En matière de relations entre santé des céréales avant récolte et qualité sanitaire des grains, il n'y a pas que les fusarioses et fusariotoxines... Certaines maladies historiques rôdent plus ou moins discrètement au bord de la recrudescence. C'est le cas de l'ergot du seigle évoqué en 2010(2). Et de la carie commune du blé.
Le 9 février 2012, une journée technique organisée par l'ITAB(3) a clôturé un programme de recherche lancé en 2008 sur cette maladie. Elle intéresse le monde du « bio » mais aussi celui du « conventionnel ». Aperçu.
« Bio » comme agriculture biologique
Oui, bien sûr...
Certes la carie commune due à Tilletia caries et/ou Tilletia foetida (les deux espèces peuvent s'hybrider) ne touche guère les blés issus de semences traitées avec un fongicide. Mais ce n'est pas le cas de tous les blés.
Ainsi, en agriculture biologique, la majorité des semences ne sont pas traitées. Ce fut une des causes probables des cas de carie signalés en 2006, même si alors une dérogation autorisait le Tillecur, produit « à base de farine de plantes locales et de produits naturels d'enrobage »(4). Ces cas cités dans Phytoma en 2007(5) sont à l'origine du programme de recherche « Carie – Agir rapidement pour contenir la carie commune » restitué en février 2012 (encadrés 1 et 2).
En 2010, plus de 46 000 ha de blés français étaient cultivés selon le cahier des charges de l'agriculture biologique (label AB ou en conversion) et cela a augmenté depuis : la hausse des surfaces en céréales bio aurait été de 10 % en 2011(6). Si le blé proprement dit a suivi la tendance, il a dépassé les 50 000 ha. Ce n'est pas négligeable.
Mais les « conventionnels » ont trois raisons de s'y intéresser
Cela dit, la menace de carie ne concerne pas seulement les producteurs de blés « bios ». Les lecteurs de filières « conventionnelles » peuvent continuer à lire ces lignes.
D'une part il faut penser au futur. Or, c'est une loi de la vie qui ne souffre pas de dérogation, une maladie, tant qu'elle n'est pas totalement éradiquée, peut toujours ressurgir. De plus, il faut compter avec des possibles interdictions futures de traitements de semences efficaces contre la carie.
D'autre part, dès maintenant, les agriculteurs conventionnels adeptes des semences de ferme sont plus vulnérables à la carie que les autres : impasse de traitement parfois, tri des semences et traitement moins efficaces pour cause de produit parfois moins haut de gamme et, surtout, de matériel souvent moins performant...
Seuls les agriculteurs utilisant 100 % de semences certifiées (combien sont-ils ?) peuvent, tant que des traitements efficaces restent autorisés, s'estimer à l'abri.
Dernier point : une solution « bio », si elle est techniquement bonne, est une bonne solution tout court ! Certains résultats présentés le 9 février sont utilisables en agriculture conventionnelle.
« Bio » comme biologie
Ce qu'on savait déjà (quoique...)
Les premiers résultats concernent la biologie de la carie, épidémiologie notamment. On sait... si on ne l'a pas oublié... que Tilletia sp. se conserve sous forme de spores dans le sol ou à la surface des semences, voire dans des grains cariés ayant échappé au tri (semences de ferme). Il germe en même temps que la céréale en un mycélium qui pénètre les tissus de la plante et y « monte » invisiblement puis colonise l'épi. Le champignon forme alors ses spores qui remplissent l'enveloppe du grain.
Ces grains cariés, fragiles, sont en partie éventrés lors de la moisson ; les spores qui en sortent polluent en partie les grains sains voisins, en partie le matériel et en partie le sol de la parcelle ; les grains non éventrés lâcheront leurs spores plus tard dans le lot de grain. Et le cycle recommence.
Pour plus de détails, on peut se reporter au Cahier technique « Carie du blé : agir avant qu'il ne soit trop tard » publié en 2007 et disponible en ligne sur le site de l'ITAB.
Au contraire de la fusariose et ses sournoises fusariotoxines et de l'ergot et ses stupéfiants alcaloïdes, la carie commune pose peu de problèmes de santé publique. En effet, ses spores répandent une odeur si mauvaise et si caractéristique (type « poisson pourri ») que nul humain sensé n'en consommera... Mais il faudra détruire le lot de grains olfactivement touchés.
Ainsi cette maladie ancestrale(7), encore réputée la principale affection du blé dans les années 50 du XXe siècle, est encore aujourd'hui la cause de destruction de lots entiers de blé.
Mais quelles sont les sources de contamination principales et quels sont les facteurs de contamination les plus importants ? Le savoir peut permettre de mettre au point des stratégies efficaces pour prévenir le problème. Le programme de recherche a permis d'avancer sur la question.
Incidence : de l'omniprésence au reflux
L'observatoire a montré que la contamination, assez forte en 2007 et 2008 (92 % puis 86 % de lots contenant des spores, et surtout 25 % et 44 % de lots contenant plus de 4 000 spores par gramme de semence), baisse ensuite : sur les 70 échantillons récoltés chez des agriculteurs de 2009 à 2011 inclus, seuls 37 % sont cariés et il n'y a aucun lot à plus de 1 000 spores/g de semence.
Citons Pierre Pradalié, de Coop de France, dans les Actes de la journée : « A priori, le fait que les céréaliers utilisent plus de semences certifiées et qu'ils renouvellent plus rapidement leurs semences de ferme contribue à une diminution de la pression carie. »
Bref, il fallait réagir par rapport à une carie « omniprésente » (selon P. Pradalié) en début de programme, et la réaction a porté ses fruits.
Présence inodore, montée vers le nord
L'observatoire a permis aussi de montrer que :
– Quand les lots sont manifestement cariés (odeur), le taux de spores est effectivement élevé ; en revanche, des lots sans odeur signalée ni détection de grains cariés lors du test du seau (voir encadré 3, p. 22) se sont montrés contaminés, avec pour certains des taux élevés lors des analyses : des tests de laboratoire sont donc nécessaires pour garantir l'état sanitaire d'un lot...
– Par ailleurs T. foetida, auparavant cantonnée dans le Midi, a été trouvée partout en France. Évolution biologique à noter.
– Le croisement des résultats d'analyses avec ceux de l'enquête a suggéré que « le risque carie était plus important dans les situations où le facteur contaminant était la semence (par rapport au sol) ». Tiens tiens...
La maladie vient d'abord de la semence
Les études en conditions contrôlées ont confirmé ce fait. Citons Nathalie Eychenne et Sophie Constantino, de la Fredec Midi- Pyrénées. Les analyses statistiques de leurs essais ont montré « un effet très hautement significatif du niveau de contamination initiale des semences » alors que « l'influence de la contamination du sol n'a pas été mise en évidence par les tests statistiques ».
Le sol joue un rôle, mais autrement : il y a des effets hautement significatifs du type de sol (type limoneux plus favorable que l'argileux) et de son humidité entre le semis et le stade 2 feuilles du blé. Bref, à partir d'une contamination de la semence donnée, le résultat de la course de vitesse entre le mycélium de Tilletia et la croissance de la plante (le premier investira-t-il l'épi avant que la plante ne devienne insensible ?) dépend de moult facteurs. Mais qui sont difficiles à faire varier au champ...
« Bio » comme bio-diversité
Bio-diversité de la carie avec ses pathotypes
Arvalis a mené des essais pour évaluer la diversité de Tilletia caries. Sans entrer dans les détails méthodologiques dévoilés par Philippe du Cheyron, d'Arvalis, dans les Actes de la journée, on peut retenir leur résultat : oui, il y a des races différentes de carie, des pathotypes si l'on préfère, selon le lieu où l'on prélève les souches, « une certaine diversité semble se dessiner ». Ces pathotypes ont des profils de virulence différents, contournant certains gènes de résistance variétale et pas d'autres.
Cette diversité est à prendre en compte si l'on veut utiliser la résistance variétale pour lutter contre la carie : il faut trouver des résistances opérationnelles vis-à-vis du maximum de pathotypes régionaux différents. Il faut donc tester les variétés dans plusieurs lieux différents, sinon on court le risque d'une fragilité de résistance.
Bio-diversité des résistances variétales
De fait, le programme de recherche s'est penché sur les possibilités de la résistance variétale pour se prémunir de la carie. Ce critère avait été peu étudié jusqu'en 2006 tant il semblait négligeable vu la régression générale de la maladie liée à l'efficacité des fongicides conventionnels.
Face à cette lacune, Arvalis et les Chambres d'agriculture Yonne et Drôme ont étudié, sur trois lieux différents, diverses céréales : blé dur, épeautre, avoine d'hiver, orge d'hiver, seigle, triticale et blé tendre.
Pas moins de 109 variétés de blé tendre (en intégrant dans l'analyse des tests réalisés par Arvalis avant le début du programme) ont été testées ! De nombreux essais ont été réalisés avec des contaminations artificielles à partir d'isolats trouvés localement (pour évaluer l'effet « pathotypes locaux »). Dans tous les cas, la dose apportée est forte (20 000 spores par gramme de semence). Le bilan chiffré est dans les Actes de la journée. En résumé :
– L'avoine et l'orge sont totalement résistantes aux races de carie étudiées et le seigle et le triticale quasi indemnes sauf (mais pour de rares traces) les seigles Caroass et Recrut et le triticale Triskell ; alors que diverses variétés de blé dur, de blé tendre et d'épeautre se sont révélées sensibles ; cela confirme « ce qui est reporté dans la littérature, écrit P. du Chevron dans les Actes, la carie commune est une maladie des espèces du genre Triticum » : blés tendre et dur et épeautre.
– Le blé tendre présente une très forte diversité de sensibilité variétale, « pouvant aller jusqu'à la résistance totale » ; 7 variétés ont ainsi avec moins de 1 % d'épis cariés, mais trois d'entre elles (Arezzo, Samurai et Levis) n'ont été testées que sur un seul lieu donc face aux seuls pathotypes locaux ; les quatre autres, testées dans plusieurs lieux (deux pour Aligator, Solution et Québon et trois pour Sankara), ont davantage prouvé la robustesse de leur résistance. Mais deux ou trois lieux suffisent-ils ? À suivre.
– Le lieu joue aussi, en cohérence avec la diversité des pathotypes signalée.
– Les 5 variétés les plus utilisées actuellement en agriculture biologique (ce bon vieux Renan, inscrit en 1989 mais toujours aussi apprécié, ainsi que Pireneo, Attlass, Lona et Saturnus) font hélas indéniablement partie des variétés sensibles.
« Bio » comme bio-contrôle
29 essais pour quatre types de candidats
En attendant, que peut-on espérer du biocontrôle « direct » avec un traitement des semences compatible avec le cahier des charges de l'agriculture biologique ?
Il n'y en avait aucun en 2006, sauf dérogation, on l'a vu. Un produit a été autorisé en 2008. C'est le Cerall, préparation d'origine biologique et même vivante à base d'une bactérie du sol nommée Pseudomonas chlororaphis. Nous l'avions présenté dans Phytoma en 2010(8). À l'heure actuelle il est encore le seul et unique produit utilisable en AB et autorisé contre la carie.
En tout cas, des partenaires du programme (voir encadré 2, page 21) ont mené 29 essais, sur cinq sites différents, avec soit des contaminations artificielles soit des semis de blés contaminés naturellement donc des pathotypes de carie différents. Ils ont testé quatre types de candidats : le Cerall bien sûr, mais aussi l'acide acétique, le cuivre (différents composés) et enfin le Tillecur, actuellement vendu comme fortifiant des semences, le tout comparé à un traitement de semences conventionnel efficace et un témoin non traité.
Des résultats... pour l'avenir
Les 19 essais avec assez de carie dans les témoins non traités pour avoir des résultats ont montré qu'un apport élevé de certaines formes de cuivre est statistiquement du même niveau qu'un traitement conventionnel, et statistiquement meilleur que le Cerall même si ce dernier a un intérêt. Les autres produits sont intermédiaires.
Pour l'instant, aucun dossier de demande d'autorisation du Tillecur n'a été déposé. Dommage : la publication des portions publiables d'un tel dossier, si une autorisation était obtenue, permettrait d'utiliser ce produit en le connaissant mieux. Ceci pour sa composition, sa formulation, son profil toxicologique et écotoxicologique et les conditions de son efficacité.
Quant au cuivre, il s'agirait du retour d'une substance utilisée dans le passé mais par le biais de préparations différentes. Les spécialités cupriques testées dans le cadre du programme par l'ITAB et ses partenaires sont compatibles avec le cahier de charges « bio » et autorisées sur d'autres usages. Ces produits pourraient faire l'objet de demandes d'extensions d'emploi.
À noter : les « apports élevés » testés apportent bien moins de cuivre à l'hectare que le moindre traitement anti-mildiou vigne ou pomme de terre. Mais par ailleurs il faut évaluer une éventuelle toxicité sur les oiseaux granivores à ces doses.
Par ailleurs, en 2012, des tests complémentaires sont en cours sur l'acide acétique, d'une part seul, d'autre part associé à des doses réduites de cuivre.
Un mélange de cuivre et d'acide acétique serait un produit inédit exigeant un dossier complet de demande d'AMM. Mais ce dernier pourrait être évalué rapidement : le cuivre et l'acide acétique sont des substances « approuvées » aujourd'hui au niveau européen, et l'acide acétique serait éligible demain comme « substance de base ».
En attendant, soulignons que la seule spécialité autorisée en traitement des semences de blé bio contre la carie est le Cerall. Point. Tout le reste est promesse d'avenir.
Autres pistes
D'autres produits ont été testés, mais soit ils se sont montrés décevants (cas d'un mélange farine + lait) soit le nombre d'essais ne permettait pas de conclure (cas de deux mélanges d'huiles essentielles).
Du côté des méthodes physiques, le lavage n'est pas suffisant, non plus que le brossage à l'ébarbeuse qui pose en plus des problèmes de sélectivité.
Reste le traitement thermique : trempage dans l'eau chaude et chaleur sèche. Cette dernière est représentée par le procédé Thermoseed, cité dans Phytoma en mars dernier(9). Mais il n'a commencé à être testé en France qu'en 2010 ; son évaluation est donc encore en cours. Il apparaît très prometteur pour l'agriculture biologique et conventionnelle, mais demande un équipement spécifique qui semble adapté aux... stations de semences !
Où l'on voit re-surgir, en bio comme en conventionnel, le charme des semences certifiées...
Que faire en agriculture biologique en attendant ?
En attendant et en conclusion, Frédéric Rey, de l'ITAB, a résumé les conseils de l'institut pour contenir la carie commune, citons-le :
– « Utiliser des semences certifiées ou saines (analyse). » (autrement dit, garanties telles après analyse) (ndlr : le conseil intéresse aussi les conventionnels !)
– « Favoriser une levée rapide. » (si possible)
– « Observer attentivement la culture pour déceler le plus tôt possible les signes de carie. »
– « éliminer les pieds cariés, le cas échéant. »
– « Faire une analyse de la récolte en cas de doute. »
– « Faire des rotations. » Vive les cultures diversifiées !
<p>(1) <i>« No sport » (« Pas de sport »),</i> aurait dit Sir W. Churchill interrogé sur le secret de sa longévité.</p> <p>(2) D. Jacquin <i>& al.,</i> 2010 - L'ergot dépasse le seigle, cet ancien compagnon de l'homme ressort ses griffes. <i>Phytoma</i> n° 633, avril 2010, p. 38 à 42.</p> <p>(3) Institut technique de l'agriculture biologique.</p> <p>(4) Source : <i>Info-Bio,</i> CA de l'Oise, septembre 2009. Les <i>« plantes locales »</i> seraient des moutardes.</p> <p>(5) M. Delos <i>& al.,</i> 2007 - Blés et seigle en 2005-2006, bizarre bilan. <i>Phytoma</i> n° 600, janvier 2007, p. 14-18. Cas en Auvergne, Centre, Haute-Normandie, Midi-Pyrénées.</p> <p>(6) Source Agence Bio : 43 000 ha de blé tendre et 3 500 ha de blé dur en 2010 et premières estimations 2011.</p> <p>(7) La carie est connue depuis l'Antiquité. En 1755, M. Tillet, directeur de la Monnaie à Troyes, montra qu'on pouvait diminuer sa pression en lavant les grains à l'« eau de cendre », déjà le principe du traitement des semences. B. Prevost découvrit en 1807 que la poudre noire des épis cariés était responsable de la transmission, et que le sulfate de cuivre était efficace contre elle. Voir R. Champion et G. Raynal : La carie commune du blé, une revenante. <i>Phytoma</i> n° 450, mai 1993, p. 16-20.</p> <p>(8) J.-P. Boulon, 2010 - Qu'est-ce que le <i>Pseudomonas chlororaphis</i> souche MA342, bio-fongicide en traitement des semences de blé, triticale et seigle. <i>Phytoma</i> n° 632, mars 2010, p. 10 à 12.</p> <p>(9) G. Forsberg <i>& al.,</i> 2012 -Thermoseed, traitement fongicide alternatif novateur pour les semences. <i>Phytoma</i> n° 652, mars 2012, p. 42 à 44.</p>
1- Programme de recherche, « Carie - Agir rapidement pour contenir la carie commune Tilletia caries ou Tilletia foetida » qui a participé ?
Programme mené de novembre 2008 à février 2012. Soutien financier du ministère chargé de l'Agriculture (Contrat de Branche).
Coordination : ITAB (Institut technique de l'agriculture biologique).
Partenaires sur les trois années : Arvalis- Institut du végétal, Chambres d'Agriculture de la Drôme et de l'Yonne, FREDEC Midi-Pyrénées, FREDON Nord-Pas-de- Calais, Qualisol, Coop de France.
Auteurs de travaux ayant enrichi le programme : SNES, FNAMS et Chambre d'Agriculture de l'Oise.
2- Qui a fait quoi ?
Observatoire de la carie : analyse par la FREDEC Midi-Pyrénées d'échantillons de blés bio prélevés en 2007 chez des OS (organismes stockeurs) sous l'égide de Coop de France, puis de 2008 à 2011 chez des agriculteurs avec enquête associée.
Tests sur la biologie en conditions contrôlées : de 2008 à 2011, étude par la FREDEC de l'effet, sur la maladie, de divers facteurs : température, humidité et type de sol, profondeur de semis, plus, en 2009 et 2010, l'importance de la contamination initiale des semences.
Evaluation de la variabilité de T. caries : par Arvalis, les deux chambres d'agriculture, la FREDON NPdC et Qualisol sur cinq sites différents (synthèse Arvalis).
Mesure de la résistance variétale : tests de 109 variétés de blés tendres, plus diverses variétés d'autres céréales à paille, par Arvalis et les deux chambres d'agriculture (synthèse Arvalis) sur trois sites différents.
Comparaison de traitements de semences : essais au champ de différents « candidats » compatibles avec le cahier des charges de l'agriculture biologique par Arvalis, la FREDON, les deux chambres d'agriculture et Qualisol, dans 5 régions différentes.
3- Diagnostic à la ferme, l'épi, le nez, le seau
Pour diagnostiquer la carie à la ferme, il y a trois moyens :
– un moyen visuel, au champ, avant la moisson : l'aspect « ébouriffé » caractéristique des épis cariés ;
– un moyen olfactif, après la moisson : la perception d'une odeur de type poisson pourri – ou, pour ceux qui ne savent pas la reconnaître, de toute odeur nauséabonde – même faible ;
– la méthode du seau : mettre 5 kg de grain dans un seau préalablement rempli d'eau, brasser, attendre. Récupérer les grains surnageant à la surface. Rebrasser, attendre, récupérer les grains surnageant. Rebrasser, etc., jusqu'à ce que plus aucun grain ne remonte. Examiner ensuite les grains surnageants récupérés et voir si certains sont cariés (bombés et remplis d'une « poussière » noire de spores) ; en effet, si tout grain surnageant n'est pas forcément carié, tout grain carié surnagera car il est bien plus léger qu'un grain normal.
Cela dit, des lots dont tous les grains cariés ont été éclatés par la moissonneuse-batteuse seront négatifs au test du seau quoique contaminés. Ce test n'est qu'une première approche.
De façon générale, les trois méthodes simples citées ci-dessus sont des indicateurs mais ne sont absolument pas suffisantes pour garantir l'absence de carie commune. Au moindre doute, la meilleure méthode reste une détection au laboratoire.