À 34 ans, Aurélien Rameau est responsable des 2 700 m² et des six salariés du magasin Gamm Vert d'Écuelles (Seine-et-Marne) qui appartient à Nativert, filiale de la coopérative 110 Bourgogne. Un site qui correspond à la taille moyenne des 1 200 magasins Gamm Vert répartis sur tout le territoire français. Bien que situé en zone rurale, mais à proximité de Montereau-Fault-Yonne (16 800 habitants), la clientèle devient de plus en plus citadine, avec notamment de grandes propriétés.
Formations internes et Certiphyto
Focus sur la protection des jardins, des espaces verts et du potager.
« La filiale Gamm Vert d'Invivo qui gère l'enseigne nous propose des rayons-types de produits, explique Aurélien Rameau. En fonction de la taille de notre magasin et de notre rayon santé végétale, je m'engage sur l'un d'eux. Parallèlement, les différents fournisseurs viennent nous présenter leurs nouveautés pour que nous puissions mieux les connaître. »
Le magasin d'Écuelles propose actuellement 97 références en santé végétale, aussi bien des produits chimiques conventionnels que ceux autorisés en bio ou classés biocontrôle.
Diplômé d'un BTSA, mais pas en protection des cultures, Aurélien Rameau a suivi plusieurs formations techniques internes à Gamm Vert, notamment dans le domaine de la santé végétale : connaissance du sol et des besoins de la plante, reconnaissance des maladies et ravageurs, solutions à mettre en oeuvre... Depuis décembre 2012, comme quatre autres salariés, il détient également le Certiphyto « vente des produits au grand public », sésame obligatoire depuis le 1er octobre 2013 pour vendre et conseiller des produits au grand public.
Vendeurs badgés et rayons balisés
Le plan Écophyto 2018 et le Certiphyto ont changé certaines habitudes.
« Nous vendions quelques produits pour les professionnels. Nous avons dû arrêter car il aurait fallu également obtenir le Certiphyto pour cet usage. Or le chiffre d'affaires dégagé par cette activité n'était pas suffisant pour le rentabiliser. »
Les deux salariés non détenteurs du Certiphyto n'ont pas le droit d'intervenir dans le rayon des produits de santé végétale. De plus, il doit toujours y avoir au moins un vendeur certifié dans le magasin, authentifié par un badge.
« Ce n'est pas un problème car nous sommes toujours au minimum trois personnes. »
Côté rayons, les produits ont été regroupés dans deux zones bien balisées : une avec les engrais-désherbants pour gazon et une deuxième avec les produits phytosanitaires (conventionnels et bio).
Dispositif vitrine
Et si jusqu'en mai dernier, le client pouvait se servir comme au supermarché, il n'en est plus de même aujourd'hui.
« Les produits chimiques sont visibles dans une vitrine fermée à clé », précise le responsable. Comme deux autres magasins Gamm Vert, celui d'Écuelles a en effet testé en 2015 différents dispositifs de vente pour améliorer l'utilisation des produits de santé végétale par les clients : toute la gamme y compris les produits autorisés en bio sous clé, seulement les produits chimiques sous clé, ou une vente derrière le comptoir comme en pharmacie.
« L'objectif était de trouver une solution alternative à l'arrêt de leur commercialisation. Au final, c'est le dispositif vitrine qui marche le mieux mais sans y mettre les produits autorisés en bio car c'est trop restrictif. Il va s'étendre à d'autres magasins Gamm Vert. Même si ce n'est pas obligatoire, nous voulons ainsi prendre de l'avance sur la réglementation et nous démarquer de la concurrence. »
Autre changement : les équipements de protection individuelle (EPI) sont passés du rayon « vêtements de travail » au rayon « santé végétale » pour inciter les clients à se protéger.
Diagnostic et solutions alternatives
Le conseil aux clients a également évolué.
« Déjà, grâce à la vitrine il y a forcément plus d'échanges qu'avant, constate Aurélien Rameau. Nous leur demandons aussi d'apporter des échantillons des plantes "malades" ou de mauvaises herbes pour pouvoir poser un diagnostic. Ensuite, nous proposons en premier lieu des solutions alternatives aux produits phytosanitaires chimiques : désherbage mécanique, thermique, ou électrique pour gérer les adventices, des auxiliaires pour contrer les ravageurs tels que les pucerons, cochenilles, vers blancs, taupins, mouche du terreau...ou encore des phéromones pour les arbres fruitiers contre le carpocapse et la mineuse. »
Auxiliaires et phéromones sont fournis par Biotop, également filiale d'InVivo.
« Nous avons une brochure avec les solutions possibles pour chaque ravageur. Un bon de commande est rempli au magasin que nous envoyons ensuite à Biotop. Ce dernier livrera directement le client sous dix jours. »
Protection et bon dosage
Quand il n'y a pas de solution alternative ou quand la pression ravageurs est déjà trop importante, un produit phytosanitaire chimique est alors proposé au client en expliquant bien les conditions optimales d'utilisation.
« Nous l'invitons aussi à se protéger avec au minimum des gants, un masque et des lunettes, et nous relisons devant lui le dosage indiqué au dos de la boîte pour calculer ce dont il a besoin en fonction de la surface à traiter afin d'éviter le surdosage. »
Pour l'avenir, notre responsable de magasin voit la gamme de produits chimiques se réduire au profit des produits « naturels ». Une tendance qu'il observe déjà.