Née à Paris, mais attirée par la nature depuis toujours, Sophie Szilvasi a réalisé toute sa carrière en protection des végétaux, un domaine qu'elle affectionne particulièrement. En 2010, elle se porte candidate au poste d'expert légumes ouvert par la DGAL, et devient l'expert référent national en cultures légumières, pommes de terre, plantes médicinales, aromatiques et à parfum, tout en étant sur le terrain. Dans le cadre de cette mission d'expertise, Sophie Szilvasi apporte l'appui scientifique et technique nécessaire aux administrations centrales et régionales en interface avec les différents intervenants des filières concernées. Elle assure également une veille scientifique et technique sur les organismes nuisibles de ces cultures, sur les méthodes de protection phytosanitaire mises en œuvre et leurs conséquences en termes de qualité et de rentabilité. Son expertise s'exerce au niveau de la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, de la surveillance du territoire, des stratégies et plans de prévention et de lutte contre les organismes nuisibles réglementés, de la mise au point de méthodes alternatives et de la résolution des impasses techniques.
Un travail collectif
Pour permettre aux producteurs d'avoir des moyens de protection, notamment pour les usages mineurs, Sophie Szilvasi travaille en équipe avec d'un côté ses collègues de la DGAL, de l'autre les professionnels (Légumes de France, AOPN(1)...), et les structures techniques (Ctifl, Unilet, Itepmai, Fnams). C'est le groupe technique légumes de la commission des « usages orphelins ». Quelques chiffres pour fixer les idées : avec le nouveau catalogue des usages, sont dénombrés 622 usages en cultures légumières, pomme de terre comprise, dont 65 % bien ou moyennement pourvus et 35 % non pourvus, ou dit autrement, orphelins ! Le groupe travaille en priorité sur les usages non ou mal pourvus. « Mais il faut les hiérarchiser d'un point de vue technique pour se concentrer sur les dossiers les plus urgents à défendre », précise notre expert. Parmi ceux-ci, le désherbage des cultures légumières, les mouches, la désinfection du sol...
« Lorsque nous découvrons une solution intéressante, nous la testons sur tous les usages nécessaires pour tenter d'en combler certains. C'est le cas avec l'Altacor, autorisé tout récemment contre les mouches ou les chenilles phytophages de plusieurs cultures légumières. »
Accompagner les filières
« En désherbage, nous avons également identifié une solution historiquement autorisée pour cet usage, puis retirée par manque de données. Une action importante a été engagée dans le cadre des usages orphelins, en collaboration étroite avec Jean-Claude Malet, pour qu'elle soit réinscrite. Pour cela, nous conseillons la firme concernée sur les cultures, les doses, les techniques et périodes d'application à défendre en priorité. Les instituts techniques apportent également de leur côté des essais, des arguments techniques et économiques. »
Une fois les données rassemblées, le dossier est déposé auprès de l'agence d'évaluation (l'Anses, en France) par la firme ou par les structures professionnelles si celle-ci ne souhaite ou ne peut pas soutenir une extension d'usage mineur.
Échanger au niveau européen
« L'obtention d'une AMM est souvent coûteuse et longue compte tenu du nombre important de données à fournir. Pour faciliter les choses, nous échangeons avec nos homologues européens sur les besoins communs dans le cadre du groupe “usages mineurs”, en cours de structuration et dont le secrétariat sera hébergé en France. Si plusieurs États membres sont concernés par une solution, nous essayons de nous répartir la charge de production de données. Dans d'autres cas, il arrive d'avoir recours au principe de reconnaissance mutuelle entre États. »
Une situation qui s'améliore
D'une manière générale, la situation des usages peu ou non pourvus tend à s'améliorer en cultures légumières. Le nouveau catalogue des usages, récemment mis en application, a également permis de faire un bond en avant.
« Nous avons ainsi pu couvrir des légumes orphelins ou oubliés types persil à grosse racine, topinambour, salicorne... »
Chaque extension d'usage a été opérée, en collaboration avec Florence Gerault, sur la base d'une analyse des données résidus disponibles et des pratiques agricoles inhérentes à la culture de référence. Il n'a fallu pas moins de quatre ans de travail ! Une fois la question « résidus » levée, le groupe a travaillé avec les firmes concernées pour déterminer les données supplémentaires (sélectivité...) nécessaires pour valider ces extensions.
Protection intégrée dans le cadre Ecophyto
En dehors de cette mission liée à la mise sur le marché des produits, Sophie Szilvasi participe à la surveillance des résistances aux produits phytopharmaceutiques des ennemis des cultures ciblés en post-homologation.
Dans le cadre d'Ecophyto, elle intervient également au niveau de l'identification et de la diffusion des méthodes de protection et de production intégrées. « Nous avons ainsi élaboré, sous l'égide du GIS Piclég(2), avec une série d'experts, un guide à destination des producteurs et de la prescription pour coconstruire des systèmes de culture innovants, économes en produits phytosanitaires, intégrant de nouvelles méthodes de protection tout en étant rentables. Il existe une version PDF téléchargeable sur http://agriculture.gouv.fr/guides,18096 et https ://picleg.fr »
<p>(1) Association d'organisations de producteurs nationale.</p> <p>(2) Groupement d'intérêt scientifique pour la production intégrée en cultures légumières.</p>