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LBG-01F34 anti-mildiou systémique de la vigne

Serge Vigano* - Phytoma - n°639 - décembre 2010 - page 50

 Rot gris, (ph. De Sangosse)

Rot gris, (ph. De Sangosse)

Mildiou sur grappe. Le nouvel anti-mildiou, à base de phosphonate de potassium, peut s'appliquer cinq fois par saison et jusqu'à 60 jours avant les vendanges. ph. De Sangosse

Mildiou sur grappe. Le nouvel anti-mildiou, à base de phosphonate de potassium, peut s'appliquer cinq fois par saison et jusqu'à 60 jours avant les vendanges. ph. De Sangosse

Mildiou sur feuilles : ci-dessus, premiers symptômes visibles (« tache d'huile »). Photo du haut, sortie de fructifications. Le produit, systémique, s'applique préventivement et en association. Photos : S. Vigano, De Sangosse

Mildiou sur feuilles : ci-dessus, premiers symptômes visibles (« tache d'huile »). Photo du haut, sortie de fructifications. Le produit, systémique, s'applique préventivement et en association. Photos : S. Vigano, De Sangosse

LBG-01F34(1) est une nouvelle spécialité fongicide systémique à base de phosphonate de potassium développée par De Sangosse Agriculture pour lutter contre ce parasite majeur des vignobles français qu'est le mildiou dû à Plasmopara viticola. On sait que le développement de ce champignon-algue peut entraîner des conséquences très négatives non seulement sur le rendement mais aussi sur la qualité des moûts. Les années 2007 et 2008 ont rappelé l'extrême nécessité d'une protection sans faille contre ce bio-agresseur. Ce nouveau produit y contribue et, de plus, c'est un bon outil pour gérer les risques de résistance.

De quoi est-il fait ?

Le produit LBG-01F34 est une préparation liquide très concentrée (730 g/l) de phosphonate de potassium (mélange des deux sels monopotassium phosphonate et dipotassium phosphonate). Le phosphonate de potassium est actuellement l'unique substance systémique qui soit homologuée seule dans la lutte contre le mildiou de la vigne.

La formulation a l'apparence d'un liquide transparent bleuté, sans odeur et d'une très faible viscosité (5,81 à 20 °C). De densité 1,47, elle est non inflammable et non combustible. Son pH proche de la neutralité (6,5) lui confère une grande compatibilité avec un grand nombre d'autres produits.

Elle bénéficie d'un profil toxicologique très favorable (Tableau 1). De ce fait, la spécialité est dispensée de classement toxicologique. Au plan écotoxicologique, les études réalisées sur les oiseaux, la faune et la flore aquatiques ainsi que sur les abeilles ont permis de valider un très faible risque de la substance active comme de ses métabolites dans le cadre de « bonnes pratiques d'utilisation ».

Le risque sur arthropodes auxiliaires, les vers de terre et les autres micro-organismes non cibles est très faible et considéré comme acceptable. Ainsi la spécialité n'est pas affectée du classement toxicologique N (dangereux pour l'environnement). Seule la phrase de risque « R53 » lui est attribuée(2).

Le produit a une autorisation de mise sur le marché (AMM), sous le n° 2100041, contre le mildiou de la vigne, à la dose de 4 l/ha. Il peut être appliqué 5 fois par an au maximum. Le DAR (délai avant récolte à respecter pour le dernier traitement de la saison) est de 60 jours et le délai de rentrée dans les parcelles de 6 heures.

Comment agit-il ?

L'originalité d'un double mécanisme d'action

Le produit a une action directe sur la multiplication du champignon par altération du processus de respiration cellulaire. Son site d'action est le complexe V de la chaîne respiratoire des mitochondries (plus précisément ATP synthase). Il est très efficace sur de nombreux champignons oomycètes de la famille des péronosporacées, autrement dit les mildious.

Mais il a également une action de « stimulation des défenses naturelles » permettant à la vigne de s'auto-défendre. Cet effet se manifeste par la capacité à sensibiliser la plante à des attaques ultérieures de mildiou (effet potentialisateur).

Une systémie puissante

Par ailleurs, il présente une puissante systémie préventive, à la fois ascendante et descendante. Il assure donc aussi la protection des organes néo-formés.

Quelles sont ses performances ?

Efficacité anti-mildiou

De 2004 à 2010, plus de 40 essais, en majorité réalisés avec contaminations artificielles et brumisations, ont permis une évaluation précise des performances techniques du LBG-01F34 face à une forte pression de mildiou.

Nous présentons ici l'analyse des résultats de 16 essais comparant cette spécialité, soit seule soit associée au folpel, avec le folpel seul ainsi qu'avec un anti-mildiou de référence.

Ils montrent que l'association du nouveau produit à 3 l/ha et du folpel à 1 000 g/ha présente une efficacité de très haut niveau, y compris en situation de développement explosif du mildiou en 2007 et 2008. Et ceci aussi bien sur feuilles que sur grappes (Figure 1).

Nous disposons de nombreux résultats concordant avec d'autres substances de contact telles que le mancozèbe et le métirame-zinc ainsi qu'avec plusieurs formulations de sels de cuivre (ex. : Bouillie Bordelaise RSR, Kocide (S) ainsi que Champ flo Ampli).

Des associations avec des préparations de la famille des CAA à pleine dose ont montré aussi beaucoup d'intérêt. Des essais spécifiques avec certaines de ces spécialités seront conduits en 2011.

Sélectivité

Ce nouvel anti-mildiou présente une bonne sélectivité quelle que soit la substance de contact associée parmi celles citées ci-dessus. Cependant et par précaution, nous ne le préconisons sur raisin de table que jusqu'au stade fin floraison de la vigne.

Effets sur la vinification

Sur raisins de cuve, aucun impact négatif n'a été relevé dans le processus de fermentation ni dans les qualités organoleptiques des vins et eaux de vie.

Comment l'utiliser ?

LBG-01F34 est préconisé à 3 l/ha en association avec une spécialité de contact autorisée sur mildiou.

La dose d'application de ces dernières a fait l'objet de nombreux essais dits de « valeur pratique ». Quant à leur choix, il pourra être fonction de la problématique parcellaire ou du stade d'application.

Les applications préventives (c'est-à-dire réalisées avant les épisodes contaminants, lesquels sont prévisibles) sont plus que recommandées. La durée de protection est de 14 jours en risque faible à moyen. Cette cadence sera resserrée à 10-12 jours en situation de risque mildiou élevé.

Les applications pourront démarrer à partir du stade 5-8 feuilles de la vigne, et cinq applications par an sont autorisées par la réglementation. Les applications par températures basses (moyenne jour/nuit inférieure à 12 °C/10 °C) sont à éviter car ces températures sont néfastes à une bonne systémie.

Conclusion

Les programmes de lutte contre le mildiou nécessitent aussi la prise en compte de la problématique croissante des « dérives de sensibilité » de ce parasite vis-à-vis de certains fongicides, sources de pertes d'efficacité amplifiées en année à forte pression. D'action multisites, rappelons-le, LBG-01F34 fait partie d'une famille non touchée par ce phénomène de « dérive de sensibilité » du mildiou(1). C'est donc un produit conduisant à préserver les vignobles de l'évolution du risque de résistances.

Cette spécialité va faciliter l'élaboration de stratégies raisonnées, à la fois innovantes, efficaces et durables.

<p>* Responsable technique national réseau agriculture De Sangosse, BP 5, 47480 Pont-du-Casse. viganos@desangosse.com</p> <p>(1) Autres dénominations commerciales : <i>Pertinan</i> et <i>Etonan</i>.</p> <p>(2) Peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique.</p> <p>(1) <i>« Aucune dérive de sensibilité à ce jour »</i> du mildiou vis-à-vis des phosphonates, selon la Note nationale mildiou de la vigne 2010, publiée dans <i>Phytoma</i> n° 630, janvier 2010, p. 41.</p>

Figure 1

Efficacité du LBG-01F34, du folpel et de leur association contre les symptômes de mildiou sur feuilles et sur grappes.

Moyenne de 16 essais conduits selon méthode CEB entre 2005 et 2010, à la cadence de 12-14 jours, même produit du début à la fin du cycle.

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