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dossier - Ravageurs souterrains

Ravageurs souterrains ils refont surface

Marianne Decoin, Phytoma - Phytoma - n°643 - avril 2011 - page 13

Nématodes, taupins, scutigérelles, limaces : ces ravageurs appartiennent à des catégories bien différentes mais ils ont des points communs. Et d'abord leur recrudescence dans les champs.
Larves de taupins ; ce sont elles qui sont à l'origine des dégâts des différentes espèces de taupins présentes en France. ph. Arvalis-Institut du végétal

Larves de taupins ; ce sont elles qui sont à l'origine des dégâts des différentes espèces de taupins présentes en France. ph. Arvalis-Institut du végétal

Portion postérieure d'une larve de M. artiellia ph. A. Buisson

Portion postérieure d'une larve de M. artiellia ph. A. Buisson

 Larve de taupin. ph. M. Délos

Larve de taupin. ph. M. Délos

Scutigérelle. ph. J.-B. Thibord, Arvalis

Scutigérelle. ph. J.-B. Thibord, Arvalis

Limace grise. ph. A. Chabert

Limace grise. ph. A. Chabert

Les ravageurs souterrains sont dits aussi « ravageurs du sol » car ils y logent toute leur vie ou presque, mais ce sont les cultures qu'ils ravagent et pas le sol lui-même.

Nous avons focalisé ce dossier sur des ravageurs des cultures assolées, notamment maïs, colza et productions légumières. Sont évoqués quatre types de bio-agresseurs : nématodes (vers microscopiques), taupins (insectes redoutés), scutigérelles (myriapodes, qui sont des arthropodes autres qu'insectes) et limaces. Tous partagent deux points communs.

D'abord, ils passent souvent inaperçus jusqu'à ce que leurs dégâts soient visibles, trop tard pour agir. On cherche donc à prévoir les risques : piégeage, modèles de prévision...

Ensuite, ces ravageurs ancestraux se portent de mieux en mieux ces derniers temps. Certes leurs individus ne se montrent pas davantage à l'air libre que jadis ! Mais les problèmes qu'ils posent refont surface.

Nématodes

p. 16 M. artiellia fait son Yalta

Commençons par les nématodes. Très anciennement présents, ils ont longtemps été méconnus. D'ailleurs on ne les désigne que par leurs « noms latins » c'est-à-dire leur dénomination scientifique. Ils sont en recrudescence suite à l'interdiction des principaux nématicides. Le 29 mars dernier, a eu lieu la restitution de trois ans de travaux menés par 18 organismes partenaires dans le cadre d'un projet CasDAR(1) sur les espèces nuisibles aux grandes cultures(2).

Nous vous présentons ceux concernant Meloidogyne artiellia. L'espèce était connue sur pois chiche mais infeste aussi le colza et d'autres cultures, sans doute depuis longtemps.

Les découvertes sur sa biologie sont intéressantes et un modèle de prévision a été ébauché. Quant à sa répartition géographique, la façon dont M. artiellia semble se partager le territoire avec Heterodera cruciferae, espèce spécifique des crucifères (colza, chou, etc.), est à vérifier. Mais, si ce Yalta(3) des nématodes est confirmé, il faudra en tenir compte pour gérer la « pression nématologique » dans l'assolement.

Taupins

p. 20, grandes cultures, trois ans sur tant de sites

Place ensuite à des insectes, les taupins. Ces coléoptères sortent du sol à l'âge adulte, ils sautent et même volent. Mais cette phase aérienne dure peu comparée à la durée de leur développement larvaire. Et c'est à l'état de larves dans le sol qu'ils sont nuisibles.

Après une plongée en 1919 voire bien avant (si !), cet article évoque la recrudescence de ces ravageurs, probablement liée au retrait d'insecticides du sol et à l'évolution du travail du sol. Puis il traite de surveillance des populations avec des pièges à phéromones sur une centaine de sites répartis en France tous les ans de 2006 à 2008 inclus.

Il cite les différents outils disponibles et montre des résultats de suivi des quatre principales espèces du genre Agriotes nuisibles aux grandes cultures, leur répartition géographique. Là, on trouve souvent plusieurs espèces différentes dans les mêmes parcelles.

Intérêt du piégeage pour différencier des espèces qui se ressemblent visuellement mais n'ont pas la même biologie donc ne doivent pas être gérées de la même façon. Difficultés de prévoir les dégâts des larves à partir des piégeages d'adultes... Bref, intérêt et limites du piégeage d'aujourd'hui.

p 24, légumes, sept ans dans un secteur

Encore des taupins, mais là nous sommes en cultures légumières. D'abord un utile rappel sur celles qui sont menacées par des taupins et l'évolution des dégâts. Ils diminuent sur les fraisiers de pleine terre... qui eux-mêmes se raréfient ! Partout ailleurs, c'est la recrudescence. Elle semble liée, là aussi, à la suppression de certains insecticides et à l'évolution de pratiques culturales.

Là encore il est question de piégeage et des difficultés à trouver le lien entre les captures dans les pièges d'une part et le risque agronomique d'autre part. Le modèle de prévision du risque taupin d'après les résultats de piégeage reste à élaborer.

Mais, d'ores et déjà, les suivis de populations ont donné des résultats intéressants. En particulier la mobilité des adultes, plus grande qu'on ne le croyait, peut expliquer certaines évolutions.

Scutigérelles

p. 29, maïs, le quarté anti mille-pattes

Parlons de scutigérelles maintenant. Ces millepattes étaient des ravageurs secondaires que, manifestement, les insecticides du sol maîtrisaient en combattant les taupins. On n'en parlait donc plus... Mais les insecticides antitaupins se sont raréfiés. De plus, ces myriapodes sont très sensibles à la texture du sol : ils l'aiment meuble et aérée, ce que l'évolution des pratiques culturales favorise.

Et voilà pourquoi les scutigérelles refont des dégâts, en particulier dans les maïs.

Face à cela, des parades existent, mais aucune ne suffit à elle seule. Il faut les associer entre elles. Le quarté gagnant se nomme, dans le désordre : variété-fertilisation-traitement-rappuyage. Que recouvrent ces quatre termes ? Réponses dans l'article.

Limaces

p. 34, un modèle pour les devancer

Passons aux limaces pour finir. Leurs niveaux de population ont des variations interannuelles liées au climat : nul n'ignore que les périodes pluvieuses les comblent d'aise ! Mais, en tendance lourde, l'évolution des techniques d'entretien du sol peut elle aussi les favoriser, ainsi que dans certains cas l'implantation des CIPAN(4). Les outils d'aide à la décision (de traiter ou non) sont la surveillance des populations à l'aide de pièges et l'usage de modèles de prévision des risques.

L'article évoque un tel outil de surveillance de la limace grise. Sa première version, valable pour quatre régions et tenant compte des risques climatiques, a déjà 15 ans. Il a été progressivement étendu et amélioré depuis lors et commence à croiser l'effet du climat et des caractéristiques des parcelles.

p. 39, des outils pour les limiter

Quant à la lutte contre les limaces, elle bénéficie de quelques nouveautés : une nouvelle substance active, des formulations améliorées et, cette année, un nouveau matériel d'épandage, primé au SIMA s'il-vous-plaît.

Merci aux spécialistes de l'ACTA, d'Arvalis-Institut du Végétal, du Ctifl, du Cetiom, de l'Inra, de l'Anses et de Syngenta Agro qui nous ont fourni ces articles, et bonne lecture !

<p>(1) Compte d'affectation spéciale <i>« Développement agricole et rural »</i> du MAAPRAT, ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l'Aménagement du territoire.</p> <p>(2) D'autres nématodes sont nuisibles aux cultures légumières, à la vigne, aux arbres fruitiers... Et il existe aussi des nématodes utiles utilisés pour la lutte biologique ! Par ailleurs tous les nématodes ne vivent pas dans le sol.</p> <p>(3) Yalta est la ville de Crimée (presqu'île ukrainienne avançant dans la Mer Noire) où, en février 1945, les Alliés menés par Churchill, Roosevelt et Staline se sont réunis pour décider, entre autres et en gros, des zones d'influence de chacun après la guerre : le partage du monde en quelque sorte.</p> <p>(4) Cultures intermédiaires pièges à nitrates.</p>

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :