Réuni le 14 décembre à Angers, le jury du concours Sival Innovation a choisi dix-sept lauréats (deux Sival d'or, cinq d'argent et dix de bronze) parmi les vingt-sept innovations préalablement nominées sur une soixantaine de candidats.
æDans la catégorie « intrants », les trois produits de protection des plantes lauréats sont tous de type biocontrôle : un micro-organisme, un macro-organisme auxiliaire et une substance naturelle.
Le micro-organisme a décroché un des deux Sival d'or de l'année. Nommé PMV-01, ce produit présenté au concours par DCM Soprimex est à base de la souche CH2 du virus de la mosaïque du pepino (pepino mosaic virus). Ce virus cause de graves dégâts aux solanacées, notamment la tomate. Mais la souche CH2, approuvée comme substance à faible risque par l'Union européenne, n'est pas pathogène et protège les cultures des souches virulentes du virus.
Le produit a été autorisé en 2016, mais trop tard pour concourir au Sival 2017. Il a été testé et approuvé par la filière tomate, d'autant qu'il avait bénéficié de dérogations auparavant. Selon l'avis du Sival, c'est une « vraie innovation déjà opérationnelle ».
Le macro-organisme, qui a obtenu un Sival d'argent, est le Tricholine Vitis de Bioline AgroSciences (ex-Biotop). Nos lecteurs connaissent bien ces trichogrammes à lâcher dans les vignes pour lutter contre les tordeuses de la grappe eudémis et cochylis. Issus d'un travail de sélection de souches naturelles autochtones testées en laboratoire puis au vignoble, ils ont fait l'objet d'articles en mars 2016 et mars 2017(1) !
Enfin, les substances naturelles sont représentées par Nemguard Granulés, de Certis Europe.
Ce bionématicide à base d'extrait d'ail est autorisé pour protéger la tomate, l'aubergine, le poivron, le piment, le melon ainsi que les autres cucurbitacées à peau non comestible, la laitue ainsi que les autres salades, et enfin la carotte ainsi que les autres légumes racine (céleri-rave, panais, raifort, topinambour et crosne, persil à grosse racine et cerfeuil tubéreux, salsifis). Le produit s'applique en traitement du sol lors de la plantation.
Côté machinisme, le deuxième Sival d'or 2018 a été attribué à Eclairvale MPP (photo 1), de La Canne Vale. Cette machine d'éclaircissage mécanique pour verger de pommier est une alternative à l'éclaircissage chimique. Elle respecte les arbres. Ce dernier point est important car, souvent, le frein au passage du « chimique » au « mécanique » est le risque que ce dernier, par des contacts physiques trop brutaux, « bouscule » et stresse les végétaux qu'il est censé protéger.
Le Roll'n Sem (photo 2), de Comin Industrie, a obtenu l'argent. Ce rouleau (« Roll »), est composé de roues indépendantes et dentées. Résultat, il ne se contente pas de coucher la végétation mais la pince, sans néanmoins la hacher. C'est un outil de destruction des couverts sans herbicide et, en même temps, sans travail du sol. Il peut servir aussi sur sol travaillé pour briser les mottes et réappuyer le sol. Enfin, il est équipé d'un semoir à petites graines (« Sem ») pour semer en même temps.
Un outil de désherbage alternatif aux herbicides, la bineuse Garford Robocrop Jeunes Pousses (photo 3), de Novaxi, a obtenu le bronze. La production de jeunes pousses est faite à écartement réduit entre les rangs, et les pousses elles-mêmes sont fragiles : les bineuses classiques font un travail trop grossier...
Cette nouvelle bineuse bénéficie d'un guidage de précision (avec caméras) adapté de celui utilisé pour les céréales, mais encore affiné car les interrangs sont plus étroits : 7 cm. Les rasettes spécifiques font 4,5 cm de large.
Enfin, parmi les « solutions pour la production », le Phytobarre présenté par Barre (et bientôt commercialisé par Adequabio) a obtenu un Sival de bronze.
Ce système de traitement des effluents phyto, c'est-à-dire contenant des produits phyto car issus des fonds de cuve et eaux de lavage des appareils de traitement, associe de façon intéressante deux mécanismes déjà connus :
- la biodégradation des substances actives en milieu liquide par des bactéries photosynthétiques ; celles du procédé sont « regroupées en une association unique », fruit de travaux menés au CEA ;
- l'évaporation de l'eau car le système est à l'air libre (sous toit antipluie et grillage de sécurité).
Les travaux pour le mettre au point ont été présentés dans nos lignes en avril 2016(2). Comme tout procédé utilisant l'évaporation, il ne rejette pas d'eau liquide. De plus, contrairement à ce qui se passe avec d'autres procédés évaporateurs, les substances phyto ne sont pas concentrées : elles sont dégradées par les bactéries. Seuls les métaux (cuivre notamment) persistent, mais comme ils sédimentent au fond, les bactéries ne sont pas affectées et continuent à « travailler ».
(1) Séguret J., Bersegeais L., Lejeune C. Favier S. et Guinchard L., Efficacité des trichogrammes contre les tordeuses de la vigne, Phytoma n° 702, mars 2017, p. 32 à 36. Séguret J., Duchêne L., Aprosio L., Ménard A. et Giraud M., Vigne : des trichogrammes contre l'eudémis, Phytoma n° 692, mars 2016, p. 38 à 43.(2) Escoffier C., Garcia D., Un dispositif pour confiner et traiter les effluents phyto, Phytoma n° 693, avril 2016, p. 42-43.