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Actus - Phyto-régions

Midi-Pyrénées Tournesol, l'autre orobanche

Phytoma - n°639 - décembre 2010 - page 5

Une orobanche peut en cacher une autre. À côté de l'orobanche rameuse Orobanche ramosa qui parasite diverses cultures dont le colza(1), une autre espèce s'attaque spécifiquement au tournesol. Cette Orobanche cumana, ou simplement orobanche, a été trouvée en Haute-Garonne.
Dégâts dûs à l'orobanche cumana dans un champ de tournesol, avec des pieds d'orobanche fanés (frais, ils sont blanc-crème). À ce stade il ne faut plus arracher et enlever les pieds, on risquerait de disperser des graines viables.

Dégâts dûs à l'orobanche cumana dans un champ de tournesol, avec des pieds d'orobanche fanés (frais, ils sont blanc-crème). À ce stade il ne faut plus arracher et enlever les pieds, on risquerait de disperser des graines viables.

Les scientifiques nomment cette espèce Orobanche cernua var. cumana, voire Orobanche cumana tout simplement. Elle semble ne parasiter que le tournesol.

Situation inquiétante

Quoi qu'il en soit, cette orobanche n'avait pas été repérée en France avant 2007, année où on l'a trouvée en Pays-de-la-Loire. En 2009, elle était signalée en Pays-de-la-Loire (Vendée), Poitou-Charentes et Midi-Pyrénées (Tarn-et-Garonne). En 2010, elle a été identifiée dans un autre département de cette dernière région, la Haute-Garonne. Il s'agit, précise sur internet le bulletin « Oléomail » du Cetiom, d'une « parcelle fortement infestée ».

L'orobanche cumana cause de gros dégâts sur tournesol notamment en Espagne et en Turquie. Elle affectionne les sols secs et bien drainés. La multitude de petites graines qu'elle produit sont à la fois faciles à transporter par le matériel ou le vent et parfaitement capables d'attendre plusieurs années dans le sol le semis d'un tournesol sur la parcelle. Leur germination sera déclenchée par la présence du tournesol dont elles parasiteront goulûment les racines. La situation apparaît donc comme inquiétante.

Gestion spécifique

Dès qu'on constate la présence de cette orobanche, il faut agir le plus rapidement possible.

Pour éviter l'extension des foyers, le Cetiom conseille :

– si on repère un foyer de quelques plantes assez tôt, les arracher avant que les graines ne soient viables (avant que les fleurs ne se fanent), les sortir du champ manuellement et délicatement puis les détruire ;

– quelle que soit la taille des foyers, récolter les parcelles touchées en dernier, enfouir les cannes d'orobanche sans les broyer (le broyage génère de la poussière à laquelle les graines d'orobanche, minuscules, se mêlent et que le vent emporte) et nettoyer soigneusement le matériel après usage ;

– éviter de re-semer du tournesol dans la même parcelle les années suivantes.

Pour gérer les foyers eux-mêmes, l'utilisation, la première fois qu'on réimplante du tournesol dans la parcelle, d'une variété tolérante aux herbicides inhibiteurs de l'ALS (type Clearfield, voir l'article p. 32) que l'on désherbera avec cet herbicide adapté sera efficace.

Par ailleurs, les semenciers ont des sources de résistance du tournesol à l'orobanche cumana, sachant qu'il y a au moins 5 races différentes de cette espèce d'orobanche. Selon le Cetiom, des variétés adaptées au marché français et inscrites au CTPS possèdent des résistances génétiques, et « certaines variétés inscrites au catalogue communautaire possèdent à la fois la résistance génétique à l'orobanche et la tolérance aux herbicides inhibiteurs de l'ALS et peuvent être cultivées en France ».

Double « risque résistance »

Bien entendu, tous les moyens de lutte devront être gérés pour éviter les deux types de « problèmes de résistance ». Il s'agit du risque de sélection de populations d'orobanche, soit résistantes aux herbicides (premier type), soit contournant les résistances variétales du tournesol (deuxième type).

Ces deux risques doivent être pris en compte dès maintenant et non pas ignorés. C'est à ce prix qu'on peut espérer les maîtriser.

<p>(1) <i>« L'orobanche rameuse, les plantes-pièges et le feu »</i>, de D. Pineault, C. Boulet &amp; H. Benharrat, dans <i>Phytoma</i> n° 630, janvier 2010, p. 32.</p>

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