Trois jours intenses de rencontres entre chercheurs et techniciens, c'est ainsi que l'on peut résumer le colloque sur les ravageurs invasifs du 21 octobre dernier suivi de la 10e Cira des 22 et 23 octobre. Voici ce qu'en ont retenu 28 étudiants qui ont pu y participer.
Faire progresser les connaissances
Biologie, dynamique des populations
Les programmes de contrôle des espèces invasives n'ont pas toujours été efficaces (Ryckwaert), la lutte chimique s'étant révélée peu probante et la législation sur les produits agropharmaceutiques de plus en plus restrictive. Il est primordial d'adopter une nouvelle approche afin de maîtriser les ravageurs émergents. Une connaissance approfondie de leur biologie et de leur écologie aide à la conception de méthodes innovantes. L'identification et la classification taxonomique sont fondamentales pour axer les recherches et méthodes de lutte sur les espèces à impact économique majeur. La détection de nouveaux ravageurs est un aspect important (Benmessaoud-Boukhalfa & Chebrou). La description des caractéristiques morphologiques des espèces permet d'enrichir les bases de données afin de créer des outils d'identification. Face à ces enjeux, la baisse du nombre de taxonomistes est un problème grave (Streito).
Quelques exemples
La biologie des ravageurs regroupe divers facteurs de nuisibilité potentielle. La fécondité détermine en partie le potentiel d'invasion (Thiéry et al.). C'est ainsi que le frelon asiatique Vespa velutina a colonisé l'Europe (Guédon et al.).
L'analyse détaillée des cycles de développement met en évidence la période critique de l'année (émergence des larves ou des adultes selon le stade nuisible) pendant laquelle ont lieu les attaques, avec éventuellement plusieurs générations par an. Par exemple, le Cetiom utilise des modèles de prévision des dates d'apparition de larves de l'altise d'hiver Psylliodes chrysocephala pour raisonner les traitements insecticides dans les cultures de colza (Robert).
Le caractère généraliste et la plasticité comportementale augmentent le pouvoir invasif d'un ravageur. Ainsi, le large spectre d'hôte de la mouche méditerranéenne des fruits lui permet d'étaler sa reproduction toute l'année (Ahmed et al.).
Du côté des interactions
Outre les interactions avec la plante, il faut considérer l'ensemble des relations trophiques impliquant le ravageur.
En particulier, l'identification de ses ennemis naturels et des hôtes secondaires est essentielle pour développer des méthodes de lutte alternatives. Vu la complexité de ces relations, Silvie et al. ont créé une base de données répertoriant les ravageurs de diverses cultures au Bénin et les auxiliaires associés, à partir de données bibliographiques et de terrain.
Les préférences environnementales (orientation, ombrage, présence d'eau, attirance pour les lieux anthropisés, etc.) conditionnent aussi la dispersion des ravageurs. Le climat est déterminant pour l'établissement d'une espèce. Par exemple, Mottin et al. ont montré la sensibilité des limaces Deroceras reticulatum aux variations de températures. Ceci permet d'identifier les périodes à risque (Martinez et al.).
Dynamique des populations
La répartition des ravageurs est liée à leurs traits de vie, ainsi qu'aux circuits commerciaux et aux flux de personnes (Martinez et al.). Il faut comprendre la dynamique spatio-temporelle d'apparition des populations et de l'évolution des communautés de ravageurs afin de mettre en place des méthodes de gestion adaptées. Par exemple, à partir de l'étude fine de la structure génétique de Tetranychus evansi, l'acarien rouge de la tomate, Migeon et al. ont pu retracer les voies d'invasion de ce ravageur. La modélisation a également permis de prédire leurs aires potentielles de répartition dans différents scénarios de changement climatique. Ces études peuvent servir de support à l'élaboration des listes d'espèces de quarantaine.
Les études récentes apportent donc des informations indispensables pour la conception de systèmes de lutte adaptés aux ravageurs invasifs et émergents... À réadapter à chaque nouvelle introduction !
La surveillance et les acteurs : des clés importantes de réussite
L'arrivée d'un ravageur peut être détectée par l'inspection régulière des cultures concernées, par l'utilisation de pièges ou par des modèles prédisant le risque d'infestation (Ababsia & Doumandji-Mitiche, Benigni et al., Guenaoui et al., Morel et al.). Ensuite, des réseaux de biosurveillance permettent d'étudier la dynamique spatio-temporelle des populations du ravageur. C'est ce qui a été fait par Boissière & Deneufbourg afin de suivre l'évolution de Tychius sur luzerne porte-graine dans les différents bassins de production.
La stratégie de gestion d'un nouveau ravageur sur un territoire repose sur cinq axes majeurs :
– surveillance du territoire pour suivre les populations de ravageurs installés et détecter les introductions à différentes échelles : européenne avec l'OEPP (Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes) (Roy), nationale avec le laboratoire de santé des végétaux (LSV) de l'Anses et régionale (relayé par les Fredon) (Guédon et al.). La surveillance peut être appuyée par d'autres acteurs : instituts techniques, agriculteurs, et récemment particuliers via les réseaux sociaux de science participative (Martinez et al.) ;
– détection et identification des espèces invasives via la caractérisation et la hiérarchisation des espèces à gérer, surveiller et suivre par des analyses du risque phytosanitaire (Roy) ;
– alerte précoce de nouveaux foyers permettant l'élaboration de mesures d'éradication ou de contrôle de leur dissémination (Roy ; Thevenot & Haffner) ;
– coordination entre les services de l'État et les scientifiques, indispensable pour gérer les espèces exotiques envahissantes. Le service du patrimoine naturel du Muséum national d'histoire naturelle fournit un appui scientifique aux tutelles de l'État lors de l'élaboration des réglementations (Ryckwaert ; Thevenot & Haffner ; Thiéry et al.) ;
– communication et échange d'informations entre pays (Roy).
Les bases de données comme celle élaborée par l'Anses, associant les espèces de Tephritidae les plus préoccupantes aux principales filières d'importation « à risque », constituent un outil intéressant (Martin et Silvie ; Migeon et al.).
Les dégâts : manifestation directe de nuisibilité
Si les dégâts des ravageurs autochtones sont en général bien connus, une attention particulière est portée aux dommages causés par les ravageurs invasifs et émergents afin de définir leurs impacts agronomiques, économiques, environnementaux et sociétaux.
Les trois-quarts des introductions récentes concernent des ravageurs de plantes ligneuses ornementales. Parmi elles, le charançon rouge décime les palmiers, notamment l'emblématique Phoenix canariensis (Fredon Corse).
Les filières alimentaires sont moins touchées en nombre d'espèces introduites (sept principales ces neuf dernières années) mais ces dernières ont souvent un impact économique majeur (Martinez et al., 2014). C'est le cas de Drosophila suzukii entraînant des pertes pouvant aller jusqu'à 80 % de la production sur une large gamme de petits fruits (Rota-Stabelli et al., 2013), ainsi que de Tuta absoluta dont les mines sont capables d'anéantir entièrement une récolte de tomates (Gonzales-Cabrera et al., 2011). Bien illustré à la Cira, le cas du frelon asiatique est particulier par ses dégâts environnementaux (attaques de ruches, compétition avec le frelon européen) et sociaux (psychose) difficiles à quantifier.
Une connaissance plus approfondie des dégâts permet d'établir un lien entre densité de ravageurs et pertes de production. Deux études exposées à la Cira s'y sont attachées : celle de Benigni et al. sur l'impact de la présence du puceron Pemphigus bursarius sur la croissance de l'endive et celle de Morel et al. révélant une corrélation entre la présence de punaises et la perte de capacité germinative des semences de carotte porte-graine. Dans le cas de la cécidomyie équestre, les pertes engendrées sont difficiles à estimer, les symptômes dus aux larves étant très discrets (Censier et al.).
La nature des dégâts agronomiques est très variable. Si certains ravageurs anéantissent la culture (tel le criquet pèlerin), certains diminuent la production et d'autres provoquent des dégâts esthétiques nuisant à la commercialisation (Epitrix cucumeris et similaris sur pomme de terre) (Streito et al.). On peut s'interroger sur l'influence des centrales d'achats et des exigences des consommateurs dans ce dernier cas : pas de pertes de rendement ni de qualité réelle, mais des denrées invendables à cause d'imperfections non acceptées par ces acteurs.
Mieux mettre en œuvre la protection intégrée...
Par une approche prophylactique
La prophylaxie rassemble les mesures visant à empêcher l'installation et la propagation des ravageurs. La Cira a abordé la lutte variétale, les barrières physiques et les pratiques culturales. L'usage de variétés résistantes ou tolérantes permet de diminuer celui des produits phytosanitaires. En Côte-d'Ivoire, Allou et al. ont analysé la tolérance à Pseudotheraptus devastans de trois variétés de cocotier très utilisées : la PB 121+ présentait le moins de dégâts.
Notons que l'obtention de nouvelles variétés repose sur l'utilisation de la diversité génétique existante. C'est la démarche adoptée par Benigni et al. dans leur recherche de variétés de chicorées résistantes au puceron des racines Pemphigus bursarius. Mais évaluer et comparer la résistance de variétés peut se révéler complexe en plein champ. Chavalle et al. ont élaboré une méthode simplifiée en serre pour étudier la résistance variétale du blé tendre d'hiver à la cécidomyie orange du blé Sitodiplosis mosellana.
Le contournement des résistances par les ravageurs est une réalité, d'où la nécessité de combiner cette méthode de lutte avec d'autres mesures préventives. Les barrières physiques empêchent l'arrivée des ravageurs dans la culture, cas par exemple des filets « insectes-proof » en maraîchage.
Ces outils présentent des limites en région tropicale : pour des raisons climatiques, des filets à larges mailles laissant passer des ravageurs de petite taille sont utilisés. Delétré et al. proposent une piste d'amélioration : imbiber les filets de composés naturels répulsifs à base d'huiles essentielles (citronellol et géraniol). De même, Martin et al. au Kenya suggèrent l'ouverture des filets pendant la journée, afin de permettre aux prédateurs de rentrer. En conséquence, l'utilisation d'insecticides est réduite de 70 à 100 %.
La connaissance de la biologie des ravageurs permet de développer et d'adapter les pratiques culturales pour diminuer la pression parasitaire (date et densité de semis, gestion de l'interculture, rotation, travail du sol, etc.).
Ainsi, en luzerne porte-graine, Gombert et al. ont montré qu'un travail superficiel du sol au cours du cycle de la luzerne permettait de réduire la population de Tychius aureolus.
À l'inverse, un travail sur le ver blanc des céréales, Geotrogus deserticola, a établi qu'un labour plus profond était nécessaire pour diminuer la population (Yahioui & Bekri).
En limitant les traitements chimiques
Le recours à la lutte chimique peut affecter les populations auxiliaires non-cibles. Ainsi, des espèces d'hyménoptères ont disparu des vergers agrumicoles en Algérie suite à l'utilisation de molécules des familles des organochlorés et organophosphorés. De même, les populations de coléoptères prédateurs sont nettement plus faibles dans les vergers traités que dans ceux non traités (Benrima & Mahdoubi).
Il est donc primordial de prendre en compte la biodiversité utile présente dans les zones cultivées afin de limiter les effets non intentionnels (voire contre-productifs) de certaines pratiques agricoles. Plus précisément, les effets des insecticides sur la faune auxiliaire peuvent être évalués et qualifiés selon la classification de l'Organisation internationale de lutte biologique et intégrée (OILB). Les produits sont classés en quatre catégories selon leur impact sur l'efficacité des auxiliaires (d'inoffensif à très toxique). Les données acquises en plein champ dans des essais biologiques complètent celles obtenues en laboratoire. L'alimentation de bases de données permet d'informer et d'inciter les utilisateurs à les prendre en considération lors du choix du traitement (Martin et al.).
La régulation des pesticides ne passe pas forcément par leur suppression, mais par l'optimisation de leur usage. Ainsi, les nouveaux produits cherchent à limiter les effets non intentionnels sur l'environnement afin d'être compatibles avec la protection intégrée – voir le spinoteram, nouvelle substance active de Dow AgroSciences (Jacquet) et le phosmet, substance réautorisée de Gowan (Westerloppe) (voir Phytoma n° 677).
Le raisonnement des traitements passe par la baisse des doses appliquées, l'alternance des matières actives et l'usage de molécules moins toxiques pour les auxiliaires. C'est primordial dans le cadre d'une gestion durable des systèmes cultivés à triple objectif : préserver les services écosystémiques, éviter l'apparition de résistances et limiter les impacts sur l'environnement.
Par le développement de produits de biocontrôle : d'abord les macro-organismes auxiliaires
Le biocontrôle fait l'objet de nombreux projets de recherche, tant pour la diversité des agents naturels concernés que pour l'innovation qu'il représente au niveau des méthodes de lutte. Il englobe quatre types de moyens, utilisés seuls ou associés à d'autres méthodes de protection (voir « Liens utiles »).
• Les macro-organismes auxiliaires : arthropodes et nématodes. Des parasitoïdes de pupes ou larves déjà connus sur Drosophila melanogaster semblent efficaces sur D. suzukii. Selon le CNRS de Lyon et l'Inra de Sophia-Antipolis, Asobara japonica et Trichopria cf. drosophilae sont prometteurs (Trottin et al.). La Station expérimentale de l'endive et la Fredon Nord-Pas-de-Calais ont présenté deux auxiliaires testés contre le puceron P. bursarius sur endives : une punaise prédatrice de la famille des Anthocoridae et Thaumatomyia sp. (Benigni et al.).
En cultures légumières, les méthodes de lutte contre Tuta absoluta reposaient jusqu'ici sur l'auxiliaire Trichogramma achaeae. À l'heure actuelle, en Algérie, la punaise prédatrice Nesidiocoris tenuis est à l'essai (Ababsia) ; en France, le projet TutaPI a mis en évidence des souches de trichogrammes autochtones efficaces (Legendre et al.). L'utilité des trichogrammes a déjà été montrée contre la pyrale du maïs. En France, ils rencontrent un franc succès (25 % des surfaces traitées contre la pyrale) bien que les lâchers de macro-organismes soient peu fréquents en grandes cultures (Cenier et al.).
Une autre approche consiste à conserver et favoriser les macroorganismes auxiliaires présents dans le milieu. Ainsi, l'Institut français des productions cidricoles a comparé un système de production conventionnel à un système basé sur des innovations agroécologiques (réduction d'IFT, bandes fleuries, haies). Ce dernier semblerait favoriser les carabes et les parasitoïdes ainsi que les auxiliaires prédateurs du puceron cendré, Dysaphis plantaginea, mais l'étude est à poursuivre (Albert et al.).
Les acariens prédateurs ont déjà montré leur efficacité en lutte biologique contre de nombreux ravageurs. Depuis 2008, une espèce de Phytoseiidae originaire d'Amérique du Sud, Phytoseiulus longipes, a donné de très bons résultats contre l'acarien rouge de la tomate T. evansi. Cependant, vu sa grande spécificité, il ne peut contrôler le cortège d'acariens phytophages sur tomates et solanacées et n'est donc pas commercialisé (Migeon et al.). On lui préfère des prédateurs plus généralistes. En 2012, Kreiter & Tixier ont découvert Euseius gallicus, prédateur du thrips Frankliniella occidentalis.
Micro-organismes, médiateurs chimiques et substances naturelles
• Les micro-organismes : champignons, bactéries et virus utilisés pour protéger les cultures ou stimuler la défense des plantes. Le champignon enthomopathogène Metharizium acridum en traitement barrière semble très efficace contre les larves du criquet pèlerin Schistocerca gregaria : elles sont infectées en passant à travers une végétation contaminée par les conidies du champignon (Atheimine et al.). Beauveria bassiana pourrait aussi être utilisé contre ce ravageur (Haddadj et al.).
Par ailleurs, plusieurs souches de B. bassiana ont retenu l'attention pour leur potentiel de lutte sur des ravageurs des palmiers, dont le charançon rouge sur lequel B. bassiana a une efficacité démontrée (Besse et al.), ainsi qu'un autre coléoptère originaire d'Inde : Pistosia dactylifera (Panchaud et al.).
• Les médiateurs chimiques : substances messagères, soit au sein d'une espèce (phéromones), soit entre espèces (kairomones). Leur identification et la compréhension de leurs impacts sur le comportement de l'insecte-cible sont essentielles pour perfectionner la méthode de lutte. Une étude des effets de kairomones de féverole sur les bruches a permis d'envisager leur utilisation en pièges de masse (Leppik et al.).
• Les substances naturelles d'origine végétale, animale ou minérale : les huiles essentielles sont utilisées, mais Bachrouch et al. insistent sur la variabilité de leurs effets en fonction de l'espèce végétale, la dose, la durée du traitement, le stade de développement et la nature du ravageur.
Un Mooc pour la protection des plantes !
Le délaissement de la taxonomie et le déficit d'entomologistes, nématologistes et acarologues ont été plusieurs fois évoqués lors de la Cira. Pour pallier à ce constat, le projet SYSCroparne, porté par des enseignants chercheurs de Montpellier SupAgro, vise au lancement d'un Mooc (Massive Open Online Course) sur la systématique des arthropodes et nématodes d'intérêt agronomique. Gratuit, d'accès libre sur internet, il devrait permettre au plus grand nombre de se former à distance avec l'accompagnement (tutorat) d'un chercheur qualifié. Lancement prévu au printemps 2017, avis aux amateurs ! (Tixier)
Nourrir un peu les auxiliaires
Grâce à une solution nutritive développée par Biotop, les performances de parasitisme oophage des trichogrammes peuvent être augmentées d'environ 30 %, tout en améliorant leur fécondité et leur longévité (Cenier et al.).
En culture de roses, l'introduction répétée d'acariens prédateurs est nécessaire, car ils ne s'y développent pas en l'absence de proies. Pour permettre leur installation durable, Biobest a développé Nutrimite (marque déposée), un complément alimentaire à base de pollen de massette (Typha sp.) qui leur permet de s'établir avant les premières apparitions de thrips. Il s'avère que Euseius gallicus réagit très bien à ce complément (Pijnakker et al.).
Les auteurs de cet article
Charlotte Arbona, Kiliana de Bellescize, Aurélia Bezanger, Anne-Lise Boixel, Thomas Bréquigny, Arnaud Champetier, Jérémie Cognard, Guillermo Costa Costell, Clémence Decherf, Mathilde Doucet, Sarah Fernique, Jean-Noël Galliot, Manon Guilbaud, Lucille Guillomo, Soizic Guimier, Mariele Monique Honorato Fernandes, Saoussen Joudar, Anaëlle Macquet, Essia Maghrebi, Julien Maries, Émilie Mirlicourtois, Heitor Padovan Luiz, Olivia Pointurier, Latifa Rabhi, Manoa Raharivelo, Verena Schieritz, Alizéé Taillade, Ghais Zriki.