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Mieux connaître

Viverda®, fongicide céréales

ANTOINE SANYAS* ET LAURENCE GIROUD-DUVAL* - Phytoma - n°658 - novembre 2012 - page 42

Une formulation boscalid, incluant le F500 (pyraclostrobine) et l'époxiconazole, pour un fongicide complet sur les blés et orges.

Pour la première fois, un produit associe le boscalid, l'époxiconazole et la pyraclostrobine. Nommé Viverda, il bénéficie d'une formulation innovante « stick & stay » qui amplifie l'activité de ses substances actives. Ce nouveau standard efficacité-rendement boscalid est capable de dépasser les associations de la spécialité Bell avec un partenaire prochloraze ou strobilurine, et les associations triazole-strobilurine.

De quoi est-il fait ?

Viverda (AMM n° 2110201) est composé de 140 g/l de boscalid, de 50 g/l d'époxiconazole et de 60 g/l de pyraclostrobine.

Le boscalid

Lancé en 2006 sur le marché des fongicides foliaires, le boscalid, première substance active de la famille des SDHI, a été utilisé sur plus d'un million d'hectares de blés et d'orges en 2012. Représentant de la famille chimique des pyridine-carboxamides, il appartient au groupe C2 de la classification FRAC(1) : SDHI = Succinate-deshydrogenase inhibitor.

Il inhibe la succinate déshydrogénase (SDH, ou complexe II), enzyme-clé de la chaîne respiratoire mitochondriale située au carrefour de deux voies métaboliques essentielles à la vie des cellules fongiques : d'une part la production d'énergie (ATP) par la chaîne respiratoire, d'autre part la production d'acides aminés, lipides et acides gras (métabolites indispensables au fonctionnement cellulaire) au niveau du cycle de Krebs.

Le boscalid présente une mobilité translaminaire avec transport à l'intérieur des tissus foliaires de type acropétale.

Il est actif, surtout, lorsqu'il est appliqué en préventif. Il inhibe la germination des spores, la croissance du tube germinatif et bloque la formation des appressoria. Sur certains champignons, il possède aussi un effet sur la croissance mycélienne et sur la différenciation des spores.

L'époxiconazole

L'époxiconazole appartient au groupe G1 de la classification FRAC : IDM = inhibiteur de la déméthylation ; famille des triazoles. Il inhibe la 14α-déméthylase (CYP51), enzyme indispensable au fonctionnement de la voie de biosynthèse des stérols d'un des constituants majeurs des membranes fongiques : l'ergostérol.

L'époxiconazole perturbe la formation des parois cellulaires. Il en résulte une altération de l'élongation des hyphes mycéliens déjà formés au sein des tissus végétaux (activité curative) qui entraîne la mort du champignon.

La substance, qui présente un large spectre d'action, est véhiculée à l'intérieur de la plante de façon systémique.

La pyraclostrobine

La pyraclostrobine fait partie du groupe C3 de la classification FRAC : QoI = Quinone outside Inhibitor ; la famille des strobilurines. Elle inhibe la respiration mitochondriale en bloquant le transport d'électrons du cytochrome bc1 (complexe III), d'où une réduction drastique de l'énergie cellulaire (ATP).

La pyraclostrobine se fixe solidement dans la cuticule et pénètre dans la feuille où elle diffuse localement et aussi de façon translaminaire. Elle protège ainsi la surface et l'intérieur des feuilles. Elle est active, surtout, si elle est appliquée en préventif. Elle inhibe très fortement la germination, la pénétration des tubes germinatifs et le développement du mycélium. Elle a une grande rapidité d'action et une longue persistance contre les principales maladies du feuillage des blés (rouilles…) et orges.

Comment agit-il ?

Du fait de ses substances actives

La nouvelle spécialité associe donc trois modes d'action différents et complémentaires. Le boscalid (SDHI) inhibe la succinate déshydrogénase, l'époxiconazole (triazole) inhibe la biosynthèse de l'ergostérol et la pyraclostrobine inhibe la respiration mitochondriale à un autre niveau que la SDH.

Le boscalid agit préventivement vis-à-vis de la septoriose alors que l'époxiconazole est capable d'une certaine curativité au delà de ses propriétés préventives (Figure 1a). Le même type de complémentarité s'observe entre époxiconazole et pyraclostrobine sur la rouille brune (Figure 1b).

Ainsi, l'association participe à une gestion durable des modes d'action lorsqu'elle est utilisée aux doses recommandées.

Du fait de sa formulation

L'originalité de ce nouveau produit réside également dans sa formulation innovante « stick & stay » de type OD (Oil dispersion). Le boscalid est dispersé dans la phase huileuse, ce qui lui assure :

– une excellente rétention/étalement sur les feuilles,

– une distribution homogène,

– une résistance au lessivage remarquable,

– une protection préventive optimale.

L'époxiconazole et la pyraclostrobine sont complètement dissous dans la phase huileuse, ce qui leur assure une absorption élevée et une curativité accrue.

Quelles sont ses performances ?

Sur blés, Viverda devance la référence 10

Testés sur blés en application dite de T2 d'un programme, les bénéfices par rapport aux références sont notables sur les deux maladies prépondérantes visées.

En effet, ces trois dernières campagnes, la dose de 50 % de Viverda (1,25 l/ha) a été comparée à celle de 66 % des références 10 ou 13 (solutions à base de triazole + strobilurine). Dans cette synthèse de 11 essais, l'efficacité sur septoriose du nouveau fongicide dépasse de pratiquement 10 % celle de la référence. Sur rouille brune, le niveau d'efficacité est très haut. Ces performances sur les pathogènes conduisent à des bénéfices rendements significativement supérieurs à ceux permis par les références (Figure 2).

Ce produit particulièrement intéressant contre la septoriose et la rouille brune est également efficace sur la rouille jaune.

Sur orge, un produit complet

Une étude comparative a permis d'évaluer le nouveau produit Viverda sur orge par rapport à une référence triazole + strobilurine reconnue dans la pratique. Cette étude a mis en évidence la supériorité du produit.

Neuf des dix essais, présentant des attaques d'helminthosporiose, ont montré une remarquable efficacité du fongicide sur cette maladie dominante de la culture d'orge. Sur les autres pathogènes (rhynchosporiose et complexe ramulariose, grillures), l'association à base de boscalid et de pyraclostrobine présente également de bons niveaux d'efficacité.

Le bénéfice sur le rendement est, dans cette étude, de plus de trois quintaux (Figure 3).

Ainsi cette nouvelle spécialité permet de bénéficier encore plus des performances du boscalid et de la pyraclostrobine dans la lutte contre les maladies des orges.

Comment l'utiliser ?

• Sur blés : au stade dernière feuille étalée (DFE) pour lutter contre les maladies foliaires des étages supérieurs.

• Sur orges : de la montaison à l'épiaison mais de préférence au stade sortie des barbes dans le cadre d'un programme à deux traitements.

• Sur autres céréales : dès l'apparition des premiers symptômes, de la montaison à fin gonflement.

La dose variera, dans la plupart des situations, entre 1,25 l/ha et 1,7 l/ha. Elle sera à raisonner en fonction :

– de la sensibilité variétale et de la date de semis,

– du niveau de performance recherché,

– des conditions de l'année.

<p>(1) Fungicide Resistance Action Committee.</p>

Mentions légales

AMM n° 2110201. Marque déposée BASF Agro.

Composition : 140 g/l de boscalid + 50 g/l d'époxiconazole + 60g/l de pyraclostrobine.

Formulation : OD (Oil Dispersion)

Classement : Attention - H315 - H317 - H319 - H332 - H400 - H410 - H351 - H361fd.

Usages autorisés, tous à 2,5 l/ha :

– Blés : septorioses, rouille brune et jaune, helminthosporiose.

– Orges : rhynchosporiose, helminthosporiose (D. terres), ramulariose, rouille naine, oïdium.

– Triticale : septorioses, rouille brune et jaune, oïdium.

– Seigle : rhynchosporiose, rouille brune.

– Avoine : rouille couronnée, oïdium.

Délai d'emploi avant récolte (DAR) : 35 jours.

Délai de rentrée : 48 heures.

Zone non traitée : respecter une distance par rapport aux points d'eau de 5 mètres.

Fig. 1a & 1b : Des substances complémentaires (dans le temps et dans le spectre maladie).

1a - Développement de Septoria tritici et stades sur lesquels le boscalid et l'époxiconazole sont efficaces 1b - Développement de Puccinia triticina et stades sur lesquels l'époxiconazole et la pyraclostrobine sont efficaces.

Fig. 2 : Performances sur blés.

Efficacité et rendement, Viverda à 0,5N comparé avec une référence (10 ou 13) à 0,66N sur septoriose et rouille brune. 11 essais 2010 à 2012. Application BBCH 39-53 (en T2 d'un programme dans 10 essais et en simple application dans le 11e).

Fig. 3 : Performances sur orges.

Efficacité et rendement, Viverda à 0,66N comparé à une référence triazole+strobilurine à 1N.

10 essais 2009 à 2012. Tous en simple application BBCH 37-49.

Cet article fait partie du dossier

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POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEURS : *A. SANYAS ET L. GIROUD-DUVAL, BASF Agro.

LIEN UTILE : www.agro.basf.fr

SUBSTANCES : – Qu'est-ce que le boscalid (Phytoma n° 587, nov. 2005).

– Qu'est-ce que la pyraclostrobine (Phytoma n° 556, janvier 2003).

– Qu'est-ce que l'époxiconazole (Phytoma n° 449, avril 1993).

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