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dossier - Méthodes alternatives

De l'alternatif à l'intégré, vu de l'AFPP

Jean-Marie Joubert* - Phytoma - n°642 - mars 2011 - page 38

La commission Méthodes alternatives de l'AFPP s'appelle désormais MPPI, moyens de protection pour une production intégrée
Certaines commissions de l'AFPP organisent déjà des visites de terrain (ici, le groupe « Vigne » du Columa, Comité de lutte contre les mauvaises herbes). La commission MPPI va en faire autant, par son groupe « Visites guidées » animé par G. Roussel. ph. P. Printz

Certaines commissions de l'AFPP organisent déjà des visites de terrain (ici, le groupe « Vigne » du Columa, Comité de lutte contre les mauvaises herbes). La commission MPPI va en faire autant, par son groupe « Visites guidées » animé par G. Roussel. ph. P. Printz

L'AFPP a depuis quelques mois fait évoluer la Commission des Méthodes alternatives vers la commission des moyens de protection pour une production Intégrée (MPPI). En effet, c'est dans le cadre de cette protection intégrée que les méthodes de protection des plantes dites « alternatives » pour « autres que celles conventionnelles »(1) se développent le plus aujourd'hui et pourront véritablement être adoptées le plus largement. Présentation de cette évolution.

Il n'est pas question ici de s'opposer aux techniques actuelles, mais de débattre de l'intérêt et de la faisabilité de nouvelles méthodes, de la valeur pratique de nouveaux moyens de protection des plantes capables à la fois de fournir des réponses acceptables aux problèmes parasitaires et de répondre de manière adéquate aux attentes sociétales.

Se substituer ou compléter les produits conventionnels

Les techniques utilisées peuvent dans certains cas se substituer aux produits phytosanitaires conventionnels, mais dans d'autres cas leur être complémentaires. C'est pourquoi le mot « alternatif » est supprimé. L'accent est mis sur les moyens et méthodes permettant de répondre à la fois aux nouvelles orientations européennes en faveur de la protection intégrée et aux exigences du plan Écophyto 2018.

Dans le but d'inscrire la protection des cultures modernes dans une perspective de durabilité, nous avons défini des objectifs de travail :

– élargir la connaissance des moyens de lutte indirecte contre les ennemis des cultures en clarifiant la nature et la valeur des méthodes envisageables qui sont parfois oubliées dans le conseil agricole courant ;

– favoriser la notoriété de tout modèle de prévision des risques permettant de guider les interventions si elles sont indispensables ;

– faire connaître les moyens innovants utilisables pour l'intervention directe, en particulier ceux s'inscrivant facilement dans le cadre de la protection intégrée des cultures ;

– montrer comment intégrer ces méthodes et moyens dans de nouveaux systèmes de protection prenant en compte les composantes du milieu, la physiologie et la génétique des plantes cultivées, ceci tout en limitant l'exposition des utilisateurs et en réduisant de façon significative l'impact de la protection des cultures sur l'environnement.

Quatre groupes, leur travail et leur animateur

Pour cela, quatre groupes de travail ont été constitués, chacun ayant son animateur.

Recenser les produits et moyens

Le groupe « Base de données des produits et moyens » est animé par Emmanuel Pajot. Ce groupe recense les produits de la pharmacopée naturelle existant en Europe et dans le monde (substances naturelles, micro et macro-organismes) autrement dit produits de biocontrôle. Le groupe continuera à augmenter la liste des produits naturels mise sur le site de l'AFPP(2), avec une analyse de type bénéfices/risques.

Les modèles de prévision des risques ainsi que les moyens prophylactiques et génétiques seront recensés dans un second temps.

Recenser les pratiques dans le monde

Le groupe « Base de données des pratiques » est animé par Jean-Louis Bernard. Il liste, décrit, commente, fait un état des pratiques. Le but est de publier (sous forme de guide) les différents moyens dont disposent les agriculteurs pour aller vers les objectifs définis par le plan Eco-Phyto 2018. Il illustrera les thématiques à l'aide d'exemples pris au sein des différentes filières de production, y compris à l'étranger.

Ce travail est à la base de deux communications présentées le 10 mars 2011 au troisième jour de la conférence « Moyens alternatifs » de Lille, l'une pour les grandes cultures et l'autre pour les cultures légumières (voir p. 12).

À terme, le guide regroupera et commentera différents exemples de méthodes destinées à réduire l'incidence des populations de ravageurs, pathogènes ou mauvaises herbes dans un système de production intégrée. Une version provisoire (photo en médaillon) sera distribuée aux participants du colloque de Lille.

Analyser des exemples terrain en France

Mickaël Legrand anime un groupe pour rechercher et analyser des réalisations et expériences de mise en œuvre sur le terrain des méthodes alternatives en France. De nombreuses publications orales et écrites de la Conférence de Lille présentent des exemples à ce sujet.

Le travail effectué sur le recensement des techniques de Protection Intégrée utilisables sur vigne, arboriculture, grandes cultures et cultures légumières met en lumière l'approche économique et l'approche sociologique.

Outre l'efficacité, il faut prendre en compte la satisfaction de l'agriculteur et la qualité de vie au travail. Il faut envisager l'approche économique à l'échelle de la parcelle, de l'exploitation, du bassin de production, de la région ou du pays. A noter : certaines techniques recensées sont proches des méthodes de protection biologique intégrée (PBI). L'expérience de ces filières pourrait être utile à faire partager.

En plus du travail de recensement, le groupe s'est donné pour mission de réfléchir aux protocoles d'expérimentation à mettre en œuvre pour évaluer les techniques de production intégrée. Généralement, l'évaluation concerne l'efficacité du produit ; or la protection intégrée met en œuvre de multiples produits en remplacement des pesticides de synthèse afin d'obtenir une production en quantité au moins identique. Il est par exemple indispensable de tenir compte de l'état physiologique des plantes pour évaluer l'efficacité des stimulants de défense naturelle ; or ce travail est très rarement effectué.

Organiser des visites guidées

Le groupe « Visites guidées », animé par Guy Roussel, recherche des expériences innovantes porteuses d'idées nouvelles, pour les partager par des visites puis en valoriser les résultats, par exemple par l'édition de fiches didactiques.

Ce sera ainsi la mise en pratique de la protection intégrée telle que l'AFPP la conçoit.

Une commission complémentaire

En résumé, de même que les moyens dits « alternatifs » s'intègrent dans la protection intégrée, de même le travail de cette commission et de ses groupes complétera les résultats d'autres intervenants, tels que « Endure », « Pure », le groupe des « Fermes de Références » du plan Écophyto 2018, etc. L'étape suivante sera de proposer une trame de formation à la production intégrée qui pourrait concerner les conseillers de terrain et les agriculteurs.

<p><b>En médaillon, ce CD-Rom, distribué aux participants à la conférence de Lille, du 8 au 10 mars, présente l'avancement des travaux du groupe <i>« Base de données des pratiques</i> » animé par J.-L. Bernard.</b></p> <p>* Président de la Commission MPPI de l'AFPP, Association française de protection des plantes.</p> <p>(1) Le mot <i>« conventionnelles »</i> étant pris au sens de <i>« basées sur l'emploi de pesticides issus la chimie de synthèse »</i>.</p> <p>(2) Decoin M., 2008 - Alternatifs en site, quinze moyens radiographiés : la commission Moyens alternatifs de l'AFPP publie des fiches présentant de tels moyens : SDN, attractifs, etc., <i>Phytoma</i> n° 613, mars 2008, p. 22.</p>

Résumé

La commission « Méthodes alternatives » de l'AFPP a changé de nom en 2010 pour devenir la commission « Moyens de protection pour une production intégrée ». Elle comprend quatre groupes de travail. Elle continue certains travaux entamés auparavant (base de données des produits et moyens depuis 2008) et en lance d'autres.

Mots-clés : méthodes alternatives, AFPP, Association française de protection des plantes, commission MPPI, Moyens de protection pour une production intégrée.

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :