 - Pourcentages de répondants signalant différents ravageurs du sol et nuisances imputables aux excès de vers de terre en 2009 sur les golfs.

Figure 2 - Nombre moyen de traitements réalisés sur les golfs en 2009 contre différents ravageurs du gazon.

Figure 3 - Pourcentage de répondants signalant différentes maladies du gazon en 2009 sur les golfs.

Figure 4 - Nombre moyen de traitements réalisés sur les golfs en 2009 contre les maladies du gazon.

Figure 5 - Récurrence des différentes graminées indésirables signalées sur gazon en 2009 (en % de réponses selon le panel de l'enquête).

Figure 6 - Nombre moyen d'applications herbicides réalisées sur golf en 2009 contre les graminées.

Figure 7 - Récurrence des différentes dicotylédones indésirables signalées sur gazon en 2008 (pourcentage de réponses selon le panel de l'enquête).

Figure 8 - Nombre moyen d'applications herbicides réalisés sur golfs en 2009 contre les dicotylédones et destruction des mousses.

Figure 9 - Répartition par usage du nombre de traitements réalisés sur gazon de golfs en 2009.

Résumé

Le bilan phytosanitaire des gazons en 2009 montre que :

– Concernant les insectes ravageurs, les tipules restent les plus souvent signalés et combattus, les vers gris et vers blancs sont en augmentation par rapport à 2008.

– Les maladies cryptogamiques, principalement les fusarioses hivernales et le dollar spot dû à Sclerotinia homeocarpa, restent les pires ennemis des gazons et nécessitent le plus grand nombre de traitements, même si leur incidence est globalement moins forte en 2009 qu'en 2008 (les autres maladies sont citées).

– Le pâturin annuel est l'adventice la plus dommageable, surtout sur gazon de placage, suivi des graminées estivales et des chiendents ; certaines graminées tropicales sont nuisibles dans le sud de la France ; les dicotylédones sont présentes, dont l'ambroisie signalée sur golf en Rhône-Alpes ; les mousses et algues ont été moins nuisibles en 2009 qu'en 2008.

– Les vers de terre posent d'autant plus de problèmes sur golfs et gazons de sport qu'on manque de moyen autorisé de les réguler.

– Les vertébrés (corbeaux, sangliers, taupes) peuvent causer des dommages.

L'article évoque les traitements mais aussi les façons culturales appropriées contre ces organismes nuisibles.

Mots-clés : ZNA (zones non agricoles), gazons, RES (réseau d'épidémiosurveillance), organismes nuisibles, ravageurs, maladies, adventices, vers de terre, vertébrés.

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