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Flavescence dorée en viticulture, une fatalité durablement gérable ?

Maarten VAN HELDEN* - Phytoma - n°654 - mai 2012 - page 24

Fatalité, car le phytoplasme et son vecteur sont difficiles à éradiquer. Durablement gérable, c'est ce que montrent les GDON girondins.
Piège Tri-Änglué jaune sur une parcelle de Pessac Léognan. Il permet de surveiller les populations de cicadelles adultes dans les périmètres de lutte obligatoire aménagée contre la FD. Intéressant dans ce vignoble où l'eudémis est maîtrisée par confusion sexuelle, en fait foi le diffuseur à phéromones visible au premier plan. ph. BxScAGro)

Piège Tri-Änglué jaune sur une parcelle de Pessac Léognan. Il permet de surveiller les populations de cicadelles adultes dans les périmètres de lutte obligatoire aménagée contre la FD. Intéressant dans ce vignoble où l'eudémis est maîtrisée par confusion sexuelle, en fait foi le diffuseur à phéromones visible au premier plan. ph. BxScAGro)

Pied de vigne contaminée par la flavescence dorée dans un jardin de particulier.      Ces vignes cultivées mais pas traitées sont des réservoirs de cicadelles et des sources de contamination pour les parcelles viticoles proches, tout comme les vignes sauvages de fossés ou de sous-bois. Un problème difficile à résoudre. ph. Vitinnov

Pied de vigne contaminée par la flavescence dorée dans un jardin de particulier. Ces vignes cultivées mais pas traitées sont des réservoirs de cicadelles et des sources de contamination pour les parcelles viticoles proches, tout comme les vignes sauvages de fossés ou de sous-bois. Un problème difficile à résoudre. ph. Vitinnov

La loi impose aux viticulteurs de mener une lutte obligatoire contre le vecteur de la flavescence dorée, grave maladie de la vigne due à un phytoplasme. Or la maladie s'étend...

Ceci ferait augmenter le nombre de traitements, en contradiction avec le plan Écophyto, sans la possibilité légale dite de « lutte aménagée ». De quoi s'agit-il ? Voici l'exemple de ce qui se fait en Aquitaine.

Une maladie à lutte obligatoire

Un vecteur américain stimule un pathogène européen

La flavescence dorée (FD) est connue en France depuis les années soixante. Récemment, Arnaud et al. (2007) ont montré que le phytoplasme est originaire de la végétation sauvage européenne. Apparemment quelques très rares événements de transmission du compartiment sauvage vers la vigne ont pu avoir lieu (par d'autres cicadelles telles que Oncopsis alni), mais c'est la cicadelle de la flavescence dorée Scaphoideus titanus, d'origine américaine, qui a pris le relais pour transmettre de plante en plante dans les vignobles.

Cette cicadelle est aujourd'hui identifiée dans quasiment toutes les zones viticoles de France (excepté le nord-est). La maladie a pour l'instant une répartition plus restreinte mais elle progresse de façon régulière (Fig. 1).

Organisation réglementaire

Les efforts pour éradiquer la maladie sont définis dans l'Arrêté du 9 juillet 2003 (AGRG0301461A). Les dispositifs régionaux et la définition des PLO (périmètres de lutte obligatoire) sont mis à jour chaque année par arrêté préfectoral.

En cas de découverte d'un pied symptomatique, le propriétaire doit le signaler au SRAL (ancienne PV). Des analyses PCR sont ensuite indispensables pour distinguer la FD du bois noir, autre jaunisse à phytoplasme à symptômes identiques.

En cas de confirmation de FD, la commune, ainsi que ses communes limitrophes, entrent en PLO. Les dates des traitements sont définies par le SRAL et communiquées par le biais du Bulletin de santé du végétal. Outre les traitements, il y a obligation d'arrachage de tous les pieds porteurs de symptômes de jaunisse (ou tous les pieds des parcelles portant plus de 20 % de pieds contaminés) et des parcelles abandonnées, et les repousses doivent être éliminées.

Pour pouvoir sortir du PLO, la non-contamination ou l'assainissement d'une commune doit être démontré, en général par deux ans de prospection sans détection de pieds contaminés.

Limites du dispositif

Difficile de détecter à temps

Ce dispositif ne s'est malheureusement pas montré très concluant pour plusieurs raisons. D'abord, la déclaration initiale des pieds suspects n'est que très rarement faite. Vignerons et conseillers ne reconnaissent pas toujours les symptômes ou préfèrent ne pas les déclarer.

D'importants foyers « apparaissent » ainsi tardivement, quand la situation est déjà hors de contrôle. La surveillance effectuée par la FRE DON permet de détecter précocement certains foyers mais les moyens disponibles ne suffisent pas pour couvrir tout le territoire de manière exhaustive.

Ce n'est que très récemment que le monde professionnel s'est mobilisé autour de cette problématique. En Gironde, les prospections plus approfondies qui en ont découlé ont entraîné l'entrée en PLO de quasiment tout le département. Cette conséquence a priori négative présente cependant l'avantage de mieux connaître l'état sanitaire du vignoble et permet d'adopter des mesures de gestion adaptées.

Traitements obligatoires pas toujours respectés

Le respect des traitements obligatoires est une autre faiblesse. Pendant longtemps il y a eu une obligation de moyens (envoi des factures insecticides, facile à contourner) sans obligation de résultat (maîtrise du vecteur). En même temps il semble exagéré d'imposer trois traitements contre un insecte qui développe une seule génération par an, et cela sans vérifier sa présence sur les parcelles. Or, très peu de vignerons réalisent des observations de larves de cicadelle, et la plupart ne s'inquiètent de la FD que s'ils sont directement touchés par la maladie. C'est pourquoi bon nombre de viticulteurs en PLO préféraient ne pas faire tous les traitements théoriquement obligatoires.

Quelques contrôles de populations sur des parcelles en PLO étaient réalisés par le SR AL et FRE DON chaque année. En cas de présence avérée (difficile à détecter sur des populations de larves souvent faibles), le vigneron recevait un avertissement lui demandant de traiter. L'utilisation de la roténone, seul produit homologué en culture bio jusqu'en 2009 mais peu efficace, réduisait encore l'efficience de la lutte.

Difficile de bien prospecter

En dehors des traitements, des prospections sont nécessaires pour éradiquer la maladie et sortir du PLO. Elles étaient cependant insuffisantes car elles représentent de fortes contraintes techniques, organisationnelles et financières. Une prospection exhaustive des PLO est en effet très laborieuse et gourmande en temps (maximum 10 ha parcourus par personne et par jour), au moment le moins opportun (mi-août à octobre). De plus, les analyses des pieds sont coûteuses. Face aux problèmes de disponibilité et de coût, des prospections ont parfois été organisées avec des lycées agricoles mais elles sont souvent restées incomplètes.

Dans ce contexte de désengagement et de délaissement de la lutte obligatoire, la maladie s'est rapidement répandue dans quasiment toute la moitié sud de la France. Présente depuis 1994 dans le Bordelais (Entre-Deux-Mers), elle a vite progressé en Gironde, faute de prise de conscience du risque par les vignerons.

La prise de conscience a commencé au début des années 2000.

Changement de mentalité, cas de Pessac-Léognan

Large prospection en 2003

Le premier exemple qui sera détaillé ici concerne Pessac-Léognan, où de la FD a été détectée en 2003.

En grande partie en confusion sexuelle contre l'eudémis et pour éviter la lutte à trois traitements, les propriétés se sont mobilisées pour mettre en œuvre, en accord avec le SR AL, un dispositif expérimental.

Il a d'abord consisté à prospecter la totalité des 1 500 ha dès l'été 2003 avec des étudiants de Bordeaux Sciences Agro (ex-ENITA de Bordeaux) et des vignerons, formés et supervisés par le SR AL et la FREDON.

Ce travail a montré que la FD n'était pas encore très installée hors du foyer initial. Il était donc envisageable de moduler les obligations de traitements.

Surveillance de la cicadelle

Un contrôle au printemps 2004 a en revanche révélé la présence de la cicadelle sur quasiment toutes les parcelles qui n'avaient pas reçu d'insecticide neurotoxique depuis plusieurs années.

Un réseau de pièges jaunes (Tri-Änglué, photo ci-dessus), efficaces pour capter les adultes de la cicadelle, a été utilisé pour surveiller les populations après traitements au cours des deux années suivantes. Ce dispositif a permis de vérifier l'efficacité d'une stratégie à deux traitements. Par ailleurs, les pièges se sont aussi révélés très utiles pour convaincre les vignerons potentiellement réticents de faire les traitements.

Ne pas relâcher trop vite

Après deux ans de surveillance et prospection, le PLO a été réduit à la commune de Léognan. Le dispositif expérimental a laissé place à une simple obligation de traitement et une prospection de quelques parcelles contaminées. Choix un peu malheureux... Deux ans plus tard, la maladie avait de nouveau progressé et une relance de l'action s'est avérée indispensable. Les causes de cet échec seront abordées ultérieurement.

Cas du Libournais

Forte mobilisation en 2007 pour un vaste PLO

Le deuxième exemple concerne le Libournais. En 2007, quelques pieds malades détectés par la FREDON sur les communes de Lussac et Montagne ont entraîné la création d'un vaste PLO à forte dominance viticole (12 000 ha de vigne). Les vignerons des différents ODG concernés sollicitent le SR AL et Bordeaux Sciences Agro pour élaborer un programme permettant :

– de maîtriser la maladie,

– tout en limitant les traitements,

– et cela de façon durable.

GDON créé, cercles concentriques

La mobilisation des professionnels a été formalisée par la création du GDON du Libournais qui a recruté un ingénieur-animateur pour organiser ce chantier gigantesque.

La réflexion menée a abouti à l'application dès 2008 d'un dispositif de lutte modulant le nombre de traitements selon l'éloignement des parcelles aux foyers de flavescence dorée : 3 traitements obligatoires dans un cercle de 500 m autour des parcelles contaminées, un seul traitement entre 500 m et 4 km de ces parcelles. Au-delà de 4 km, il n'y avait qu'incitation à traiter en cas de présence de cicadelles.

La surveillance avec les pièges a permis de montrer l'efficacité des traitements dans les cercles mais aussi la présence de cicadelles adultes (et donc incitation non suivie) dans les zones autour. Une réduction de 64 % des traitements obligatoires a ainsi été atteinte dès la première année.

50 marcheurs sur 13 000 ha

Cependant l'objectif prioritaire était de mieux caractériser l'importance de la flavescence dorée sur la zone. Une prospection a été organisée sur plus de 13 000 ha de vigne (périmètre du GDON élargi à quelques communes).

Cinq équipes de 10 « marcheurs » ont ainsi parcouru les vignes à l'aide de cartographie par photo aérienne, pour repérer les pieds symptomatiques. Chaque équipe comprenait un expert qui prélevait pour analyse les ceps jugés suspects. Cet effort colossal (1 200 jours de travail sur 6 semaines) a donné lieu à presque 1 200 « prélèvements ».

Les analyses de laboratoire ont finalement révélé environ 900 pieds de jaunisse, dont deux ( !) de flavescence dorée et le reste de bois noir. Ce résultat montre certes une très faible présence de la FD (objectif 1 atteint ?) mais aussi un très évident défaut de signalement des souches symptomatiques les années précédentes.

Le GDON élargit ses services

L'expérience à Pessac-Léognan a montré qu'une action ciblée seulement sur la FD perd vite son intérêt pour les vignerons.

Pour éviter cet écueil, le GDON du Libournais a étoffé ses services. La surveillance a ainsi été étendue aux autres ravageurs dès 2009 (vers de la grappe, cicadelle verte), puis aux maladies en 2010.

Cette action technique est aujourd'hui très appréciée par l'ensemble de la profession de la zone (http://www.gdon-libournais.fr/).

Elle représente un réseau d'observations unique en France, fournissant des données de qualité, accessibles aux vignerons et aux conseillers et apportant un complément local au Bulletin de santé du végétal.

Cela permet de maintenir la surveillance de la FD

Grâce au développement de ce réseau plus complet, la mobilisation autour de la FD a pu être maintenue. Chaque année, 20 à 25 % des parcelles sont entièrement prospectées. Cela semble proche de l'effort minimum à faire pour éviter des dérapages puisque de nouveaux petits foyers sont identifiés chaque année.

Même si des assainissements de foyers ont été possibles localement, la maladie semble s'être installée durablement.

Aujourd'hui il ne semble pas opportun de réduire le PLO sur le Libournais. Les quelques communes qui étaient sorties du dispositif de surveillance se sont en effet retrouvées deux ans plus tard avec une forte augmentation de la FD, comme sur Pessac-Léognan.

Lequel vignoble, en 2008, a suivi l'exemple du Libournais : création d'un GDON, surveillance élargie aux autres ravageurs.

Mieux gérer la maladie dans ces GDON ?

Difficile de repérer tous les ceps infestés dans les parcelles

Comment expliquer cet apparent échec des actions pour réduire les PLO ? Plusieurs éléments sont aujourd'hui incriminés.

Tout d'abord, il est illusoire de prétendre avoir identifié tous les ceps malades lors des prospections.

La présence de multiples pieds de bois noir, et le fait que des pieds de flavescence dorée n'expriment les symptômes qu'après une ou plusieurs années rendent en effet cette affirmation périlleuse.

Gare aux vignes poussant hors des parcelles !

Mais ce n'est pas tout. L'apparition régulière de ceps contaminés sur des zones où la lutte obligatoire est scrupuleusement respectée a mis en évidence une autre source de contamination.

En effet des pieds « sauvages » en sous-bois ou fossé, ou des pieds cultivés chez des particuliers, non impliqués dans les actions, sont parfois porteurs de la maladie et du vecteur, comme l'illustre la photo ci-contre.

Ce problème a été géré au cas par cas, mais à ce jour aucune solution ne permet de le résoudre entièrement et de le prévenir.

Un beau coup, à quel coût ?

Durabilité financière

Les actions des GDON sont en majorité financées par les professionnels sous forme de cotisation par hectare. Mais ce type de projets n'est pas pour autant réservé aux appellations viticoles prestigieuses car ils sont en général rentabilisés par l'économie de traitements permise par le GDON.

À titre d'exemple, le dispositif du GDON du Libournais, alors dédié spécifiquement à la flavescence dorée, a coûté 450 000 € la première année, soit 35 € par hectare. Grâce au soutien des partenaires financiers (CIVB, Agence de l'eau, région...), 22 € par hectare restaient à la charge des vignerons. Ces derniers ont alors pu économiser deux traitements par hectare en moyenne.

Le GDON du Libournais offre aujourd'hui une prestation bien plus large que la flavescence dorée pour un montant par hectare similaire pour les vignerons (budget annuel d'environ 250 000 €).

D'autres domaines de durabilité

La démarche des GDON est durable aussi sur des plans autres qu'économiques.

En effet, elle participe à la sensibilisation et à la formation des acteurs du secteur à la problématique de la flavescence dorée, au renforcement des compétences locales et à l'animation du territoire. Les GDON génèrent de l'activité (deux salariés permanents complétés de salariés en CDD en saison dans le GDON du Libournais) mais aussi une réflexion sur les pratiques phytosanitaires.

Enfin, le bénéfice environnemental (« agriculture durable ») est évident.

Dans les deux exemples mentionnés ici, les traitements insecticides obligatoires ont été réduits de 70 à 80 % ces dernières années. Grâce à la polyvalence des produits utilisés contre Scaphoideus titanus et aux données de surveillance des ravageurs transmises aux vignerons, une baisse de l'IFT insecticides a même été observée dans le Libournais par rapport à 2006 (année de référence), soit avant l'arrivée de la flavescence dorée et la création du GDON.

Mais si le caractère durable d'une telle démarche ne semble plus à démontrer, l'engagement des professionnels doit lui aussi être durable pour en assurer la pérennité.

Que se passe-t-il ailleurs ?

Les initiatives se développent

Suite aux résultats probants des travaux innovants menés sur Pessac-Léognan et le Libournais, une quinzaine d'autres GDON ont vu le jour en Aquitaine : Sauternes et Graves, Médoc, Castillon-Franc, Bourg, etc., et, dernier-né, le GDON de Bordeaux/Bordeaux Sup. La quasi-totalité de la Gironde est aujourd'hui organisée sous forme de GDON (Fig. 2).

Ailleurs en Aquitaine et en France, des initiatives comparables ont vu le jour.

Cette situation montre une prise de conscience grandissante. Cela va de pair avec une augmentation des surfaces en PLO, qui semble plutôt dûe à un fort accroissement des prospections qu'à une réelle progression de la maladie. Les surfaces en prospection et les efforts de surveillance par piégeage augmentent clairement.

Protocoles très (trop ?) variés

Cependant, les protocoles de lutte, de monitoring des insectes et de prospection appliqués sont très variés. Des dispositifs restreints peuvent être proposés, généralement pour des raisons économiques.

Dans de tels cas, il est indispensable que l'aménagement de la lutte soit réfléchi et adapté à la hauteur de la surveillance mise en place, afin d'éviter une prise de risque inconsidérée et un développement incontrôlé de la maladie.

Un effort soutenu doit nécessairement être maintenu durant quelques années pour bien caractériser le problème avant d'alléger ces protocoles.

Quelles améliorations, quelles perspectives ?

À propos des traitements

Reste à se poser la question du quo vadis : peut-on encore augmenter l'efficacité des actions ou diminuer les traitements ? Il n'est pas évident d'y répondre, et les pistes proposées ci-après comportent des limites.

• Le problème des sources d'infection hors-parcelle semble impossible à gérer. Les traitements biologiques ne s'avèrent pas toujours assez efficaces. Sur ces points, il est difficile de s'exprimer.

• Le vigneron peut réduire son recours aux insecticides en profitant du spectre assez large de certains neurotoxiques utilisés contre Scaphoideus titanus pour viser simultanément une autre cible (vers de la grappe, cicadelle verte). Mais cette option intéressante présente des limites techniques : peu de produits à AMM 'multi-cible', nécessité de traiter plein feuillage pour Scaphoideus titanus mais pas pour les tordeuses.

• Les traitements obligatoires pourraient encore être diminués hors des foyers, mais à la condition sine qua non d'être appliqués par tous. En effet, si la lutte collective est bien respectée une année donnée, les populations de cicadelle sont fortement réduites durant plusieurs campagnes : une intervention chaque année ne paraît donc pas nécessaire. Mais il semble difficile de coordonner toute la profession. Cela soulève aussi le besoin de travaux de recherche/développement pour acquérir plus de données sur la dynamique de recolonisation de l'insecte.

Obligation de résultat ?

• Enfin, une voie alternative (complémentaire à la précédente) serait de remplacer l'obligation de « traitement » par celle de « résultat » où le vigneron doit intervenir si des larves de cicadelles sont présentes sur la parcelle. Mais cela implique la réalisation d'observations performantes par les vignerons ou leurs conseillers, ce qui n'est pas fait en routine pour l'instant et exige des observateurs formés.

De plus, comme pour le signalement des pieds symptomatiques, la réussite d'une telle approche reste conditionnée à la volonté de chaque vigneron de respecter ces devoirs de comptage et de traitement.

D'autres améliorations sont sans doute envisageables. Dans un premier temps, une évaluation plus complète des actions sera nécessaire pour mieux identifier des indicateurs de durabilité et d'efficacité pertinents et objectifs.

Ces démarches en cours soulignent avant tout que la bonne compréhension et l'adhésion des professionnels sont primordiales pour qu'une mesure, technique comme réglementaire, soit appliquée avec succès. Une action collective et concertée, portée par la profession et accompagnée par des spécialistes réglementaires et scientifiques conscients des contraintes pratiques, a les meilleures chances de porter des fruits.

Remerciements : Un grand merci à tous les animateurs des différents GDON et leurs ODG, SR AL, FREDON, Chambre d'agriculture, INRA et Vitinnov qui ont contribué au développement des actions.

Fig. 1 : Flavescence, la lutte obligatoire s'étend, la lutte aménagée aussi.

Evolution des surfaces en PLO (périmètre de lutte obligatoire) flavescence dorée en France, en lutte aménagée par rapport à la lutte 3 traitements.

Données Trespaillé-Barreau.

Fig. 2 : En Aquitaine, les GDON dépassent la Gironde.

Cartographie 2011 des GDON en fonctionnement en Aquitaine (Données SRAL Aquitaine).

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RÉSUMÉ

- CONTEXTE : La Flavescence dorée, maladie à phytoplasme de la vigne transmise par la cicadelle Scaphoideus titanus, progresse toujours en France et en Europe. Son statut de maladie de quarantaine impose une lutte insecticide intensive contre le vecteur en périmètre de lutte obligatoire (PLO), combinée avec une prospection rigoureuse pour identifier et détruire les plants malades.

Une telle lutte intensive est aujourd'hui difficilement conciliable avec les exigences environnementales et économiques.

- ÉVOLUTION : Après une longue période de « lutte à trois traitements » (jusqu'en 2003), de grands progrès ont été faits en Aquitaine par différents GDON appliquant des stratégies alternatives.

Celles-ci ont permis une maîtrise satisfaisante de la maladie, avec jusqu'à 80 % de réduction des traitements obligatoires.

Ces actions ont en même temps permis d'identifier certaines faiblesses du système pour lesquelles il n'y a pas encore de solution efficace, et qui montrent que l'éradication de la maladie est illusoire.

Sortir des communes d'un PLO ne doit pas être fait précipitamment.

- BILAN : Cet article présente un bilan intermédiaire, la réelle efficacité de ces actions ne pouvant être appréciée qu'en fonction des résultats des années à venir.

- MOTS-CLÉS : vigne, phytoplasme, flavescence dorée, cicadelle Scaphoideus titanus, PLO périmètre de lutte obligatoire, GDON Groupement de défense contre les organismes nuisibles, lutte aménagée.

POUR EN SAVOIR PLUS

* MAARTEN VAN HEL DEN : Enseignantchercheur à Bordeaux Sciences Agro. 1, cours du Général-de-Gaulle. 33175 Gradignan cedex.

CONTACT : maarten.vanhelden@agro-bordeaux.fr

BIBLIOGRAPHIE : Arnaud G., Malembic-Maher S., Salar P., Bonnet P., Maixner M., Marcone C., Boudon-Padieu E. et Foissac X., 2007 - Multilocus Sequence Typing Confirms the Close Genetic Interrelatedness of Three Distinct Flavescence Dorée Phytoplasma Strain Clusters and Group 16SrV Phytoplasmas Infecting Grapevine and Alder in Europe. Applied and Environmental Microbiology June 2007, p. 4001–4010 Vol. 73, N° 12.

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