Les fiches Compamed Santé sur les méthodes de désherbage (ici, mécanique) donnent de bons conseils. Elles sont disponibles en ligne.
Les documents présentés ici sont édités par des associations : Plante & Cité, centre technique d'étude et expérimentation des ZNA, et Pacte pour le jardin, regroupant des organisations professionnelles, des entreprises et des associations de jardiniers.
Compamed Santé et le désherbage curatif
Les origines de cet outil
Le premier document est sur internet. Il traite du désherbage dit « curatif », visant à supprimer une végétation présente jugée indésirable. Mis en ligne en mai, il est en accès libre sur le site de Compamed (voir « Pour en savoir plus » page suivante). Il rend compte de l'étude Compamed Santé.
Le sigle Compamed signifie « comparaison des méthodes de désherbage ». Il vient de l'étude Compamed ZNA menée de 2010 à 2013 sous l'égide de Plante & Cité. Ses résultats, présentés le 11 mars 2014 et évoqués dans Phytoma en juin 2014, sont eux aussi sur le site de Compamed.
Compamed ZNA avait pour but de comparer des méthodes de désherbage curatif pour leur efficacité technico-économique et leur impact sur l'environnement : pollutions, consommation d'énergie fossile, émission de GES (gaz à effet de serre), etc., avec une ACV (analyse de cycle de vie) de chaque méthode. De plus, un outil d'auto-évaluation d'impact environnemental des pratiques a été créé et mis à disposition des gestionnaires d'espace.
À l'issue de ce travail, il a été jugé utile d'étudier aussi les effets du désherbage sur la santé des professionnels qui le réalisent. L'étude Compamed Santé, réalisée avec notamment le Cnam des Pays de la Loire, comportait trois objectifs : comparer les méthodes entre elles, publier des préconisations pour chacune d'elles et élaborer un outil d'aide à la décision.
Un rapport de 191 pages
Le rapport publié compare peu les méthodes entre elles, son principal objectif est d'exposer la démarche scientifique adoptée.
On y déniche quand même une confrontation des niveaux sonores des différentes alternatives au désherbage chimique, une autre sur les niveaux de vibration selon le matériel (tracteur ou non), une sur le glyphosate comparant le pulvérisateur à dos et le tracteur, et enfin des résultats sur les postures contraignantes et pénibles.
Les expositions aux poussières et aux gaz d'échappement sont citées, en soulignant la gravité potentielle de cette dernière, mais aussi les difficultés de comparaison.
Une fiche « conseil » par méthode
L'intérêt du travail semble être ailleurs. D'abord dans les préconisations, avec sept fiches de synthèse « Hygiène et sécurité ». Cinq sont consacrées chacune à une technique : chimique (au glyphosate), flamme-air chaud, eau chaude-vapeur, mécanique, manuel (binette).
On y trouve les types d'EPI (équipements de protection individuelle) adaptés et les conseils de bonnes pratiques, exposés situation dangereuse par situation.
Une fiche présente les « risques transversaux » à toutes les techniques et les conseils généraux, une autre les risques liés aux « BVPG » (bruits, vibrations, poussières sans effets spécifiques et gaz d'échappement).
Autres documents
Trois « fiches repère » sur l'organisation du travail, destinées aux managers de proximité, sont aussi en accès libre.
Enfin, l'application informatique « Management du désherbage et santé » est, citons le rapport, « une aide à la conception et à l'organisation du travail à destination des gestionnaires et managers de proximité » pour minimiser les risques et préserver la santé du personnel.
Faut-il vraiment tout désherber ?
Ce que suggère la lecture de toute cette documentation, c'est qu'aucune technique de désherbage ne semble la panacée en terme de santé.
Comme c'est le cas aussi en matière de rapport efficacité/impact environnemental/coût (voir Compamed ZNA), la solution peut être de moins désherber. Précisément de désherber moins de surfaces. Et pour cela travailler dès la conception des espaces et changer le regard sur l'herbe.
Mieux intégrer la flore spontanée en ville
Laisser pousser sans laisser-aller ?
Certes, il y aura toujours des sols à désherber, pour des raisons de sécurité routière, voire piétonnière, anti-incendies, etc. Mais d'autres peuvent être végétalisés, et parfois à moindre coût si l'on tolère la présence de la flore spontanée. Encore faut-il la faire accepter au public.
C'est le thème du document papier Mieux intégrer la flore spontanée en ville édité par Plante & Cité.
Rendre désirable l'herbe sauvage
Cette brochure de 68 pages est de lecture plaisante. Après les avis de personnalités haut placées, on y lira :
- « changer le regard sur la végétation spontanée » (la rendre désirable, valoriser son image) ;
- « accompagner le changement et planifier sa gestion », y compris dans la conception ou reconception des espaces ;
- « éviter le désherbage » (contrer les herbes vraiment nuisibles par le paillage, l'enherbement voir l'écopaturage, gérer préventivement les PEE, plantes exotiques envahissantes) ;
- « les bonnes pratiques de désherbage » avec une évocation des comparaisons de Compamed ZNA sur les aspects efficacité/environnement des différentes techniques.
Les jardiniers et le climat
À l'heure où se profile la COP21
Troisième document récent : la brochure virtuelle de 24 pages Les jardiniers se mobilisent pour le climat.
Elle a été réalisée par l'association Pacte pour le jardin dans la perspective de la COP21. Son but : aider à comprendre pourquoi et comment le jardin peut aider à limiter le réchauffement climatique, et comment il peut s'y adapter.
Deux articles expliquent le rôle du jardin : le végétal et ses mécanismes, dont la photosynthèse qui enrichit l'air en oxygène et séquestre le gaz carbonique, le plus connu des GES ; le jardin en tant que tel qui, en ville, est une oasis urbaine - qu'il soit public ou privé, vrai jardin au sol ou enveloppe végétale de bâtiment. Cela signifie que, dans la conception des espaces verts, il vaut mieux végétaliser que minéraliser.
Des suggestions concrètes
Les deux articles suivants évoquent les bonnes pratiques à adopter concernant le jardinage en général.
Il y est question de la couverture du sol qui, entre autres intérêts, évite le désherbage : paillages, pelouse avec tonte haute... L'intérêt de la diversité végétale est évoqué, avec ses effets antimaladies et, aussi, sa robustesse face aux évolutions climatiques. Un article traite de la préparation à ces évolutions, la gestion de l'eau, notamment.
Ce tour d'horizon, plus global que limité à l'aspect phytosanitaire, est néanmoins instructif sur ce plan-là, tant en jardin d'amateur urbain qu'en espace vert.