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dossier

Apprendre à reconnaître et à gérer les rongeurs en zones de stockage des grains

LIONEL LEGROS*, MARC GELINEAU* ET GABRIELLE COR* - Phytoma - n°666 - août 2013 - page 28

Ce qu'il faut savoir sur le rat noir, le rat brun et la souris, sur les anticoagulants et la façon de les utiliser selon l'espèce visée et les normes, et sur deux modèles innovants de pièges physiques.
- Rattus rattus, dit rat noir (mais son pelage varie du brun foncé au gris) ou rat des greniers.      Ce bon grimpeur hante les silos. Photo : Service technique développement Liphatech

- Rattus rattus, dit rat noir (mais son pelage varie du brun foncé au gris) ou rat des greniers. Ce bon grimpeur hante les silos. Photo : Service technique développement Liphatech

2 - Rattus norvegicus, dit rat brun ou rat d'égout. Ses oreilles sont plus petites que celles du rat noir. Service technique développement Liphatech

2 - Rattus norvegicus, dit rat brun ou rat d'égout. Ses oreilles sont plus petites que celles du rat noir. Service technique développement Liphatech

3 - Blocs. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

3 - Blocs. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

4 - Pâtes. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

4 - Pâtes. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

5 - Céréales. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

5 - Céréales. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

6 - Mus musculus, ou souris grise. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

6 - Mus musculus, ou souris grise. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

7 - Grignotage d'une pâte caractéristique d'une souris. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

7 - Grignotage d'une pâte caractéristique d'une souris. Photos : 6-7 : Service technique développement Liphatech ; 3- 4-5 : Liphatech

8 - Wise Box en situation. Ce nouveau piège est électrique. C'est donc un procédé physique (comme l'AEGIS Trap) adapté aux lieux régis sans appâts chimiques.      De plus, il se réenclenche après chaque prise et permet des prises multiples sans réamorçage. Photo : Wisecon

8 - Wise Box en situation. Ce nouveau piège est électrique. C'est donc un procédé physique (comme l'AEGIS Trap) adapté aux lieux régis sans appâts chimiques. De plus, il se réenclenche après chaque prise et permet des prises multiples sans réamorçage. Photo : Wisecon

Les céréales entrent largement dans la ration alimentaire de l'homme, et elles sont une source majeure de nourriture des animaux d'élevage. Les rongeurs qui, du fait de leur régime alimentaire, s'attaquent aux céréales après leur récolte, sont donc nuisibles et il faut en réguler les populations.

Pourquoi lutter contre les rongeurs

Filière stratégique

Les produits issus des céréales sont utilisés dans l'alimentation humaine, l'alimentation animale et la production d'énergie, en France et à l'export. Du fait de cette diversité, de la croissance de la population et du marché de l'export grandissant, les céréales sont au centre d'enjeux de production mondiale.

Pertes de grains considérables

Or, la perte due à la consommation des rongeurs est estimée à 1 % de la production mondiale de céréales. Des cas pouvant aller entre 4 et 5 % ont également été observés, sur des sites à forte infestation (source : Brooks et Fiedler Vertebrate Pests : Damage on stored foods). À cette consommation directe, s'ajoutent les souillures dues au passage des rongeurs (fécès, urines).

Ainsi, le total des dommages est estimé à entre 10 et 15 % de la production mondiale...

Autres dégâts, zoonoses...

Il faut y ajouter les dégâts causés aux bâtiments de stockage et d'élevage (installation électrique, isolation, murs, charpentes…).

Les rongeurs sont également impliqués dans le portage et la dissémination de maladies transmissibles et dangereuses pour l'homme, dites zoonoses (leptospirose, hantavirus, fièvre hémorragique à syndrome rénal, etc. Voir Tableau 1).

Ces pathologies sont bien réelles, bien que peu évoquées via les médias. On dénombre environ 40 maladies, certaines mortelles et d'autres chroniques, qui peuvent passer des rongeurs à l'homme. Selon l'Organisation mondiale de la santé, près de 100 millions de personnes sont actuellement touchées plus ou moins gravement par ces maladies.

Double objectif

L'objectif de protéger les denrées stockées ou en transformation est double : préservation économique, mais aussi de la santé publique.

Adapter la lutte

Utiliser des anticoagulants contre les rongeurs, pourquoi ?

La gestion des populations de rongeurs est principalement basée sur l'utilisation des raticides anticoagulants. Il s'agit de l'un des seuls moyens capables, du fait de son effet décalé dans le temps, d'éviter un comportement spécifique des rongeurs qui leur fait éviter les aliments « suspects ».

En effet, les rongeurs ont une capacité d'aversion alimentaire : ils peuvent faire le lien entre la consommation d'un produit et la mort de leurs congénères si celle-ci intervient rapidement après consommation (< 48 heures). Par ailleurs, les rats en particulier sont naturellement réticents à la nouveauté (on parle de néophobie) : ils ne s'approchent pas spontanément d'un nouvel élément dans leur environnement, tant qu'ils ne l'estiment pas familier.

L'appâtage est soumis à cette contrainte, et les problématiques de gestion doivent prendre ce facteur en considération.

Les anticoagulants permettent le contrôle d'une grande partie de la population de rongeurs, l'action anticoagulante survenant une fois seulement le stock de facteurs de coagulation présent initialement dans l'organisme épuisé. En général, c'est quelques jours après l'ingestion d'une dose létale de substance active que l'on constate l'efficacité (entre 4 et 15 jours). Cela n'éveille donc pas la méfiance des autres rongeurs qui continuent à consommer l'appât.

La vitamine K, « cible »... et antidote pour les espèces non cible

Le mode d'action des anticoagulants intervient par blocage du cycle de la vitamine K, celle-ci étant un composé nécessaire à la production de facteurs de coagulation.

Les molécules anticoagulantes mimant une analogie structurale avec la vitamine K, celle-ci n'est plus regénérée par le cycle et est éliminée par l'organisme : le cycle, et donc la production de gamma-carboxyglutamate, sont interrompus, stoppant la production de facteurs de coagulation (Figure 1). De ce fait, la vitamine K1 est un antidote en cas d'intoxication involontaire aux anticoagulants, car sa présence relance le cycle.

L'utilisation des anticoagulants, alliés chimiques précieux, conjuguée à des appâts hautement appétents pour les rongeurs, permettra le contrôle des populations même en cas de compétition alimentaire extrême.

Trois espèces à identifier

Identifier la ou les espèces à l'origine des dégâts constatés n'est pas toujours aisé. En effet, la nature discrète des rongeurs les rend difficiles à observer directement. Il faut apprendre à repérer les indices de leur activité dans leur environnement proche.

On retrouve trois espèces principales dans les installations de stockage :

– le rat noir (Rattus rattus ou rat des greniers, Photo 1),

– le rat brun (Rattus novergicus ou rat d'égout, également appelé surmulot),

– la souris grise (Mus musculus domesticus ou souris domestique).

Chacune de ces espèces a un mode de vie et des habitudes qui lui sont propres. Ces habitudes devront être prises en considération dans les stratégies de contrôle et l'identification des espèces (Tableau 2, page suivante).

Revue des trois espèces : le rat noir d'abord

Habitudes granivores

Le rat noir (Rattus rattus) est très présent en milieu agricole. Vif et mobile, on ne le remarque pourtant pas très souvent. Agile et grimpeur, il niche dans les hauteurs (haut des cellules de stockage, poutres, faux plafonds, centrales électriques...) et reste à l'abri. On ne le rencontre que très rarement dans des terriers et à l'extérieur.

Il boit beaucoup mais n'affectionne pas les lieux humides. Son régime est essentiellement granivore à frugivore, et il vit au plus près des céréales stockées.

Il consomme en général 10 % de son poids par jour. Il peut faire 3 à 5 portées par an, chacune entre 6 et 10 petits.

Comment l'identifier

Le rat noir, malgré des similitudes avec son cousin le rat brun, est cependant facilement reconnaissable grâce à :

– Ses yeux très globuleux,

– ses oreilles très larges à grands pavillons,

– sa queue plus longue que le corps.

La couleur du pelage varie du brun au gris, elle n'offre donc pas un critère d'identification évident. Il est plus petit que le rat brun, pesant entre 120 et 230 grammes.

En l'absence d'observation directe de l'animal (vivant ou mort), il faut se focaliser sur ses traces :

– Traces de passage : la queue laisse des « coups de pinceaux » caractéristiques,

– forme et regroupement des fécès (en forme cylindrique aux extrémités anguleuses, sèches et noires de 8 à 12 mm de long, là où celles du rat brun ressemblent à un noyau d'olive),

– dégâts causés : plutôt sur les isolants, plafonds et cloisons mitoyennes.

Contrôler cet acrobate

Dans le cadre d'une stratégie de contrôle d'une population de rats noirs, il est important de définir le plan de dératisation en fonction de ses habitudes.

Il faudra donc positionner les appâts près des lieux de fréquentation et d'observation de dégâts (poutres, faux plafonds, tableaux et câbles électriques, haut des cellules de stockage).

D'autre part, du fait de son naturel très méfiant et de ses habitudes alimentaires avec son attirance pour les aliments à base de graines, le rat noir pourra dédaigner les appâts si ceux-ci ne sont pas suffisamment appétents par rapport aux grains en place (céréales, maïs…).

Pour optimiser le traitement, on préconisera des céréales contenant un anticoagulant et une formulation ayant fait ses preuves sur ce rongeur, comme la pâte (ex. à base de diféthialone ou de bromadiolone).

De façon générale, il est recommandé d'utiliser prioritairement une formulation se rapprochant de l'aliment présent sur le site. Mais il faut que les conditions de traitement le permettent, notamment du fait de la dispersibilité des appâts, on y reviendra.

Les appâts étant placés dans des boîtes d'appâtage, il faudra également prendre en compte le temps pour les rongeurs à s'habituer aux postes et rentrer à l'intérieur de ces derniers. Cela peut aller de 15 jours à 1 mois.

Le rat brun

Habitudes humides

Le rat brun (Rattus norvegicus) est l'espèce de rat la plus présente en France, tous milieux confondus. Également appelé rat d'égout ou encore surmulot, il supporte et affectionne les lieux humides, dans lesquels il creuse des terriers. Il vit en extérieur.

On ne l'aperçoit donc que très rarement à l'intérieur des bâtiments, où il se rend principalement en quête de nourriture.

Il peut faire entre 5 et 6 portées par an, chacune entre 6 et 12 petits, la maturité sexuelle étant atteinte entre le 2e et le 3e mois.

Comment l'identifier

Plus gros que le rat noir, le rat brun pèse entre 250 et 500 grammes. Il consomme, lui aussi, quotidiennement environ 10 % de son poids. Les critères d'identification sont les suivants :

– Oreilles plus petites, dépassant rarement le haut du crâne (Photo 2) ;

– Yeux rentrés dans leurs orbites, très peu globuleux ;

– Longueur de la queue inférieure à celle du corps.

Ici encore, en l'absence d'observation directe de l'animal vivant ou mort, il faut se concentrer sur certains indices :

– Trace de passage : les traces de pattes dans les milieux humides sont caractéristiques, et permettent l'identification. On ne repère que très rarement des traces de queues.

– Présence des terriers (environ 8 cm de diamètre) : ce phénomène est quasi systématique chez le rat brun. Les terriers sont souvent éloignés des zones de dégâts observés. Ils sont généralement dans les talus proches des bâtiments, sur les berges d'un ruisseau ou encore sous les dalles des hangars.

– Coulées : pour aller du terrier à la source de nourriture, le rat brun utilise le même chemin ; il crée ainsi des coulées visibles dans la végétation piétinée.

– Fécès : en forme de noyau d'olive, groupées, de 10 à 15 mm de long.

Contrôler cet omnivore très méfiant

D'un naturel méfiant, le rat brun est réticent à la consommation d'appâts, et, de plus, prend du temps pour s'habituer aux boîtes d'appâtage.

Il faut donc positionner les appâts sur les lieux de passage et de consommation identifiés, dans le respect de la règlementation en vigueur (dans et autour des bâtiments). Ensuite il est important de limiter la compétition alimentaire autant que possible, notamment pour réduire le temps mis par les rongeurs à s'habituer à la présence des appâts en les forçant à s'alimenter, malgré leur comportement néophobe. Il n'est pas rare qu'un traitement curatif prenne entre 2 et 3 mois.

Enfin il est possible de diversifier les appâts en les choisissant de façon à contrer la compétition alimentaire du site.

En effet le rat brun, plutôt omnivore, n'est pas focalisé sur une alimentation céréalière. Il pourra aisément être contrôlé à l'aide d'appâts de type bloc, pâte ou céréales (Photos 3, 4 et 5), en fonction de la compétition alimentaire et des caractéristiques du milieu à contrôler.

Les céréales seront privilégiées sur les lieux de stockage de céréales, les pâtes plutôt si les aliments en place sont très variés. Enfin le bloc sera préféré en conditions humides favorables au développement de moisissures. Les boîtes d'appâtage seront positionnées tout autour de la denrée stockée ou des zones présentant des dégâts. La zone autour des bâtiments sera également ciblée de façon à traiter la zone de terriers.

La souris grise

Ses habitudes

La souris grise ou souris commune (Mus musculus domesticus, Photo 6), est probablement l'espèce de rongeur la plus représentée dans le monde entier. Très prolifique, elle peut avoir entre 6 et 10 portées par an, chacune entre 6 et 8 petits. La maturité sexuelle est atteinte entre 1,5 et 2 mois.

Du fait d'un tel pouvoir invasif, il est nécessaire de bien contrôler les populations afin de limiter son expansion.

D'un naturel curieux, elle a pour habitude de varier sa source de nourriture (jusqu'à 30 sources d'aliments différents peuvent constituer son bol alimentaire d'une nuit…). Buvant peu, elle niche à l'intérieur des bâtiments, surtout dans les cloisons, placards, armoires électriques ou isolations des bâtiments. Sa zone d'activité est associée à une forte odeur d'urine concentrée du fait du peu d'eau qu'elle consomme.

Comment l'identifier

Une souris pèse entre 10 et 25 grammes, et mesure entre 6 et 10 cm queue incluse. Elle consomme entre 10 et 20 % de son poids quotidiennement. L'identification est principalement associés aux indices de présence qu'elle laisse sur son passage ;

– Fécès : en forme de grains de riz, très petits, et disséminés,

– odeur d'urine caractéristique, très forte et très prégnante,

– dégâts : ils peuvent être importants, sur les denrées stockées ou les installations, du fait du mode d'alimentation grignoteur éclectique de la souris qui a tendance à goûter de tout.

– zones de nidification : rongement de certains matériaux (carton, bas de porte, papier déchiqueté).

Contrôler ce rongeur vif, éclectique et casanier

La souris est casanière. Bien que très rapide, elle se déplace peu autour de son nid (dans un rayon d'une dizaine de mètres). Ceci oblige à traiter dans le cercle de déplacement, en disposant de nombreux points de traitement de façon à s'adapter aux habitudes alimentaires très diversifiées.

Il est important de multiplier les boîtes d'appâtage pour garantir l'efficacité du traitement, la souris consommant la dose létale en grignotant sur plusieurs points (Photo 7). Les appâts seront sécurisés et adaptés à la taille des souris (type AEGIS souris).

Les substances actives recommandées seront de seconde génération (diféthialone par exemple) de façon à contrôler les individus résistants en cas de site où la gestion est difficile et récurrente.

Du fait de la diversité des populations pouvant cohabiter sur un même site et des habitudes alimentaires très variées, il est possible qu'un traitement ne démontre son efficacité qu'au bout de 3 mois.

En pratique, la gestion des principaux rongeurs en organisme de stockage

Contrôler efficacement en respectant les normes

Quelle que soit la destination des denrées stockées, il est obligatoire pour le professionnel ou l'exploitant de faire en sorte que le produit de traitement ne soit pas en contact avec la denrée alimentaire. Ceci pour des raisons de limitation du risque de contamination.

Les appâts doivent donc être placés dans des boîtes d'appâtage qui les protègent de la dispersion mais également les conservent à l'abri des poussières et de l'humidité (comme le poste AEGIS).

Dans cet esprit, les appâts à base de grains de céréales enrobés, qui sont dispersibles, sont à positionner à l'extérieur des zones de stockage de céréales ou autre aliment. À l'intérieur, on évitera ces appâts à base de céréales, et on privilégiera les formulations pâte ou bloc.

Dans le cadre du respect de la méthode HACCP, il est nécessaire de veiller à la sécurisation des traitements. Ainsi on traitera les zones sensibles à l'aide de boîtes d'appâtage sécurisées (type AEGIS rat ou souris) afin d'éviter le contact entre l'appât et la denrée stockée.

Le cas particulier des normes spécifiques

D'autre part, si le site est régi par des normes spécifiques (IFS, AIB ou BRC, voir Tableau 3), il est recommandé de ne pas faire d'application dans la zone de stockage ou de transformation des denrées.

Il faudra alors tenter de contrôler les populations en mettant un cordon de traitement autour du bâtiment et, s'il s'agit de rat brun, sur la zone de terrier (en poste d'appâtage). L'intérieur des bâtiments sera, lui, traité sans utiliser de méthode chimique, donc par des méthodes mécaniques, comme l'AEGIS Trap ou la toute nouvelle Wise Box.

Deux nouveaux pièges pour adapter son plan de dératisation

Il est possible d'adapter le plan de dératisation en combinant lutte chimique et lutte mécanique dans les zones où cela est possible (voir Figure 2).

L'AEGIS Trap est un piège innovant qui permet d'allier :

– efficacité avec piégeage rapide,

– sécurité pour l'utilisateur (armement et contrôle sans contact avec la trappe),

– vérification de l'état du piège (armé ou désarmé) avec témoin de capture pouvant se faire à distance. Ce dernier point rend plus confortable le travail du professionnel, par exemple si celui-ci a disposé ses pièges en hauteur pour viser une population de rats noirs. Ainsi, ce piège peut être utilisé en préventif comme en curatif.

Il nécessite tout de même d'aller vérifier son état régulièrement afin de le réarmer. Dans des sites en norme AIB où la densité des pièges peut être très importante, cela peut représenter une forte charge de travail pour l'opérateur.

Dans ce cas, l'utilisation d'un piège Wise Box (Photo 8) s'avère également très intéressante. Innovant dans son concept, il s'agit d'un boîtier dont l'efficacité est basée sur le besoin instinctif du rongeur de se mettre à l'abri dans des endroits confinés.

Idéalement placée sur les zones de passage, avec attractif ou non, le capteur présent dans le boîtier détecte la présence d'un rongeur et déclenche un piège électrique qui permet le contrôle efficace de la population. Les cadavres sont automatiquement déposés dans un boîtier fermé et le piège se réenclenche pour accueillir le prochain rongeur.

Les modèles communiquants peuvent paramétrer l'envoi d'alertes (via e-mail ou SMS) informant de la prise d'un rongeur, ainsi que la fréquence et les dates des prises. Très pratique, cette fonction évite à l'opérateur de venir contrôler le piège si celui-ci ne s'est pas enclenché, et permet aussi d'effectuer des prises multiples sans nécessiter un réamorçage.

Des méthodes de contrôle… sur la durée

Anticoagulants

Nous avons vu qu'il est important de contrôler les populations de rongeurs pouvant occasionner des dégâts matériels, économiques ou sanitaires sur les denrées stockées ou transformées. L'utilisation des molécules anticoagulantes, associées à des appâts dont la formulation est appétente et en accord avec les contraintes ou la production du site, est une méthode efficace et adaptée au contrôle des populations.

Le positionnement des appâts doit se faire dans le respect de l'application du paquet Hygiène et la méthode HACCP, en sécurisant les points d'appâtage avec des boîtes sécurisées, de type poste AEGIS .

Pièges physiques

Mais les molécules chimiques ne sont pas les seuls moyens d'effectuer ce contrôle.

Si les normes en place sur le site ne permettent pas l'utilisation de molécules chimique, il faudra utiliser des méthodes de type piégeage, avec l'AEGIS Trap ou la Wise Box qui permettent une sécurisation du site sur la durée, ou encore simplement avec des nasses.

Indispensable prophylaxie

Enfin il est nécessaire d'appliquer des mesures prophylactiques pour prolonger l'action de contrôle, en limitant les possibilités de réinfestation.

Même si certaines sont contraignantes, elles se révèlent très efficaces : rendre si possible étanches les bas de portes, préférer le stockage en cellule plutôt qu'à plat, ramasser les grains épars, ne pas laisser de céréales à même le sol (en sac ou à l'air) et enfin réaliser un traitement avant le stockage des denrées pour éviter une réinfestation.

En conclusion, il faut réagir aux moindres dégâts sur la structure, plutôt que d'attendre d'être envahi !

Fig. 1 : Cycle de la vitamine K et mode d'action des anticoagulants.

Tableau 1 - Quatre exemples de zoonoses

 Tableau 1 - Quatre exemples de zoonoses

Tableau 1 - Quatre exemples de zoonoses

Tableau 2 - Distinguer les trois espèces

Tableau 3 - Description des normes en IAA

1. Méthode HACCP (Hazard Analysis and Critical Control Point) Méthode obligatoire (réglementaire)

Cette méthode, définie par le Codex Alimentari, permet d'étudier les dangers et de définir des points critiques essentiels pour maîtriser la sécurité alimentaire d'un produit.

Sur le plan réglementaire, cette étude est devenue obligatoire pour toute entreprise agroalimentaire (incluant le stockage de denrées) en janvier 2006. La méthode HACCP doit être appliquée sur l'ensemble de la chaîne agroalimentaire, du stockage à la transformation.

2. Référentiel IFS (International Food Standard) Méthode volontaire (référentiel de normalisation)

Pour les industriels agroalimentaires dont la production est destinée aux marques de distributeur, garantissant les exigences essentielles de sécurité alimentaire.

Ce standard est actuellement reconnu en France et en Allemagne.

3. Référentiel BRC (British Retail Consortium) et norme AIB (American Institute of Bakery) Méthodes volontaires (référentiels de normalisation)

Pour les industries agroalimentaires dont la production est destinée aux distributeurs anglais et/ou américains.

4. Norme ISO 9001 Management de la qualité sur site

Norme qualité relative au système de management de la qualité, non spécifique à l'agroalimentaire. Basée sur l'amélioration continue, l'ISO 9001 remplace la norme ISO 9002 depuis 2000.

Elle certifie le fonctionnement global de l'entreprise.

Fig. 2 : Cas d'un site agro-alimentaire avec un bâtiment classé AIB (surface &gt; 10 H a).

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RÉSUMÉ

CONTEXTE - La gestion des rongeurs est une étape nécessaire pour la protection des denrées stockées. Il faut apprendre à reconnaître les trois espèces principales pour pouvoir adapter la lutte de façon efficace, en prenant en compte la réglementation et les normes du site.

ÉTAT DES LIEUX - Le rat brun, le rat noir et la souris sont évoqués, avec leur mode de vie, leurs caractéristiques et les méthodes de lutte à base d'anticoagulants adaptées à chaque espèce.

Là où la lutte chimique n'est pas possible, on préconise les pièges mécaniques ou électriques.

MOTS-CLÉS - Qualité sanitaire des grains, protection des denrées stockées, céréales, rat brun Rattus norvegicus, rat noir Rattus rattus, souris Mus musculus domesticus, zoonose, anticoagulant, prophylaxie, vitamine K.

SUMMARY

CONTEXT - The three main rodents species that geopardize cereal storage facilities are brown rat, roof rat and domestic mouse.

STORY - This article presents the different species and their characteristics. A good knowledge of their habits is required for adapting control methods to each species but also to follow safety rules like HACCP method.

Anticoagulants based baits and mechanical traps are required to control populations at a large scale.

KEY-WORDS - Cereal storage, rodents, brown rat Rattus norvegicus. roof rat Rattus rattus, domestic mouse Mus musculus domesticus, anticoagulants based baits, mechanical traps, HACCP.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEURS : L. LEGROS*, M. GE LINEAU*, G. COR*, Liphatech

CONTACT : legrosl@liphatech.fr

LIEN UTILE : liphatech.fr

RÉFÉRENCES :

source : Brooks et Fiedler Vertebrate Pests: Damage on stored foods:

http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/inpho/docs/Post_Harvest_Compendium_-_Pests-Vertebrates.pdf http://www.cdc.gov/rodents/diseases/direct.html#lepto

Département de médecine et chirurgie de l'université de Turin

http://flipper.diff.org/app/pathways/2365

Rodent pests and their control Buckle et Smith Ed Cabi International

www.wisecon.dk

Informations issues des travaux de terrain du Service technique développement Liphatech-De Sangosse, sur les rongeurs en milieu agricole, en milieu de stockage et de transformation des denrées.

Public Health Significance of Urban Pest, World Health Organization 2008

Lasseur et Bourret : Gérer les rongeurs des grains après récolte. Phytoma LdV n°618 septembre 2008

Normes AIB, IFS, BR C : se reférer au lien internet de chaque norme pour des informations précises et mises à jour.

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