Depuis trois ans, le MIN(1) de Rungis et l'aéroport d'Orly sont devenus les terrains de jeu de Raphaël Simon, pourtant salarié au Sral(2) à la Driaaf(3). Il fait en effet partie des cinq inspecteurs phytosanitaires import-export basés à Rungis.
À l'import, il officie au point d'entrée communautaire (PEC) de Rungis pour le fret routier et au PEC d'Orly pour le fret aéroportuaire. À l'export, il contrôle ce qui part d'Île-de-France vers les pays tiers.
À Roissy, dix inspecteurs vétérinaires et phytosanitaires travaillent également au PEC, mais sans gérer l'export.
« Les PEC dépendent du service d'inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières en tant que donneur d'ordre », explique-t-il. Il existe aussi des PEC dans quelques autres aéroports de métropole et des DOM ainsi que dans les grands ports français.
Organismes indésirables
« Pour l'export, nous travaillons aussi en étroite relation avec les agents du Sral dont l'objectif est de mettre en place une surveillance des végétaux et garantir l'absence des parasites réglementés sur le territoire. »
Raphaël Simon inspecte tous les végétaux et produits végétaux (végétaux transformés). « Cela va de la grume aux meubles pour les arbres, des plantes avec ou sans racines aux fruits et légumes frais ou transformés. » Les produits importés de pays tiers doivent répondre à la directive européenne 2000/29/CE. C'est la bible de notre jeune inspecteur ! Elle a pour but d'empêcher l'installation et la propagation sur le sol européen d'organismes nuisibles (insectes, bactéries, champignons, virus, nématodes) qui pourraient avoir des conséquences économiques et environnementales néfastes pour l'agriculture et la biodiversité. Elle liste donc tous les organismes interdits d'entrée sur le sol européen, mais également les végétaux et produits végétaux interdits, comme les plants de pomme de terre de pays tiers par exemple.
Zones dédiées à l'inspection
Les entreprises exportant en France des produits visés par cette directive doivent prévenir le PEC 24 heures avant leur entrée sur le territoire national en envoyant la copie du certificat phytosanitaire, les documents de transport ainsi que la date, l'heure et le lieu où la marchandise sera disponible pour le contrôle.
« Tant que les produits n'ont pas été contrôlés au niveau phytosanitaire, la marchandise ne peut pas être dédouanée. » Dans chaque PEC, une zone est dédiée à cette opération.
« Côté matériel, nous avons besoin d'un couteau, d'une loupe binoculaire, d'une loupe de poche et de tubes avec alcool pour l'identification des insectes. » Arrivé sur place, Raphaël Simon vérifie d'abord le certificat phytosanitaire du pays d'origine et prélève ensuite un certain nombre d'échantillons.
« Par exemple, pour l'inspection de pomelos de Chine, trois cents fruits pris au hasard dans le lot seront inspectés visuellement un à un pour vérifier l'absence d'organismes réglementés. Si tout est conforme, nous éditons un laisser-passer phytosanitaire. »
Cargaison incinérée
En revanche, si un parasite de quarantaine est suspecté, un prélèvement est envoyé au laboratoire de l'Anses. Résultat sous 48 heures si c'est un insecte ou plus si c'est un champignon ! En attendant, le lot est bloqué et réfrigéré si besoin.
« Si la présence d'un organisme indésirable est avérée, il est détruit par incinération. »
Raphaël Simon et ses collègues réalisent environ huit cents inspections par an à l'importation. Parmi les couples produits-organismes régulièrement inspectés : l'aleurode Bemisia tabacci sur du basilic du Maroc ou encore la larve de la mouche des fruits (Tephritidae) sur les mangues d'Afrique. « Nous avons bloqué pas mal de lots en 2015 avec ce parasite. »
Raphaël Simon peut également refuser des marchandises si elles sont contenues dans des emballages en bois non traités par la chaleur ou au bromure de méthyle.
« Ces traitements éliminent certains insectes comme le nématode du pin en provenance de Chine. Ce dernier décime déjà le Portugal. Nous faisons tout pour qu'il n'arrive pas en France. »
Certificat phyto
À l'inverse, l'inspection des produits à l'export est également indispensable pour vérifier que ceux-ci répondent à la réglementation de leur pays de destination.
« Les opérateurs doivent informer le Sral à Rungis au minimum 2 heures avant le départ de la marchandise en nous envoyant par courriel la trame du certificat phytosanitaire. Nous réalisons un contrôle documentaire au bureau et allons là où est la marchandise pour une inspection visuelle, seulement dans le cas de couple produit/pays à risque. »
En 2015, les cinq inspecteurs - les seuls à travailler pour l'export végétaux en Île-de-France - ont visé 13 000 certificats phytosanitaires et réalisé 180 contrôles visuels.
Contrôles en hausse
« Les contrôles à l'export ont augmenté grâce au renforcement de l'équipe. Ils devraient continuer à se développer. »
À l'import, à partir de 2019, les produits en provenance des DOM seront inspectés à leur arrivée en métropole.
« Ce n'est pas le cas pour l'instant alors que les autres pays européens le font », souligne Raphaël Simon pour qui cette mission, qui allie les dimensions locale, nationale, européenne et internationale, est très enrichissante.
(1) Marché d'intérêt national. (2) Service régional de l'alimentation. (3) Direction régionale interdéparte-mentale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Île-de-France.