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dossier - Bonnes pratiques en zones non agricoles

Pratiques alternatives au désherbage et de désherbage

Louis Damoiseau* - Phytoma - n°637 - octobre 2010 - page 29

Aménagement urbain et outils de désherbage sans herbicides
 ph. L. Damoiseau

ph. L. Damoiseau

 ph. Proxalys Environnement

ph. Proxalys Environnement

Photos en médaillon et ci-dessous : deux vues extraites de la présentation en salle (ci-dessus) de l'opération « Embellissons nos trottoirs... » ph. L. Damoiseau

Photos en médaillon et ci-dessous : deux vues extraites de la présentation en salle (ci-dessus) de l'opération « Embellissons nos trottoirs... » ph. L. Damoiseau

En haut, pelouse fleurie et sa biodiversité. Ci-dessus, le sedum résiste bien au salage. Page de droite, ces plantes rustiques qui sont nuisibles dans les champs (elles concurrencent les cultures) sont appréciées en ville. Photos : L. Damoiseau

En haut, pelouse fleurie et sa biodiversité. Ci-dessus, le sedum résiste bien au salage. Page de droite, ces plantes rustiques qui sont nuisibles dans les champs (elles concurrencent les cultures) sont appréciées en ville. Photos : L. Damoiseau

Après les présentations en salle, dont sont extraites les photos du haut de cette page, les participants ont pu assister à des démonstrations de matériel de désherbage alternatif (mécanique ou thermique notamment).      Ici, un combiné multifonctions balayeuse-désherbeuse.

Après les présentations en salle, dont sont extraites les photos du haut de cette page, les participants ont pu assister à des démonstrations de matériel de désherbage alternatif (mécanique ou thermique notamment). Ici, un combiné multifonctions balayeuse-désherbeuse.

 ph. L. Damoiseau

ph. L. Damoiseau

L'alternative au désherbage chimique en ville peut passer par des méthodes DE désherbage alternatif et par des alternatives AU désherbage. Dans le premier cas, on désherbe avec d'autres moyens que des herbicides chimiques. Dans le second, on fait en sorte de ne plus désherber et l'aménagement urbain joue un grand rôle. Cela ressort du colloque « Aménagement urbain et solutions alternatives au désherbage chimique » organisé le 1er avril 2010 à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) par Proxalys Environnement. Cette rencontre a rassemblé plus de 200 participants du Grand Ouest et de la région parisienne, pour les trois quarts responsables d'espaces verts de villes ou communes, les autres étant élus ou représentants d'entreprises du paysage. Ils ont écouté des témoignages, visualisé des matériaux de couverture de sol puis ont assisté à des démonstrations de matériel.

Les collectivités locales sont amenées à réduire fortement le recours au désherbage chimique, du fait du plan Ecophyto 2018 et des suivis de la qualité des eaux, notamment en Bretagne où la ressource provient d'eaux superficielles. Rien d'étonnant donc si l'Ille-et-Vilaine a accueilli un colloque consacré aux solutions alternatives au désherbage chimique.

Ce colloque avait pour objectif d'apporter un certain nombre de réponses et de solutions pour limiter l'usage des herbicides. Sachant que, comme pour les espaces cultivés, la contrainte n'est pas facile à mettre en pratique.

Durant la matinée et le début de l'après-midi, différents intervenants de petites et grandes agglomérations sont venus témoigner de leur expérience. Ensuite une démonstration de moyens alternatifs de désherbage a permis aux participants de voir les matériels en action.

Moins désherber : embellir les murs et trottoirs

L'opération « Embellissons nos trottoirs et nos murs » menée dans le quartier Sainte-Thérèse à Rennes est une réalisation de la Direction des jardins de la Ville de Rennes et de la Société d'horticulture d'Ille-et-Vilaine. Elle encourage les propriétaires d'habitations donnant sur les rues concernées à végétaliser (« embellir ») une portion des trottoirs le long de leurs murs. Deux conditions « réglementaires » sont à respecter : laisser une largeur minimum de 1,40 m de trottoirs non végétalisée pour permettre le passage, et signer une convention entre, d'une part les particuliers propriétaires de leurs habitations et en charge de l'entretien de l'espace « embelli », et, d'autre part, la municipalité responsable du domaine public.

Les avantages de cette réalisation sont nombreux.

Il y a d'abord l'aspect esthétique, bien sûr.

Deuxième avantage : contrairement à ce que beaucoup pensent, la présence de plantes au pied des murs ne maintient pas d'humidité. Bien au contraire les racines, en « pompant » l'eau, assainissent les murs.

Troisième avantage : sur le plan humain, cette initiative favorise la communication et la convivialité : « Lorsque l'on jardine, on se parle, on fait du troc de plantes, l'ambiance n'est plus la même... »

Enfin le quatrième avantage est d'ordre financier : la municipalité « délègue » l'entretien de la rue ou du quartier aux habitants. Elle fait des économies d'achat d'herbicides et de temps de travail de son personnel. Les administrés peuvent-ils espérer des économies d'impôt locaux ? La réponse appartient aux municipalités !

Attention, pour les collectivités voulant imiter cette initiative : il y a quand même un investissement à prévoir. Il est indispensable de conseiller les futurs jardiniers de trottoirs, ou de les faire conseiller par un partenaire.

En effet, ils devront bien choisir leurs plantes afin qu'elles ne soient ni toxiques, ni urticantes, ni trop épineuses (elles seront à la portée des enfants). Ils devront aussi les choisir et/ou les entretenir afin d'éviter les problèmes d'allergies. Il vaut mieux, par exemple, éviter certaines graminées ou alors s'assurer qu'on ne les laissera pas produire de pollen.

Faire entrer les plantes au village

« Aussitôt franchie la pancarte de l'entrée du bourg et on passe du “végétal” au “minéral”. »

Le constat qu'a fait Alain Vallier, du Comité d'architecture d'urbanisme et d'environnement du Morbihan, chacun peut le faire au quotidien.

Certes on veut se débarrasser des mauvaises herbes... Mais d'abord il est possible de les remplacer par de belles plantes !

Parmi celles-ci il y a les plants horticoles classiques. Dans ce domaine, les intervenants ont conseillé de préférer des plantes « indigènes » comme l'hortensia en Bretagne. Par définition, elles s'adaptent plus facilement que les espèces « exotiques ». De plus – sortons un peu du domaine du désherbage – elles nécessitent en général moins de traitements contre les insectes ou les maladies. Attention dans certains cas il est conseillé de choisir sa variété, en particulier pour les rosiers.

On peut aussi cultiver en massif des plantes fleuries rustiques (photo page suivante) : bien implantées et mises en valeur, elles sortiront de leur statut de mauvaise herbe pour se montrer sous leur meilleur jour.

On peut aussi semer des plantes agricoles comme la luzerne ou le sainfoin pour favoriser la biodiversité.

Il y a aussi les couvertures vivantes que sont les plantes couvre-sol. En particulier les sedums ont l'avantage de bien résister « au salage » qui fut largement utilisé à l'hiver 2009-2010 (photo ci-contre).

Penser paillages

Enfin, parmi les techniques alternatives à tout désherbage, il y a bien sûr le paillage des massifs et plantations.

Le paillage plastique est déjà largement utilisé mais pas toujours esthétique. De plus, s'il s'agit de plastique non biodégradable, son devenir après usage peut poser problème : soit on organise sa récupération et il y a un coût, soit... on a peut-être satisfait aux exigences d'Ecophyto sur la qualité de l'eau... mais on pollue quand même par ailleurs !

Il existe des paillages plastiques biodégradables ainsi que des feutres qui le sont tout autant : plusieurs matériaux de ce type ont été présentés le 1er avril. On peut aussi utiliser des « paillis fluides » divers : mulchs d'écorce, BRF (bois raméal fragmenté), etc. Certes ils coûtent plus cher à l'installation, mais on n'a pas de problème pour gérer leurs déchets ensuite. Sans compter que certains amendent et enrichissent le sol.

Désherber autrement

Pour clore le colloque, les organisateurs avaient organisé une démonstration de désherbage alternatif. Dans ce domaine aussi la créativité et l'innovation n'ont pas de limites.

La journée a permis d'assister à des démonstrations de désherbage thermique (gaz, vapeur ou eau chaude). On sait que son bilan écologique est discutable vis-à-vis de la consommation d'énergie fossile, de l'émission de gaz à effet de serre, de la pollution de l'air... Mais il a l'avantage d'épargner les eaux de ruissellement, ce qui est primordial dans les bassins versants de zone de captage notamment.

On a aussi vu des balayeuses mécaniques, rabots de pistes et même des combinés multifonctions balayeuse-désherbeuse (photo).

Indispensable communication

En conclusion, habituer l'œil à voir des plantes considérées comme « de l'herbe », voire « de la mauvaise herbe » auparavant n'est pas chose facile. Même pour des citoyens vilipendant les herbicides... mais pleins de contradictions ! « ... Il y a un grand décalage entre les attentes sociétales et l'environnement... ». Pour faire accepter ces changements aux habitants, il faut que les élus affirment clairement leur volonté politique et la communiquent afin que les responsables d'espaces verts de villes ou de communes puissent agir sereinement. Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité de communiquer sur la biodiversité en ville, sur la place de l'herbe dans la ville, de penser autrement et d'agir autrement.

À propos de communication, nul doute que ce colloque ne sera pas le dernier du genre. En effet, le désherbage chimique est entré dans nos villes et nos villages il n'y a que 50 ans et s'est développé très rapidement. Mais aujourd'hui des solutions alternatives existent. Elles sont opérationnelles au vu des témoignages et des réalisations données en exemple. Ils ont montré qu'il est possible de diminuer fortement l'utilisation du désherbage chimique dans nos espaces urbains.

<p>* Phytoma.</p>

1 - Proxalys Environnement, présentation

Proxalys Environnement est un bureau d'études et de conseils auprès des communes. Spécialisé dans la protection de la ressource en eau, il regroupe un large éventail de compétences pour apporter aux communes une expertise fiable et pertinente dans les domaines de la réalisation de plans de désherbage, de la mise en place et de l'évaluation de chartes de désherbage, du suivi de la qualité des eaux et d'études de bassins versants, sans oublier le volet formation.

Résumé

Une journée intitulée « Aménagement urbain et solutions alternatives au désherbage chimique » a été organisée en Ille-et-Vilaine le 1er avril dernier par le bureau d'étude et de conseil Proxalys Environnement.

Plus de 200 participants ont écouté des interventions sur la végétalisation en ville :

– opération « Embellissons nos trottoirs et nos murs » dans un quartier de Rennes,

– bonnes pratiques de végétalisation (choix de plantes adaptées et rustiques, usage de plantes couvre-sol et/ou pratique du paillage, si possible bio-dégradable, sur les massifs végétaux).

Par ailleurs, des démonstrations de désherbage alternatif ont été réalisées : désherbage thermique, balayage mécanique, combiné balayeuse-désherbeuse.

Mots-clés : zones non agricoles, bonnes pratiques, alternatives au désherbage, aménagement urbain, végétalisation, paillage, désherbage alternatif, désherbage thermique, balayage mécanique.

L'essentiel de l'offre

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