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Prévoir la septoriose un modèle belge au Luxembourg

Moussa El Jarroudi*, Frédéric Giraud** et ***, B. Tychon*, L. Hoffmann***, H. Maraite**** et P. Delfosse*** - Phytoma - n°642 - mars 2011 - page 43

Modélisation et simulation prévisionnelle de la septoriose des feuilles par Proculture pour une gestion durable du blé d'hiver
 ph. DR

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Quelques étapes de la préparation des essais « terrain » sur les sites expérimentaux luxembourgeois pour suivre le développement de la septoriose. ph. EL Jarroudi

Quelques étapes de la préparation des essais « terrain » sur les sites expérimentaux luxembourgeois pour suivre le développement de la septoriose. ph. EL Jarroudi

Nous présentons ici un modèle de prévision de la septoriose du blé d'hiver élaboré en Belgique, et son utilisation au Grand-Duché du Luxembourg. Depuis 2004, cet OAD (outil d'aide à la décision) nommé Proculture aide à évaluer les risques liés à la maladie pour dispenser un conseil de traitement raisonné. Il se montre utile au Luxembourg même. De plus, il peut aussi intéresser hors des frontières du Grand-Duché : bien sûr là où les conditions agroclimatiques sont comparables (quart nord-est de la France, une partie de l'Allemagne), et aussi plus largement grâce à son architecture. Celle-ci tient compte des périodes de latence du champignon mais aussi des délais entre les sorties des feuilles successives du blé. Explications.

Le blé d'hiver est la principale culture du Grand-Duché de Luxembourg (GDL) (11 947 ha) et des pays limitrophes (Belgique : 201 481 ha, France : 4 767 000 ha, Allemagne : 2 586 000 ha). Son importance montre l'intérêt des avertissements pour diffuser les principes de « lutte dirigée », tout en assurant à la fois la rentabilité économique et le respect de l'environnement.

Pourquoi des modèles

La céréaliculture européenne recherche en premier lieu une production de qualité avec un minimum d'intrants chimiques. Diminuer les traitements fongicides est devenu une nécessité à la fois économique et environnementale suite aux fortes pressions de l'opinion publique. Mais la baisse des intrants fongicides ne doit pas augmenter les risques de dégâts causés par des maladies cryptogamiques.

Sur blé d'hiver, la grande irrégularité du développement des maladies rend difficile l'appréciation du risque de dégâts par l'agriculteur. Ceci l'incite à des traitements d'assurance souvent inutiles et coûteux, conduisant à des pratiques incompatibles avec une gestion durable de l'environnement. De ce fait, des outils d'aides à la décision tels que des modèles prédictifs de développement de maladies deviennent incontournables pour l'agriculteur afin d'optimiser les traitements chimiques.

La plate-forme Proculture présentée ici permet de simuler la croissance des cinq dernières feuilles du blé d'hiver et de prévoir le développement de la septoriose sur ces dernières.

La septoriose, rappel

La maladie, en général

La septoriose des feuilles causée par la forme conidienne Septoria tritici Roberge ex Desmazières, téléomorphe Mycosphaerella graminicola (Fuckel) Schröter ex Cohn, est la principale maladie foliaire affectant la culture du blé d'hiver au G-D de Luxembourg (El Jarroudi et al., 2009), comme en France.

Cette maladie cause une perte significative du rendement dans les cultures de blé (Eyal et al., 1985 ; King et al., 1983 ; Royle et al., 1986 ; Shaw et Royle, 1993), notamment lorsque les deux dernières feuilles sont sévèrement attaquées (Shaw et Royle, 1989 ; Thomas et al., 1989). Par exemple, au GDL, la septoriose est responsable d'une perte de rendement de 20 à 30 % si la dernière feuille est sévèrement attaquée pendant la maturité du blé (El Jarroudi, 2005).

Situation au Luxembourg : sévère au Gutland, faible dans l'Oesling

La maladie a été suivie sur 4 sites expérimentaux, représentatifs des situations agroclimatologiques du GDL [Figure 1 (carte), photos page suivante ; El Jarroudi et al., 2009].

Entre 2003 et 2009, la sévérité (pourcentage de la surface foliaire présentant des lésions dues à S. tritici) était forte au Gutland (51 % de moyenne sur les deux dernières feuilles au stade maturité laiteuse, photo) et faible dans l'Oesling (16 % environ en moyenne, Reuler). Pour les années 2006, 2008 et 2009, la maladie n'atteignait même pas 6 % dans l'Oesling alors qu'elle dépassait les 40 % au Gutland (photos ci-dessus).

Description du modèle Proculture (Figure 2)

Données météorologiques

Le modèle « Proculture » a été développé en Belgique (Moreau et Maraite, 1999 ; Moreau et Maraite, 2000). Il se base sur les données météorologiques horaires (pluie, température et humidité) des stations météorologiques les plus proches des champs de blé d'hiver, de façon à identifier les périodes d'infection les plus favorables pour S. tritici.

Après analyse des données, les conditions favorisant les infections ont été déterminées comme étant :

– une pluie supérieure ou égale à 0,1 mm pendant la première heure pour préparer les pycnides et une pluie supérieure ou égale à 0,5 mm pendant la deuxième heure pour permettre l'ouverture de ces pycnides ;

– une humidité relative (HR) supérieure à 60 % sans interruption pendant au moins 19 heures ;

– une température supérieure à 4 °C sans interruption pendant au moins 48 heures (El Jarroudi et al., 2009).

Suite à chaque nouvelle infection, de nouveaux pycnides apparaissent après une période de latence(1), calculée selon les équations polynomiales développées par Shaw (1990).

Ces équations permettent de calculer la période de latence en fonction de la température moyenne journalière. Pour chaque infection, Proculture calcule 1/P en fonction de la température moyenne journalière en degrés centigrades qui exprime la fraction accomplie par jour des délais pour la latence (Rapilly, 1991). Lorsque la somme de ces fractions est égale à 100 % les séquences correspondantes sont achevées, ce qui correspond à la première apparition de nouvelles pycnides (El Jarroudi et al., 2009).

Prise en compte de la plante

Ce qui fait la singularité et l'originalité de Proculture par rapport aux autres systèmes est le développement d'un algorithme permettant le couplage d'un module de croissance basé sur le phyllochrome(2) et la prise en compte de la période de latence qui permet à la fois de simuler la formation des cinq derniers étages foliaires et l'évolution de la septoriose sur ces étages (Moreau et Maraite, 2000). Ce phyllochrome est de 130 degrés jours à base 0 °C.

Proculture permet de caractériser la relation entre le phyllochrome et la période de latence pour chacun des limbes qui apparaissent successivement. C'est original par rapport aux systèmes d'avertissements existant dans les pays limitrophes (Proplant en Allemagne, Epipre en Hollande, Présept en France). La figure 2 résume les principes de fonctionnement des modules de Proculture.

Un modèle performant en continuelle amélioration (Tableau 1)

Le système est continuellement amélioré grâce aux résultats de chaque saison. Actuellement, il est possible de simuler l'évolution future de la septoriose sur chacune des 5 dernières feuilles (F5 à F1, F1 étant la dernière feuille formée).

Il est possible aussi de prévoir le pourcentage de la surface foliaire présentant des symptômes en se basant sur une fonction mathématique non linéaire ajustée par plusieurs données d'observations.

Pour avoir cette simulation, il suffit d'introduire au sein du logiciel :

– le stade phénologique observé lors de la dernière observation effectuée au champ ;

– le pourcentage d'émergence de la dernière feuille formée ;

– le pourcentage de la septoriose observé sur la F5.

La capacité du modèle à s'adapter aux conditions spécifiques des parcelles (date de semis, variété précoce, tardive, résistante ou sensible, étage foliaire formé, etc.) et à simuler les infections en cours, le démarque des autres systèmes d'avertissements plus classiques.

Si on le compare aux autres systèmes d'avertissements des pays limitrophes du Grand Duché, on pourra confirmer la pertinence et l'importance de ce système de gestion du blé d'hiver dans ce pays (Tableau 1).

Utilisation du modèle dans les avertissements et validation (Figure 3)

Avant 2004

La calibration et la validation du modèle ont été réalisées entre 2000 et 2002 (El Jarroudi et al., 2009). Elles ont été faites selon les conditions topoclimatiques et phytotechniques luxembourgeoises (variétés différentes, date de semis, fumure azotée, travail du sol...). Avec un pourcentage de réussite oscillant entre 85 % et 95 %, Proculture est devenu une plate-forme indispensable pour une agriculture durable à l'échelle parcellaire au Luxembourg.

Depuis lors

Depuis 2004, les données qu'il fournit paraissent dans les bulletins d'avertissements hebdomadaires, diffusés via le journal agricole luxembourgeois « De Letzeburger Bauer » et via le site internet de la Chambre d'agriculture. Cette diffusion a permis d'élargir son champ d'action en incluant des sites représentant les principales régions céréalières du Grand Duché.

Ainsi, les habitudes des agriculteurs ont évolué, favorisant la production de qualité sans recours systématique au double, voire au triple traitement basé uniquement sur le stade phénologique(3).

De 2003 à 2009, la rentabilité du traitement recommandé par le modèle est de 80 % supérieure à celle des autres traitements (tendance sur toutes les années).

Ainsi dans l'Oesling où, pour rappel, la sévérité de la maladie est très faible, le modèle n'a proposé de traitement qu'en 2007 pour la période 2003-2009. Les conditions climatiques de cette région ont tendance à favoriser la culture biologique : l'évolution des maladies cryptogamiques des feuilles est très faible.

Bilan de six ans d'utilisation

Simulations confirmées

Ce modèle permet d'évaluer, avec une certaine précision, la pression de septoriose au sein de différentes parcelles de froment.

Les simulations ont été confirmées par des observations de terrain avec un taux de succès oscillant entre 85 à 95 %.

L'analyse de régression linéaire établie entre les valeurs de pourcentage de surface foliaire présentant des symptômes de S. tritici simulées et celles observées a mis en évidence un R2 (coefficient de détermination) significatif (P < 0,01) et variant entre 87 et 99 %.

Utilisation pour le conseil depuis 2004

Depuis 2004, le modèle est utilisé pour indiquer si un traitement fongicide est nécessaire et, le cas échéant, quel est le moment le plus opportun pour contrôler la septoriose.

Il permet de prévoir le niveau de gravité de la maladie y compris des symptômes non encore exprimés. Il décrit l'épidémie par rapport à une année moyenne avec les périodes à haut risque et les dates de traitement. De cette manière, il permet de minimiser l'utilisation des traitements fongicides. Il aide ainsi les agriculteurs et les vulgarisateurs à une gestion durable de leur culture, respectueuse de l'environnement.

La validation du modèle Proculture entre 2000 et 2002 et son utilisation dans les avertissements agricoles luxembourgeois pour lutter contre la septoriose ont permis, à partir de 2004, de changer les pratiques des agriculteurs. Ils se sont orientés vers une protection fongicide raisonnée, basée sur les principes de la lutte intégrée.

Perspectives et avenir du modèle

Comparaison Luxembourg/Ile-de-France

Des collaborations ont été établies avec de nombreuses institutions en France, en Italie, et également en Argentine pour utiliser ce logiciel dans leurs avertissements agricoles.

En France, la collaboration a été établie avec l'INA Paris-Grignon, dans le but d'élaborer un cahier des charges permettant de mettre en place un réseau de parcelles expérimentales agricoles présentant des situations agronomiques, micro-climatiques et épidémiologiques contrastées.

La confrontation des connaissances obtenues dans deux régions de production (Ile-de-France et Grand-Duché du Luxembourg) présentant des caractéristiques agro-écologiques différentes permettra de mieux appréhender la variabilité des épidémies.

Cette approche permettra également de confronter Proculture à des situations agronomiques différentes pour mieux préciser encore l'effet des variables micrométéorologiques, épidémiologiques et phénologiques.

Radar et cartographie

Actuellement, les recherches se concentrent sur la spatialisation des avertissements de la septoriose du blé d'hiver donnés par ce modèle en utilisant des données radars. Cela consiste à établir la cartographie de risque d'infection pour l'ensemble du Luxembourg et de la Belgique avec pour base les indices agroclimatiques corrélés aux dates et fréquences optimales des traitements chimiques.

Cette cartographie de risque donnera, à la parcelle, un niveau de risque en fonction de son itinéraire technique (date de semis, variété semée, précédent cultural, fumure azotée...) et selon une classification des topoclimats.

Ces cartes seront accompagnées de messages de traitement lorsqu'un seuil de risque sera franchi au niveau d'un site.

<p>* Université de Liège, Département en Sciences et Gestion de l'Environnement, 185, avenue de Longwy, B-6700 Arlon, Belgique, e-mail : meljarroudi@ulg.ac.be</p> <p>** Nouvelle adresse : Staphyt/Biorizon Rue Magendie/Bordeaux Montesquieu 33650 Martillac, France.</p> <p>*** Centre de recherche public Gabriel-Lippmann, Département environnement et agro-biotechnologies (EVA), 41, rue du Brill, L-4422 Belvaux, Luxembourg.</p> <p>**** Unité de Phytopathologie, Université catholique de Louvain (UCL), Croix du Sud 2/3, B-1348 Louvain-la-Neuve, Belgique.</p> <p>(1) Par convention, cette séquence est représentée par le sigle P. Très souvent, c'est l'inverse de la latence qui est utilisé soit 1/P.</p> <p>(2) Délai en degré jour à base de 0 °C qui sépare l'émergence d'un limbe de l'apparition du limbe suivant.</p> <p>(3) Les agriculteurs luxembourgeois pratiquent souvent au moins 2 traitements fongicides pendant la saison culturale. Un mélange de produits est appliqué à chaque passage. Le premier traitement est appliqué généralement au stade premier nœud par un mélange de <i>Stereo</i> (cyprodinil 250 g/l + propiconazole 62,5 g/l) et <i>Alto</i> (cyproconazole 160 g/l + propiconazole 250 g/l) associé à un régulateur de croissance. Les mélanges de produits varient selon les agriculteurs. Le deuxième traitement se fait au stade épiaison-floraison avec un mélange d'<i>Amistar</i> (azoxystrobine 250 g/l) et <i>Horizon</i> (tébuconazole 250 g/l) ou <i>Prosaro</i> (prothioconazole 125 g/l + tébuconazole 125 g/l) ou <i>Horizon</i> (tébuconazole 250 g/l) et <i>Sportak</i> (prochloraze 450 g/l).</p>

Figure 1 - Localisation des sites expérimentaux (study sites) au GDL avec les stations météorologiques. ASTA-Administration des services techniques de l'agriculture ; CRP-Centre de recherche public Gabriel-Lippmann.

Contrastes de l'intensité des symptômes entre le Gutland (forte sévérité, exemple d'Everlange) et l'Oesling (exemple de Reuler). Photos prises à la même date le 30 juin 2006. ph. EL Jarroudi

Contrastes de l'intensité des symptômes entre le Gutland (forte sévérité, exemple d'Everlange) et l'Oesling (exemple de Reuler). Photos prises à la même date le 30 juin 2006. ph. EL Jarroudi

Figure 2 - Principes de fonctionnement des modules de Proculture.

Figure 3 - Les sorties de Proculture pour les simulations du risque de la septoriose des feuilles du blé d'hiver pour l'année 2000 à Everlange.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

Bibliographie

El Jarroudi M., 2005 - évaluation des paramètres épidémiologiques des principales maladies cryptogamiques affectant les feuilles du blé d'hiver au Grand-Duché de Luxembourg : calibration et validation d'un modèle de prévision. PhD, Université de Liège, Arlon.

El Jarroudi M., P. Delfosse, H. Maraite, L. Hoffmann et B. Tychon. 2009 - Assessing the accuracy of simulation model for Septoria leaf blotch disease progress on winter wheat. Plant disease 93 : 983-992.

Eyal, Z., A.L. Scharen, M.D. Huffman, et J.M. Prescott, 1985 - Global insights into virulence frequencies of Mycosphaerella graminicola. Phytopathology 75 : 1456-1462.

King J.E., R.J. Cook et S.C. Melville. 1983 - A review of Septoria diseases of wheat and barley. Ann. Appl. Biol. 103 : 345-373.

Moreau J.M. et H. Maraite, 1999 - Integration of knowledge on wheat phenology and Septoria tritici epidemiology into a disease risk simulation model validated in Belgium. Aspects of Applied Biology 55 : 1-6.

Moreau, J.M., et H. Maraite, 2000 - Development of an interaction decision-support system on a web site for control of Mycosphaerella graminicola in winter wheat. Bulletin OEPV/EPPO 30 : 161-163.

Rapilly F., 1991 - Epidémiologie en pathologie végétale : mycoses aériennes, pp. 240-261, In L. T. Doc, ed. Epidémiologie en pathologie végétale. Institut national de la recherche agronomique INRA. ISBN 2-7380-0297-8. 317 p, Paris.

Royle, D.J., M.W. Shaw et R.J. Cook. 1986 - Patterns of development of Septoria nodorum and S. tritici in some winter wheat crops in Western Europe 1981-83. Plant Pathology 35 : 466-476.

Shaw M.W., 1990 - Effects of temperature, leaf wetness and cultivar on the latent period on Mycosphaerella graminicola on winter wheat. Plant Pathology 39 : 255-268.

Shaw M.W. et D.J. Royle, 1989 - Estimation and validation of function describing the rate at which Mycosphaerella graminicola causes yield loss in winter wheat. Ann. Appl. Biol. 115 : 425-442.

Shaw, M.W., et D.J. Royle, 1993 - Factors determining the severity of epidemics of Mycosphaerella graminicola (Septoria tritici) on winter wheat in the U.K. Plant Pathology 42 : 882-899.

Thomas, M.R., R.J. Cook et J.E. King,. 1989 - Factors affecting development of Septoria tritici in winter wheat and its affect on yield. Plant Pathology 38 : 246-257.

Remerciements

Nous tenons à remercier le Ministère de la Culture, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche du G.-D. de Luxembourg, ainsi que l'ASTA qui ont financé nos recherches.

Nous remercions aussi le Lycée technique agricole à Ettelbrück, en particulier Guy Reiland, Guy Mirgain et Marc Kails pour la réalisation des essais. Un grand merci aussi au personnel de la Chambre d'agriculture du Luxembourg pour son aide précieuse sur le terrain, ainsi qu'à toute l'équipe qui a participé aux observations : Carine Vrancken, Virginie Shyns, Bertrand Martin, Christophe Mackels, Abdeslam Mahtour, Alexandre Nuttens, Louis Kouadio, Farid Traoré.

Enfin, un grand merci à Michel Santer, Jürgen Junk, Marielle Lecomte, Laurent Pfister et Jean-François Iffly pour les données météorologiques mises à notre disposition.

Résumé

Un modèle de simulation « Proculture » a été développé en Belgique puis au Luxembourg pour définir en temps réel le risque d'apparition de Septoria tritici sur les feuilles supérieures du blé d'hiver pendant la montaison.

La particularité de ce modèle de simulation est sa capacité d'analyser les interactions entre la formation des feuilles et la progression de S. tritici sur les feuilles déjà formées. Le couplage du module de maladie avec un module de croissance permet la simulation du développement de la maladie à l'échelle parcellaire. Cette plate-forme décisionnelle aide les agriculteurs à déterminer le moment optimal pour un traitement fongicide quand le risque élevé d'infection de F3 (F1 est la dernière feuille formée) est atteint.

La calibration et la validation de « Proculture » ont été réalisées entre 2000 et 2002. Avec un taux de réussite oscillant entre 85 % et 95 %, le logiciel semble être un outil indispensable pour une agriculture de précision à l'échelle parcellaire au Grand-Duché de Luxembourg.

À partir de 2004, ce logiciel a été utilisé dans des bulletins d'avertissements diffusés hebdomadairement aux agriculteurs. Au Gutland (sud du Grand-Duché), la rentabilité du traitement recommandé par le modèle entre 2003 et 2009 est 80 % supérieure aux autres traitements. Dans l'Oesling (au nord) où la septoriose est très faible, ce logiciel a permis de guider les agriculteurs à réduire les charges inutiles de traitement. Entre 2003 et 2009, le traitement contre la septoriose a seulement été recommandé une fois sur base du modèle.

Ceci laisse supposer que ce logiciel contribue en quelque sorte à l'encouragement des cultures bios pour certains sites et, en tout cas, à favoriser les principes de lutte intégrée de façon générale.

Mots-clés : blé d'hiver, Septoria tritici, OAD (outils d'aide à la décision), modèle Proculture, calibration, validation.

Summary

Septoria leaf blight caused by Septoria tritici Roberge ex Desmaz. (anamorph of Mycosphaerella graminicola) is one of the most serious foliar diseases on winter wheat which farmers in Luxembourg. It need to take into account when deciding upon fungicide application during stem elongation. Management of S. tritici aims at keeping the top two leaf layers free from infection, as these leaves contribute most to grain yield. The model PROCULTURE has been developed to simulate the progress of the Septoria leaf blotch disease on winter wheat during the cropping season.

The model has been validated in Luxembourg for 3-years (2000 to 2002) at distinct representative sites. Proculture forecasts have been shown to be correct in about 85% of all cases.

This model has since 2004 been used in the Grand-Duchy of Luxemburg in order to find the optimum time of fungicide spray in fields. On average, no spray of fungicides or only one application is required to efficiently control Septoria leaf blotch. In the Oesling (north of G-D of Luxembourg), treatments based on the Septoria risk simulation model were recommended only once, in 2007. The climatic conditions of the Oesling tend to favour organic farming in a region where foliar disease pressure is very weak.

Mots-clés : winter wheat, Septoria tritici, Proculture model, calibration, validation.

L'essentiel de l'offre

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