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dossier - Qualité sanitaire des grains

Ravageurs des grains, le panel de l'An 4

Marianne Decoin* - Phytoma - n°636 - septembre 2010 - page 30

Quoi de neuf dans la protection des grains contre les insectes et acariens de stockage, quatre ans après la disparition du dichlorvos
 ph. Pirigrain

ph. Pirigrain

Les insectes et acariens déprédateurs des grains stockés en consomment une partie et nuisent à la qualité sanitaire de ce qui reste : deux raisons de les combattre. Or la protection des grains stockés contre ces ravageurs s'est compliquée depuis quatre ans avec l'interdiction du dichlorvos puis du malathion et de la bifenthrine. Certes un nouvel insecticide a été autorisé depuis lors mais cela ne fait qu'un de plus pour trois de moins. Par ailleurs il existe des techniques « physiques ». Évocation de ces traitements du grain, sans oublier ceux qu'il faut effectuer avant qu'il n'entre en stockage, et la surveillance.

La protection des grains stockés contre les ravageurs commence avant le stockage de ces grains puis peut utiliser des techniques physiques. On reviendra sur ces deux thèmes. Mais commençons par celui du traitement insecticide des grains. Le secteur a été bouleversé par l'interdiction du dichlorvos ou DDVP, substance très utilisée en France, puis par celles du malathion et de la bifenthrine. Retour en 2008(1).

Insecticides, rappel

Du DDVP à la phosphine... quoique...

En septembre 2008, on savait que le DDVP allait être interdit le 1er décembre et qu'il était déjà inutilisable. En effet sa LMR(2) dans les grains avait été abaissée en 2007 et le produit n'était pas efficace à la dose permettant le respect de cette LMR en traitant des grains. La moisson 2010 est donc la quatrième sans DDVP.

Or cet insecticide s'utilisait pour le traitement de choc des grains infestés par des formes mobiles, qui s'agisse d'adultes ou de larves baladeuses. Il permettait de ne traiter qu'en cas de détection de ravageurs juste avant un transilage ou un transport.

Une solution pour le remplacer était le gazage, dit aussi fumigation, autorisé en France dans des produits à base de phosphures d'aluminium ou de magnésium. Tous dégagent de la phosphine(3). La technique, très utilisée ailleurs dans le monde, ne se développait pas en France.

Insecticides en nébulisation

Restaient des insecticides préventifs à appliquer en nébulisation des grains. En 2008, six substances de ce type étaient autorisées. Trois étaient des organophosphorés : le malathion, promis à l'interdiction, le pyrimiphos-méthyl et le chlorpyriphos-méthyl. Il y avait aussi deux pyréthrinoïdes : la bifenthrine, elle aussi promise à l'interdiction, et la deltaméthrine. S'y ajoutaient les pyréthrines naturelles, seules utilisables en agriculture biologique. Par ailleurs le butoxyde de pipéronyle (ou pipéronyle butoxyde), pas insecticide mais synergiste, était autorisé associé à certaines substances. Le tableau 1 récapitule la situation et son évolution depuis lors.

Aujourd'hui

Ceux qui étaient là en 2008

En effet cette pharmacopée a évolué depuis 2 ans même si les pratiques ont peu changé.

Ainsi, le gazage à la phosphine, toujours autorisé à partir des phosphures d'aluminium et de magnésium, s'est très peu développé. Il subsiste des freins (voir encadré 1).

Du côté des insecticides « classiques », les deux interdictions programmées sont effectives. Certes le malathion a été ré-inscrit sur la 91/414/CE (explications encadré 2 p. 32), mais sa ré-autorisation en France ne semble pas à l'ordre du jour. Quant à la bifenthrine, elle est « non inscrite » de par une décision européenne de novembre dernier. Les quatre autres substances insecticides autorisées en 2008 le restent en 2010, de même que le synergiste. À noter : la nouvelle LMR européenne du pyrimiphos-méthyl attendue pour bientôt devrait rester égale à l'actuelle.

Arrivée de la cyperméthrine

Mais une nouvelle pyréthrinoïde a été autorisée. Il s'agit de la cyperméthrine, lancée dans Pirigrain Talisma UL par les sociétés Agriphar et CGI(4). En fait le produit s'appelle Talisma UL. Pirigrain est le nom de la gamme vendue par la CGI avec des produits à base de pyrimiphosméthyl (Pirigrain 250, etc.), de pyréthrines (Pirigrain Bio) et, donc, de cyperméthrine.

Selon e-phy(5), le nouveau produit, associant pipéronyl-butoxyde et cyperméthrine, est autorisé sur céréales à paille contre capucins des grains et charançons ainsi que comme insecticide sur les céréales destinées à la transformation (panification, maltage et brasserie).

La formulation est à base d'huile de colza prête à l'emploi. Le produit s'applique en nébulisation à très bas volume (UL vient de « ultra low »). CGI l'annonce à la fois curatif (« il détruit les insectes en quelques heures ») et rémanent avec effet préventif sur les réinfestations, émergences et éclosions. Elle le conseille à l'entrée en silo en adaptant la dose à la durée de stockage prévue, et pour assainir des lots infestés ou douteux lors de transilage voire de livraison au meunier (à demi-dose). Pour l'export, la demi-dose convient en préventif et la pleine en curatif ainsi que pour les stockages d'intervention.

Les deux sociétés espèrent des extensions d'emploi sur maïs et riz ainsi que contre les acariens des grains stockés. Elles préparent une formulation EC(6) pour traiter les locaux vides avant l'arrivée des grains.

Nettoyez, nettoyez

Désinsectiser les locaux vides...

Car la protection des grains stockés commence avant leur arrivée au silo !

Le traitement insecticide des locaux vides est souvent associé à leur désinfection contre les micro-organismes. Pour le stockage à la ferme, chez les OS(7) et sur les lieux de première transformation (meunerie, etc.), le traitement des locaux de stockage de POV(8) est un « usage phyto », alors que pour la seconde transformation (boulangerie, etc.) c'est un « usage biocide » (voir l'encadré 2 p. 32).

Les substances autorisées sur les grains le sont aussi pour les locaux de stockage de POV, mais en formulations adaptées. La deltaméthrine, le chlorpyriphos-méthyl, le pyrimiphos-méthyl, les pyréthrines et le synergiste pipéronyl butoxyde, ainsi que les phosphures d'aluminium et de magnésium pour le gazage, devraient bientôt être rejoints par la cyperméthrine.

L'inventaire(9) des insecticides POV se doit de citer le fluorure de sulfuryle. Son inscription a été acceptée, le Journal Officiel européen l'a publié le 19 juin. Il est donc installé sur le marché POV (et pas sur les grains !) mais plutôt dans les locaux de transformation car c'est un gaz.

... les nettoyer physiquement

Mais d'abord, d'abord à tous les sens du terme, il y a le nettoyage des locaux et des grains.

« J'y tiens, martèle Marie-Pierre Leblanc, responsable du laboratoire de FranceAgriMer. Le nettoyage physique des locaux vides est indispensable. Les reliquats de grains et les poussières peuvent contenir des œufs et larves – sans compter les bactéries, les moisissures et leurs mycotoxines ! Attention, il y a les parois des cellules mais aussi les gaines, les reddlers, l'ensemble de la structure, etc. » Une fois les locaux nettoyés physiquement, on pourra penser au désinfectant et à l'insecticide...

... ainsi que le grain entrant au silo

Il y a aussi le nettoyage physique des grains à leur entrée en silo. « Les lots peuvent contenir des grains abîmés et sont naturellement poussiéreux. » Ces grains abîmés et poussières sont chargés en spores, fusariotoxines, etc., mais aussi vont offrir aux insectes un milieu très favorable pour s'y nourrir, y pondre.

Il existe des matériels de nettoyage. Certes, il faut les intégrer dans le circuit et il est difficile de revoir la conception d'un silo. M.-P. Leblanc annonce : « France AgriMer propose désormais une aide aux investissements pour l'acquisition de matériels : matériels spécifiques pour le nettoyage du grain ou celui des locaux vides. »

Méthodes physiques sur le grain

Une fois le grain nettoyé et stocké dans des locaux propres, il faut contrer l'entrée de nouveaux ravageurs et l'activité de ceux ayant pu échapper au nettoyage. Avant de penser insecticides, « il y a un panel de méthodes physiques », explique M.-P. Leblanc.

Ventilation à l'air ambiant

La première technique est la ventilation à l'air ambiant, sécurisée pour éviter des entrées d'insectes.

« C'est indispensable et 90 % des OS français sont équipés pour cela, même si la qualité des installations n'est pas toujours optimale », estime M.-P. Leblanc. Mais suffit-elle pour les céréales à paille et le colza, récoltés l'été ? « Oui, si elle est bien conduite. » C'est-à-dire ?

« Commencée dès que possible c'est-à-dire dès que les gaines de ventilation sont recouvertes et qu'il existe une différence de température de 7 à 10 °C entre le grain et l'air ambiant, idéalement la première nuit suivant l'entrée du grain. La ventilation doit si possible être régulée par un thermostat » et suivie par des capteurs internes au silo. M.-P. Leblanc précise : « Une première dose de ventilation va permettre d'abaisser la température du grain jusqu'à 20 °C. »

Une dose c'est combien de temps ? « Plusieurs nuits consécutives ! » Des compteurs jour-nuit gèreront l'interruption dans la journée et l'opération cessera quand la température aura assez baissé. Et ceci dans la totalité du grain, d'où l'intérêt des sondes thermométriques.

Production de froid

Et ensuite ? « Sous nos climats, on utilise souvent trois doses pour amener les céréales à paille à 12 °C. Cela suffit pour que les charançons, par exemple, ne se multiplient plus. »

Et si l'on veut bloquer complètement le métabolisme des insectes ? Il faut descendre sous 5 °C. « Chez nous, c'est assez difficile sans production de froid. » Mais cette production coûte cher. « En France, on compte sur les doigts de la main les OS qui en sont équipés. » On pratique la technique dans les secteurs à forte valeur ajoutée. Elle exige du doigté et sa conduite est délicate. Bref, c'est à la fois plus cher et plus compliqué que la ventilation à l'air ambiant.

Perspectives

Recherche de techniques de lutte

Et demain, quelles perspectives avons-nous ? « Au plan des méthodes physiques, l'effet de la chaleur, autour de 50 °C, a été testé au laboratoire par Arvalis-Institut du végétal et des laboratoires étrangers. Le but est d'obtenir un effet insecticide sans altérer les propriétés biochimiques du grain. Arvalis va tester la technique en pilote cette année. Il travaillera aussi sur le nettoyage physique des grains », révèle M.-P. Leblanc.

D'autres travaux sont en cours dans le cadre du projet CASDAR Ecoprotect Grain, inclus dans le RMT Quasaprove(10) :

– étude de nouvelles formulations (de substances connues) comparées avec les liquides ;

– comparaison de l'efficacité immédiate et de la rémanence de substances connues (pyréthrines naturelles) et de substances réputées potentiellement insecticides : poudres de diatomées et huiles essentielles, d'ail notamment. « Des gousses d'ail étaient utilisées il y a des siècles sur grains stockés, comme la poudre de pyrèthre dont on a fini par extraire les pyréthrines », signale M.-P. Leblanc.

« En 2010-2011 dans le cadre d'Ecoprotect Grain, un protocole d'étude expérimentale sera conduit sur des lots de 50 ou 100 litres de grains. Nous comparerons sur 45 et 90 jours l'efficacité, la rémanence et les éventuels résidus de ces substances. » Rendez-vous dans deux ans.

Penser surveillance

Il y a aussi la surveillance. « Il est utile de suivre en temps réel la température, la teneur en eau et l'activité d'eau ». Qu'est-ce ? « La quantité d'eau libre, notamment pour le développement d'organismes nuisibles. » On peut ainsi réguler l'ensemble par ventilation, et éviter des conditions favorables à la prolifération des insectes et au développement de moisissures productrices de mycotoxines de stockage.

D'autres techniques sont spécifiques aux insectes : les pièges et la détection acoustique.

Les pièges peuvent être attractifs (phéromones...) ou non. Certains sont commercialisés et utilisables même à la ferme. Ils décèlent les formes mobiles. « Il faut les placer en haut de la cellule ou du tas en cas de stockage à plat car c'est là où il y a le plus d'oxygène donc potentiellement d'insectes », conseille M.-P. Leblanc.

Pour sa part, « la détection acoustique est une technique engageante, je dirais pertinente », estime M.-P. Leblanc. Elle détecte la présence d'insectes actifs par des capteurs sensibles à des bruits indécelables à l'oreille nue. On ne perçoit que les formes biologiquement actives, mais de façon plus précoce qu'avec un piège. Enfin, rappelle M.-P. Leblanc, « les lots doivent être surveillés après récolte mais aussi en sortie d'hiver. En France, le mois de mars est critique. Il faut souvent re-ventiler à ce moment-là pour éviter des dégâts et des traitements ensuite. Surveiller permet d'agir à bon escient ».

Elle souligne : « Il y a peu de familles chimiques utilisables contre les insectes des grains stockés. C'est une situation fragile face aux risques de résistances. Il vaut mieux traiter une seule fois au bon moment : traiter le moins souvent possible, et si on traite le faire bien. »

<p>* Phytoma.</p> <p>(1) Destiné à ceux qui auraient égaré notre dossier <i>« Qualité sanitaire des grains »</i> avec l'article <i>« Insectes de stockage, l'après DDVP a commencé »</i> dans <i>Phytoma</i> n° 618 de septembre 2008, p. 28.</p> <p>(2) Limite maximale de résidus.</p> <p>(3) La phosphine, alias phosphure d'hydrogène ou hydrogène phosphoré, a comme formule chimique PH3.</p> <p>(4) Agriphar détient l'AMM et la CGI (Compagnie générale des insecticides) la distribution en France.</p> <p>(5) E-phy est la base de données en ligne du ministère chargé de l'Agriculture. Consultation effectuée le 9 août 2010.</p> <p><b>Photo en médaillon : <i>Tribolium castaneum</i> ou Tribolium rouge. Comme les charançons, c'est un ravageur primaire des grains stockés : il peut prospérer dans les lots des grains entiers, au contraire des ravageurs secondaires comme les pyrales de la farine.</b></p> <p>(6) Concentré émulsionnable.</p> <p>(7) Organismes stockeurs.</p> <p>(8) Produits d'origine végétale.</p> <p>(9) E-phy cite, pour la <i>« désinsectisation des locaux de stockage POV »,</i> le dichlorvos, le malathion et la bifenthrine, mais pour des usages biocides car <i>« ne relevant pas de la directive 91/414/CE »</i> qui règle les usages phytos (voir encadré 2). Elle cite aussi des produits à base de bioallethrine et de perméthrine, pyréthrinoïdes non inscrites comme phytos, des appâts et gels à base d'imidaclopride, fipronil ou hydraméthylnon visant les insectes rampants (blattes...), et le désinfectant chlorure d'alkyl diméthyl-ammonium : tous des biocides.</p> <p>(10) Sur ce RMT (réseau mixte technologique), voir l'article <i>« Qualité et sécurité alimentaire des végétaux en grandes cultures, sept chantiers du réseau Quasaprove »,</i> de C. Regnault-Roger dans <i>Phytoma</i> n° 633 d'avril 2010, p. 7.</p>

1 - La phosphine, pourquoi cet insuccès en France ?

En France, le gazage à la phosphine ne se développe obstinément pas. Pourtant il permet de se débarrasser non seulement des formes mobiles mais encore des œufs et larves même cachés dans les grains... Pourquoi cet insuccès ?

Il y a des raisons techniques et d'autres qui le sont moins. Les raisons techniques se résument en : « frais à prévoir » et « délai d'action ».

Frais à prévoir

En effet la phosphine est un gaz. Bon pour l'efficacité car les molécules gazeuses, plus petites que les gouttelettes d'une nébulisation ou les particules solides d'une fumée, pénètrent mieux les interstices entre grains et dans le grain. Mais mauvais pour la sécurité si le contenant (silo, etc.) n'est pas assez étanche : la phosphine est très toxique et très facilement inflammable. Elle exige donc des installations adaptées, cas fréquent ailleurs dans le monde mais pas en France. Passer au gazage implique des investissements.

Par ailleurs l'application doit être réalisée par des équipes formées et officiellement agréées par le service de l'état chargé de la Protection des Végétaux(1). C'est rassurant mais cela oblige à investir dans la formation pour agréer son équipe ou à payer la prestation d'équipes agréées. Là encore, des frais à prévoir.

Délai d'action

Autre défaut : alors que le DDVP foudroyait les insectes en quelques minutes, il faut plusieurs jours avec la phosphine avant de pouvoir laisser inspecter la cargaison... Cela peut être commercialement gênant ! C'est pourquoi la CGI évoque l'effet de choc de sa cyperméthrine pour le placer comme remplaçant potentiel du DDVP.

Le poids des mots

Autre raison possible, la peur du danger serait confortée par le poids des mots. En effet, qui dit phosphine dit gazage. Cela évoque de très mauvais souvenirs historiques. D'ailleurs les vendeurs de produits gazeux n'écrivent pas le mot gazage dans leurs documents commerciaux. Qu'il s'agisse de traitement de denrées stockées ou de sols, de phosphine, de fluorure de sulfuryle ou de dazomet, il n'est jamais question que d'action par « vapeur » ou bien de « fumigation », terme évoquant pourtant moins le gaz que la fumée et ses particules solides en suspension dans l'air.

Dans le cadre d'Ecoprotect Grains, une enquête va être lancée pour mieux comprendre les freins, techniques et/ ou psychologiques, à l'usage en France du... disons des gaz de fumigation.

(1) Actuellement la SdQPV, Sousdirection de la qualité et de la protection des végétaux, de la DGAL, Direction générale de l'alimentation, du ministère chargé de l'Agriculture.

2 - AMM, inscription, 91/414, directive biocides, explications

Quelques éléments pour comprendre l'évolution depuis l'homologation franco-française des produits phytos jusqu'à leur AMM inscrite dans le cadre européen, et l'articulation entre produits « phytos » et « biocides ».

Les produits phytos, en fait produits phytopharmaceutiques et assimilés (beaucoup sont des pesticides), sont destinés à des « usages phytos » c'est-à-dire à protéger contre leurs agresseurs des plantes et produits végétaux (grains stockés notamment) et, selon nos informations, leurs locaux de stockage et de première transformation.

Jusqu'en 1993, une « Loi d'homologation » indépendante de celles d'autres pays exigeait que tout produit phyto vendu en France bénéficie d'une homologation.

Depuis la mise en application en juillet 1993 de la Directive européenne n° 91/414/CE, les produits phytos restent autorisés pays par pays mais par AMM (autorisation de mise sur le marché) et après que leurs substances actives aient été examinées au niveau européen, aient satisfait à cet examen et soient inscrites sur la 91/414/CE (en fait sur la liste positive européenne à l'Annexe 1 de cette directive). L'inscription est valable dix ans.

Depuis 1993, toutes les nouvelles substances n'arrivent sur le marché européen des usages phytos qu'après avoir été examinées et inscrites. Les 918 « anciennes » déjà autorisées en juillet 1993 dans au moins un pays de l'Union devaient être elles aussi examinées. à notre connaissance, 219 sont « inscrites » après examen, 635 sont « non inscrites » et 64 en « abandon volontaire » attendent la décision.

Actuellement, la France peut refuser à sa guise toute AMM de produit à base de substances inscrites.

Le 14 juin 2011, le Règlement n° 1107/2009 va remplacer la directive 91/414. Les produits ne pourront avoir des AMM nationales qu'après que leurs substances aient été « approuvées » selon des critères plus restrictifs que ceux de l'inscription. Nouveau, l'Union sera découpée en trois zones et un pays ne pourra pas refuser sans le justifier l'AMM de produits autorisés dans sa zone. La France est en zone sud.

Les substances inscrites aujourd'hui sur la 91/414 sont utilisables pendant leurs dix ans d'inscription, puis devront être approuvées après examen selon les critères du règlement 1 107/2009.

Les produits biocides sont utilisés pour désinfecter, désinsectiser ou dératiser des locaux privés ou professionnels (y compris agro-alimentaires de seconde transformation à notre connaissance) ainsi que le bois d'œuvre, le matériel de transport. Il y en a 23 catégories ! Aujourd'hui, de par la « Directive biocides » (directive européenne n° 98/8/CE) de 1998, ils ont des AMM nationales comme biocides (pour des « usages biocides ») à condition que leurs substances aient été inscrites sur la 98/8/CE après examen européen.

L'examen des anciennes substances est en cours. Mais elles sont plus de 20 000...

Et il est prévu de réviser la directive biocide pour la remplacer par un règlement.

Pour compléter (et compliquer !), le règlement Reach, applicable depuis le 1er juin 2007, exige l'enregistrement des substances chimiques, pour certaines dès le 1er décembre 2010. Les substances phytos et biocides dont l'inscription avait été demandée avant le 1er juin 2008 sont classées comme enregistrées dans Reac h pendant la durée de leur inscription.

Résumé

Depuis l'interdiction du dichlorvos (= DDVP), inutilisable depuis 2007, la protection des grains stockés contre les insectes qui les consomment et nuisent et à leur qualité sanitaire a évolué :

– interdiction de deux insecticides préventifs, le malathion et la bifenthrine ;

– très faible développement du gazage à la phosphine en remplacement du DDVP ;

– lancement récent d'un nouvel insecticide à base de cyperméthrine utilisable en préventif comme en curatif et, dans ce cas, susceptible de remplacer le DDVP sur certains usages ;

– développement du traitement des locaux vides avant l'arrivée des grains (nettoyage physique et/ou apport d'insecticides) ;

– développement du traitement physique des grains par ventilation à l'air ambiant, moins par air refroidi ;

– possibilités et intérêt de la surveillance (piégeages et détection acoustique) ;

– perspectives et recherches en cours (nouvelles substances y compris naturelles, etc.)

Mots-clés : qualité sanitaire des grains, insectes de stockage, insecticides, méthodes physiques, nettoyage, ventilation, refroidissement, surveillance, piégeage, détection acoustique.

L'essentiel de l'offre

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