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Charançon rouge du palmier, déjouer les pièges du piégeage

RACHID HAMIDI*, DANIELA SCHMIDT-BUESSER*, PIERRE COUZI*, BENJAMIN LHERMINIER*, KHALID KHFIF*, MICHEL RENOU*, ARMAN AVAND-FAGHIH** et DIDIER ROCHAT*, D'APRES LEUR COMMUNICATION À LA 3E CONFÉRENCE ZNA DE L'AFPP, TOULOUSE 2013 - Phytoma - n°667 - octobre 2013 - page 26

Bases, bonnes pratiques, limites et perspectives du piégeage olfactif contre le charançon rouge du palmier.
Charançon rouge adulte. Les mâles émettent une phéromone d'agrégation qui attire leurs congénères, mâles et surtout femelles. Cette phéromone est à la base du piégeage. Si on l'utilise seule, attention à l'efficacité. Mais si on l'associe à un coattractif naturel, attention au coût. Photo : D. Rochat

Charançon rouge adulte. Les mâles émettent une phéromone d'agrégation qui attire leurs congénères, mâles et surtout femelles. Cette phéromone est à la base du piégeage. Si on l'utilise seule, attention à l'efficacité. Mais si on l'associe à un coattractif naturel, attention au coût. Photo : D. Rochat

Le piégeage à l'aide de pièges à phéromone est un outil de surveillance du charançon rouge du palmier (CRP) voire de lutte contre ce ravageur... À condition de déjouer les pièges de la technique !

Il y a pour cela de bonnes pratiques basées sur des connaissances dont voici une synthèse. Intégrant l'expertise du consortium européen Palm Protect (2013), elle concerne la biologie du ravageur, les mécanismes d'attraction et piégeage, les avantages et limites de la technique.

Les bases du piégeage, côté attractif

Biologie : attraction phéromonale et synergie par odeur végétale

Le CRP est doté d'un odorat remarquable qui lui permet de localiser ses congénères et les palmiers.

Le mâle émet une phéromone attractive pour les deux sexes, le 4-méthyl-5-nonanol, dit ferruginéol (Hallett et al., 1993).

Il est admis que ~10 % de ferruginéone (4 méthyl-5-nonanone) potentialise l'effet du ferruginéol (Abozuhairah et al., 1996). Cette phéromone d'agrégation, une des clés de la dynamique des populations du CRP, sert de signal sexuel et de site de vie favorable. Elle attire davantage les femelles que les mâles et, de fait, les pièges capturent 2 à 3 femelles pour 1 mâle.

L'odeur de tissus blessés de palmiers est synergique de cette phéromone (Hallett et al., 1993 ; 1999 ; Avand-Faghih, 2004) ainsi que celle émanant de liquides (mélasse) ou fruits sucrés en fermentation : dattes, pommes… À courte distance (< 5 m), le CRP s'oriente en marchant vers l'odeur de dattier (base foliaire fermentée) seule à partir de très faibles doses (3 cm3 de tissu). Seule, elle tend à arrêter les CRP en marche spontanée, mais est moins attractive que la phéromone : 10 à 20 cm contre 30 à 60 cm en 1 mn (étude de laboratoire).

Le mélange d'odeur de palmier à la phéromone accroît la distance parcourue par minute de 50 % à 200 % et améliore la focalisation vers la source par rapport à la phéromone seule (Schmidt-Buesser et al., 2010 ; Rochat et al., non publié).

Attractifs disponibles : une phéromone synthétique…

La phéromone synthétique, stable et bon marché, est un attractif commercial formulé dans des diffuseurs actifs de 1 à plus de 5 mois. Les doses d'emploi varient de 3 à 10 mg/j (ferruginéol avec 3 à 10 % de ferruginéone). Sur le terrain, l'odeur de palmier seule capture autant que la phéromone seule.

Très important, le mélange avec un substrat végétal optimal (SV) prend toujours davantage que la phéromone seule.

… Substrats végétaux divers et acétate d'éthyle

Selon les pays, le SV est fait de morceaux de stipes ou bases foliaires ou pétioles frais de dattier ou cocotier ou de dattes mûres qui fermentent et dont l'effet synergique est incontestable (0,1 à 1 kg) (Avand-Faghih, 2004 ; Faleiro, 2005 ; Oehlschlager, 2007 ; Vacas et al., 2013). Dans l'ue, l'usage de mélasse tend à se répandre et l'on cherche un substitut synthétique au SV (Guarino et al., 2011).

Il existe pléthore d'essais comparatifs de SV. Leurs résultats contradictoires illustrent la variabilité des odeurs émises.

Les essais pour identifier le principe synergique produit par les SV ont montré que l'acétate d'éthyle (etac), constituant abondant de ce principe, y joue un rôle (El-Sebay, 2003 ; Abdallah et al., 2008 ; Guarino et al., 2011). Ce rôle s'exprime au moins pour l'approche en marche à courte distance : l'etac n'est pas attractif per se mais accroît l'effet de la phéromone (Schmidt-Buesser et al., 2010). Un apport d'etac accroît l'effet d'un appât SV + phéromone (gain × 2,5 pour Rhynchophorus palmarum L. Transposable au CRP ; Oehlschlager, 2010).

Palme à l'appât tripartite, pour l'instant

Cet appât tripartite (phéromone + SV + etac) est sans conteste le meilleur pour attirer le CRP (Figure 1 et Tableau 1). L'intérêt de l'etac comme seul synergiste de la phéromone (sans SV : El-Sebay, 2003 ; Avand-Faghih, 2004) vient d'être démenti par Vacas et al., (2013).

D'autres substances ont été citées comme améliorant l'attraction du CRP dans diverses situations. Mais aucune n'a fait la preuve d'un effet reproductible digne d'usage généralisé (Gunawardena et al., 1998 ; Guarino et al., 2011). Palm Protect poursuit ces travaux.

Les bases du piégeage, côté piège

Adapté à la phase d'approche

La littérature abonde de descriptions et d'évaluations de pièges (Faleiro, 2005 ; Oehlschlager, 2007 ; Martínez Tenedor et al., 2008 ; Sansano et al., 2008 ; Alfaro et al., 2011). Plusieurs bons modèles répondent aux critères primordiaux de faciliter l'entrée des cibles et d'empêcher leur fuite ultérieure : trivial mais pas général.

Peu de CRP atterrissent directement dans un piège ; la majorité le gagne en marchant (0,5 à 2 m) après approche en vol.

Le design d'un piège et son placement sur le terrain ont une forte influence sur cette phase finale d'accès au piège.

Forme : cylindre ou pyramide

Le type le plus répandu et ancien est un récipient cylindrique avec couvercle, seau, doté d'ouvertures en partie haute (Figure 2). La surface externe doit impérativement être rugueuse ou avec des aspérités pour permettre l'escalade jusqu'aux entrées. Il est suggéré d'associer au seuil des entrées des surfaces lisses en pente raide vers l'intérieur pour un « effet toboggan ».

Un piège de forme pyramidale (tronc de cône) avec paroi externe striée et inclinée à 60° a été mis au point récemment (Figure 2). L'accès se fait par une unique entrée couplée à un entonnoir, située au sommet. Les CRP n'ont pas à marcher sur une paroi verticale ou en surplomb comme sur un piège « seau » (Alfaro et al., 2011 ; Vacas et al., 2013). Des suivis vidéo montrent toutefois que la chute des CRP par l'entonnoir central n'est pas systématique (Hamidi et al., non publié).

Couleur : en fait, c'est le contraste

La littérature regorge de données contradictoires sur l'effet de la couleur sur les captures (Faleiro, 2005 ; Oehlschlager, 2007 ; Al-Saoud et al., 2010 ; Tapia et al., 2010). Cependant, beaucoup montrent que les pièges noirs ou sombres prennent davantage que les plus clairs (Hallett et al., 1999 ; Alfaro et al., 2011 ; Ávalos et Soto, 2010).

La plupart des auteurs concluent à l'effet attractif de la couleur. En fait, les captures sont le fruit de l'intégration d'informations multisensorielles sans que la contribution de chacune puisse être déterminée. Les captures supérieures des pièges sombres peuvent ainsi résulter d'un contraste avec l'environnement (sol) et non de la couleur. Ceci vient d'être démontré par Belušic et Pirih (2013) par mesures électrophysiologiques et physiques : le CRP ne voit pas les couleurs. En revanche, il perçoit très bien les contrastes.

De l'eau : Pour quoi faire ?

L'eau crée dans le piège une forte humidité, prisée par le CRP. Surtout, elle permet la fermentation efficace et prolongée du SV, nécessaire à la production d'odeur attractive (Aldryhim et Khalil, 2003 ; Vacas et al., 2013). Elle sert enfin d'agent de rétention, additionnée de détergent ou d'insecticide. Avec un piège pyramidal et sans SV, l'eau n'améliore pas les prises obtenues avec phéromone ± etac seuls (Alfaro et al., 2011). Soulignons que ce piège est conçu pour empêcher tout échappement de CRP sans nécessiter d'eau, mais que l'absence de SV réduit fortement son potentiel de capture (Figure 1). On peut y placer de l'eau et du SV, mais peu : il n'est pas prévu pour ça (Fig. 2).

Placement dans l'environnement

Le piège pyramide est conçu pour un usage exclusif au sol.

Le piège seau peut être, lui aussi, posé au sol ou semi-enterré, avec les ouvertures latérales affleurant du sol. Il peut enfin être fixé en hauteur sur un tronc ou un mur.

Important : il ne faut pas accrocher de piège à un stipe de palmier non protégé par insecticide. On verra plus loin pourquoi.

Il faut toujours choisir un emplacement dégagé, bien ventilé, de préférence ombragé pour favoriser l'accessibilité et la ventilation du piège sans surchauffe.

Appliquer un principe simple, l'économie... se paye

La clé d'une lutte intégrée efficace

Le CRP est dans les tout premiers rangs mondiaux de l'usage de phéromone (El-Sayed et al., 2006 ; Witzgall et al., 2010). En effet, cet usage permet de réduire le temps de détection des foyers, qui sont distribués de façon agrégative, (Faleiro et al., 2002). Là où sont pris des CRP, la probabilité de trouver des palmiers infestés est maximale. Le piégeage permet aussi, en théorie, d'éliminer en masse les adultes en les attirant vers les pièges, sans traiter des palmiers.

Pourtant, le piégeage seul n'a pas de sens. Il ne porte de fruits qu'appliqué à moyen ou long terme selon une stratégie claire. Or il est coûteux, surtout du fait de sa logistique : mise en place, usage d'eau, fréquence de suivi, souplesse pour faire évoluer les réseaux (Soroker et al., 2005 ; Faleiro, 2006 ; Martín et al., 2013 ; Giblin-Davis et al., 2013).

Nous présentons ci-après les mécanismes sur lesquels repose l'efficacité du piégeage pour une mise en œuvre garante de résultats.

Sensibilité optimale versus charge financière : les diffuseurs phéromone + EtAc…

Bien gérer le CRP repose sur la localisation rapide et sûre des foyers sur de grandes surfaces. Piéger l'adulte y aide fondamentalement, et ce d'autant mieux que chaque piège aura la meilleure sensibilité.

Pour cela il faut utiliser l'attractif le plus performant au long cours couplé à un piège à l'efficacité reconnue. Si l'on s'approche d'un tel optimum, la mise en œuvre pour un piégeage de masse est possible.

Le meilleur attractif du CRP est la combinaison phéromone + etac + SV qui fermente, de préférence « d'origine palmier ».

Phéromone et etac sont émis à partir des diffuseurs manufacturés bien calibrés. Les doses et durées de vie sont à mesurer localement. En fonction de ces mesures le gestionnaire doit veiller à renouveler les diffuseurs à une fréquence appropriée pour éviter l'épuisement de l'une ou l'autre odeur donc une chute de sensibilité des pièges. Cette fréquence est au maximum mensuelle pour l'etac et trimestrielle pour la phéromone.

… mais, surtout, les coûts liés au coattractif végétal

Le troisième composant de l'attractif est le SV. Son effet repose sur sa capacité à fermenter, la fermentation générant le principe actif (indéterminé) qui renforce la phéromone et l'EtAc. Plus le SV est sucré et humide et plus la synergie est intense et durable. Les SV provenant de palmiers semblent globalement plus efficaces que les autres.

Ici l'eau et sa logistique sont critiques pour l'efficacité et la sensibilité du piège mais aussi du point de vue économique, on va le voir plus loin. Il est très difficile de maintenir un effet élevé du SV au-delà de trois semaines. Or, ni les morceaux de palmiers, ni d'autres matières végétales fermentescibles bon marché ne sont disponibles à l'année en quantités importantes et à des coûts acceptables pour alimenter des réseaux de pièges de plus en plus vastes dans l'ue, à l'exception de la mélasse dont l'usage tend à se répandre.

Vu le coût élevé de la main-d'œuvre dans l'ue, il y a une difficulté croissante à entretenir des réseaux de centaines voire milliers de pièges exigeant une logistique lourde et très onéreuse pour gérer SV et eau (des tonnes à distribuer...) Nécessaires à l'émission d'un attractif optimal pour le CRP. On observe donc une tendance lourde à abandonner l'usage de SV…

Pièges sans SV, risque sérieux de contre-productivité

C'est un peu pour cela qu'a été mis au point le piège pyramidal sec. Il allège beaucoup le coût d'un piégeage mais fait l'impasse totale sur le différentiel d'efficacité intrinsèque pour attirer le CRP.

Face à des populations de CRP en explosion, on capture facilement des charançons avec des pièges secs et de la phéromone seule (Vacas et al., 2013) ; les gestionnaires s'en satisfont, croyant le système efficace. En fait, de nombreux charançons, attirés par la phéromone aux environs du piège, n'y entrent pas et peuvent infester les palmiers proches.

Cet « équilibre » entre efficacité apparente et réduction de coût ouvre à notre sens la porte à un risque sérieux de contre-productivité si des précautions ne sont pas prises dans le déploiement de tels pièges. Il faut :

– éviter de les placer sur, voire trop près des palmiers,

– mettre en œuvre des moyens de protection par ailleurs.

Une « zone à risque » évaluée expérimentalement

Nous avons montré lors d'un piégeage « selon les règles de l'art » sur ~200 ha que les dattiers non protégés par insecticide présents dans un rayon de 20 à 25 m autour des pièges subissaient des attaques supérieures aux palmiers plus éloignés de la parcelle, sans que la présence de pièges dans cette parcelle y accroissent l'incidence globale du CRP, comparée à des parcelles sans pièges (Rochat, 2005 ; Rochat et Avand-Faghih, non publié). Ce résultat corrobore plusieurs résultats non publiés.

Le phénomène résulte d'une présence accrue de CRP au voisinage des pièges. Ils sont attirés par la phéromone, mais les pièges ont une capacité imparfaite à les capturer. Surtout, il y a compétition locale entre palmiers et pièges : des CRP préfèrent les palmiers aux pièges pour leur orientation finale.

Le Tableau 2 évoque quatre situations combinant la mise en œuvre d'une protection insecticide des palmiers ou non dans la zone à risque (25 m autour des pièges) et d'un appât optimal (avec SV) ou non, avec les effets potentiels pour le rendement du piégeage et la protection des palmiers.

Ainsi, le piégeage n'est pas problématique en soi, bien au contraire, mais il a ses limites.

Un choix à faire en connaissance de cause

Les contraintes économiques qui incitent les praticiens à ne pas utiliser de SV et d'eau dans les pièges sont compréhensibles. Ce choix doit être fait en toute connaissance que l'attractif simplifié utilisé alors réduit la sensibilité au piège.

Il recrute les CRP à distance mais perd en attraction de proximité. Une partie des charançons attirés aux alentours du piège n'y entrera pas parce que son odeur ne le permet pas et qu'un piège, aussi perfectionné soit-il, ne prend jamais 100 % de ses cibles.

Conclusion

Aujourd'hui, rigueur et précautions

Le piégeage à l'aide de phéromone reste un outil indispensable pour contrer le CRP. Il est compatible avec une gestion « zéro phyto » prônée par moult collectivités pour leurs espaces verts. Il a bénéficié de nombreuses améliorations. En particulier, des attractifs et des modèles de pièges commerciaux efficaces sont disponibles et fiables.

Mais il doit être mis en œuvre avec rigueur, en toute connaissance de son mode de fonctionnement, de ses risques et des moyens de s'en prémunir et de ses limites.

Son coût logistique trop élevé lorsqu'il utilise un attractif optimal (incluant un coattractif naturel à renouveler souvent) conduit à privilégier des appâts suboptimaux. Ce choix présente un danger si les pièges sont disposés au voisinage direct de palmiers non traités efficacement.

Odeur de palmier, à la recherche de la meilleure copie

Il faut donc faire aboutir les recherches en cours qui visent à développer un attractif synthétique vraiment mimétique du palmier. Cet attractif réunira à la fois des propriétés d'attraction optimale vis-à-vis du CRP et une facilité d'emploi avec un renouvellement limité.

La recherche est plus que jamais nécessaire pour mettre eau point cette odeur de palmier synergique artificielle qui remplacera l'emploi de SV et éliminera le risque pris à piéger sans SV.

Fig. 1 : Le piégeage, côté appâts Efficacité combinée

des appâts pour piéger R. ferrugineus. Phér. = phéromone. OV = odeur végétale. EtAc = acétate d'éthyle. Le trait noir indique la variabilité associée, 25-75 %. Valeur cognitive (sex. = sexuelle ; alim. = alimentaire) pour l'insecte. *** Effet renforcé.

Fig. 2 : Le piégeage, côté pièges

À gauche, piège seau, à droite, piège pyramidal.

SV : substrat végétal naturel, fermentescible en présence d'eau.

A+ : augmentation de l'effet attractif (en plus de celui des attractifs du diffuseur).

E+ : facilitation de l'entrée des CRP dans le piège.

R+ : amélioration de la rétention des CRP par le piège.

Les « ? » indiquent une pratique facultative.

Croquis réaliste (dimensions indicatives).

1 – Charançon rouge, pourquoi les pièges sont plébiscités

Le charançon rouge du palmier (CRP), Rhynchophorus ferrugineus Olivier, (Coleoptera, Dryophthoridae), originaire d'Asie tropicale, a été introduit en Espagne dans les années 1990. Sa dissémination rapide et à grande échelle est liée au boum du commerce des palmiers d'ornement.

Le CRP est aujourd'hui présent dans la quasi-totalité des états méditerranéens et du sud de l'Europe, sans compter la Géorgie, Curaçao, les États-Unis, les îles Canaries, le Japon… (OEPP, 2008, 2013a ; Giblin-Davis et al., 2013).

Dans l'Union européenne (UE), la mise sous statut de quarantaine en 2007 (JOUE, 2007) n'a pas empêché des pertes colossales : ~150 000 palmiers entre 1995 et 2011 (estimation Palm Protect, 2013). Les palmiers d'ornement sont détruits en masse, ce qui entraîne des bouleversements paysagers.

En France, où le CRP a été décelé en 2006, son extension est très préoccupante depuis 2010. Même la Bretagne est touchée (OEPP, 2013b).

Cela traduit les difficultés pratiques d'appliquer une quarantaine et un contrôle efficaces face au potentiel d'adaptation et de survie de l'insecte sous les climats d'Europe (Fiaboe et al., 2012). On s'oriente dans l'ue vers la recommandation de l'injection dans le stipe d'insecticides systémiques à fort pouvoir de distribution et de rémanence pour tenter de contenir le CRP et sauver les palmiers. En France, la prudence dans un contexte peu favorable aux insecticides conventionnels (Ecophyto ; effets des néonicotinoïdes sur abeilles) ralentit l'autorisation de cette méthode.

Un certain flou marque donc l'emploi des insecticides contre le CRP.

À l'inverse, le piégeage à base de phéromone fait consensus.

On recommande depuis longtemps de façon consensuelle au niveau international de le mettre en place pour détecter et éliminer le CRP.

C'est le cas dans l'arrêté du 21 juillet 2010 qui définit les règles et les moyens à mettre en œuvre pour détecter et éradiquer le CRP en France (JORF, 2010).

Cet article fait partie du dossier

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RÉSUMÉ

CONTEXTE – Le charançon rouge du palmier (CRP), ravageur très destructif des dattiers et des palmiers d'ornement en zone méditerranéenne, est espèce de quarantaine dans l'UE.

Ce charançon possède un odorat très sensible, Il est attiré par l'odeur émanant des palmiers et par une phéromone d'agrégation mâle. Il est donc logique d'espérer pouvoir le surveiller, voire le combattre, à l'aide de pièges olfactifs.

SYNTHÈSE – Cet article est une synthèse critique sur le piégeage olfactif du CRP à l'aide de phéromone.

On peut capturer efficacement les CRP à l'aide de pièges attractifs émettant une association de phéromone synthétique, d'acétate d'éthyle et d'odeur naturelle produite par fermentation de tissus végétaux sucrés. En effet, cette association est synergique.

Cette technique est indispensable à tout plan de gestion et d'éradication du CRP pour détecter les adultes, localiser les palmiers infestés et éliminer en masse l'insecte.

Mais il faut la mettre en œuvre avec de bonnes pratiques.

Les paramètres clés du piégeage, ses avantages, ses limites et les pistes de recherche explorées pour l'améliorer sont présentés et discutés.

MOTS-CLÉS – ZNA (zones non agricoles), bonnes pratiques en ZNA, palmier, charançon rouge du palmier CRP, Rhynchophorus ferrugineus, synthèse, phéromone, attractif, piège.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEURS : *R. HAMIDI, *D. SCHM IDT-BUESSER, *P. COUZI, *B. LH ERMINIER, *K. KHFIF, *M. RENOU et *D. ROCHAT, Institut national de la recherche agronomique, UMR 1272, RD 10, 78026 Versailles cedex, France.

**A. AVAND-FAGHIH, Plant Pests & Diseases Research Institute, P.O. Box 1454, Téhéran 19395, Iran, armanfaghih@yahoo.fr

CONTACT : didier.rochat@versailles.inra.fr

LIENS UTILES : www.afpp.net

https ://secure.fera.defra.gov.uk/palmprotect/ index.cfm

BIBLIOGRAPHIE : La bibliographie de cet article (36 références), ainsi que sa version complète, sont disponibles auprès de D. Rochat (contact ci-dessus) et dans les Annales de la 3e conférence AFPP sur l'entretien des espaces verts, jardins, gazons, forêts, zones aquatiques et autres zones non agricoles, Toulouse – 15, 16 et 17 octobre 2013.

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