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dossier - Méthodes alternatives

Méthodes alternatives quelle (bio)diversité

Marianne Decoin Phytoma - Phytoma - n°652 - mars 2012 - page 11

Produits de bio-contrôle et auxiliaires de plus en plus variés, mesures indirectes de plus en plus réfléchies, méthodes dites physiques inédites : la diversité des méthodes alternatives ne cesse d'augmenter, comme celle des recherches en la matière ; donc des sujets traités dans Phytom a. Démonstration dans ce dossier. Entre autres.
Diffuseur de phéromones sur pommier. Voir l'article p. 22. ph. De Sangosse

Diffuseur de phéromones sur pommier. Voir l'article p. 22. ph. De Sangosse

 ph. C. Zugaj, De Sangosse

ph. C. Zugaj, De Sangosse

Le terme de méthodes alternatives de protection des plantes désigne celles qui n'utilisent pas de pesticides chimiques (c'est-à-dire de produits phytopharmaceutiques issus de la chimie de synthèse et à action pesticide contre les bio-agresseurs des plantes).

Elles peuvent utiliser d'autres types de produits phytos : pesticides naturels (« bio-pesticides »), autres produits (stimulateurs de défenses des plantes, attractifs, etc.) ; ou faire appel à des auxiliaires de lutte biologique, des techniques « physiques » ou des méthodes indirectes : aménagements, agronomie...

Côté produits

p. 14, le mondial du bio-contrôle

Le premier article de ce dossier nous emmène en Suisse, mais aussi en France, Italie, Israël, Japon, États-Unis... Un tour du monde ! Il évoque des nouveautés dévoilées à la réunion 2011 sur le bio-contrôle de Lucerne (Suisse), par des intervenants des pays cités.

Ces nouveautés sont des produits de bio-contrôle. Le terme « bio-contrôle », et ce qu'il recouvre, est discuté p. 14. On verra qu'il englobe la lutte biologique mais ne s'y limite pas. A noter : les produits de bio-contrôle ne sont qu'une partie

des outils des méthodes alternatives de protection des plantes (voir le tableau ci-dessus). Mais ils offrent déjà une variété certaine.

Découvrez des micro-organismes, macro-organismes, phéromones et substances naturelles présentés à Lucerne et qui ont retenu l'attention de notre envoyé spécial.

p. 17, Trichoderma, panacée ou perlimpinpin ?

Place ensuite aux champignons du genre Trichoderma, micro-organismes outils de protection des plantes. En France, deux souches sont autorisées dans des produits phytos(1) : la souche T 22 deTrichoderma harzianum dans Trianum G et Trianum P, et la souche I-1237 de T. atroviride dans Esquive WP. Mais le genre Trichoderma présente une très forte diversité.

Diversité des espèces et souches : 11 souches, dont celles déjà citées, sont « approuvées » par l'Union européenne donc autorisables dans des produits phytos dans les pays de l'Union, France comprise. Il y en a bien davantage à l'étude.

Diversité des modes d'action... Chaque souche peut en cumuler allègrement plusieurs. Diversité des avis à leur sujet... Panacées universelles ou souches de perlimpinpin ? L'article propose une réponse à la question.

p. 22, pomme, la confusion sexuelle pour un fruit (mieux) défendu

La confusion sexuelle, on connaît le principe : saturer l'atmosphère des parcelles à protéger de phéromones sexuelles femelles de l'espèce de ravageur qu'on vise. Les mâles ne peuvent plus percevoir l'émission de phéromones des vraies femelles, donc aller à leur rencontre. Il n'y a pas fécondation donc pas de larves voraces.

Mais, une fois ces phéromones identifiées et fabriquées, que peut-on faire de neuf ?

Le printemps dernier et celui qui commence montrent ce qu'on peut faire, justement. Il y a cinq nouveautés (l'une d'elles est en photo page de droite) pour les vergers de pommiers et poiriers.

Auxiliaires à lâcher

p. 25, ils sont 14 nominés pour l'Oscar des trichogrammes

Après les pommes, les tomates. Les méthodes alternatives pour protéger les cultures de tomate contre la mineuse Tuta absoluta intègrent plusieurs moyens, notamment des « produits de bio-contrôle » : bio-insecticides ainsi que macro-organismes auxiliaires pour la lutte biologique par inondation, dont les trichogrammes.

Mais une seule espèce est commercialisée jusqu'ici ; un peu court. Un programme Cas-Dar cherche d'autres espèces et/ou souches à meilleur rapport performance/coût d'élevage (meilleur « taux de parasitisme », et autres critères expliqués dans l'article). La première sélection a permis de nominer 14 candidats...

p. 29, acarien anti-mouche, radis et mulch... mais ? ! ?

Un acarien du sol prédateur de mouches des racines est déjà commercialisé contre les mouches des terreaux en productions hors-sol. Il a été testé en pleine terre sur culture de radis, sous tunnel et en plein air, avec ou sans mulch, contre les mouches du genre Delia.

Certains résultats étaient espérés : oui, cette espèce d'acarien (Macrocheles robustulus) est prometteuse. Des conditions d'efficacité semblent se dessiner.

Parmi ces conditions, justement, certains résultats n'étaient pas attendus : ils concernent les relations mouche/acarien/mulch.

Et la loi de tout ça ?

p. 32, décret attendu et taux surprise

Parlons maintenant de loi. La réglementation autour des outils des méthodes alternatives déjà évoqués a évolué récemment.

Fin janvier, un décret a encadré « l'entrée sur le territoire » et « l'introduction dans l'environnement » des « macro-organismes non indigènes ». Les mots entre guillemets sont extraits du décret, et expliqués dans l'article.

Fin février, vote surprise à l'Assemblée : les taux de TVA applicables aux produits phytos utilisables en agriculture biologique (la grande majorité sont des produits alternatifs ou de biocontrôle) vont être réduits par rapport à ceux des autres produits phytos. Chiffres dans l'article.

Autres méthodes alternatives

p. 34, oiseaux, vignes et autour, le poids du paysage

Les pages suivantes ouvrent une fenêtre sur une bio-diversité visible et audible : celle des oiseaux, leur chant... et leur intérêt comme auxiliaires potentiels, et aussi leur rôle d'indicateur de l'état biologique des milieux.

Un suivi de l'avifaune a été mené dans le vignoble bourguignon sur 18 parcelles avec trois types d'environnements différents, et deux types de conduite, bio et intégrée. Où l'on pèse le poids du paysage... Autrement dit, l'intérêt des pratiques dans les parcelles, mais aussi de l'aménagement de leurs alentours.

p. 38, typhlos des vergers, faune diverse et évoluée

Retour en vergers, pour parler de typhlodromes, ou phytoseiidae, acariens prédateurs des acariens ravageurs. Il ne s'agit pas d'auxiliaires qu'on lâche, mais on peut compter sur eux si on sait les favoriser. On parle de lutte biologique par conservation, méthode indirecte de protection des plantes.

Un inventaire a été fait sur 129 parcelles de pommiers de 26 départements. Résultats : de la biodiversité, une situation à comparer avec celle des vignes proches dans les régions viticoles. Et des évolutions notables à relier à celles des pratiques phytosanitaires.

Et aussi : des parcelles sans pression d'acariens phytophages donc sans traitement acaricide, grâce à la présence, justement, des phytoséiides. A noter aussi : les espèces dominantes varient, mais le « travail d'auxiliaire » est toujours fait.

p. 42, méthode physique sur céréales, le chaud qui vient du froid

Pour finir, une méthode physique. Habituellement, ces mots désignent le désherbage mécanique ou les barrières physiques contre les insectes. Là, il s'agit d'utiliser la chaleur pour traiter des semences de céréales à paille contre diverses maladies.

Le principe paraît simple, mais le réglage est très, très « pro ». Il est adapté à chaque lot. La technique, nommée ThermoSeed, arrive en France. Elle nous vient du froid : de Scandinavie précisément.

Ce dossier n'est pas tout !

Il reste à souligner un fait que connaissent nos lecteurs fidèles, mais pas ceux qui pourrraient (re)découvrir la revue avec ce dossier : les méthodes alternatives, dans Phytoma, ce n'est pas qu'un dossier par an.

Le mois dernier, il y avait deux articles sur les auxiliaires en cultures ornementales (un sur ceux à favoriser, l'autre sur ceux à apporter) et le « papier » sur les nouveaux produits phytos faisait la part belle à un bio-insecticide.

Au printemps, on re-parlera de lutte intégrée contre Tuta. La revue ne se limite pas et ne se limitera pas aux méthodes alternatives, mais leur ouvre grand ses colonnes.

<p>(1) Dans ces pages, et du reste dans tout ce dossier, phyto = phytopharmaceutique.</p>

L'essentiel de l'offre

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