Retour

imprimer l'article Imprimer

Sur le métier

Aurore Baillet sur le terrain des oléagineux

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°677 - octobre 2013 - page 48

Ingénieur régional développement au Cetiom, en Lorraine, Aurore Baillet est le contact terrain incontournable pour la prescription agricole pour toute problématique de culture concernant les oléagineux, et bientôt des protéagineux. Sa mission ? Cerner les besoins des prescripteurs, et donc des agriculteurs, et leur apporter des réponses grâce à l'acquisition de références via des essais nationaux ou régionaux.
 Photo : Cetiom

Photo : Cetiom

À 35 ans, ingénieur régional développement (IRD) au Cetiom( 1) depuis 2008, Aurore Baillet parcourt l'Alsace, la Lorraine et la Haute-Marne. Si le colza occupe majoritairement le terrain (170 000 ha) – et ses journées –, il ne faut pas oublier le tournesol (17 000 ha) et le soja (2 000 ha). Sa mission d'IRD repose sur deux piliers : l'analyse des problèmes régionaux liés à ces cultures et la diffusion de références techniques aux agriculteurs.

« Le tout en restant neutre, car le Cetiom a une mission de service public, tient à rappeler Aurore Baillet. Nous n'avons pas vocation à faire du conseil individuel aux agriculteurs mais bien à rendre un service collectif. Pour cela, un IRD vient en appui à la prescription, qui relaie ensuite les messages aux producteurs. »

Cerner les besoins du terrain

Première étape : connaître les besoins du terrain via les distributeurs, les chambres d'agriculture et autres prescripteurs par différents moyens : téléphone, réunions techniques, visites sur le terrain, rencontres individuelles...

« C'est notre fonction d'analyser notre environnement, d'être en veille. Nous testons toutes les innovations produits proposées aux producteurs », précise Aurore qui fait ensuite remonter les informations en interne au niveau national. Objectif ? Que les attentes de sa région soient prises en compte par le comité de programmation et d'évaluation, pour ensuite être traduites en projets d'étude ou en protocoles d'expérimentation mis en œuvre sur les stations expérimentales régionales.

Des programmes nationaux...

En colza, le désherbage est la problématique la plus importante dans les systèmes à rotations courtes à dominante cultures d'hiver.

« L'objectif est d'obtenir un niveau de désherbage satisfaisant tout en gardant un coût acceptable. Nous travaillons le désherbage chimique mais également mécanique car dans certaines situations, la chimie ne suffit plus. Il faut alors gérer le désherbage de façon globale en y intégrant les moyens agronomiques. » Autres problématiques : les réductions de doses d'herbicides dans les zones de captage et la gestion des insectes. Cette dernière peut en effet nécessiter beaucoup d'interventions. « Cette question touchant plusieurs régions, nous travaillons au niveau national sur le charançon du bourgeon terminal et les altises au niveau biologie des insectes, gestion des résistances et stratégies de lutte pour tenter de gérer les ravageurs autrement qu'à l'heure actuelle. »

...et régionaux

« Mais dès que j'identifie une problématique bien régionale, elle peut être traitée avec nos partenaires. »

Cela est le cas actuellement pour le phoma du tournesol concernant sa nuisibilité et l'intérêt d'une protection fongicide.

« Avec mes collègues du grand Nord-Est, nous avons réussi à fédérer les distributeurs et chambres d'agriculture de toute la zone pour démultiplier les moyens d'expérimentation et acquérir des références plus rapidement. Notre spécialiste phoma du tournesol a également été associé. » L'institut réalise les notations maladies et la synthèse annuelle des essais conduits par les partenaires.

Autres sujets ponctuels sur tournesol : des efficacités herbicides variables selon les conditions météo, ou encore une flore de cultures d'hiver et des chardons parfois difficiles à gérer.

Deuxième pilier, diffuser les résultats

Deuxième pilier de sa mission : la diffusion des résultats aux agriculteurs pour qu'ils puissent prendre leurs décisions en ayant le maximum d'éléments en mains.

L'information leur parvient via la newsletter ou le site internet du Cetiom, des articles dans la presse spécialisée, ou encore lors de visites d'essais Cetiom ou Arvalis, de réunions techniques avec les agriculteurs ou les techniciens... Les occasions ne manquent pas !

« Ces échanges avec les techniciens et les agriculteurs sont très importants pour moi.

Cela me permet de capter les besoins, les interrogations et les inquiétudes technico-économiques du terrain et également d'avoir un « feed-back » sur nos actions. »

Aurore Baillet est également coanimatrice du Bulletin de santé du végétal sur colza et tournesol.

Coanimer le BSV

« Je récupère les observations des partenaires versées dans le réseau d'épidémiosurveillance régional pour réaliser l'analyse de risque. Cette mission peut représenter jusqu'à 20 % de mon activité en pleine saison. » Notre IRD a également un pied dans Ecophyto via une plate-forme d'expérimentation commune avec la chambre régionale d'agriculture et l'Alpa(2). Différents scénarios de rupture y sont testés pour réduire l'utilisation des produits phytosanitaires. Ce programme, engagé jusqu'en 2016, en est à sa troisième campagne.

« Il y a une vraie notion de risque quand on veut réduire les doses de produits phytosanitaires. On a vite fait de se louper. Ensuite, il faut des années pour rattraper une erreur de désherbage. »

Intégrer les protéagineux

L'avenir pour le Cetiom, donc pour Aurore Baillet, c'est l'intégration des protéagineux dans leur champ de compétences dès cette campagne. La Lorraine compte 9 700 ha de pois et 2 000 ha de féverole. Et les surfaces augmentent d'année en année pour résoudre des problèmes de désherbage en céréales et colza en allongeant la rotation. On aura compris, notre IRD n'est pas près de s'ennuyer ! « C'est ce qui fait l'intérêt de ma mission », conclut Aurore Baillet, à qui le métier va comme un gant !

<p>(1)Centre technique interprofessionnel des oléagineux et du chanvre.</p> <p>(2)Association lorraine pour la promotion en agriculture.</p>

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

BIO EXPRESS

AURORE BAILLET

1999.BTS Productions végétales à Quetigny (Côte-d'Or).

2003. Ingénieur techniques agricoles de l'Enesad à Dijon (Côte-d'Or).

2004.Animatrice Bassin versant au service Environnement de la chambre d'agriculture, pour la reconquête de la qualité de l'eau (nitrates, phytos) à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).

2005.Ingénieur détachée à la direction scientifique du Cetiom pour la mise au point d'un outil d'évaluation des pertes d'azote à Grignon (Yvelines).

Depuis 2008. Ingénieur régional développement au Cetiom, à Nancy (Meurthe-et-Moselle).

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :