Randonnée de loisir ? Non ! Transport de nichoirs à mésanges afin de les poser dans un massif difficile d'accès pour les engins motorisés. Ces nichoirs peuvent être installés aussi en zones urbaines. Le but est de favoriser les mésanges en tant qu'auxiliaires. Il s'agit de « lutte biologique par conservation ». Détails tableau 1 page suivante et fiche 6 p. 21. Un partenariat avec le Conseil général des Bouches-du-Rhône (13). ph. J.-C. Martin
Deux modes d'application du traitement microbiologique au BtK. A gauche : à pied et à la lance. Bien adapté aux arbres isolés (ou entourés d'espèces feuillues), et facilement accessibles, ainsi qu'aux petits groupements (zone urbaine, lisière). Ci-contre, au « canon atomiseur » depuis un véhicule terrestre. Convient à de plus grands groupements mais qui doivent être accessibles. Pour les autres cas, voir tableau 1 et fiche 2 p. 17. Photos : J.-C. Martin
Les méthodes alternatives de lutte contre la processionnaire du pin, c'est quoi ? Six catégories ont été récapitulées en autant de fiches techniques par l'unité « Entomologie et forêt méditerranéenne » de l'INRA d'Avignon en lien avec Plante & Cité et le programme AlterPro (financé par l'ONEMA(1), dans le cadre du plan Ecophyto 2018 avec le pilotage des ministères chargés du Développement durable et de l'Agriculture).
À l'heure où la processionnaire ne cesse d'étendre son territoire et de concerner de nouveaux gestionnaires qui l'ignoraient jusqu'ici, et où en même temps la demande sociétale s'oriente vers une gestion durable et respectueuse de l'environnement, ces fiches sont fort utiles.
Le choix des méthodes
Cahier des charges alternatif
Vous aurez l'embarras du choix... Même pas ! Vous aurez, aussi, les critères de choix. Le choix de quoi ? Des méthodes de lutte contre la processionnaire du pin recensées dans le cadre du programme AlterPro ; toutes, c'était dans le cahier des charges de ce programme, alternatives à l'emploi d'insecticides chimiques(2).
Il y en a pour tous les types de lieux, du pin isolé dans un jardin de particulier au grand massif forestier de production de bois. Elles sont plus ou moins directes. Par ailleurs, la plupart nécessitent des interventions durant des périodes précises dans l'année, condition sine qua non de leur efficacité.
Méthodes directes
Il y a trois méthodes directes destinées à occire les chenilles (Tableau 1, fiches 1, 2 et 5).
Ce sont la lutte dite mécanique, le traitement microbiologique par épandage de BtK (autrement dit d'insecticide microbiologique à base de Bacillus thuringiensis variété kurstaki sérotype 3a 3b), et enfin la destruction des chenilles après piégeage par « Ecopiège », déjà connue de nos lecteurs pour avoir été présentée en juin dernier(3).
Pour sa part le piégeage des papillons, lui aussi présenté à nos lecteurs en juin dernier, est une méthode de lutte directe contre ces adultes s'il est pratiqué en masse. Comme il piège exclusivement des mâles, c'est une lutte indirecte contre les larves : il empêche la fécondation des femelles donc leur ponte et l'éclosion des urticantes chenilles (voir fiche 3).
À noter : quatre fiches annexes sur les pièges disponibles à l'heure actuelle ont également été rédigées. Elles concernent les modèles Procerex (ou ProcessaTrap Expert), Trampa G et Mastrap L et les pièges « type entonnoir ». Précisions dans le « Pour en savoir plus ».
Méthodes indirectes
Il y a aussi deux méthodes indirectes : la lutte dite « sylvicole », qui consiste à favoriser la biodiversité, et la lutte biologique par conservation.
On y découvrira l'effet des feuillus en lisière et l'usage des mésanges dans le tableau 1 et surtout les fiches 4 et 6.
Ces deux dernières méthodes ne résoudront pas en quelques jours ou semaines le problème immédiat des allergies de promeneurs, résidents ou touristes mis en présence de processions de nymphose.
Aucune des deux ne prétend régler le problème à elle seule mais elles contribueront à réguler les populations de manière élégante et durable.
Attention au temps et au lieu
La question de l'âge
Certaines de ces six techniques sont connues depuis longtemps. C'est le cas de l'épandage de BtK, qui a vu de notables progrès depuis ses premières utilisations dans la première moitié du XXe siècle et ses premières homologations dans la seconde(4). Ou encore de l'échenillage, technique vieille comme l'agriculture.
D'autres le sont moins, comme le principe du piège à phéromones, voire tous récents comme les nouveaux modèles de ces pièges à phéromones ou encore la mise au point de l'Écopiège.
Enfin les techniques indirectes se basent sur la biodiversité, très vieille notion mais re-découverte récente.
Périodes d'utilisation
Cela dit, à propos de temps, il faut parler aussi de date d'utilisation.
Si l'on ne respecte pas la bonne période d'intervention, spécifique de chaque méthode, on court fatalement à l'échec. Qu'il s'agisse de lutte mécanique, de traitement BtK, de pose de piège à papillons ou à chenilles voire de celle des nichoirs à mésange.
Déjà, en 2010, les auteurs de ces fiches avaient abordé la question des saisons de mise en oeuvre de différentes techniques(5), dont cinq sont de nouveau évoquées ici avec les nouvelles connaissances obtenues depuis lors. Pour connaître les périodes propices à chaque méthode, lisez le tableau 1 et... chacune des fiches.
Lieux, tout ne va pas partout
Reste aussi la question des lieux. Avec ces six méthodes, il y en a pour toutes les configurations. Mais aucune ne convient à tous les lieux en terme de surface, de nombre et de taille d'arbres à protéger, sauf, en théorie, la « lutte sylvicole ».
Même le traitement microbiologique, qui s'adapte à des surfaces différentes selon le matériel utilisé (voir le tableau 2 dans la fiche 2 p. 17), ne convient pas partout.
Bonne lecture des fiches !
<p>(1) Office national de l'eau et des milieux aquatiques.</p> <p>(2) Il existe des insecticides chimiques phytopharmaceutiques autorisés contre la processionnaire. Ils sont à base de diflubenzuron, benzoylurée larvicide.</p> <p>(3) J.-C. Martin & al., 2012 - Nouvelles techniques de piégeage pour réguler la processionnaire du pin. <i>Phytoma</i> n° 655, juin-juillet 2012, p. 17-22.</p> <p>(4) M. Decoin, 2010 – <i>Bacillus thuringiensis,</i> la longue patience. <i>Phytoma</i> n° 632, mars 2010, p. 36-39.</p> <p>(5) A. Leblond & al., 2010 – La processionnaire du pin vue par ses gestionnaires. <i>Phytoma</i> n° 633, avril 2010, p. 18-23.</p>