Le choix des articles de ce dossier de juin-juillet est, comme il est d'usage dans toute revue d'information(1), dicté par ce qui se passe sur le terrain. C'est-à-dire au niveau des végétaux d'une part et, d'autre part, des humains.
Les sujets des travaux et le choix des moyens
Actualité technique
Les végétaux ? Oui, car les problèmes de santé (autrement dit : « phytosanitaires ») du moment ainsi que les recherches de solutions à ces problèmes font l'actualité : ils sont les thèmes techniques que nous devons traiter dans nos pages.
Si ce dossier parle beaucoup d'arbres, peu de fleurs et pas de gazon, c'est que l'actualité technique phytosanitaire le veut ainsi.
Tendance de fond humaine
Les humains ? Oui, aussi. Certes, les sujets de leurs travaux sont imposés par les végétaux et problèmes phytosanitaires (voir l'exemple du charançon du palmier). Mais le choix des moyens testés pour résoudre ces problèmes, parmi tous ceux techniquement envisageables, peut découler d'enjeux de société. De tendances de fond.
Or, c'est net, en espaces verts et jardins, les recherches s'orientent vers les méthodes dites « alternatives » ou « complémentaires » à l'usage de produits phytopharmaceutiques chimiques. Les innovations qui en découlent sont, de plus en plus, « biologiques ».
Le mouvement existe aussi en agriculture, voir notre dossier de mars dernier(2), mais les zones non agricoles semblent avoir une longueur d'avance. En voici l'écho.
Pins, palmiers, face à des « ravageurs qui montent »
- p. 17, Pins, processionnaire, pièges de deux types très différents
Commençons par la protection des conifères contre la processionnaire du pin.
L'actualité technique est celle d'un ravageur émergent : connu depuis belle lurette mais qui monte vers le nord. Il est de plus en plus présent sur pins de jardins, espaces verts, alignement, voirie, en boisements péri-urbains (mi-forêts mi-espaces verts) et en massifs forestiers.
Une équipe Inra a travaillé sur le piégeage, non plus pour surveiller les populations mais comme outil de lutte directe.
On parle de piégeage de masse. Mais quoi piéger ? Les adultes ? Les larves ? Les deux ! Avec des pièges différents. Très différents…
- p. 23, Palmier, charançon, bio-insecticide de deux souches
Autre ravageur, le charançon rouge, détecté en France pour la première fois fin 2006, est mortel pour les palmiers si rien n'est fait pour le combattre.
Phytoma a déjà rapporté des travaux sur :
– la protection physique (taille sanitaire(3), badigeonnage de glu(4) même si ce dernier vise plutôt le papillon palmivore),
– l'apport d'auxiliaires (nématodes(5)),
– un produit phyto biologique, lui aussi vivant et qui peut pénétrer dans le palmier(6).
Ce bio-insecticide, le champignon entomopathogène Beauveria bassiana, est testé par une équipe NPP-Végétech-SCRADH. À souligner : il y a deux souches en lice.
Arbres de rues et de villes
- p. 28, Platane, tigre, auxiliaires de deux genres associés
Troisième ravageur d'arbres non agricoles, le tigre du platane. L'espèce n'est ni émergente ni mortelle pour les végétaux, mais elle cause des nuisances aux arbres et surtout au public : chutes d'insectes et miellat sur le mobilier urbain, les véhicules stationnés, les terrasses, etc.
Une équipe plurielle, dans le cadre d'un programme nommé PETAAL(7), a testé une stratégie intégrée associant deux auxiliaires différents et complémentaires : des nématodes et des chrysopes. Nous en avions déjà parlé(8), voici la synthèse finale.
- p. 31, Marronnier, chancre bactérien, diagnostic
Quittons les méthodes directes de protection pour le diagnostic sanitaire des arbres.
Ce diagnostic, d'autant plus utile qu'il sera précoce, peut utiliser des techniques de laboratoire très pointues. C'est le cas pour la nouvelle nécrose bactérienne du marronnier : la PCR permet un diagnostic avant symptôme spécifique voire avant tout symptôme, donc une prophylaxie plus efficace.
L'exemple donné est celui de Paris, en lien avec Vegenov pour la mise au point du test. L'occasion aussi de balayer les problèmes sanitaires des arbres de la grande Ville.
Côté fournisseurs
- p. 34, l'UPJ, le marché, les actions
Maintenant un marronnier… au sens journalistique : le bilan annuel de l'UPJ(9). À noter :
– la baisse, chiffrée, du marché phyto surtout herbicide en espaces verts, en lien avec la montée du désherbage alternatif ;
– le développement, chiffré, de la marque « Produit Naturel » et celui, non chiffré, des produits phytos UAB (utilisables en agriculture biologique, mention valable aussi en zones non agricoles) ;
– les actions ayant abouti à une TVA réduite pour ces produits UAB et le développement de l'activité diagnostic. Rapport avec l'offre « plurielle » des adhérents de cette union de fabricants de produits phytos chimiques mais aussi naturels, d'auxiliaires, produits d'hygiène, nutrition, supports de culture ? Cohérence avec le développement, plus fort en ZNA qu'en agriculture, des méthodes alternatives ? Possible.
- p. 38, produits phytos, les insecticides portent bio
En tout cas, la revue des produits de l'année, autre marronnier de la revue, confirme cette tendance au naturel : les trois insecticides sortis sont tous biologiques !
Certes il y a trois fongicides classiques. Encore que l'un des bio-insecticides soit aussi fongicide… Avec la même et unique substance active ? Si, c'est possible.
Au fait, la plupart de ces produits concernent des végétaux ligneux ou semi-ligneux : arbres et arbustes d'ornement et rosier à protéger, broussailles à maîtriser (les deux « herbicides » sont débroussaillants)…
Action filière
- p. 40, un pacte qui rassemble
Évocation d'une action de lobbying au sens noble du terme. Elle unit 31 partenaires autour du Pacte pour le jardin dans la cité. Un peu loin de la santé végétale mais c'est un de ses acteurs, l'UPJ, qui en est à l'origine. Et action à valoriser comme le label Ecojardin évoqué ci-contre. Deux louables initiatives. Aïe ! Avec l'adjectif « louable », voilà que pointe le bout du nez d'une opinion à côté de l'information ! Nul n'est parfait.
<p>(1) Il existe aussi des périodiques d'opinion et/ou de communication institutionnelle (voix d'un organisme, une association, collectivité, entreprise, etc.). <i>Phytoma</i> appartient certes à une association, mais présenter ou défendre celle-ci n'est pas l'objet de la revue. <i>Phytoma</i> est bien une revue d'information technique et de vulgarisation scientifique.</p> <p>(2) Méthodes alternatives, quelle (bio-)diversité ! <i>Phytoma</i> n° 652, mars 2012, p. 11 à 44.</p> <p>(3) Ferry M. & Gomez S., 2008. Une nouvelle stratégie contre le charançon du palmier. <i>Phytoma</i> n° 620, novembre 2008, p. 24 à 28.</p> <p>(4) Peltier & al., 2010. Palmier, efficacité préventive d'une glu. <i>Phytoma</i> n° 637, octobre, p. 18 à 21.</p> <p>(5) Dans Chapin E. 2009, Papillon palmivore, charançon du palmier, un panel de solutions possibles. <i>Phytoma</i> n° 626-627, octobre 2009, p. IV-VI.</p> <p>(6) Publié en 2009 et 2011 (références dans l'article).</p> <p>(7) Signification du sigle et partenaires dans l'article.</p> <p>(8) Verfaille T. & al., 2011. Stratégie combinée contre le tigre du platane. <i>Phytoma</i> n° 648, novembre, p. 32 à 36.</p> <p>(9) Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces publics.</p> <p>En savoir plus (pour les abonnés) : phytoma@gfa.fr.</p>
Ecojardin, ça avance
Pour le label Ecojardin, les choses ont avancé depuis avril dernier (photo).
D'abord, le site pour poser la candidature de jardins et/ou espaces verts, et que nous avions déjà cité(1), est désormais opérationnel : www.label-ecojardin.fr
Et puis la liste des auditeurs a été officialisée le 21 juin. Ils sont cinq (organismes ou regroupements), chacun couvrant une ou deux des sept grandes régions prédéterminées en avril dernier :
– Gondwana pour les zones Centre et Nord,
– ARP-Astrance pour le Grand Ouest,
– Oréade-Brèche pour le Sud-Ouest,
– Groupement CIME (regroupant 5 organismes : CIME, Agrostis, Géophyte, Brassica et Hélianthème) pour Rhône-Alpes et l'Arc méditerranéen,
– Groupement Urban&Sens (Urban&Sens et Agrostis) pour le Grand-Est.
Les candidats ne choisissent pas leur auditeur : ils sont affectés à celui de leur région.
(1) Phytoma n° 653, avril 2012, p. 6.
Alerte charançon rouge
La FREDON Provence-Alpes-Côte d'Azur a signalé le 26 juin la détection du charançon rouge du palmier dans le Vaucluse (commune de Cavaillon).
C'est la FDGDON du Vaucluse, participante au réseau de surveillance biologique du territoire, qui a détecté le ravageur sur un des 8 pièges posés dans le département.
Ce charançon était déjà présent dans la région (Alpes-Maritimes, Var, Bouches-du-Rhône), mais c'est la première fois qu'on le trouve si haut dans la vallée du Rhône.