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Sur le métier

Solenn Le Gall déploie le label rouge en horticulture

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°701 - mars 2017 - page 44

Responsable certification chez Excellence Végétale, Solenn Le Gall épaule la filière horticole dans la mise au point des signes de qualité pour les végétaux, comme le label rouge. Cette valorisation du savoir-faire des producteurs implique la prise en compte de nombreux critères. La résistance aux maladies et l'état sanitaire des produits labellisés en font partie.
Solenn Le Gall Photo : C. Urvoy

Solenn Le Gall Photo : C. Urvoy

Excellence Végétale, association loi 1901, débute son histoire en 2009 quand deux producteurs de bulbes de dahlia souhaitent mettre en place un label rouge pour valoriser leur savoir-faire. En effet, un tel signe de qualité doit relever d'une démarche collective et être porté par un organisme de défense et de gestion. L'association est aujourd'hui animée par deux salariées et gérée par un conseil d'administration composé de quatre collèges : producteurs, distributeurs, partenaires et présidents de section.

« Les sections sont créées au fur et à mesure de la demande en nouveaux labels », explique Solenn Le Gall, responsable certification au sein d'Excellence Végétale. À l'heure actuelle, trois productions sont dotées du label rouge : le dahlia, le rosier et le sapin de Noël. La démarche est en cours pour le géranium, les arbres fruitiers et les plantes acidophiles.

Définir des règles

Trois missions pour notre responsable certification. Tout d'abord, épauler la filière dans la création d'un cahier des charges label rouge pour leur production. C'est le cas actuellement pour les arbres fruitiers et les plantes acidophiles, et sur le point d'être terminé pour le géranium.

« Au départ, un noyau dur d'acteurs motivés sollicite tous les acteurs de la filière afin de réussir à créer une section. » La section « arbres fruitiers » comprend ainsi une trentaine d'acteurs, du producteur à la distribution. « Ensuite, un certain nombre de réunions sont nécessaires pour se mettre d'accord sur le cahier des charges en termes de variétés, d'itinéraire cultural... Cela se fait par comparaison aux produits couramment vendus et dont ils veulent se démarquer pour monter en gamme. »

Trois ans de labeur

Pour le géranium, dont les travaux ont commencé en 2013, le cahier des charges, validé par l'Inao, est entré en période nationale d'opposition.

« Toute personne en désaccord avec celui-ci dispose alors de deux mois pour se signaler avant que l'homologation soit prononcée au Journal officiel. » Les premiers géraniums label rouge devraient être vendus en 2017. Et les autres végétaux ?

« Pour les arbres fruitiers, je suis en train de rédiger les documents officiels. Au niveau sanitaire, nous avons également misé sur la résistance aux maladies au travers de l'itinéraire cultural pour que la plante soit la plus résistante possible aux ravageurs. »

Quant aux plantes acidophiles, la démarche en est seulement à ses débuts.

Certifier la production

Deuxième mission, une fois le cahier des charges homologué : accompagner les structures qui veulent produire sous label rouge.

« Je leur expose les exigences. Si elles souhaitent se lancer, elles adhèrent à Excellence Végétale. Puis je les audite pour vérifier tous les points du cahier des charges. Si certains ne sont pas conformes, je leur apporte le conseil nécessaire pour y parvenir. Dès qu'elles sont prêtes, l'organisme certificateur (OC) intervient pour certifier leur production. »

Ensuite, tandis que l'OC n'audite chaque année qu'une partie des producteurs, Solenn Le Gall les contrôle tous les ans.

« Si je relève une non-conformité, je dois en informer l'OC qui prend les mesures nécessaires. »

Organiser des jurys

Troisième mission : organiser des jurys de validation de la qualité supérieure des produits label rouge mis en marché.

« Des jurys d'évaluation technique définissent les caractéristiques des produits label rouge, notamment les variétés éligibles, précise-t-elle. Parallèlement, des jurys de consommateurs mettent en concurrence les produits label rouge avec les produits courants pour vérifier leur qualité supérieure. »

Virus et bactéries éliminés

Les premiers dahlias label rouge ont été commercialisés en 2011. Aujourd'hui, deux producteurs en fournissent. « La résistance aux maladies a été l'un des critères de sélection des 165 variétés éligibles. Ensuite, afin de réduire les risques de virus et bactéries et pour renforcer la vigueur des plantes, les stocks de pieds-mères sont régénérés tous les cinq ans par culture de méristèmes in vitro. »

De plus, une épuration systématique des pieds mères (état sanitaire, plants non conformes à la variété) est assurée en cours de culture. Lors de la culture des bulbes, les plants présentant des symptômes de viroses et de bactérioses sont également éliminés.

« Les fongicides ne sont pas autorisés et les insecticides doivent être raisonnés en fonction de la pression parasitaire. Un contrôle sanitaire final est réalisé lors de l'agréage des lots. »

Résistance aux maladies

En sapin de Noël, deux variétés sont éligibles (épicéa et nordmann). Dix producteurs sont entrés dans la démarche et les premiers sapins ont été produits pour Noël 2016. Côté sanitaire, les plants présentant de graves dommages causés par des organismes nuisibles sont exclus du label rouge.

Quant aux rosiers, une soixantaine de variétés peuvent y prétendre. Comme les dahlias, elles ont été choisies entre autres pour leur résistance aux maladies. En production, le défoliage chimique est interdit et les rosiers doivent être indemnes de parasites.

« La reconnaissance des consommateurs qui, à 90 %, font confiance au label rouge, me fait penser que nous sommes sur la bonne voie », conclut-elle avec statisfaction.

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SOLENN LE GALL

2011. Ingénieur paysagiste d'Agrocampus Ouest, à Angers (Maine-et-Loire).

2012. Chargée des dossiers de réaménagement des sites naturels de la communauté d'agglomération Seine-Eure, à Louviers (Eure).

2013. Chargée d'animation auprès des collectivités à l'Arexhor Seine-Manche, à Fauville-en-Caux (Seine-Maritime).

2016. Responsable certification chez Excellence Végétale, à Paris.

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