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ALERTE ROUILLE JAUNE DU BLÉ, LE RETOUR

Marianne Decoin*, Marc Leconte** et Claude de Vallavieille-Pope** - Phytoma - n°659 - décembre 2012 - page 5

 ph. M. Leconte, INRA

ph. M. Leconte, INRA

Situation 2011      Race Warrior/Ambition (% des isolats analysés). Source : Pr Mogens Hovmoller, Global Rust Reference Center, Danemark.

Situation 2011 Race Warrior/Ambition (% des isolats analysés). Source : Pr Mogens Hovmoller, Global Rust Reference Center, Danemark.

Depuis quelque temps, les Français avaient pris l'habitude de traiter la rouille jaune du blé de maladie sporadique, signalée certaines années en « bordure maritime », parfois prépondérante... Puccinia striiformis f.sp. tritici, son agent pathogène, fait un retour en force en France, au vrai partout en Europe de l'Ouest.

En 2012, elle s'est fortement manifestée, et pas seulement près des côtes mais sur tout le territoire, dans un contexte de forte nuisibilité des maladies fongiques(1) (septoriose et rouille brune très présentes aussi).

Ce retour en force est lié à l'évolution du parasite. En effet, l'Europe a été littéralement envahie par une nouvelle race de P. striiformis. Nommée « Warrior/Ambition », du nom de deux variétés de blé sur lesquelles elle a été identifiée dans d'autres pays, elle était absente en 2010 en France (on notait alors sa présence très minoritaire au Royaume-Uni) mais a représenté la moitié des isolats échantillonnés en France en 2011 (carte) et... 95 % de ceux de 2012.

Elle reste sensible aux fongicides efficaces contre la rouille jaune « classique », mais contourne la résistance de certaines variétés de blé tendre et de triticale. Suite logique : le risque d'entraîner une augmentation de l'utilisation des fongicides, en contradiction avec les objectifs d'Ecophyto. Toutefois beaucoup de variétés continuent à exprimer leur résistance au stade adulte.

Cette race porte deux nouveaux gènes de virulence : « 7 » et « SP » (comme « spaldings prolific »), absents dans la race prédominante auparavant.

Cette nouvelle race manifeste un comportement biologique particulier. Ainsi, elle produit, rapidement, beaucoup de téleutosores qui ponctuent de noir voire masquent visuellement les stries jaunes d'urédospores typiques de la rouille jaune (photo).

Rappelons que les « anciennes » races de P. striiformis peuvent produire des téleutosores, mais beaucoup moins et bien plus tard.

Conséquences ? Alors que la rouille jaune était réputée inapte à la reproduction sexuée et sans hôte alternatif connu, une équipe américaine a montré qu'elle peut, comme la rouille noire, accomplir un cycle sexuel sur l'épine-vinette. En tout cas, la caractérisation de cette nouvelle race et son génotypage sont en cours, ainsi que la recherche de son origine – probablement non européenne – en collaboration avec une équipe danoise. C'est l'INRA de Versailles-Grignon (équipe de Claude Popede Vallavieille, Unité BIOGER-CPP) qui y travaille pour la France.

<p>* Phytoma. ** INRA BIOGER-CPP (Biologie et gestion des risques - Champignons pathogènes des plantes), Grignon.</p> <p>(1) Arvalis-Institut du Végétal évalue la nuisibilité des maladies fongiques sur blé tendre en comparant, dans ses essais, les rendements de la modalités non traitées avec les meilleurs rendements après traitements. Il évalue la nuisibilité à 24,6 q/ha en 2012 contre 8,3 q/ha en 2011, 9 q/ha en 2010, 20,1 q/ha en 2009 et 27,1 q/ha en 2008.</p>

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