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Photo : M. Decoin
En février 2014, l'Isaaa(1) a publié son évaluation annuelle des surfaces cultivées en PGM (plantes génétiquement modifiées) dans le monde. Le chiffre global augmente mais la croissance ralentit : un peu moins de 5 millions d'ha en plus entre 2012 et 2013, contre 10 millions entre 2011 et 2012, 12 entre 2010 et 2011 et 14 millions chacune des deux années précédentes.
Mêmes pays moins un
Les 27 pays ogémiculteurs de 2013 (Tableau 1) sont les mêmes qu'en 2012, moins l'Égypte qui a suspendu la culture de coton Bt (résistant à des chenilles grâce à des gènes de Bacillus thuringiensis).
Surfaces surtout américaines
Le continent américain, avec 151,7 millions d'ha, accueille 86,6 % des PGM mondiales.
Cette proportion est stable depuis trois ans (86,7 en 2012, 86,6 en 2011) mais l'Amérique du Sud monte au détriment de celle du Nord.
En effet, le Brésil assure les trois quarts de la progression mondiale : 3,7 millions d'ha sur 4,9... En face, les États-Unis, premier « ogémiculteur » mondial, augmentent leurs surfaces mais voient baisser leur part relative. Les surfaces régressent au Canada, (qui a globalement planté davantage de blé, forcément non OGM, au détriment du canola, OGM à 96 %) et au Mexique (ainsi qu'en Australie suite à ses problèmes de sécheresse).
Et ailleurs dans le Monde ?
En Afrique, le Burkina Faso et le Soudan augmentent fortement leurs surfaces de coton Bt, mais ils partent de peu. Ainsi, le Burkina passe de 314 000 ha à 474 000, et le Soudan d'environ 20 000 ha à 62 000 ha.
Et en Europe ? Les maïs Bt ont progressé en Espagne avec 137 000 ha déclarés contre 116 000 l'année précédente, soit environ 30 % de la sole espagnole de maïs. Ailleurs, les surfaces sont négligeables et, comme prévu, il n'y a pas eu d'autorisations de culture en France en 2013. Cela n'a pas empêché les autorisations d'importation ni les importations effectives de maïs et surtout de soja pour l'alimentation du bétail... Sans compter le coton Bt entrant à l'état de vêtements dans nos supermarchés.
Cultures, les quatre mêmes
Côté cultures, on retrouve la bande des quatre : soja, maïs, coton et canola couvrent 98 % des surfaces de PGM mondiales (Tableau 2). La très grande majorité du coton et du soja vendus dans le monde sont des OGM. La proportion reste autour de 30 % pour le maïs et le canola.
Les autres cultures augmentent mais ce sont les mêmes qu'en 2012 : betterave à sucre aux États-Unis et au Canada, luzerne, papaye et courge aux États-Unis et, en Chine, à côté du coton hyper-dominant, encore la papaye mais aussi la tomate, le poivron et le peuplier.
Événements, enfin du neuf !
Côté événements, les tolérances aux herbicides et résistances aux insectes restent majoritaires, et les « traits empilés » (combinaison des deux types de caractères) continuent à gagner du terrain. Ils couvrent désormais 47 millions d'ha soit 27 % des surfaces (en 2012, c'était 43,7 millions, soit 26 % des surfaces). Parmi les sojas brésiliens, ceux à la fois tolérants-herbicides (type d'événement habituel) et résistants-insectes (c'est nouveau) ont couvert 2,2 millions d'ha.
Une évolution est signalée par d'autres sources que l'Isaaa : côté résistance aux herbicides, l'hégémonie du Round'up Ready (tolérance au glyphosate) semble s'effriter. L'émergence d'adventices résistantes au glyphosate aux États-Unis favorise le lancement de variétés GM tolérantes à d'autres herbicides.
Revenons au rapport Isaaa : il signale que les premiers maïs commerciaux tolérants à la sécheresse ont été lancés en 2013 aux États-Unis : environ 2 000 maïsiculteurs ont semé ces maïs sur environ 50 000 ha.
Événements, projets futurs
Par ailleurs, l'Indonésie a autorisé des cannes à sucre tolérantes à la sécheresse, la commercialisation doit commencer en 2014.
Quant aux semis de maïs tolérants à la sécheresse en Afrique, ils sont prévus pour 2017. Du haricot tolérant à un virus serait prêt à être lancé en 2015 au Brésil.
Et le riz doré enrichi en pro-vitamine A ? Il serait disponible pour 2016 aux Philippines.
Agriculteurs, surtout en Asie
Passons aux agriculteurs cultivant des OGM. L'Isaaa en compte 18 millions en 2013 contre 17,3 millions en 2012.
La Chine et l'Inde regroupent respectivement 7,5 et 7,3 millions de petits planteurs de coton Bt. À eux deux, ces pays abritent 82 % des « ogémiculteurs ».
L'Isaaa souligne que le remplacement des cotons conventionnels par ces variétés GM résistantes aux chenilles a fait baisser de 50 % l'usage des insecticides par ces agriculteurs.
En revanche, elle ne donne pas de chiffres sur l'effet des variétés tolérantes aux herbicides sur la consommation globale d'herbicides dans les pays concernés.
Oppositions, effets contrastés
Pas d'allusion non plus aux oppositions aux OGM sur le continent américain : débat sur l'étiquetage aux États-Unis, manifestations en Argentine... Il est vrai que cela n'empêche pas la culture des OGM dans ces pays !
Ainsi, la majorité des États européens refusent la culture d'OGM à leurs agriculteurs et donnent gain de cause aux opposants... sans stopper l'importation des dits OGM. Et l'Amérique accepte la culture d'OGM de ses agriculteurs et ne tient pas compte de leurs opposants... en nous vendant les dits OGM.
Une exception, le Mexique : les cultures de coton et soja ont régressé en 2013 et, en octobre, la Cour fédérale de justice a suspendu toute autorisation de culture de maïs GM.
<p>(1) Isaaa = International service for the acquisition of agribiotech application.</p>
