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DOSSIER - Qualité sanitaire des grains

Comprendre les habitudes du rat noir pour protéger les grains

LIONEL LEGROS* - Phytoma - n°686 - août 2015 - page 36

Comment faire face à ce rongeur qui consomme les grains et nuit à leur qualité sanitaire ? Voici un exposé des principes et une démonstration par l'exemple.
1. « Voie express à rats noirs ». On y a décelé des empreintes indiquant que les rats circulent sur la poutre traverse : indice précieux ! Liphatech

1. « Voie express à rats noirs ». On y a décelé des empreintes indiquant que les rats circulent sur la poutre traverse : indice précieux ! Liphatech

2. « Self service à rats » : stockage à plat (site n° 1).  Liphatech

2. « Self service à rats » : stockage à plat (site n° 1). Liphatech

3. Sur ce site, les bâtiments sont sur terre battue et la structure des parois favorise les rats.  Liphatech

3. Sur ce site, les bâtiments sont sur terre battue et la structure des parois favorise les rats. Liphatech

4. Postes d'appâtage placés sur le chemin des rongeurs.  Liphatech

4. Postes d'appâtage placés sur le chemin des rongeurs. Liphatech

5. Site n° 2 : stockage à plat, mais le sol et les parois sur deux mètres sont bétonnés.  Liphatech

5. Site n° 2 : stockage à plat, mais le sol et les parois sur deux mètres sont bétonnés. Liphatech

Les céréales entrent largement dans la ration alimentaire de l'homme, mais aussi des animaux d'élevage dont elles constituent une source majeure de nourriture. Il faut disposer de grains sains et dépourvus de souillures pouvant survenir lors du stockage. Les rats noirs se nourrissant majoritairement de céréales, ils sont naturellement attirés par leurs grains stockés dans les cellules et hangars.

Destruction de 10 % de la production agricole mondiale

De par leur consommation directe et les souillures qu'ils génèrent, on estime que dix rats peuvent rendre impropre à la consommation 2 kg de blé par jour. La perte annuelle due à la consommation par les rongeurs est estimée à 1 % de la production mondiale, certains cas pouvant atteindre 4 à 5 % lors de fortes infestations. Certains producteurs peuvent perdre plus de 70 % de leur récolte (source Brooks et Fiedler Vertebrate Pests : Damage on Stored Foods).

À la consommation directe, s'ajoutent les souillures dues au passage des rongeurs (urines, fèces). Ainsi, le total des dommages est estimé entre 10 et 15 % de la production mondiale. Et ceci ne tient pas compte des dégâts causés sur les bâtiments de stockage et d'élevage (installations électriques, isolation, murs, charpentes...).

Principe : s'adapter à l'espèce

Le rat noir, espèce la plus difficile à contrôler sur un site de stockage

On trouve trois espèces de rongeurs dans les lieux de stockage : rat brun Rattus norvegicus, souris Mus musculus et rat noir Rattus rattus. Mais l'espèce la plus difficile à contrôler est le rat noir vu son comportement spécifique et ses habitudes routinières. Nous allons présenter ici la lutte contre ce nuisible de plus en plus référencé en zones de stockage.

Le rat noir ne se montre pas souvent. Et pour cause : vif, agile et grimpeur, il niche surtout dans les hauteurs (haut des cellules de stockage, poutres, faux plafonds, armoires et tableaux électriques...) où il reste à l'abri. On ne le rencontre que très rarement dans des terriers et à l'extérieur. Il boit beaucoup mais préfère les lieux secs et reste donc à l'intérieur des bâtiments. Son régime alimentaire est essentiellement granivore à frugivore. Il vit donc au plus près des céréales et autres stocks.

Il peut faire trois à cinq portées par an de six à dix petits, matures à 3 mois. Ce fort potentiel de reproduction le rend invasif en conditions de développement optimales : forte disponibilité alimentaire, faible prédation (source Rodent Pests and Their Control).

Comment l'identifier ?

Il est facile de différencier le rat noir du rat brun mais pas par la couleur de leurs pelages ! Celle du rat noir va du gris au... brun ; ce n'est pas un vrai critère de différenciation des espèces. Les véritables critères sont :

- les yeux très globuleux du rat noir ;

- ses oreilles très larges à grands pavillons ;

- sa queue plus longue que son corps.

Pesant entre 120 et 230 g, donc plus petit que le rat brun, il consomme environ 10 % de son poids par jour (8 à 15 g).

En l'absence d'observations directes de l'animal vivant ou mort, il faut se focaliser sur :

- les traces de son passage, la queue laissant des « coups de pinceaux » caractéristiques ;

- les dégâts causés, plutôt sur les isolants, plafonds ou cloisons mitoyennes ;

- la forme et regroupement des fèces (cylindriques à extrémités anguleuses, sèches et noires, de 8 à 12 mm de long, là où celles du rat brun ressemblent à des noyaux d'olive).

Voyageur malgré lui, puis casanier

Le rat noir transite beaucoup par voie maritime, ferroviaire ou routière, par exemple avec les lots de céréales. Il colonise aisément un nouvel espace de stockage, hangar ou industrie alimentaire, s'il y trouve ressource alimentaire et sécurité. Une fois installé sur un site, le rat noir y reste tant que celui-ci est hospitalier. Il adaptera son potentiel reproducteur aux ressources disponibles.

Vu son naturel très méfiant, ses habitudes alimentaires routinières et son attirance pour les aliments à base de graines, le rat noir dédaignera les appâts :

- s'ils sont moins appétants que les aliments disponibles sur le site (grains...) ;

- même si l'appât est plus appétant, si les grains qu'il avait pris l'habitude de consommer restent plus accessibles et présents en quantité suffisante.

Bonnes pratiques : diagnostic d'abord

Pour maximiser les chances d'acceptation des appâts, il est nécessaire d'effectuer un diagnostic précis du site : identification de l'espèce présente puis des habitudes de la population installée. Il faudra parfois combiner la lutte mécanique et la lutte chimique en cas de compétition alimentaire trop importante qui pourra faire dédaigner les appâts.

Dans le cadre d'une stratégie de contrôle d'une population de rats noirs, il faut définir le plan de sanitation en fonction de leurs habitudes. On devra positionner les appâts près des lieux de fréquentation et d'observation de dégâts (poutres, faux plafonds, tableaux et câbles électriques, haut des cellules de stockage) et sur les chemins qu'ils empruntent.

Contrairement aux rats bruns, les rats noirs se déplacent souvent en hauteur le long des poutres ou chemins de câbles (photo 1) : les traces laissées par leur passage dans la poussière aident à identifier les itinéraires suivis. À noter : les postes d'appâtage en forme de tunnel conviennent au rat noir vu leur forme adaptée à la largeur des poutres.

Une fois les appâts placés dans les boîtes d'appâtage, il faut se montrer patient : attendre que les rats s'habituent aux postes et entrent à l'intérieur. Cela peut durer entre quinze jours et un mois !

Réfléchir sur le choix de la formulation

De façon générale, il est recommandé d'utiliser prioritairement une formulation proche de l'aliment présent sur le site si les conditions de traitement le permettent. Mais attention, à proximité des grains, il faut proscrire les appâts « à base de céréales » (grains non agglomérés entre eux). En effet, ceux-ci , dispersibles, pourraient être mélangés au grain par les rongeurs eux-mêmes. Il faut leur préférer des appâts compacts de type pâte ou bloc qui peuvent facilement être fixés ou brochés dans les postes d'appâtage.

Nous verrons ensuite les mesures prophylactiques conseillées pour limiter de potentielles nouvelles colonisations.

Exemples concrets

Deux sites voisins géographiquement, mais des conditions très différentes

Deux centres de stockage de grains (céréales paille, maïs, pois, colza) situés en Vendée et appartenant au même groupe coopératif ont demandé une protection contre les rongeurs à un professionnel de ce secteur. Ce dernier a contacté le service technique et développement de Liphatech.

Nous l'avons accompagné sur les deux sites, voisins de 8 km mais présentant des situations contrastées. Ensemble, nous avons proposé la stratégie de lutte la plus adaptée aux infestations présentes.

Premier site : un cas difficile

D'abord diagnostiquer

Le diagnostic du premier site a permis d'identifier trois éléments inquiétants.

Tout d'abord, les infrastructures étaient favorables au rat noir :

- le site est vétuste, les murs sont en bardage à double paroi doublées d'un isolant ; un paradis pour les rats noirs qui y trouvent abri et sécurité ;

- 2000 tonnes de céréales stockées à plat sont librement accessibles pour les rongeurs (photo 2) ; une offre alimentaire impossible à limiter ;

- les trois bâtiments de stockage reposent sur la terre battue (photo 3) ; ceci permet aux rongeurs de creuser des galeries et favorise les invasions depuis l'extérieur ;

Ensuite, la lutte en place était inefficace :

- aucune consommation n'était observée avec les appâts à base de pâte et de blocs ;

- les appâts dispersibles à base de céréales ne sont pas adaptés au site, les normes interdisant à juste titre d'utiliser des appâts dispersibles dans ces bâtiments ;

Enfin, l'infestation était bien installée :

- forte infestation de rats noirs en intérieur, de nombreux lots de céréales ne satisfont pas au contrôle qualité ;

- infestation récurrente de rats bruns autour des bâtiments venant s'alimenter dans le hangar de stockage ;

- rats fréquemment observés en plein jour ;

- fèces fraîches nombreuses, traces de pas omniprésentes.

Le site avait déjà été sous contrat de dératisation avec un prestataire, sans grand succès. Les raisons des échecs observés sont surtout dues aux infrastructures elles-mêmes qui offrent les conditions optimales à la prolifération des rongeurs. Vu ce diagnostic, adapter la stratégie de lutte sera la clé de la réussite...

Adapter la stratégie de lutte : choisir le rodenticide

Dans cette configuration, il est très difficile de limiter la compétition alimentaire, ce qui est un frein à une bonne acceptation des appâts, les rongeurs ayant moins de raison de chercher une nourriture différente. Aussi la moindre ingestion d'appât doit leur être fatale. Nous avons donc privilégié des appâts à base de diféthialone car il suffit d'une faible quantité de cette substance pour engendrer la mort du rat.

Il fallait une formulation très appétente ; par ailleurs, vu la situation qui obligeait à fréquemment inspecter les lieux, il importait peu que ces appâts se conservent longtemps. Dans ce cas, les pâtes sont mieux adaptées que les blocs. Les pâtes Liphatech (Génération Pat' et Maki Pat') sont reconnues pour leur forte attractivité sur le rat noir.

Génération Pat', pâte à base de diféthialone, a donc été privilégié, ceci dans le but de reprendre le contrôle de cette situation critique.

Conjuguer lutte chimique et lutte mécanique

Pour optimiser le contrôle de cette population de rats noirs, il est décidé de conjuguer lutte chimique et lutte mécanique :

- des postes d'appâtage contenant du Génération Pat' sont installés le long des voies de passage identifiées et en hauteur : cela encourage la consommation de ces appâts car ils sont ainsi accessibles pour les rats plus directement que les grains stockés ;

- des postes Aegis Trap, pièges tapette encastrés dans un poste d'appâtage, sont judicieusement placés sur le chemin de câble ou la poutre ; vu les habitudes des rats noirs, ceux-ci se font capturer en traversant le poste.

Au total, 36 postes d'appâtage espacés de 1 à 3 mètres (photo 4), ont été placés dans le hangar afin de contourner la problématique de compétition alimentaire : plus ils sont proches des passages des rongeurs, moins ceux-ci auront à se déplacer pour accéder à l'aliment. Plus il y a de points d'appâtage et plus le contrôle sera optimal. Trente pièges leur ont été adjoints.

Suivi rigoureux, observations fréquentes

Un suivi des consommations a été effectué toutes les trois semaines, l'implication du responsable qualité du site a facilité le réamorçage des pièges ayant capturé des rongeurs (Figure 1).

La consommation totale a augmenté au printemps. De plus, les pièges ont permis de dénombrer 24 captures. L'augmentation de consommation est à corréler avec l'efficacité du traitement : plus il y a de consommation d'appât et plus les rongeurs sont contrôlés. L'arrêt total de consommation indique que la colonie est éliminée.

La consommation a mis du temps à démarrer, du fait de la compétition alimentaire forte et de la difficulté pour les rats à changer leurs habitudes alimentaires.

Une action « choc » en période de vide sanitaire

Le critère favorable décisif a été le vide sanitaire du hangar de stockage avant récolte : les rongeurs, privés de leur nourriture de référence, ont du s'orienter vers d'autres alternatives. Ils se sont naturellement dirigés vers les appâts disponibles, ce qui a augmenté la consommation et significativement et réduit la population.

Grâce à cette action « choc », le silo présentait enfin une infestation d'un niveau raisonnable pour accueillir les récoltes. La consommation a ensuite conservé un bon niveau pour prolonger la durée de contrôle : la population de rats avait fini par s'habituer au dispositif et aux appâts.

Perspectives : rester vigilant dans un site favorable aux infestations

Du fait de la configuration de ce site, favorable aux réinfestations et à l'installation durable des rongeurs, une vigilance permanente avec contrôle mensuel des postes d'appâtage est fortement recommandée. Un contrôle agressif (augmenter le nombre de postes d'appâtage et de pièges mécaniques, et les relever fréquemment) est conseillé chaque fois qu'un vide sanitaire est planifié.

Site n° 2 : moderne et mieux protégé

Diagnostic du site

Le second silo est situé à seulement quelques kilomètres du précédent. Le diagnostic a permis d'identifier les éléments principaux.

D'abord, même si 2 000 t de céréales y étaient stockées là aussi à plat, les infrastructures étaient beaucoup moins favorables aux pullulations de rat noir que celles du site précédent :

- le site est totalement bitumé ; les voies d'accès par les rongeurs depuis les champs environnants ne peuvent se faire sans passage à découvert d'une dizaine de mètres ;

- le hangar de stockage des céréales est moderne, avec parois en bardage mais posées sur une base de béton de 2 mètres de haut (photo 5) ;

- il peut être fermé hermétiquement.

Il n'y avait pas de lutte en place. D'une part, et comme sur le site précédent, les appâts à base de céréales sont non applicables sur ce site (les normes interdisant là aussi la dispersibilité). D'autre part, le diagnostic d'infestation a permis de constater que :

- les traces de présence de rongeurs sont anciennes et peu abondantes ;

- des rats noirs avaient été observés dans les faux plafonds quelques mois auparavant ; ils avaient alors été contrôlés ;

- des souris sont présentes dans le local de stockage des produits phytosanitaires.

La demande du gérant est de prévenir une infestation afin de conserver le site dans un bon état sanitaire, le hangar ayant été récemment rempli de céréales récoltées.

Par rapport au premier site, les infrastructures du second site sont optimisées pour réduire le risque d'infestation par les rongeurs ; on peut parler de terrain « étanche aux rongeurs ».

Une stratégie par lieu

Ici, la stratégie à mettre en place vise :

- à supprimer les nuisances observées dans le local de stockage des produits phytosanitaires ;

- à prévenir de nouvelles infestations en empêchant les rongeurs de l'extérieur de pénétrer dans le hangar de stockage du grain.

Dans ce contexte où l'infrastructure le permet, il est possible d'envisager de contrôler la population de souris et d'éviter toute nuisance quand le hangar est plein.

Une « ceinture protectrice » de postes d'appâtage est installée en extérieur tout autour du bâtiment de stockage de céréales. Les éventuels rongeurs attirés par les céréales stockées dans le hangar trouveront les appâts avant d'y entrer. L'effet des appâts consommés évitera la prolifération et les dégradations sur les infrastructures.

Il est choisi de mettre du Maki Block dans les postes d'appâtage en extérieur :

- le site étant faiblement infesté, les visites de contrôle, qui permettent en même temps de renouveler l'appât, sont plus espacées dans le temps ; de plus, les postes d'appâtage sont exposés aux intempéries ; l'appât bloc gardera son appétence sur la durée alors qu'une pâte, certes plus appétente au départ, subira plus rapidement l'influence des intempéries ;

- vu l'emplacement des postes, l'appât n'est pas en compétition avec le grain ; le bloc sera assez appétent pour assurer une consommation de bromadiolone, substance active du Maki Block, suffisante pour contrôler la population.

Dans le local de stockage de produits, en revanche, du Génération Pat' est installé dans des postes d'appâtage spécifiquement adaptés à la taille des souris : ainsi le contrôle de cette population en place sera favorisé avec ce produit très attractif sur les souris et à action rapide pour éviter la prolifération.

Suivi des observations

Un suivi des consommations a été effectué toutes les six semaines. Lors de la sortie d'hiver, une consommation légèrement supérieure a été observée, puis celle-ci a diminué. La ceinture de protection a bien rempli son objectif : une nouvelle population n'a pas pu se développer (Figure 2).

Protéger dans un site « hermétique »

La configuration du site étant idéale pour limiter les risques de prolifération des rongeurs, il est recommandé de maintenir la ceinture protectrice autour du hangar.

En cas de consommation importante et continue des appâts, on garnira les postes d'appâtage avec du Génération Pat pendant une courte période afin de reprendre le contrôle avec un effet « choc ». Bénéfice supplémentaire, on assure une alternance de substances qui est par ailleurs recommandée.

Conclusion

Adapter les stratégies

Ces deux exemples de silos ont permis de présenter deux méthodes de lutte distinctes pour contrôler les rongeurs.

Le premier site, vétuste, avec une population bien installée et des infrastructures propices aux réinfestations, nécessite un suivi régulier conjuguant l'utilisation d'appâts et celle de pièges pour contourner la forte compétition alimentaire. Le contexte étant fortement défavorable à une lutte efficace, les meilleurs résultats sont observés au moment du vide sanitaire.

Le second site, moderne et déjà bien hermétique aux rongeurs, peut être protégé grâce à une barrière de protection empêchant les rongeurs de pénétrer dans le bâtiment.

Le diagnostic : base du contrôle

Il s'avère à la lueur de ces exemples que les fondamentaux du contrôle des rongeurs reposent sur une analyse précise du contexte avant le choix des appâts à utiliser.

L'expertise de Liphatech lors des accompagnements des professionnels sur le terrain permet de pondérer l'impact de chacun des volets du diagnostic : 100 % des chances de succès d'une stratégie reposent sur la conjonction équilibrée de trois paramètres.

1/ 40 % proviennent d'une bonne identification du niveau d'infestation des rongeurs ; elle permet de :

- choisir la substance active la plus adaptée ;

- adapter l'appât aux habitudes des rongeurs ;

2/ 30 % proviennent du diagnostic du site :

- cela permet de définir le plan d'appâtage ;

- cela confirme le choix de l'appât adapté.

3/ 30 % proviennent du suivi régulier et du nettoyage qui permet de :

- conserver la disponibilité des appâts ;

- limiter la compétition alimentaire ;

- moduler le plan de contrôle.

SUMMARY

Efficient rodent control is mandatory to ensure a good quality of stored grains in food storage warehouses. Roof rat is the most difficult to control due to its way of life and tedious food habits. Two examples are presented and described depending on sites configurations and adaptation of control plans to increase success. Balanced combination of bait choice, site diagnosis and hygienic follow up on the site is mandatory to maximize chance of success in the control.

Fig. 1 : Suivi de consommation d'appâts sur le site n° 1

En mai 2014, 400 g d'appâts sont consommés en 15 jours, soit 30-40 rats ciblés (en forte compétition alimentaire, la consommation moyenne est de 10 g/rat).

Fig. 2 : Suivi de consommation d'appâts sur le site n° 2

En juin 2014, 600 g d'appâts sont consommés en 6 semaines, ce qui correspond à environ 5-6 rats par semaine.

1 - Produits cités ici : rappel à la réglementation

La réglementation encadrant les produits cités ici est celle dite des « biocides ». Leurs AMM (autorisations de mise sur le marché) sont délivrées par le ministère chargé de l'Écologie, dans le cadre du règlement européen n° 528/2012. En effet, alors que les insecticides des grains sont des produits phytopharmaceutiques(1), les rodenticides inclus dans des appâts présentés en postes d'appâtage :

- ne sont pas en contact avec les grains stockés, donc ne les traitent pas directement ;

- évitent des problèmes sanitaires aux humains travaillant dans ces locaux ou manipulant ces grains ensuite, donc ont un rôle d'hygiène publique, ce qui entre dans la définition des biocides.

Les produits cités, tous commercialisés par Liphatech sont :

- Génération Pat'. AMM n° FR-2012-1008 (à base de diféthialone) ;

- Maki Pat'. AMM n° FR-2014-0074 (à base de bromadiolone) ;

- Maki Block. AMM n° FR-2013-0103 (à base de bromadiolone).

Chacun des trois a son équivalent commercialisé par Myriad : respectivement Opérats Plus Pat' (AMM n° FR-2012-0512), Sup Opérats Pat' (AMM n° 2014-0077) et Sup Opérats Bloc (AMM n° FR-2013-0099.

Ces six produits sont réservés aux professionnels. Il faut utiliser les produits biocides avec précaution. Avant toute utilisation, lire l'étiquette et les informations concernant ces produits.

(1) Les insecticides de stockage touchent, donc traitent directement les grains, qu'ils soient appliqués sur eux ou sur les parois des lieux de stockage que les grains eux-mêmes touchent ensuite. Leurs AMM sont délivrées depuis le 1er juillet dernier par l'Anses (auparavant par le ministère chargé de l'Agriculture) dans le cadre du règlement européen n° 1107/2009.

2 - Qu'en est-il des autres organismes stockeurs ?

Une enquête visant à caractériser les pratiques de gestion des rongeurs, spécifiquement dans les organismes stockeurs de céréales, a été effectuée par Liphatech auprès de 115 centres de stockage en 2014 et dans 63 départements, ciblant les départements où la production céréalière est majoritaire. L'enjeu était d'identifier :

- les méthodes de gestion efficaces mise en place ;

- les causes éventuelles des échecs observés.

Dans les sites où les rongeurs sont bien maîtrisés (85 % de ceux contactés) les méthodes évoquées sont :

- la formation et implication du personnel interne ;

- la mise en commun de pièges et d'appâts attractifs bien positionnés. L'usage des pâtes Liphatech Génération Pat' ou Maki Pat' est cité dans 60 % des situations où les rongeurs sont maîtrisés.

Dans les sites où les rongeurs sont mal maîtrisés (15-20 % des personnes contactées), les raisons évoquées sont :

- le site s'est laissé envahir, les mesures correctives n'ayant pas été engagées dès les premiers signes d'infestation ; dans tous les cas, ce symptôme est associé au choix de sous-traiter le contrôle par une entreprise spécialisée ;

- la majorité des sites concernés ont un stockage du grain à plat, ce qui le rend facilement accessible aux rongeurs ;

- toutes les personnes interrogées avouent avoir des difficultés à comprendre les cycles de développement des rongeurs et manquer de technicité concernant les méthodes de lutte.

Dans l'ensemble des situations, les points suivants sont à retenir :

- l'objectif est d'empêcher une prolifération, mais la présence de rongeurs en faible population est acceptée ;

- les frais à engager pour rendre les bâtiments « étanches aux rongeurs » sont en général rédhibitoires ;

- les rongeurs peuvent ne pas entrer dans les postes d'appâtage, ce qui rend le contrôle difficile ;

- il existe des méthodes de contrôle efficaces pour gérer les rongeurs dans les organismes de stockage ; les appâts de Liphatech et son expertise en font partie ;

- les rongeurs sont discrets ; ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas aperçus par les humains qu'ils sont absents du site.

Source : enquête Liphatech sur les pratiques de gestion des rongeurs dans les organismes stockeurs.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - La gestion des rongeurs est indispensable à la protection des denrées stockées, pour préserver leur quantité (diminuée du fait de la consommation par les rongeurs) et leur qualité (affectée par leurs souillures). Le rat noir est l'espèce la plus difficile à contrôler dans les grains du fait de son mode de vie et de ses habitudes routinières.

PRINCIPES - Une gestion efficace de cette espèce exige un bon diagnostic, d'abord pour l'identifier (sa biologie étant différente de celle du rat brun, il faut adapter les méthodes de lutte), ensuite pour évaluer l'état de chaque site à protéger (qui exigera des méthodes de lutte différentes).

Les données nécessaires à ces diagnostics sont rappelées.

EXEMPLES - L'article présente deux exemples de plans de contrôle sur des sites où les contextes différents ont impliqué des méthodes de contrôle spécifiques aux conditions afin de maximiser les chances de succès. Il faut, pour obtenir un contrôle efficace, conjuguer le choix de l'appât (substance active anticoagulante, mais aussi support appétent avec sa formulation physique), le diagnostic du site et le suivi régulier de la consommation.

MOTS-CLÉS - Qualité sanitaire des grains, protection des denrées stockées, stockage de grains, rat noir Rattus rattus, souris Mus musculus, anticoagulant, biocide, silos, infestation rongeur.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEUR : *L. LEGROS, responsable technique développement Liphatech.

CONTACT : legrosl@liphatech.fr

LIENS UTILES :

www.france.liphatech.fr

www.liphatech.com

BIBLIOGRAPHIE :

- Vertebrate Pests : damage on stored foods : Organisation : United States Department of Agriculture (USDA). Author : Joe E. Brooks and Lynwood A. Fiedler Edited by AGSI/FAO : Danilo Mejia (Technical), Beverly Lewis (Language&Style).

- www.fao.org/fileadmin/user_upload/inpho/docs/Post_Harvest_Compendium_-_Pests-Vertebrates.pdf

- Roof Rats : wildlife damage management, by Rex E. Marsh.

- http://icwdm.org/handbook/rodents/RoofRats.asp

- Rodent Pests and Their Control, Edited by A P Buckle, School of Biological Sciences, The University of Reading, UK, R H Smith, School of Applied Sciences, University of Huddersfield, UK.

- www.cdc.gov/rodents/diseases/direct.html#lepto

- Enquête sur les pratiques internes de gestion des rongeurs en organismes stockeurs, février-juillet 2014, Service technique développement Liphatech.

- Informations issues des travaux de terrain du service technique développement Liphatech-De Sangosse, sur les rongeurs en milieu agricole, en milieu de stockage et de transformation des denrées.

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :