Imprimer
Parcelles d'essai du pénoxsulame, sur riz (à gauche), sorgho (au centre) et vigne (à droite). On voit l'efficacité face à la forte pression des mauvaises herbes que montrent les parcelles témoins non traitées.
CARACTÉRISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES
MATIÈRE ACTIVE
• Nom chimique IUPAC : (RS)-N-benzyl-2-(4- fluoro-3-trifluoromethylphenoxy)butanamide
• Formule brute : C16 H14 F5 N5 O5 S
• Formule moléculaire : voir ci-dessus
• Nom chimique : 2-(2,2-difluoroéthoxy)- 6-(trifluorométhyle)-N-(5,8-diméthoxy [1,2,4]triazolo-[1,5-c]pyrimidine-2- yl)benzenesulfonamide
• Nom commun : pénoxsulame
• Nom de code : DE-638
• Famille chimique : triazolopyrimidine sulfonamide
• Aspect physique : solide blanc cassé à rose pâle
• Poids moléculaire : 483,37 amu
• Densité relative : 1,61 à 20 °C
• Point de fusion : 212 °C
• Solubilité dans l'eau : 0,408 g/l à pH 7
• Tension vapeur : 7,16 x 10-16 mm Hg ou 9,55 x 10-14 Pa à 25 °C
• Coefficient de partage n-octanol/eau à 21 °C (Log Kow) : -0,602 à pH 7, 19 °C
• KOC : 7,16 x 10-16 mm Hg ou 9,55 x 10-14 Pa à 25 °C
PRODUIT FORMULÉ
• Nom commercial : Boa
• N° d'AMM : n° 2080029
• Composition : 20 g de pénoxsulame par litre
• Formulation : suspension concentrée huileuse diluable dans l'eau (OD)
• Couleur : jaune
• Conditionnement : bidon HDPE de 1 l, 5 l et 10 l
• Point d'éclair : > 100 °C
• Conditions d'emploi : autorisé sur riz à 2 l/ha, sorgho à 0,8 l/ha et vigne installée à 0,35 l/ha.
• CARACTÉRISTIQUES TOXICOLOGIQUES
Toxicité aiguë
La toxicité aiguë du pénoxsulame est très faible (tableau 1). Les études portant sur celle de la préparation Boa ont mis en évidence une irritation oculaire et dermale ainsi qu'une possible hypersensitivité de la peau après contact. Les phrases de risque R36 (« Irritant pour les yeux »), R38 (« irritant pour la peau ») et R43 (« peut entraîner une sensibilisation par contact avec la peau ») ont été attribuées à la préparation.
Toxicité chronique
Le résultat des études de mutagenèse, tératogenèse, oncogenèse, carcinogenèse menées sur le pénoxsulame montrent l'absence de potentiel de la molécule pour le développement de ces phénomènes.
• CARACTÉRISTIQUES ÉCOTOXICOLOGIQUES
Le pénoxsulame montre une faible toxicité aiguë envers les oiseaux, les poissons, les invertébrés et l'entomofaune utile. Le pénoxsulame et la préparation Boa sont cependant très toxiques pour les algues et les plantes aquatiques. Le risque associé à cette toxicité est considéré comme acceptable en tenant compte d'une zone non traitée de 5 m par rapport aux points d'eau adjacents à la zone traitée.
Devenir dans le sol
Dans le sol, le pénoxsulame se dégrade sous l'influence de la température par voie microbienne. En laboratoire dans des sols européens, la demi-vie est en moyenne de 32 jours à 20 °C en conditions aérobie (de 22 à 58 jours) et de 6,6 jours en conditions anaérobie (20 °C).
Les propriétés d'adsorption du pénoxsulame, testées sur 17 sols différents mettent en évidence un Koc variant entre 12 et 305 ml/g oc en fonction du pH (l'adsorption étant plus faible aux pH plus élevés). Selon la valeur de pH du sol, le pénoxsulame est considéré comme étant très mobile (pH > 6,5) à moyennement mobiles (pH faible).
Le pénoxsulame doit être utilisé dans le respect des bonnes pratiques agricoles préconisées pour éviter les risques de contamination des eaux souterraines.
Devenir dans l'eau
Dans l'eau, le pénoxsulame se dégrade essentiellement par photolyse et biodégradation combinées. Les études de laboratoire ont montré une demi-vie oscillant entre 8 et 9 heures dans l'eau quand le pénoxsulame est exposé à la lumière.
Une demi-vie moyenne de 23 jours (de 11 à 34 jours) a été calculée en laboratoire (en aérobie en milieu inondé dans des sédiments européens d'eaux de surface à l'obscurité). De ce fait, le pénoxsulame est peu persistant dans les milieux aquatiques.
Devenir dans l'air
Le pénoxsulame ne présente pas de risque significatif de transfert vers l'atmosphère.
Résidus dans les cultures
Les études de résidus menées en France ont montré l'absence de résidus dans le raisin pour une vigne traitée avec du pénoxsulame à la dose recommandée de 7 g sa/ha au stade « petit pois » pour une limite de détection de 0,01 mg/kg.
MENTIONS LÉGALES
• Pénoxsulame
Classement toxicologique : non classé
Classement écotoxicologique : N
Phrases de risque : R50/53
DJA : 0,05 mg/kg/poids corporel
Limites maximales de résidus (LMR) européennes : 0,01 mg/kg pour les trois cultures.
• Boa
Classement toxicologique : Xi.
Classement écotoxicologique : N.
Phrases de risque : R43, R36/38, R51/53.
Nombre d'applications/an : 1.
Zone non traitée (ZNT) : 5 m (vigne et sorgho uniquement).
Délais d'emploi avant récolte :
– sur riz, au plus tard au stade BBCH 30,
– sur sorgho, 60 (ensilage) ou 90 jours (grain),
– sur vigne, au plus tard au stade BBCH 19 (= boutons floraux agglomérés).
Délai de rentrée (DRE) : 48 heures.
• PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES
MODE D'ACTION BIOCHIMIQUE
Le pénoxsulame fait partie des triazolopyrimidines sulfonamides qui agissent par inhibition de l'enzyme acétolactate synthétase (ALS) dans la plante, autrement connue sous le nom d'acétohydroxyacide synthase (AHAS). L'ALS est une enzyme indispensable à la biosynthèse des acides aminés à chaîne ramifiée isoleucine, leucine et valine. Le pénoxsulame se trouve dans le groupe « B » du classement HRAC (Herbicide Resistance Action Committee) tout comme les sulfonylurées, dont certaines sont aussi commercialisées sur riz et sur vigne. Afin de limiter le risque d'apparition de résistance, il est recommandé de ne réaliser qu'une seule application par an avec Boa ou tout autre produit contenant un inhibiteur de l'ALS.
SPECTRE D'ACTIVITÉ
Selon la culture visée, la préparation s'utilise en pré- ou en post levée des adventices. Elle est efficace contre les principales adventices du riz (panisses, triangles, plantain d'eau, bidens), du sorgho (panic pied-de-coq, amarante réfléchie, chénopode blanc, morelle noire, repousses de tournesol) et de la vigne (amarante réfléchie, chénopode blanc, morelle noire, érigéron, pourpier et séneçon).
COMPORTEMENT
Le pénoxsulame est un herbicide systémique qui est absorbé par voie foliaire et dans une moindre mesure par voie racinaire. Par la suite, il est véhiculé dans la plante par la sève ascendante et descendante vers les tissus méristématiques.
Il provoque un arrêt immédiat de la croissance des adventices, réduisant ainsi au minimum leur nuisibilité après un traitement. Les premiers symptômes sur les adventices sensibles sont visibles 5 à 10 jours après l'application et le résultat final est obtenu en 3 à 4 semaines.
• RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX ET RECOMMANDATIONS D'EMPLOI
Sur riz...
Boa est utilisable en post levée à 2 l/ha (40 g sa/ha) à partir du stade « 2 feuilles » jusqu'au début de l'élongation de la tige du riz. Le pénoxsulame a un large champ d'activité, une efficacité excellente sur panisses et bonne sur cypéracées et de nombreuses dicotylédones. Les meilleurs résultats sont obtenus lorsque le traitement est positionné entre les stades « 1 feuille » et « début tallage » des panisses ou entre « 1 à 4 feuilles » des triangles et dicotylédones (Figure 1).
L'herbicide peut être employé sur rizière complètement asséchée (« assec ») ou sur terre humide (« gatille »). La remise en eau peut être effectuée entre 1 et 5 jours après le traitement.
Sur sorgho...
Utilisable à partir du stade 3 feuilles jusqu'au stade 5-6 feuilles de la culture à la dose de 0,8 l/ha (16 g sa/ha), la spécialité permet de maîtriser les adventices majeures du sorgho que sont le panic pied-de-coq, l'amarante réfléchie, le chénopode blanc et la morelle noire (Figure 2).
Ayant une action à la fois de prélevée et de post levée sur les adventices, il fait preuve d'une bonne souplesse dans les stades d'utilisation et peut être utilisé en mélange et en programme avec d'autres herbicides.
... et sur vigne
Boa est utilisable jusqu'au stade boutons floraux agglomérés de la vigne en prélevée des adventices à la dose de 0,35 l/ha (7 g sa/ha). Il permet de maîtriser un large spectre de dicotylédones estivales avec une persistance d'action de 2 à 3 mois (Figure 3).
Il présente un intérêt particulier en association avec d'autres herbicides de prélevée afin d'élargir son champ d'activité et de prolonger sa durée d'action. En présence d'adventices lors de l'application, il est conseillé d'associer le pénoxsulame à un herbicide foliaire de post-levée. Il est sélectif de toutes les variétés de vigne plantées depuis plus de 3 ans.
<p>* Dow Agro Sciences.</p>
Figure 1 - Efficacités moyennes du pénoxsulame sur rizières en « assecs » (Italie, Grèce, France, Espagne et Portugal, 1998-2002).
Figure 2 - Efficacités moyennes du pénoxsulame sur sorgho appliqué à partir du stade 3 feuilles (1 à 2 mois).
Figure 3 - Efficacités moyennes du pénoxsulame en application de prélevée sur dicotylédones de la vigne (2 à 3 mois).
