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ÉCOPHYTO 2018 CINQ VOLETS POUR LA PROCHAINE ÉTAPE

Phytoma - n°658 - novembre 2012 - page 4

Octobre, c'est le mois du rapport d'étape du Plan écophyto 2018 à l'occasion de la réunion annuelle de son CNOS (Comité national d'orientation et de suivi). Voici les grandes lignes du bilan et des projets annoncés le 9 octobre par le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

Utilisation, constat mitigé

D'abord le bilan chiffré (Tableau). Les indices d'utilisation des produits phytos ont augmenté entre 2010 et 2011. Ainsi le NODU(1) a grimpé de 2,6 % en un an après 2,5 % entre 2008 et 2010. Même si cette reprise est conjoncturelle car liée au climat, même s'il y a quasi-stagnation des tonnages comme publié en septembre dernier(2), cela pose un problème vis-à-vis du plan.

Ceci dit, entre 2010 et 2011, l'utilisation des substances les plus dangereuses a plongé de 60 % et celle des produits de biocontrôle a augmenté de 22 %, ce qui confirme des tendances des années précédentes (voir tableau).

On a donc un bilan insatisfaisant vis-à-vis de l'objectif un brin médiatico-symbolico-fétiche de 50 % de baisse globale. Mais les chiffres sur les produits dangereux d'une part et sur le biocontrôle d'autre part sont encourageants vis-à-vis de ce qui sous-tend (devrait sous-tendre ?) l'objectif : diminuer les risques pour l'environnement et la santé des agriculteurs, riverains et consommateurs. S. Le Foll a parlé le 9 octobre de « constat mitigé ».

Outils, c'est mis en place

Quant à la mise en place des outils, (Tableau aussi) c'est un succès :

• Réseau DEPHY des fermes de démonstration (sous-réseau FERME , 1 900 exploitations soit 700 de plus que l'an dernier) et sites d'expérimentation (EXPE ) ;

• lancement réussi du certiphyto en 2012, avec 60 000 professionnels formés durant le premier semestre de l'année ; environ 200 000 professionnels sont donc certifiés (mais, selon le secrétaire général du FAFSEA(3), il manquerait 20 millions pour arriver à former tous les salariés agricoles dans les délais) ;

• déploiement du réseau d'épidémiosurveillance qui, en mobilisant de nombreux partenaires coordonnés par l'état, réussit à assurer voire intensifier la surveillance que les fonctionnaires du MAAF, moins nombreux et affectés à de nouvelles tâches, ne pouvaient plus mener seuls ; le réseau c'est aujourd'hui 4 000 observateurs suivant 13 000 parcelles, et 8 000 Bulletins de santé du végétal (BSV) publiés (5 000 prévus en 2012) ;

• engagement d'actions de recherche avec 37 projets lancés depuis 2009 ; bien sûr ils sont en général encore en cours ; le temps de la recherche est long !

Projets, cinq axes qui infléchissent

La « nouvelle étape » qu'ouvre Stéphane Le Foll, inscrite dans sa politique du « produire autrement », est une « ré-orientation » en 5 axes.

– Revoir les objectifs « par bassin de production et types de cultures », méthode voulue plus mobilisante et responsabilisante que l'objectif lointain du NODU national.

« Soutenir le développement et l'adoption de la lutte biologique et du biocontrôle » ; un accord cadre signé le 9 octobre par les membres du CNOS va dans ce sens ; il en est de même pour la liste des produits Nodu Vert Biocontrôle, publiée en septembre et déjà réactualisée début octobre(4) ;

– Faire évoluer la fiscalité, notamment la redevance pollutions diffuses sur les produits phytos, pour la rendre plus « incitative » (les caisses de l'état étant dans l'état qu'on sait, parions qu'il s'agira plutôt d'augmentation modulée que de modulation à recette constante) et affecter son produit à des « démarches vertueuses ».

« Mieux appréhender les ressorts du conseil agricole et ses évolutions, vers une plus grande professionnalisation et une indépendance du conseil » ; voir encadré.

« Renforcer le contrôle par la BNEVP(5) sur les pratiques d'importations illégales et frauduleuses ainsi que les contrefaçons ».

Ce dernier point est à suivre. En effet, ces pratiques semblent se développer. Ce peut être un effet pervers de deux phénomènes. D'une part l'élargissement de l'Union européenne à des pays dont l'Etat est dans un… état… tel qu'il pourrait s'y trouver des produits illégaux, frauduleux, contrefaits… pouvant ensuite circuler librement jusqu'en France. D'autre part le durcissement de la réglementation sur les phytos qui en aurait tant fait interdire d'anciens et freiné l'autorisation de nouveaux que des agriculteurs se trouveraient face à des impasses techniques donc tentés par des achats illégaux.

<p>(1) Nombre de doses unité (calculé, au niveau national pour l'instant, à partir des quantités de substances actives vendues).</p> <p>(2) Phytos, le palier ? <i>Phytoma</i> n° 656, août-septembre 2012, p. 4.</p> <p>(3) Fonds d'assurance formation des salariés agricoles.</p> <p>(4) Le NODU vert est arrivé. <i>Phytoma</i> n° 657 octobre, p. 4 (n.b. : basé sur la liste réactualisée au 1er octobre).</p> <p>(5) Brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et phytosanitaires.</p>

Écophyto 2018, quelques chiffres

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