1 - Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre chargée de l'Ecologie, et Jacques Dousset, Président d'Adivalor, le 8 février 2011 lors de la signature de l'accord-cadre.
2 - Les représentants des partenaires d'Adivalor fêtant les dix ans du « champion d'Europe du recyclage ». De gauche à droite premier rang, Didier Marteau (APCA), Xavier Beulin (FNSEA), Jean Caizergues (FNA), Jeremy Macklin (InVivo) ; deuxième rang, Pascal Mombled (ARES), Jean-Michel Carrier (UPJ), Jean-Pierre Jouët (CPA), Jean-Pierre Princen (UIPP), Gilles Poidevin (SOVEEA), J. Dousset (Adivalor) et Hubert Grallet (Coop de France). Photos : Adivalor
Dix ans déjà ! Adivalor(1) a été créé en 2001 avec comme première activité la récupération des PPNU, produits phytos non utilisables, et des EVPP, emballages vides de produits phytos, au début seulement les bidons en plastique. Depuis lors, les activités de cette filière se sont élargies à d'autres domaines de l'agriculture, et aussi à l'intérieur même du monde la phytopharmacie. Une croissance constante. Alors, que peut-on demander à Adivalor aujourd'hui au service des bonnes pratiques phytos ? Réponses ci-après, avec un bilan mais aussi des conseils que nous espérons utiles... et le tout « inter-titré » en vers de mirliton, pour faciliter la mémorisation !
Le 8 février dernier, Adivalor a signé un accord-cadre fixant ses objectifs jusqu'en 2015 avec la ministre de l'Écologie Nathalie Kosciusko- Morizet (photo 1). C'est le deuxième accord, après celui signé le 1er octobre 2003 avec la ministre d'alors, Roselyne Bachelot(2), sur les EVPP, emballages vides de produits phytopharmaceutiques, et les PPPNU, produits phytopharmaceutiques non utilisables. L'accord 2011 s'étend à d'autres déchets de l'agrofourniture (v. encadré 1, page 46). Reconnaissance de l'utilité et du caractère incontournable de la filière française de récupération et de valorisation de ces déchets.
Puis le 22 février, Adivalor a fêté ses 10 ans avec ses partenaires. Ce sont les 250 fabricants des produits dont elle collecte les déchets et qui contribuent financièrement à ces collectes, le bon millier de distributeurs de ces produits qui font ces collectes sur le terrain, et leurs associations ou syndicats représentatifs (photo 2).
EVPP, 73 % collectés
Bilan des bidons, montée en proportion
Commençons par parler des EVPP, emballages vides de produits phytosanitaires. En 2010, 5 200 tonnes de bidons plastiques ont été collectées, pratiquement autant que les 5 300 tonnes de 2009 qui représentaient 66 % du « gisement » produit cette année-là. En 2010, comme la consommation de produits phytos a baissé par rapport à celle de 2009, le taux de récupération des bidons est de 73 %.
Un bon quart d'entre eux, soit 1 400 t, a été recyclé pour l'industrie. Il s'agit de bidons correctement rincés. Attention, un seul bidon mal rincé dans une sache Adivalor suffit à souiller l'ensemble donc empêcher le recyclage.
Cela dit, les bidons non recyclés sont utilisés quand même, en « valorisation énergétique » (combustible en cimenterie équipée pour assurer la sécurité de l'opération).
Règle d'ORE respectée : rincer c'est gagner
Le rinçage doit être réalisé lors du remplissage du pulvérisateur. C'est le respect de la règle d'ORE : Ouvert, Rincé, Égoutté. Vraiment une bonne pratique phytosanitaire. Il faut :
– rincer l'intérieur du bidon après l'avoir vidé ;
– incorporer l'eau de rinçage avec son reliquat de produit dans la cuve du pulvérisateur ce qui complète la dose de produit utile (saine économie !) et évite au reliquat d'aller ailleurs que sur sa cible ce qui pollue par définition (bonne pratique environnementale) ;
– utiliser pour cela le rince-bidon de la cuve d'incorporation de l'appareil, ou à défaut un rince-bidon autonome (Lav'Box, Rinçotop) ou au pire l'arrivée d'eau du poste de remplissage ; il faut alors remplir le bidon au tiers d'eau claire, le reboucher, le secouer puis le déboucher et verser l'eau de rinçage dans la cuve du pulvérisateur, et répéter l'opération une, puis deux fois, pour aboutir à un triple rinçage-vidange ;
– diriger ce qui ne va pas dans le pulvérisateur (ex. rinçage extérieur de bidon souillé) vers le dispositif de traitement des effluents.
Attention ! Bonne pratique pour la sécurité de l'applicateur : faire ceci les mains gantées. Adivalor a publié et illustré ces conseils sur un dépliant reproduit ci-contre. On peut se le procurer gratuitement sur son extranet(3).
Bouchons, cartons, sacs, à gérer sans couacs
Les bidons, une fois rincés et égouttés, sont à placer dans une sache Adivalor.
Mais sans leurs bouchons ! On ne peut pas rincer ces derniers sans risque d'éclaboussures. Ils doivent donc être gérés comme les emballages non rinçables à savoir les sacs et cartons (opercules compris pour ceux qui en ont).
La collecte de ces sacs et emballages carton, qui a démarré en 2004, s'est développée mais le taux reste faible : 15 %. Pierre de Lépinau, Directeur général d'Adivalor, regrette : « Ils sont encore trop souvent brûlés en plein air. C'est interdit, inutile et dangereux ! »
Attention, les bouchons, sacs et cartons ne sont pas rinçables donc pas recyclables. Tous doivent donc être stockés à part des bidons et partir en valorisation énergétique : brûlage certes, mais dont l'énergie est récupérée. Et sécurisé, lui. Il faut avoir, près de son poste de remplissage du pulvérisateur, deux saches Adivalor : une pour les bidons plastiques rincés et égouttés et l'autre pour les boîtes, sacs et bouchons.
PPNU, enfin le reflux
Bilan des quantités, en baisse comme souhaité
De 2001 à 2010, environ 10 000 t de PPNU ont été collectées. En fait 9 000 t l'ont été de 2001 à 2007, soit 1 300 t par an en moyenne, dans le cadre de la collecte des stocks historiques accumulés depuis les années 50, voire avant. Puis 500 t ont été collectées en 2008 et environ 200 en 2009 ainsi qu'en 2010. « Nous tablons dans le futur sur un flux annuel d'environ 200 tonnes par an », prévoit P. de Lépinau.
Mais au fait, pourquoi existe-t-il des PPNU ? Parmi ceux collectés par Adivalor, « environ les deux-tiers sont interdits d'emploi, le dernier tiers étant composé de produits hors d'usage ou sans emploi possible sur l'exploitation. »
Produits abîmés, comment les éviter
Adivalor travaille à baisser la « fabrication » de PPNU en donnant des conseils pour éviter de garder des produits périmés, abîmés ou devenus interdits car retirés du marché.
Pour les premiers, il rappelle la règle d'or, citée l'an dernier, du « premier entré premier sorti », bien connu des cuisinier(e)s sachant gérer leur réfrigérateur. Elle consiste à choisir, entre deux produits en stock et convenant au même usage, celui acheté en premier. Conseil : tenir l'inventaire de son stock et « mettre en avant » physiquement les produits à utiliser en priorité.
Au fait : les produits se conservent mieux dans un local phyto aéré ou ventilé mais aussi tenu à l'abri du gel, de la chaleur et de l'humidité (isolation, stockage sur étagères ou socles, etc.)
Produits retirés, comment les repérer
Et les produits retirés du marché ? Après leur date limite d'utilisation, ce sont des PPNU.
Et ceux dont le délai d'écoulement des stocks est en cours ? Il faut les utiliser en priorité par rapport aux autres spécialités. Adivalor propose un lien avec e-phy, la base du ministère de l'Agriculture. Sa rubrique « intrants retirés » permet de vérifier le statut et la date limite d'utilisation d'un produit dont on a le nom ou le numéro d'AMM. À consulter pour gérer ses stocks. Et aussi avant d'acheter un produit pour vérifier s'il n'est pas en cours de « délai d'écoulement des stocks à la distribution » (durant lequel le distributeur a encore le droit de le vendre).
En pratique : sur www.adivalor.fr, cliquer dès la page d'accueil sur « Produits non utilisables » (sous « Les collectes ») puis « Identification ».
Règle des un an, c'est le moment
Attention, information importante ! Auparavant, quand on avait des PPNU, il fallait les stocker à part des produits utilisables en attente d'élimination, mais cela pouvait durer autant qu'on voulait. Mais, souligne P. de Lépinau, « depuis juillet 2010, le Code rural a été modifié, conséquence de l'article 100 de loi Grenelle 2(4). Le nouvel article 253-9 de ce code prévoit que les produits interdits d'emploi suite à une décision de retrait prise à partir du 12 juillet 2010(5) devront être collectés dans un délai maximal d'un an après la date limite d'utilisation (leur traitement final doit avoir lieu dans un délai d'un an supplémentaire). Nous allons travailler à élaborer les listes des préparations concernées, qui seront publiées avant la fin de 2011. »
En pratique, il faudra « être très vigilant sur les décisions de retraits publiées par les Pouvoirs publics ». Actualité que Phytoma suit de près.
Effluents phytos, du nouveau
Ils font des déchets, même si comprimés
Les produits inutilisables et les emballages ne sont pas les seuls déchets de la phytopharmacie. Il y a aussi les « effluents phytos » issus de fonds de cuve, lavages de pulvérisateurs, incidents au remplissage, etc.
Ces effluents peuvent être épandus au champ sous des conditions précises (voir aussi p. 33), ou traités à la ferme à l'aide de procédés de traitement agréés (voir p. 35 et p. 41). Or, 11 des 14 procédés agréés génèrent eux-mêmes des déchets : effluents concentrés et/ou consommables usagés.
Certes ces résidus sont beaucoup, beaucoup moins pesants et encombrants que les effluents eux-mêmes ! Mais il faut les éliminer en filière agréée tout comme des PPNU. Adivalor se charge désormais de deux d'entre eux.
Il y avait les saches, et maintenant les bâches
D'abord il collecte depuis 2010 les saches usagées du procédé Osmofilm développé avec Basf Agro et distribué par Axe Environnement.
Ensuite, il a annoncé en mars dernier qu'il va récupérer les bâches usagées du procédé Héliosec de la société Solhead mis au point avec Syngenta Agro. Les distributeurs par l'intermédiaire desquels les dispositifs ont été vendus vont collecter celles chargées en 2010 et stockées dans les fûts proposés alors, et celles qui seront chargées en 2011 et seront stockées dans des saches Adivalor proposées désormais.
Gérer leurs déchets, guide gratuit proposé
Par ailleurs, Adivalor a réalisé une étude sur les déchets générés par les procédés de traitement des effluents et édité un guide pratique à leur sujet, intitulé « Stratégie de gestion des déchets issus du traitement des effluents de produits phytosanitaires ».
Sorti en juillet 2010, ce document n'évoque donc pas les deux nouveaux procédés autorisés en 2011. Par ailleurs, il annonce comme « en cours de reconnaissance » des champs d'application reconnus depuis lors (pour ces nouveautés, voir l'article p. 35).
En revanche, pour les 12 procédés qu'il « épluche », il donne les contacts utiles et présente les déchets dangereux (c'est-à-dire à éliminer en centre agréé) que produisent 11 d'entre eux(5). Il traite la question des stratégies de gestion de ces déchets, avec les coûts et les risques liés aux manipulations. Il propose une analyse coût/complexité, donne un exemple de fiche d'identification, un rappel réglementaire, la carte des centres de traitement et de ceux d'incinération... 24 pages utiles :
– soit pour savoir comment gérer les déchets de son procédé si on en a déjà un ;
– soit comme donnant des critères de choix entre procédés si on envisage d'en acquérir individuellement ou en station collective.
Et c'est gratuit !
Pour y accéder, il faut aller sur www.adivalor.fr, cliquer dès la page d'accueil sur « déchets collectés » (sous le titre « Adivalor ») puis cliquer sur « à l'étude » (partie gauche de l'écran). Il n'y a plus qu'à télécharger ! Bonne lecture...
<p>* Phytoma.</p> <p>** Directeur général d'Adivalor.</p> <p>(1) Agriculteurs, Distributeurs, Industriels pour la VALORisation des déchets agricoles.</p> <p>(2) En 2003 c'était le MEDD, ministère de l'Ecologie et du Développement durable ; en 2011 c'est le MEDDTL, ministère de l'Ecologie, du Développpement durable, des Transports et du Logement.</p> <p>(3) http://extranet.adivalor.fr/index.html. Login : adivalor. Mot de passe : partenaire. Aller à « informer-communiquer » puis « commander les documents ».</p> <p>(4) Loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 <i>« portant sur l'engagement national pour l'environnement »</i> publiée au JORF, Journal officiel de la République française, le 13 juillet 2010.</p> <p>(5) Aucune loi française n'étant rétroactive, Grenelle 2 ne réglemente pas les retraits antérieurs au 12 juillet 2010.</p> <p>(6) Le 12e procédé (Phytobac) ne génère pas de déchets dangereux, non plus que les deux « nouveaux ». Le guide est donc complet sur la question.</p>
1 - Et hors des phytos ? Le travail est beau
Jusqu'en 2007, Adivalor œuvrait exclusivement dans le secteur phytopharmaceutique : EVPP et PPNU, avec pour ces derniers la collecte de stocks historiques (y compris le cas spécial de l'arsénite de soude en 2007) puis désormais la récupération du stock annuel. Mais aujourd'hui il organise aussi la récupération de divers déchets de l'agrofourniture autres que ceux liés directement à la phytopharmacie, et leur valorisation. Les activités « hors phytopharmacie » sont :
Depuis 2008, la collecte des EVPF, emballages vides de produits fertilisants (sacs et big bags d'engrais), en collaboration avec l'UNIFA(1) ; 1 800 t ont été récupérées en 2008 (taux de collecte de 20 %), 3 100 t en 2009 (taux de collecte de 35 %) et 3 800 t en 2010 (taux de 53 %). Ces big bags et sacs plastiques ont été valorisés à 100 % pour fabriquer des pièces de bâtiment.
Depuis janvier 2009, la collecte des FAU, films agricoles usagés (paillages plastique, couverture de serre, bâches d'ensilage, etc.), en collaboration avec le CPA(2) ; 13 000 t ont été collectées en 2009 et 29 000 t en 2010 soit un taux de collecte de 43 % ; ces FAU sont valorisés à 99 %, en général en sacs poubelle.
Depuis juillet 2009, la collecte des EVSP, emballages vides de semences et plants, pour l'instant uniquement les big bags.
Depuis avril 2010, la collecte des EPHEL, emballages de produits d'hygiène de l'élevage laitier. Cette première année de rodage a permis d'affiner le dispositif.
Quant aux projets « hors phytos », ils concernent les produits oenologiques non utilisables, les filets, les ficelles, les emballages de semences type sac papier, les EVPE (emballages vides de produits d'élevage) ainsi que les produits biocides agricoles.
(1) Union des industries de la fertilisation.
(2) Comité des plastiques agricoles.
2 - Et les EPI ? Un tablier aujourd'hui
L'an dernier(1), nous évoquions les EPI, équipements de protection individuelle, et le fait qu'Adivalor peinait à regrouper(2) leurs fabricants car pour ces derniers les ventes agricoles représentent une petite part de leur activité. Par exemple les gants en nitrile se vendent davantage dans l'industrie que dans l'agriculture !
Mais nous signalions aussi le lancement de la collecte des tabliers S-protec de préparation de la bouillie. En effet son fabricant, nommé Manulatex, est une PME française qui a bien voulu s'inscrire dans l'opération. Et ceci d'autant plus que ce tablier, conseillé depuis 2010 par Syngenta Agro qui l'avait mis au point et le « suit » toujours (amélioration continue de son ergonomie), l'est aussi en 2011 par Bayer CSF qui l'a trouvé utile et recommandable (voir aussi p. 27).
La collecte sera réalisée avec celle des boîtes, sacs et bouchons.
(1) Collecter après le traitement, panorama d'Adivalor, dans Phytoma n° 634 de mai 2010, pp. 45 à 48.
(2) Regroupement nécessaire pour leur demander contribution financière à l'opération, ce qui est une obligation légale.