Les deux espèces de panics chez lesquelles on a trouvé des résistances à une famille d'herbicides dans des rizières camargaises (p. 39) représentent un quasi-cas d'école. Il s'agit de la rançon de deux succès.
Le premier, ancien, est celui de la riziculture en Camargue, souvent une quasi-monoculture dans les zones concernées. Le second succès est celui des herbicides inhibiteurs de l'ALS. Il a lui-même deux causes. D'abord, le choix des produits autorisés est assez restreint car, de la Camargue à la Guyane, le riz ne couvre guère de surfaces en France en comparaison d'autres cultures. Peu de sociétés ont donc engagé les frais d'un dossier de demande d'AMM (autorisation de mise sur le marché). Mais surtout, il s'est trouvé que ces herbicides se sont montrés fort efficaces pour désherber la culture et ont donc été massivement adoptés... En même temps, ailleurs en France, une des deux espèces de panics concernées se maîtrise bien dans les maïs sans qu'on parle de résistance à ce jour, ce qui permet de se laisser aller à de mauvais jeux de mots avec « panique ». Certes, la diversité d'herbicides est plus grande sur maïs que sur riz mais, surtout, aucun ne pouvant prétendre à occire toute la flore présente, les agriculteurs sont contraints de varier leur désherbage...
Résister à la tentation du « ça marche bien aujourd'hui, je ne vais pas me prendre la tête à préparer l'avenir », c'est dur... Mais payant à long, voire à moyen terme. Vivons dans le présent quand il s'agit de profiter de l'instant. Oui, la vie est courte. Mais anticipons un peu quand même.