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ph. MF Delannoy
Nodu vert contre « malécomptage »
Le but est d'encourager le développement de l'utilisation de ces produits de biocontrôle parmi les alternatives à l'usage des autres produits phytos visés, eux, par l'objectif de diminution du plan Ecophyto 2018.
En effet, qu'un produit de biocontrôle se substitue carrément à un produit classique ou qu'il permette d'en diminuer les doses, son usage fait baisser la quantité de pesticides chimiques classiques utilisés, but affiché du plan Ecophyto. Mais, si un produit de biocontrôle est comptabilisé comme les autres au sein des indicateurs IFT et NODU(2), son utilisation ne fait pas baisser ces indicateurs voire les fait grimper (voir tableau 1 ; attention, il s'agit d'hypothèses de la rédaction, pas de calculs officiels !)
Seuls les macro-organismes auxiliaires échappaient à cette malédiction, disons ce « malécomptage » : ils ne sont pas soumis à AMM phyto donc, déjà, ne rentraient pas dans les IFT ni les NODU.
Pour le calcul des NODU 2011, les produits phytos de bio-contrôle seront comptabilisés à part des autres dans un « NODU vert biocontrôle » dont le plan Ecophyto ne souhaite pas la baisse. Ils sont plutôt à promouvoir !
La règle de calcul de l'IFT va suivre en 2012 (la calculette en ligne du MAAF(3) devrait être modifiée cet automne).
Pourquoi en parler maintenant ?
Mais pourquoi n'en parler que maintenant, alors que le principe avait été acté dans la feuille de route publiée en avril 2011 ?
Parce qu'il a fallu établir la liste des produits entrant dans ce NODU vert. Cette liste, datée du 4 juillet 2012, a été publiée en septembre par le MAAF.
Pourquoi a-t-il fallu établir une liste spécifique au lieu d'utiliser celle des produits UAB ? Ces derniers sont les produits phytos utilisables en agriculture biologique selon les critères européens. Le « Guide des intrants utilisables en agriculture biologique » publié fin 2011(4) liste les produits à base de 49 substances autorisées en France fin 2011. Il est accessible sur le site de l'INAO(5). Les produits qu'il cite sont, sauf dérogation, d'origine naturelle (ou leur copie comme les médiateurs chimiques). Mais on trouve des produits UAB aux profils toxicologiques et/ou écotoxicologiques discutables, même si la roténone, classée toxique et bête noire préférée des anti-bios, est interdite d'emploi depuis 2011.
Critères établis
Le groupe de travail biocontrôle a donc établi comme critères pour entrer dans ce NODU :
– La nature des substances : micro-organismes ou substances naturelles (origine naturelle dans les deux cas) ou médiateurs chimiques (phéromones) ; tous produits UAB ;
– Leur degré de sécurité : ont été exclues toutes celles qui, citons la fiche méthodologique ministérielle de septembre 2012, « sont classées toxiques ou écotoxiques dans l'arrêté relatif à la redevance pollution diffuse le plus récent » (ndlr : ainsi toutes les bouillies bordelaises sont exclues pour cause d'écotoxicité du cuivre qu'elles contiennent),
– avec une « exception pour certaines phéromones » classées « dangereuses pour l'environnement » pour cause d'effets sur les organismes aquatiques mais placées dans des diffuseurs (et pas pulvérisées sur les végétaux ou le sol) donc sans risque pour l'eau.
Une fois l'accord sur les critères obtenus, il a fallu dresser une première liste, l'expertiser et la valider. Voilà pourquoi elle n'a été publiée qu'en septembre... Et réactualisée en octobre !
Ce qu'il y a dedans : 86 noms de produits commerciaux
La liste(6) comporte 86 noms de spécialités commerciales correspondant à 77 produits différents.
Ainsi, les cinq noms Bacivers DF, Bactura DF, Biobit DF, Dipel DF et Scutello DF désignent le même bioinsecticide à base du micro- organisme Bacillus thuringiensis formulé en granulés dispersibles. Preuve de leur commune identité ? Ils ont le même n° d'AMM, on le lit sur la liste.
Parmi les outils de confusion sexuelle à base de phéromones, Pommus est identique à Ginko.
Côté SDN (stimulateurs de défenses naturelles), Vacciplant Grandes cultures et Vacciplant Fruits et Légumes, à base de la substance naturelle laminarine (extrait d'algue) sont identiques respectivement à Iodus 2 céréales et Iodus 2 cultures spécialisées.
Par ailleurs Devatol, herbicide à base d'acide pélargonique (substance naturelle) a le second nom commercial Final San.
Enfin Sluxx et Baboxx sont le même anti-limaces à base de sulfate ferrique (substance naturelle).
39 substances actives présentes
En fait ces 86 (ou 77) produits déclinent 39 substances actives (Tableau 2). Record pour le Bacillus thuringiensis sous-espèce kurstaki. On le trouve derrière 20 noms de spécialités, en fait 16 produits différents ! L'acide pélargonique est derrière 5 noms d'herbicides de bio-contrôle, l'huile de colza dans 4 insecticides et la laminarine dans 4 SDN.
On trouve d'autres substances (kaolin, virus de la granulose du carpocapse, Trichoderma harzianum, bicarbonate de potassium, Aureobasidium pullulans, Bacillus subtilis, hydrazide maléique et phosphate ferrique) dans deux ou trois produits chacune.
Quant aux 20 spécialités destinées à la confusion sexuelle contre des insectes, elles combinent 11 substances phéromonales de lépidoptères.
Agriculture, et puis...
Par ailleurs 16 des 86 produits sont autorisés en jardins d'amateurs (mention EAJ), même si tous ne lui sont pas réservés (par exemple Delfin, à base de « Bt », est utilisé surtout en agriculture, de même que Iodus 2 cultures spécialisées et Vacciplant Fruits et Légumes, SDN déjà cités).
Côté pro, la forêt et les ZNA aussi
Parmi les 70 produits réservés aux professionnels, certains sont spécifiques aux ZNA (l'herbicide PJT Finalsan Ultima) ou à la forêt (Foray 96 B, un des insecticides Bt), d'autres sont mixtes :
– ZNA/forêt (Foray 48 B, encore un Bt),
– ZNA/agriculture/forêt (Dipel 8L, toujours un Bt, l'herbicide Devatol),
– agriculture/forêt (Dipel Poudre mouillable et Scutello, deux Bt de plus),
– agriculture/ZNA (insecticides à base de microorganismes Met52 et Ostrinil, herbicide Finalsan, anti-limaces Sluxx/ Baboxx).
<p>(1) Publiée le 20 avril 2011 suite à la remise le 19 avril du rapport Herth. Voir <i>Phytoma</i> n° 644 de mai 2011, p. 5.</p> <p>(2) IFT : indice de fréquence de traitement (au niveau d'une exploitation). NODU : nombre de doses/unité (vendues au niveau national).</p> <p>(3) http://www.calculette-ift.fr/</p> <p>(4) Voir <i>Phytoma</i> n° 649 de décembre 2011, p. 10.</p> <p>(5) Institut nat. des appellations contrôlées : http://www.inao.gouv.fr.</p> <p>(6) http://agriculture.gouv.fr/ nodu-vert-biocontrole.</p>
