ANSES ET PHYTOS DANS L'AIR

L'Anses a publié, le 19 octobre, une première liste de pesticides à surveiller dans l'air ambiant. En effet, actuellement, le seul air dans lequel ces substances sont réglementées est celui qui sort des usines de fabrication (comme tout rejet de l'industrie). Chaque association de surveillance de l'air ambiant agréée par le ministère chargé de la Transition écologique et solidaire surveille donc les substances de son choix(1).

Certes, tous les pesticides (phyto, biocides, vétérinaires) ne sont pas aussi volatils et/ou dangereux que les substances déjà réglementées dans l'air ambiant (benzène, particules fines, métaux lourds, etc.(2)). Mais justement, parmi les quatre cents substances phyto autorisées en France, sans compter les produits vétérinaires et biocides et les substances interdites en France que les vents peuvent charrier par-dessus la frontière... Que faut-il analyser ?

Expertise collective

L'Anses répond par « les résultats des travaux d'expertise collective visant à proposer des modalités de mise en oeuvre d'une surveillance nationale des pesticides dans l'air ambiant en France métropolitaine et dans les départements et régions d'outre-mer (DROM) ». Elle a établi une liste de 90 substances prioritaires pour lancer la surveillance nationale qui doit évaluer « l'exposition chronique de la population générale et les risques sanitaires associés ».

Hautement prioritaires

Certaines substances sont « hautement prioritaires ». Pour vingt-deux d'entre elles, la pertinence d'une surveillance en métropole est « confirmée par des mesures disponibles ». Elles ont été autorisées comme phyto mais trois sont désormais interdites : le lindane (interdit dès 1998 comme phyto, mais bien plus tard en traitement du bois et en pharmacie), la perméthrine et le fipronil (encore autorisés dans des produits biocides et vétérinaires). Vingt-cinq autres substances moins recherchées dans l'air auparavant le seront comme hautement prioritaires dans le cadre d'une « campagne exploratoire ». Dix (dont le glyphosate) sont phyto, les quinze autres sont biocides, vétérinaires ou autres.

L'Anses a établi des listes spécifiques pour les DROM. Ainsi, aux Antilles, le chlordécone est une des substances hautement prioritaires.

(1) et (2) Voir p. 44-45 de ce numéro.