La collecte de déchets liés aux traitements phytosanitaires était le travail initial d'Adivalor(1). Aujourd'hui, l'activité de l'organisme s'est élargie à d'autres secteurs. Mais celui des « phytos » a vu du nouveau cette année.
Les EPI enfin collectés
Aboutissement d'un long travail
Il s'agit du lancement de la collecte des EPI (équipements de protection individuelle)usagés... Enfin !
Phytoma avait évoqué le projet l'an dernier(2) mais également en 2014(3). En 2013, nous signalions le lancement d'opérations pilotes en Champagne-Ardenne, Lorraine et Pays de la Loire(4). Si l'attente a été longue, c'est que, pour les fabricants de ces équipements, le marché agricole est secondaire.
Les collectes ont démarré
Au final, ce sont l'Union des coopératives InVivo et le distributeur spécialisé Axe Environnement qui contribuent au financement du programme en acquittant une écocontribution comme il en existe pour les emballages de produits phyto.
Ces deux fournisseurs sont labellisés « Eco EPI » (voir logo ci-dessus). Cela fonctionne depuis le 1er janvier dernier.
Les collectes démarrent depuis le 1er de ce mois d'avril. Sont ainsi collectés :
- les gants « protection chimique » (réutilisables ou jetables) en nitrile ou néoprène ;
- certains masques antipoussières, à savoir ceux de type FFP3 ;
- les masques respiratoires à cartouches FFP3 ou A2P3 ;
- les cagoules, visières et lunettes « protection chimique » ;
- les tabliers, combinaisons, surbottes et manchettes à usage limité ;
- les bottes en nitrile « protection chimique ».
Depuis l'automne 2015, les agriculteurs sont invités à stocker leurs EPI usagés dans des sacs translucides. Des sacs de 50 litres, marqués Eco-EPI et dont le matériau est à 100 % composé de films plastique recyclés (photo), seront proposés à la vente par les distributeurs partenaires.
C'est auprès de son distributeur qu'il faut rapporter ses sacs d'EPI usagés. Ces derniers, souillés de produits phyto, ne sont pas recyclables. Classés DD (déchets dangereux) au regard de la loi, ils seront détruits en centres agréés pour cela
Autres collectes « phyto »
EVPP : sus aux sacs et cartons
Et les autres déchets phyto ? Pour les EVPP, emballages vides de produits phyto, le taux de récupération du gisement est de 83 %, en 2015 comme 2014. Avec deux catégories :
- les bidons plastiques, récupérés à 90 % et dont 68 % sont recyclés (66 % en 2014) ;
- les boîtes et sacs, récupérés à 35 % seulement, le reste étant encore trop souvent brûlé sans précaution...
Adivalor relance une campagne de sensibilisation pour inciter à leur collecte. Ces boîtes et sacs sont parfaitement recyclables !
PPNU inévitables
Du côté des produits phyto non utilisables, 184 tonnes d'entre eux été collectées en 2015. Un peu moins que les 220 tonnes de 2014 mais très proche des 177 tonnes de 2013. Depuis 2001, ce sont 10 900 tonnes qui auront été collectées.
Nous sommes en régime de croisière : les stocks historiques ont été récupérés mais, à chaque fois qu'une collecte est réalisée sur une zone, soit une fois tous les deux ans en moyenne, elle glane les PPNU inévitables.
Il s'agit de :
- produits retirés du marché mais dont l'agriculteur n'a pas eu l'usage avant la fin de leur délai d'écoulement des stocks ;
- produits périmés (la plupart des spécialités à base de micro-organismes vivants, par exemple, ne se conservent pas à température ambiante d'une année sur l'autre, et même certaines pas plus de quelques semaines, voire quelques jours) ;
- produits altérés (pris en masse, etc.).
Environ 200 tonnes par an sur environ 300 000 exploitations utilisant des produits phyto de façon vraiment professionnelle, cela représente moins de 700 g par exploitation et par an.
Tous ces produits ne sont, bien entendu, pas recyclés. Eux aussi considérés comme des DD, ils doivent être détruits en centres agréés pour cela. C'est ce qui est fait après les collectes coordonnées par Adivalor.
Déchets de traitement des effluents
À côté des « historiques » EVPP et PPNU collectés via Adivalor depuis sa création en 2001, une autre catégorie de déchets liés aux traitements phyto est gérée via Adivalor. Ce sont les reliquats ultimes non recyclables de certains procédés de traitement des effluents phyto (voir aussi l'article p. 38).
Certes, un procédé comme le Phytobac de Bayer, basé sur la dégradation des substances actives, ne génère pas de déchets ultimes non recyclables s'il est bien conçu (Phytobac agréé) et tant qu'il reste bien entretenu.
Mais la majorité des procédés en produisent, notamment ceux qui séparent l'eau des substances phyto. L'eau, une fois épurée, sera rejetée sous forme liquide ou gazeuse (vapeur d'eau pour les procédés évaporateurs ou déshydrateurs), mais il restera un reliquat solide ou boueux, à traiter en DD à l'instar des PPNU.
Certes, le volume et le poids de ces déchets sont très inférieurs à ceux des effluents de départ, et c'est bien pour cela que les procédés ont été reconnus. Mais il en reste tout de même.
Ces déchets doivent être collectés et détruits en centres agréés pour cela.
Adivalor avait commencé en octobre 2009 à coordonner la récupération des saches usagées, chargées de résidus déshydratés, du procédé Osmofilm(5). Depuis 2011, la filière collecte également des bâches du procédé Heliosec(6).
Désormais, elle y ajoute les contenants chargés de reliquats secs du procédé Ecobang de la société Vento-Sol. La convention a été signée en mars 2016 entre cette entreprise et Adivalor.
Le procédé est reconnu depuis début 2014(7) (détails p. 38 à 41). Les premiers contenants de type GRV ont vécu deux campagnes de traitements ; ils doivent être changés tous les cinq ans au maximum. Les saches, pour leur part, sont à changer tous les ans, leurs contenants (caisse-palette, etc.) restant en principe non souillés donc utilisables longtemps.
N'oublions pas les autres secteurs
Les filets paragrêle
Passons à un événement dans un autre domaine que celui de la gestion des produits phyto - mais, après tout, pas si éloigné de la santé végétale. Il s'agit de la récupération des filets paragrêle. Ceux-ci protègent les vergers du stress abiotique (qui n'est pas dû à un bioagresseur) qu'est la grêle. De plus, sur pommier et poirier, ils peuvent s'intégrer dans un système Alt'Carpo monoparcelle. Rappelons qu'il s'agit d'une méthode de protection physique contre le carpocapse des pommes et des poires composée de filets Alt'Carpo juponnant une parcelle coiffée, par ailleurs, d'un filet paragrêle, ce dernier restant déployé durant toute la saison de risque carpocapse.
Les collectes ont démarré en avril 2015. Près de 300 tonnes de filets usagés ont été collectées en un an.
Ces filets seront recyclés, à l'instar des EVPP mais aussi des EVPHL (emballages vides de produits d'hygiène d'élevage laitier), Fifu (ficelles et filets usagés) et films plastiques (bâches d'ensilage, films de paillage utilisés notamment en maraîchage et films de couverture de serres). Tous ces gisements de matière recyclable sont collectés sous l'égide d'Adivalor.
Sacs de semences
D'autre part, Adivalor gère d'autres déchets à la frontière du phyto. Il s'agit des emballages de semences, souvent traitées. Les bigs bags (grands emballages) de semences diverses sont collectés, comme ceux des engrais, depuis 2008.
Mais la collecte des sacs papier de semences, comme celle des sacs et cartons de produits phyto, a commencé plus tard, en 2013. Elle monte actuellement en puissance : 20 % du gisement de sacs collectés. Parmi eux, un sur trois était recyclable et a été recyclé. Et les progrès vont continuer !
(1) Officiellement A.D.I.VALOR : Agriculteurs, Distributeurs, Industriels pour la VALORisation des déchets agricoles. (2) « Adivalor, la filière qui collecte, valorise et jamais ne dort », Phytoma n° 683, avril 2015, p. 48 à 50. (3) « Adivalor, quand les déchets font la croissance », Phytoma n° 673, avril 2014, p. 48 à 50. (4) « Adivalor, cette année, quelle collecte inédite ? », Phytoma n° 663, avril 2013, p. 50 à 52. (5) « Éliminer les effluents phytopharmaceutiques, il faut a-ccom-pa-gner », Phytoma n° 626-627, octobre 2009, p. 36 à 40. (6) « Adivalor, le collector », Phytoma n° 644, mai 2011, p. 45 à 48. (7) « Traitement des effluents phyto : un seizième procédé... », Phytoma n° 673, avril 2014, p. 28 à 37.
In memoriam
Cet article est dédié à Marc Van Heeswyck, pilier de fondation d'Adivalor (Marc était en charge des collectes pilotes d'EVPP avant même la fondation officielle de l'organisme en 2001 !), informateur rigoureux et toujours disponible pour la presse en général et Phytoma en particulier, disparu le 9 mars dernier à l'âge de 60 ans.